Le droit de se promener nu n’existe pas

Le droit de se promener nu est-il protégé par la Convention européenne des droits de l’homme ?

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déjeuner sur l'herbe Manet credits Wally Gobetz (licence creative commons)

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Le droit de se promener nu n’existe pas

Publié le 31 octobre 2014
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Par Roseline Letteron.

déjeuner sur l'herbe Manet credits Wally Gobetz (licence creative commons)

La Cour européenne des droits de l’homme, dans un arrêt du 28 octobre 2014 Gough c. Royaume-Uni, traite enfin d’un sujet brûlant sur lequel s’interrogeaient tous les spécialistes des libertés : Le droit de se promener nu est-il protégé par la Convention européenne des droits de l’homme ?

Le requérant, Stephen Peter Gough, est un ressortissant britannique domicilié dans le Hampshire. C’est un militant de la nudité et il choisit de se montrer nu en public aussi souvent que possible pour exprimer ses convictions sur le caractère inoffensif du corps humain. C’est ainsi qu’en 2003, il décide de marcher nu de Land’s End en Angleterre à John O’Groats en Écosse, ce qui lui vaut le surnom de « Randonneur nu ». De 2003 et 2012, il est arrêté plus de trente fois en Écosse où cette pratique est considérée comme contraire à l’ordre public, l’Écosse conservant un droit pénal spécifique au sein du Royaume-Uni. D’abord légères, les peines se sont alourdies, d’autant qu’à l’atteinte à l’ordre public s’ajoutait généralement le « Contempt of Court », l’incorrigible militant se présentant devant le juge totalement nu. Entre 2003 et 2012, il passe finalement plus de sept années en prison, souvent à l’isolement, puisque, même sur la paille humide des cachots écossais, il refuse de s’habiller.

On pourrait évidemment méditer sur le fait que la justice écossaise ne semble guère se préoccuper de l’état mental du requérant. Quoi qu’il en soit, celui-ci conteste devant la Cour sa dernière condamnation en 2011, condamnation à presque deux ans de prison (exactement à 657 jours, car la justice écossaise compte en jours). À l’appui de son recours, il invoque deux violations de la Convention européenne des droits de l’homme, estimant que la répression dont il fait l’objet porte atteinte à sa liberté d’expression (art. 10) et au droit au respect de sa vie privée (art. 8).

Le vêtement, élément de la liberté d’expression

Le premier moyen est le plus sérieux, car la Cour reconnaît traditionnellement que la liberté d’expression ne s’applique pas seulement aux informations ou aux idées qui sont considérées avec bienveillance mais aussi à celles qui peuvent choquer ou offenser. La Cour protège donc le « symbolic speech », c’est-à-dire l’expression non verbale destinée à manifester une opinion. Dans l’affaire Donaldson c. Royaume-Uni du 25 janvier 2011, elle considère ainsi que le fait d’arborer sur son revers un « lys de Pâques » en hommage aux victimes de l’insurrection des « Pâques sanglantes » de 1916 en Irlande relève de la liberté d’expression. Dans l’affaire Gough, il importe peu que les idées véhiculées par le requérant soient parfaitement marginales. Il a le droit de vouloir développer un débat public sur les bienfaits de la nudité, quand bien même il serait le seul à promouvoir une telle doctrine.

L’absence de consensus

En l’espèce pourtant, la Cour observe que la nudité ne peut être envisagée au seul prisme de la liberté d’expression. En tant que telle, elle est généralement sanctionnée par le droit pénal, mais la Cour constate, sur ce point, une absence de consensus au sein des États membres du Conseil de l’Europe.

Certains, comme la France, pénalisent la nudité à la condition toutefois que l’élément moral de l’infraction soit avéré. Dans une décision du 28 septembre 1989, la Cour d’appel de Douai a ainsi annulé la condamnation pour outrage public à la pudeur d’un individu qui, entièrement dévêtu, a sauté dans l’eau du port de Boulogne et nagé jusqu’à un navire britannique en partance pour l’Angleterre. Repêché, il a été remis à la police française, dans la même tenue. En l’espèce, la Cour d’appel prononce une relaxe, car l’intéressé n’avait pas, sur ce point, d’intention coupable. Non sans malice, le commentateur au Recueil Dalloz faisait ainsi observer que le nageur s’était seulement « couvert de ridicule, et d’un mouchoir prêté par un marin ».

