EDF : heureusement, l’État intervient encore.

EDF est en graves difficultés financières. Heureusement, l’État-stratège, toujours aussi pertinent et jamais pris en faute, intervient pour le sauver.
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EDF : heureusement, l’État intervient encore.

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 avril 2016
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Décidément, on n’arrête pas le succès flamboyant de l’État. Quand il est lancé – YOLO ! – rien ni personne ne peut l’arrêter. Et quand l’État ne déconstruit pas l’Univers à coup de réalités alternatives et de réenchantement de la politique, il se fait Grand Stratège pour propulser le contribuable vers de nouvelles aventures fiscales frétillantes. D’ailleurs, EDF ! Et bim !

Oui, EDF ! Rien qu’avec le nom de ce fleuron français de l’expérience énergétique différente, de l’État-Stratège avec du peps, de l’État-Actionnaire en mode badass, on a une excellente idée de ce qu’« aventure fiscale frétillante » peut recouvrir comme concept.

Avant toutes choses, notons que ce n’est pas la première fois que l’État s’insinue gentiment dans une entreprise, en prend plus ou moins le contrôle, décide de sa gouvernance, de la direction stratégique et de ses principaux développements pour l’envoyer, avec brio et dans un feu d’artifice chamarré, à peu près tout droit dans un mur de dettes ou dans le fossé putride d’une faillite gluante, pour ensuite adresser la facture babylonesque au peuple reconnaissant.

C’est tellement vrai qu’il y a quelques semaines, je revenais sur l’historique de l’État français, particulièrement fourni en la matière et sur les placards républicains dans lesquels s’entassent un nombre considérable de cadavres : Bull, Crédit Lyonnais, Heuliez ou cloud français comique en passant par l’une ou l’autre lubie d’un énarque trop haut placé, y compris Areva, magnifique exemple de ce qu’il ne faudrait pas faire mais qu’on s’emploie à reproduire avec assiduité à chaque décennie, … De fleurons en fleurons, une conclusion s’impose : l’État-Stratège, ça cogne vraiment du chaton mignon.

chaton youpi encore une mission réussie

Du reste, ce qui se passe maintenant avec EDF n’est donc absolument pas imprévisible.

Comme son actionnaire principal (devinez qui) lui a expressément demandé de poursuivre, vaille que vaille – et surtout, coûte que coûte – les travaux menés jusqu’à présent par un Areva en faillite, l’électricien et bien évidemment fleuron français se retrouve à devoir gérer une trésorerie un peu légère, une petite dette de 37 milliards d’euros ahem kof kof kof, et, surtout, des coûts imprévus. Il faut dire que, transition énergétique aidant, le champion national se retrouve à devoir racheter à un tarif exorbitant de l’électricité éolienne ou photovoltaïque, alors que le pétrole au plus bas rend l’ensemble de l’opération parfaitement inutile et gentiment ridicule.

Heureusement donc, l’État qui est massivement intervenu pour lui imposer ces tarifs d’électricité idiots, l’État qui est massivement intervenu pour que cette entreprise lui verse des dividendes dodus plutôt qu’épargner sagement des liquidités telle une poire pour la soif, l’État qui est massivement intervenu pour créer Areva pour aboutir au résultat que l’on sait, l’État va massivement intervenir pour aider EDF.

Immédiatement, un sentiment joyeux envahit celui qui contemple cette nouvelle perspective, d’autant qu’elle consistera à recapitaliser l’électricien à hauteur de 3 milliards d’euros. Ah oui, vraiment, que voilà une riche idée d’augmenter un peu plus le nombre d’actions de cette entreprise, tout en conservant, grâce à l’argent du contribuable, la même participation ! Au passage, ceci revient à diluer les autres actionnaires, qui devront le prendre avec beaucoup de fair-play… D’autant plus qu’ils sont aussi des contribuables et payent donc deux fois pour cette performance boursière tout à fait sympathique. Pour peu qu’ils aient l’idée banale d’avoir de l’électricité chez eux et de s’être abonnés à EDF pour cela, il n’est pas idiot d’imaginer qu’en plus, ces contribuables payent une troisième fois par l’agréable truchement d’une facture surgonflée. Youpi.

