Les marchés sont à court de patience. L’or bat des records, et les gouvernements du Sud de la zone euro font face, pour leur dette, à des taux d’intérêts qui menacent de les paralyser. Les graphiques ci-dessous montrent le rendement, respectivement, des obligations d’État italiennes et espagnoles à 10 ans. Ces deux pays ont de lourds besoins d’emprunts pour faire face à leurs obligations actuelles. C’est la tempête depuis longtemps annoncée, lente à se mettre en place mais sûre de durer.
Ce soudain pic intrigue certains analystes. Voici, par exemple, la réaction de l’excellent Andrew Lilico :
La Grèce va faire défaut, c’est une certitude. L’Irlande va faire défaut sur sa dette bancaire (mais pas sa dette souveraine), pour sûr. Le Portugal pourrait faire défaut sur la dette de ses banques ou sur sa dette souveraine. L’Espagne imposera probablement des conversions forcées d’obligations en actions pour qui en détient sur ses banques, si elle se trouve sous pression. Mais l’Italie ? À part en cas d’effondrement désordonné de la zone euro (et il y a encore un monde entre nous et un tel événement, et si ça arrivait, il y aurait de bien plus gros sujets d’inquiétudes que la dette italienne), l’idée que l’Italie pourrait faire défaut n’a, pour moi, pas le moindre sens.
Certainement, cependant, ce à quoi nous assistons est précisément une anticipation par les marchés d’un éclatement de la zone euro. Même si cet événement est jugé improbable, il n’en reste pas moins sensé d’exiger une prime pour compenser la possibilité, aussi légère soit-elle, que l’Espagne et l’Italie n’en reviennent à des monnaies dévaluées et inflationistes.
Les eurocrates sont prêts à payer un prix énorme, ou, plutôt, à attendre de leurs peuples qu’ils paient un prix énorme, pour faire durer l’euro. Il semble désormais clair ce que sera ce prix. Les fédéralistes réclament depuis longtemps un marché unifié des bons du trésor de la zone euro. Les chefs de l’UE vont inviter les détenteurs d’obligations pourries d’États de la zone euro à echanger ce passif contre des nouvelles obligations garanties par l’UE. En d’autres termes, les mauvaises dettes accumulées par certains gouvernements nationaux seront transférées à l’UE dans son ensemble. Ce sera un sauvetage sous un autre nom, un sauvetage à une échelle complètement sans précédent.
Et c’est ainsi que l’UE deviendra l’union fiscale à laquelle aspirent depuis longtemps les intégrationistes. De façon à faire perdurer leur vaine illusion, les eurocrates vont infliger des augmentations d’impôts permanentes aux peuples des pays du noyau, et la pauvreté permanente aux peuples de la périphérie. Tout plutôt que d’admettre que l’euro était une erreur.
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Sur le web.
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