La morale, élément de l’ordre public

D’autres États se placent sur le terrain de l’ordre public, voire de la morale considérée comme un élément de l’ordre public. Tel est le cas du droit écossais qui prohibe la nudité, non pas pour des raisons climatiques, mais parce qu’il considère que l’atteinte à l’ordre public est constituée lorsqu’une personne adopte une conduite suffisamment provocatrice pour inquiéter son entourage (« cause alarm to ordinary people ») et semer le désordre dans la communauté (« serious disturbance to the community »).

Dès lors qu’il n’existe pas de réel consensus sur la manière dont le droit appréhende la nudité, la Cour en déduit, comme toujours, que les États conservent une large autonomie dans ce domaine. L’ingérence dans la liberté de se vêtir, ou de ne pas se vêtir, est donc possible, aussi bien pour des motifs de droit pénal que d’ordre public. Les États peuvent même intégrer la morale dans l’ordre public. Dans l’arrêt Müller c. Suisse de 1988, la Cour européenne a ainsi admis la condamnation d’un artiste-peintre qui avait exposé trois grandes toiles représentant, de manière extrêmement réaliste, des relations sexuelles. L’exposition d’art contemporain était ouverte à tous, sans droit d’entrée ni limite d’âge. Tout en regrettant qu’il n’existe pas une seule définition de la morale, les juges de Strasbourg n’ont pas trouvé déraisonnable la condamnation à une amende du peintre et des responsables de l’exposition sur le seul fondement de la morale, sachant que les images étaient de nature à « blesser brutalement » les visiteurs.

Les conditions de l’ingérence

À partir de ces éléments, la Cour européenne, statuant dans l’affaire Gough, considère que les conditions d’une ingérence dans la liberté d’expression sont remplies. D’une part, la possibilité d’interdire la nudité est prévue par la loi, ou plus exactement par la jurisprudence des juridictions écossaises. D’autre part, cette interdiction poursuit un but légitime, dès lors qu’il s’agit de garantir l’ordre public, dont le contenu est défini par le droit écossais.

Enfin, la Cour s’assure que cette interdiction de la nudité est effectivement « nécessaire dans une société démocratique », ce qui la conduit à apprécier la proportionnalité entre l’atteinte portée à la liberté d’expression vestimentaire et l’objectif d’ordre public poursuivi. En l’espèce, la Cour observe que la nudité en droit écossais ne fait pas l’objet d’une réglementation spécifique. Elle n’est poursuivie que lorsqu’elle est constitutive d’une atteinte à l’ordre public. Encore est-elle poursuivie de manière très peu coercitive, et la Cour fait remarquer que le requérant a d’abord été condamné, à plusieurs reprises, à des « blâmes », sortes de rappel à la loi sans contenu coercitif, avant que les peines prononcées s’alourdissent sous l’effet de la récidive. Aux yeux de la Cour, le droit écossais n’est donc pas disproportionné au regard de l’atteinte qu’il porte à la liberté d’expression, et c’est l’intransigeance du requérant qui l’a finalement mené en prison pour une durée très longue. La disproportion de la peine par rapport au caractère mineur de l’infraction trouve ainsi son origine dans le comportement, lui-même disproportionné, du requérant.

Quant à l’atteinte à la vie privée, également invoquée par celui-ci, elle est rapidement rejetée par la Cour. Le respect de la vie privée n’implique pas, en effet, un droit absolu de se vêtir comme on l’entend. Certes, ce droit existe dans l’abri du domicile privé, où chacun peut s’habiller, ou se déshabiller comme il l’entend, dès lors que la nudité demeure invisible aux yeux des voisins. Mais ce droit disparaît dans l’espace public, dans lequel le vêtement est perçu comme un élément de la vie sociale. Dans ce cas, l’État est parfaitement fondé à poser des règles gouvernant l’apparence des personnes. C’est ainsi que, dans une jurisprudence constante, la Cour considère que les États ont le droit d’imposer le port de l’uniforme à certains fonctionnaires, ou d’interdire d’arborer des signes religieux (CEDH 27 mai 2013 Eweida et autres c. Royaume-Uni). A fortiori, peuvent-ils prohiber le fait de ne pas porter de vêtements du tout. La nudité n’est donc pas un droit, tout juste une tolérance, dans le domicile privé ou dans des lieux situés à l’abri du regard d’autrui. La vie privée trouve ainsi sa limite dans le regard d’autrui : « Cachez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées et cela fait venir de coupables pensées. »


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  • [img]http://www.euro-naturisme.com/enat/images/articles/parodieDejeunerSurLHerbe.jpg[/img]

    ça vaut mieux que de longs discours… Le problème résidant très exactement là il me semble.

  • Pour cogiter « la question des vetements et de la nudite » d’Elise Reclus..sacre Elise,un puits de connaissances.

