Les eurocrates ne restent pas sur le pont pour attendre que la tempête éclate. Les vacances sont là et ils partent pour l’été. La Toscane semble particulièrement populaire parmi les fonctionnaires* et autres eurodéputés cette année.
Et moi ? Eh bien, je suis à Stockholm, où je viens de prendre la parole dans le cadre d’une conférence du think tank pro libre marché, qui rencontre un improbale succès, Timbro. Sur le papier, la Grande Bretagne et la Suède devraient avoir des intérêts identiques dans la crise de l’euro. Les deux pays veulent minimiser les troubles économiques à leurs portes. Les deux veulent que leurs partenaires commerciaux de la zone euro prospèrent. Aucun des deux, cependant, ne veut être entrainé de force dans les problèmes d’autrui.
Et cependant, il y a une différence. David Cameron déclare se réjouir que la Grande Bretagne a gardé la livre sterling, et a exclu de rejoindre la zone euro. Son alter ego et allié suédois, Fredrik Reinfeldt, reste déterminé à en devenir membre. Et c’est le cas aussi de la quasi totalité du centre droite suédois. La position officielle du Parti Modéré est que, même si la question a été enlevée du programme politique du fait du verdict du référendum de 2003, l’accession à terme reste tout à la fois désirable et obligatoire. Deux des trois partis au pouvoir, les libéraux et les chrétiens démocrates, veulent un nouveau référendum.
Plus important encore, bien que très peu mentionné, la Suède est légalement obligée de rejoindre l’euro sous les termes du traité de Maastricht, puisqu’elle a décliné, contrairement à la Grande Bretagne et au Danemark, de négocier une clause de retrait.
Tout comme au Royaume Uni, il y a un chiasme entre le parlement et le peuple sur la question européenne. Il y a huit ans, les Suédois ont voté à 57% contre 43% pour garder leur monnaie, la couronne. Cette majorité est toujours aussi fortement en place, et les sondages actuels la situent à deux contre un, en faveur de ne pas rejoindre la monnaie unique. Et pourtant, seuls 16% des membres du Riksdag partagent ce point de vue.
On peut s’émerveiller devant la force hideuse** de l’UE. Même dans un pays aussi démocratique que la Suède, et même pendant les épreuves traversées en ce moment par la monnaie unique, ceux qui sont au pouvoir font toujours passer les intérêts de l’UE devant ceux de leurs électeurs.
*: en français dans le texte.
**: expression tirée du titre d’un ouvrage de C.S. Lewis, NdT
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Sur le web
Merci Daniel pour la référence de Timbro, j’irai faire un tour.