chaton youpi encore une mission réussie

Bien évidemment, du côté gouvernemental, toute l’opération est présentée avec la finesse, le tact et le doigté nécessaire à faire passer le boa constrictor pour une petite couleuvre format rikiki qu’il faudra bien forcer dans le gosier des Français dont les orifices ont été, il faut bien le dire, largement préparés pour ce genre d’intromissions et ce, depuis des lustres. On admirera donc le regard d’une lucidité douteuse que pose le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, sur l’ensemble de l’opération, montrant d’ailleurs qu’il ne manque pas de cet humour que seuls peuvent déployer ceux qui ont l’hybris de viser un poste présidentiel d’un pays en pleine déroute.

Pour lui, ce n’est pas 3 milliards (roulements de tambours), ni même 4 milliards (roulements de tambours) que l’État s’empresse ainsi d’injecter dans le géant de l’énergie français (roulements de tambours), mais bien 5 milliards (tadzam, fin des roulements et petit coup de cymbale) pour le même prix puisque, selon lui, en renonçant aux dividendes pour 2016 et 2017, à hauteur d’un milliard à chaque fois, l’État offre 2 nouveaux milliards aux bénéfices que ne manquera pas de réaliser notre fleuron pas du tout en difficultés. À ce tarif, le ministre aurait pu annoncer 10 milliards d’injection, puisqu’il lui aurait suffit de renoncer encore plus longtemps à piocher dans les dividendes en question, même si (et surtout que) sa parole n’engage personne, même pas lui-même.

Au passage, le ministre avoue qu’en ayant réussi à gober 20 milliards d’euros des dividendes d’EDF en 10 ans, l’État est peut-être allé un peu loin…

Pensez donc, monsieur le Ministre !

Tout le monde sait que les fleurons français sont gérés de main de maître.

Tout le monde sait que ce sont les capitalistes en hauts de forme, actionnaires sans scrupules et toujours âpres au gain, qui essorent les entreprises pour leurs précieux dividendes de court terme. L’État français, lui, géré en bon père de famille, vise le long terme et ne commet pas cette erreur. C’est d’ailleurs pour ça que des actionnaires-salariés du groupe, sentant nettement leur bonne fortune d’avoir cet actionnaire majoritaire comme patron, réclament maintenant que leur entreprise soit retirée de la cotation boursière ou, qu’à tout le moins, l’État rachète leurs actions aussi vite que possible. Ceci respire la confiance, c’est limpide.

Tout le monde sait qu’avec un État actionnaire, les décisions seront prises par le peuple, en toute sérénité, sans déclarations fantaisistes qui feraient connement perdre des milliards sur des tempêtes boursières et merci Ségolène Royal.

Tout le monde sait que ce sont ces capitalistes sans humanité, avec la cupidité rivée au corps, qui jettent les familles dans la misère pour quelques euros ou quelques dollars de plus au mépris de toute éthique. Les entreprises dans lesquels l’État intervient sont des exemples d’équité, et les quelques rares privilèges que les uns et les autres pourraient tirer de cet État-actionnaire sont de bien modestes arrangements sociaux en regard des immenses bénéfices retirés de cet actionnariat. Après tout, n’est-ce pas l’État français qui, pour s’assurer que tous ses citoyens auront accès à l’électricité la moins chère, a régulièrement renoncé à la moindre hausse des tarifs, voire a renoncé à ses bénéfices pour diminuer tant et plus la marge de l’électricien et assurer ainsi une énergie abondante à un prix rikiki ? Non ?

La conclusion est évidente : ouf, l’État stratège intervient encore une fois ! Et franchement, il fallait bien ça pour nous éviter une catastrophe inévitable pour un groupe qui a, semble-t-il, un peu trop oublié les règles essentielles de bonne gestion.