  • Encore heureux que ce droit n’existe pas, c’est dégoûtant, je n’ai aucune envie de voir de vieilles obèses à poil par exemple.

    • Avec la privatisation des rues tout le monde serait satisfait.

    • « Moi je supporte pas voir votre tête et pourtant j’en fais pas un drame » pourraient vous répondre des nudistes.

      Je ne suis pas nudiste ou naturiste. Mais concrètement ce qui me saoule le plus c’est les arguments dans votre genre ou vous faites passer votre mépris pour un argument.

      Croyez le ou non mais vos opposants vous méprisent probablement tout autant. Des lors on fait comment pour vous départager? On réunit un public et on mesure les huées au sonomètre?

      Plus sérieusement, je COMPRENDS que ca puisse choquer. Sérieusement. Je vois bien que c’est en désaccord avec nos traditions, nos coutumes, notre culture, nos religions et notre histoire. Je comprends que ca CHOQUE. Ca me semble évident…

      Seulement il y a autre chose à envisager: Tout ce qu’on impose par la loi, on l’impose sous la menace de la plus grande sanction pénale prévue par nos lois. Le nier c’est nier l’évidence de l’acharnement dont la justice peut faire preuve pour casser un individu récalcitrant. Le pouvoir de la justice va jusqu’au meurtre même dans notre société actuelle. Celui qui se rebelle contre la loi et se bat avec toutes ses armes finira flingué par un policier. Je pense que c’est un peule genre de chose qu’on oublie quand on vote des lois. Si on gardait ça en tête, tout le temps, on éviterait de voter pour des députés aussi prolixes en textes de lois divers et variés.

      Une personne nue dans la rue devrait surtout avoir droit a tout le mépris de Sweeping Wave et à l’ostracisme social de tous ceux qui pensent comme lui. Il devrait surtout pouvoir se faire refuser dans tous les restos, bars, magasins, taxis, et emplois auxquels il se présente. Ce sont les citoyens qui devraient le punir en refusnt de traiter avec lui, mais c’est tout. Interdire la nudité par la loi c’est ajouter de la violence la ou une personne se contente de dámbuler SANS violence.

      Oui je vous vois venir vous autres péres la pudeurs et autres mamans en colère: « La nudité est une violence! une agression, un attentat à la pudeur! »
      Ceci est un mensonge. C’est un abus de language et de la mavaise foi. Un mec à poil ne vous force pas à le fixer. Il en vous demande pas à priori d’être choqué. C’est vous qui faites le choix de détester ca et qui vous laisser aller à des préjugés. Vous avez parfaitement le droit d’avoir des préjugés. J’en ai moi même plein. Les tee Shirts « che Guevarra » me choquent par exemple bien plus qu’un bonhomme à poil quand je pense aux centaines de cubains humiliés, martirisés, puis trucidés par ce boucher barbare. J’ai envie de les cogner a coup de poing américain les jeunes crétins qui arborent le portait de cette ordure intégrale de Che Guévarra. Et pourtant je me contente de ne pas leur répondre quand ils me parlent, et refuser de traiter avec eux. Ces gens qui portent des t shirts fort peu à mon gout ne m’ont pas agressé, pas plus que les gens uniformes nazis , les femmes voilées ou les clowns (pour coller à l’actualité). Une agression ca fait bien plus mal que ca.

      Quand on s’est déjà fait mettre un coup de couteau sous la gorge, quand on s’est fait tabasser par une dizaine de jeunes cons, quand on s’est fait raquetter ou cambrioller, quand on a été victime d’attouchement ou de viol, ou de harcèlement, alors là, effectivement on se fait agresser. Et il est infiniment plus important de lutter contre ca que contre des fumisteries de « ca me choque de voir ca ». Or la police a des moyens limités. A chaque fois qu’on demande aux flics de faire appliquer des lois qui initient la violence physique sur les citoyens, on leur enlève une possibilité de lutter contre les crimes réels. Par ailleurs je me demande comment on peut se prétendre moral et justifier une réaction par la violence physique, à une « violence symbolique ». Si pour vous une mauvaise apparence physique justifie une violence policière, alors je préfère vous le dire clairement: Vous êtes dans le camp des despotes, des barbares et des salauds.

      Si vos sentiments face à l’apparence d’autrui était une véritable bonne raison pour faire une loi alors la société serait forcément un fascisme mené par une ochlocratie de « mamans en colère », tout sauf libre. En effet si les dégoûts, les phobies, et autres écœurements de chacun deviennent force de loi, alors il n’y a plus de limite au despotisme des juges.

    • Tout ce débat est d’une stupidité !

      Je vais vous dire la vérité toute crue, tout ce débat c’est directement en lien avec la religion et le patriarcat. Le sexe c’est le MAL et les femmes ils faut veiller à ce qu’elles ne soient pas convoitées par d’autres.

      Tout ça ça n’a rien de libéral.

    • § « vieilles obèses à poil »

      ☺ à considérer qu’elles en aient, des poils ☺

  • Je ne suis pas sûr de comprendre quel est l’angle de l’article, au-delà de la dépêche neutre résumant un arrêt de la CEDH.

    « Aux yeux de la Cour, le droit écossais n’est donc pas disproportionné au regard de l’atteinte qu’il porte à la liberté d’expression, et c’est l’intransigeance du requérant qui l’a finalement mené en prison pour une durée très longue. La disproportion de la peine par rapport au caractère mineur de l’infraction trouve ainsi son origine dans le comportement, lui-même disproportionné, du requérant. »

    C’est fabuleux comme argument ça… Donc si je comprends bien l’Etat peut envoyer quiconque en prison pour 20 ans, même si c’est pour un faux crime ou un délit mineur, dès le moment qu’il y a « récidive » ? Avec ce genre de raisonnement, tout régime totalitaire devient justifié… (Question subsidiaire : est-il légitime en Droit libéral de punir plus sévèrement la récidive ?)

    Et « disproportionné » ne saurait s’appliquer, grammaticalement, aux judiciables et leurs infractions mais uniquement aux peines (ou à la légitime défense)….

    Par ailleurs, l’article passe à côté de la dinstiction entre espace qui n’appartient à personne (randonneur nu), rue « publique » (dont on peut débattre si elle doit être considérée comme une copropriété des contribuables…), et espace privé, et de la lutte de l’Etat pour s’approprier ces espaces. Ainsi, aussi bien pour la liberté d’expression en général, l’interdiction de la cigarette, et même pour la nudité (ou plus généralement les « atteintes à l’ordre public », cf. http://www.amazon.fr/gp/product/2213633991/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2213633991&linkCode=as2&tag=liborg-21&linkId=GFBVMN7UT7NXMPNB), même des lieux privés deviennent progressivement considérés comme « publics », ce qui permet à l’Etat d’appliquer partout des lois qui n’étaient censées n’avoir qu’une portée limitée. cf. par exemple http://www.contrepoints.org/2012/09/22/98043-marine-le-pen-veut-imposer-un-code-vestimentaire-pour-les-lieux-publics

    • « rue « publique » (dont on peut débattre si elle doit être considérée comme une copropriété des contribuables…) »

      Notion très intéressante. Je la garde en mémoire et j’y réfléchirai dans mes moments de calmes.

      Merci bien pour cette réflexion !

  • Le droit à la nudité n’existe pas de lege lata. Soit, mais le droit à interdire aux gens de s’habiller (ou de ne pas s’habiller) comme ils l’entendent ne devrait pas exister de lege ferenda!

    Accepter l’interdiction de la nudité parce que cela choque les valeurs morales de certains c’est comme d’accepter que demain on condamne les cheveux aux vents pour une femme parce que cela choquerait la morale de certains musulmans. Et ce sont d’ordinaire les mêmes chrétiens qui veulent interdire la nudité qui sont les plus virulents lorsque les musulmans veuillent interdire les cheveux au vent. Cherchez l’erreur.

    Tant que le comportement de l’un ne constitue pas une atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique de l’autre, ce dernier ne devrait pas pouvoir légiférer pour limiter le comportement du premier. C’est là qu’est l’agression et c’est cela qui devrait être limité par le droit.

    Le corps de l’un, même visible dans l’espace publique, reste son corps. Et ce n’est pas parce qu’il est visible dans l’espace publique que cela implique que d’autres peuvent limiter la façon de s’habiller qui lui serait permise ou non.

    Est-ce que dans une société athée il serait acceptable aux religieux que les athées fassent interdire les bâtiments religieux, au prétexte que leur vision depuis l’espace publique les choque? Si vous répondez non, mais que vous voulez pouvoir empêcher quelqu’un de se promener nu parce que cela heurte votre morale, c’est tout simplement que vous êtes intellectuellement limité au point de ne pas arriver à vous décentrer de votre propre conception de la morale.