Vous savez, la bonne gestion, celle-là même qui fait tous les succès de notre État !

chaton youpi encore une mission réussie
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  • Le plus drôle était d’entendre ce matin J-B Lévy sur une RLO (Radio Libre et Orientée) annoncer fièrement qu’EDF est une entreprise en bonne santé. La conclusion s’impose: nationalisons toute l’économie et nous n’aurons que des entreprises en bonne santé!!!

    • une entreprise en bonne santé avec une dette de 37 milliards d’euros ?…je comprend mieux le fameux  » ça va mieux  » de hollande…..pour eux , tout va toujours bien ou mieux même quand on y est jusqu’au cou ……

    • Et donc pas de chômage.

  • Le prix du kW/h EDF n’augmente pas mais le coût de l’abonnement lui gonfle et les diverses taxes vertes et syndicales sont de plus en plus dodues : rigolo, non ?

  • Je suis aller me renseigner sur l’histoire d’EDF du coup: sur le site officiel : « Dans les années 30, deux cent entreprises privées assurent la production, une centaine le transport et plus de mille la distribution de l’électricité. L’approvisionnement et les tarifs de l’électricité sont alors très différents selon les prestataires et les régions. Après-guerre, la création d’un service public unique de l’électricité devient alors une nécessité. ». Ha? Bah oui mais c’est bien sûr! Mais si puisqu’on le dit.

    Enfin, pour revenir sur l’état stratège, EDF a quand même été une belle entreprise. N’est ce pas plutôt dans ce cas les pingouins de l’état que l’état en lui-même le problème? L’incompétence malhonnête qui sert de guide depuis quelques années?

  • bah , en Europe quel est l’électricien qui n’est pas au bord ou déjà en faillite grâce aux renouvelables ?

    • @reactitude: Exact, encore faut-il préciser « historique », car il y a tout de même un tas de nouveaux acteurs qui se sont enrichis.

  • L’état actionnaire a une grosse responsabilité dans ce désastre mais aussi les managers et les salariés. Dans cette entreprise les gens sont grassement payés et bénéficient d’une masse d’avantages et ce quelles que soient leurs propres performances et celle de l’entreprise.Les taux d’absentéisme sont élevés malgré le nombre de jours de congés et RTT et le très faible nombre d’heures réellement travaillées. Que font donc les dirigeants en charge de la gestion de la performance de l’entreprise? Cette entreprise se moque pas mal des clients et de leurs résultats : ce qui compte c’est de se servir sur la bête.

    • Des avantages, pou un cadre sup : électricité gratuite pour une maison de 10 pièces , et à 10% du tarif pour un chalet près qu aussi grand à la montagne.

  • c est apres les prochaines presidentielles que les surprises vont arriver …et il faudras payer les factures …!!

  • Pour « L’Etat injecte », lire : l’Etat vous prend de force et le verse dans ce, disons, fleuron. Merci les gens.

  • EDF : un cas d’école

    Il y a qq dizaines d’années, EDF avait un marché énorme, une visibilité presqu’infinie, pas de concurrence, disposait de bonnes technologies, c’est-à-dire avait des conditions absolument iéales pour une entreprise.
    De présidents en présidents, de premiers ministres en premiers ministre, l’état actionnaire a tondu la bête, au gré des promesss de campagne, des petites lachetés et l’a constamment empêché d’avoir une politique saine de tarifs et une vision à long terme.
    La supervision du nucléaire par l’état a été tout aussi calamiteuse. Pour arranger le tout on vient de marier ces deux canards devenus boiteux. J’ajoute qu’on entretient des effectifs pléthoriques chez Aréva et que le personnel des deux entreprises a des statuts exceptionnellement favorables et coûteux pour le contribuable.

    Cette incurie constante est honteuse et personne n’en tirera les conséquences.

  • Oui l’État gère mal. Mais qui gère l’État? les hauts fonctionnaires!!! Tant cette caste, cette nomenklatura dirigera la France nous continuerons à couler.

  • Quelques centaines de millions par ici, quelques milliards par là… Je pense que les engagements bugétaires de la France pour 2016 sont déjà morts…Heureusement que Mario fait tout pour éviter une remontée trop rapide des taux, sans quoi ce serait la banqueroute assurée !

  • EDF est géré comme est géré la FRANCE…ça temporise, pas de projet, rien ne va plus, ca va droit dans le mur, mais il n’y a pas l’espoir d’une restructuration de fonds.
    Au delà des ponctions abusives de l’Etat sur les dividendes, qui ne sont qu’un impôt déguisé, l’Etat lui a coupé toute capacité d’orientation vers le Développement Durable, vers la transition Énergétique,
    Ici on renfloue, et on passe le cap des élections
    Ici on parle d’économie, mais pas de tarification…
    La tarification, plus qu’avantageuse, dont a bénéficié les français depuis les années 70, devra être revu à la hausse, pour plusieurs raisons:
    -Provisionner la rénovation de l’équipement nucléaire, ou plutôt sa destruction, le plus simple dans cette époque d’économie, étant de prolonger nos centrales
    – Investir dans les énergies renouvelable, en créant tout comme comme on a crée Airbus, une nouvelle industrie innovante dans cette technologie et faisant concurrence à la Chine sur le Solaire, mais quand on fait des économies on n’investit pas…
    -Donner aux consommateur, une idée du coût réel de l’Energie, aujourd’hui, peu chère elle ne peut qu’inciter au gaspillage, comme dans la crise du pétrole, l’augmentation du carburant, a fait baisser comme par miracle et très vite, la consommation et les façons de conduire.

    Se réapproprier l’Energie, laisser le pétrole au Saoudien, c’est le défi
    Malheureusement l’Etat aime le secteur de l’Energie, c’est un pilier de son pouvoir, la gérer, assurer son transport, sa sécurité c’est un motif d’exister, à l’inverse l’énergie renouvelable échappe à tout contrôle étatique, elle donne même une indépendance à ses utilisateurs.
    Mieux, elle peut devenir une source de placement, de revenu à tout investisseur privé
    Dans la tempête financière que traverse EDF il y avait 2 options
    -Persévérer dans l’erreur, l’errance
    -se remettre en question, réinventer un projet énergétique pour la France et surtout pour le futur de la planète

    A mon avis, au lendemain de la COP21, Hollande a choisi la mauvaise option, le choix d’attendre, alors que nous avons si peu de temps

  • Pas la peine de se faire des noeuds au cerveau ni se faire bouillir la rate ….
    La gestion EDF est à l’image de tout ce qui est géré par des incompétents notoires qui prennent décision aberrante sur décision aberrante sachant très bien que ce ne sera pas ceux qui ont pris ces décisions qui auront à gérer les conséquences délétères des dites décisions ….. autrement dit gestion de la patate chaude …

    Les résultats sont là ……….

  • 37 milliards de dettes ! Et une solution trouvée : la facture rétro-active.
    L’an dernier j’ai reçu une jolie facture d’EDF qui me demandait un « rattrapage », pour l’appart que j’avais quitté il y a maintenant 2 ans, sans leur devoir le moindre centîme. Par rattrapage, je veux dire que ma note d’EDF portait sur un manque à gagner (pour EDF) dû aux tarifs bas du kw/h. Les prix étaient trop bas, (selon EDF) et du coup ils font payer. J’avais un contrat, des relevés de compteurs des factures établies, mais non, EDF a décidé que c’était pas assez et me demandait encore plus. Combien de personnes changent de logement par an ? Ca en fait des factures rétro-actives !

    Il y a eu aussi la pub pour EDF d’il y a 3 ou 4 ans avec le slogan « L’énergie est notre avenir, économisons là. » En gros, consommer moins d’électricité. Mais si on consomme moins, EDF perd de l’argent, du coup ce qui suit c’est une augmentaion du prix. Oui, nous pouvons consommer moins, mais EDF ne peut pas gagner moins. Je trouvais cette pub annonciatrice d’une augmentation de la facture.

    EDF peut dire merci à la Constition de 1946 et à son article 9. « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. » Le groupe de mots « propriété de la collectivité » est devenu « propriété de l’Etat ».
    Tout va bien… ou pas.

  • Et linky, qui peut m’endire plus?

  • Les commentaires sont fermés.

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