    Piaget à montré que c’est en dessous de 7 ans que les enfants produisent cet égocentrisme au niveau spatial, puis cela disparaît avec le développement et la maturation corticale. Il semblerait que cette limite cognitive s’étende à l’âge adulte chez beaucoup de gens en matière de morale………

    • N’ayant pas comme vous dépassé l’âge de raison, j’ai cru percevoir une infime contradiction dans votre discours et cela nécessiterait pour moi une explication au titre de votre goût pour l’édification des masses.

      Vous dites « …ne constitue pas une atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique de l’autre… »
      mais aussi « …que les athées fassent interdire les bâtiments religieux, au prétexte que leur vision depuis l’espace publique les choque?… »
      En quoi la présence de lieux de culte constituerait une « atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique » d’un athée.
      Serait-ce qu’un athée bénéficierait ainsi de la protection de son intégrité psychique, mais pas le fidèle que l’exhibition d’un corps nu aux fins de « provoquer et forcer un débat » pourrait choquer?
      Il est possible que votre exemple soit tout simplement mal choisi, ce qui est fâcheux.

      Il semble que la Cour Européenne a simplement reconnu que la « détresse » de l’autre n’est pas un droit.
      L’exposition des autres à la provocation et à la détresse ne peut constituer un droit dans l’espace public usuellement partagé par les membres d’une communauté.
      Il me semble qu’il y a une dérive dangereuse à considérer que la provocation de l’autre est un droit inaliénable qui interdirait à l’autre ou son représentant légal une réponse proportionnée à la provocation.

      • Heu je comprends pas quand vous dites ca:

        « Vous dites « …ne constitue pas une atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique de l’autre… »
        mais aussi « …que les athées fassent interdire les bâtiments religieux, au prétexte que leur vision depuis l’espace publique les choque?… »
        En quoi la présence de lieux de culte constituerait une « atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique » d’un athée.
        Serait-ce qu’un athée bénéficierait ainsi de la protection de son intégrité psychique, mais pas le fidèle que l’exhibition d’un corps nu aux fins de « provoquer et forcer un débat » pourrait choquer?
        Il est possible que votre exemple soit tout simplement mal choisi, ce qui est fâcheux. »

        Il me semble que l’exemple de la supposée intolérance des athées est justement la pour démontrer l’absurdité d’évoquer la gène ressentie comme une agression. Donc c’est parfaitement cohérent en fait. Ou alors je vous ai vraiment pas compris…

      • @Wladburg:

        « En quoi la présence de lieux de culte constituerait une « atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique » d’un athée. »

        Tu n’as pas compris ce que je dis.

        Je te pose une question réciproque: En quoi le fait de se promener nu constituerait une atteinte objective aux biens ou à l’intégrité physique d’un religieux?

        Copie-colle ta réponse pour répondre à ta propre question.

        Si ta réponse c’est que ça ne constitue pas une atteinte, c’est ce que je dis en réalité, alors il n’y a aucune légitimité à interdire de se promener nu. Si ta réponse c’est que ça en constitue une, alors de la même façon les athés seraient légitimés à interdire les églises, comme les croyants se croient légitimés à interdire le nu.

        Ce que je dis, c’est que si A peut interdire à B ce qui heurte sa morale, alors la société n’est qu’un rapport de force dans lequel n’importe qui dès qu’il met la main sur la loi, peut interdire n’importe quoi aux autres et par extension leur prescrire et leur imposer n’importe quel comportement.

        Et comme Mitch l’a bien compris, mes exemples sont précisément très pertinents, parce qu’ils montrent que ceux qui veulent interdire le nu au prétexte que cela heurte leur morale, trouveraient innaceptable qu’on leur interdise leurs propres lubies sous le même prétexte. Pourquoi? Précisément parce quîls sont intellectuellement égocentrique ils n’arrivent pas à se décentrer de leurs propre morale…..

  • Et parce qu’il n’existe pas ce droit, il faut donc interdire ?

    • Le droit, c’est interdire pour les autres, et pas pour soi. Plus l’on interdit, plus il y a des déséquilibres qu’il faut compenser. Nous sommes tres tres loin des droits de’l’homme. Liberté n’est plus.

  • Bon, il n’y aura donc pas de plug anal vert sur le Royal Mile, même pour Hogmanay!
    Allo, Ryan Air? C’est pour une réservation…

  • Bof, pas super interressant comme débat.

    Et puis, comme les vêtements, il y a des gens plus ou moins interressant à regarder.

    Par exemple, kate upton courant nue sur la plage sera moins désagréable à regarder que Rico sifrefi.

    Simple question de goûts. (Et de taille)

    Pour reprendre un commentaire, il est vrai que l’on ne voudrait pas voir une mamie à poil, cela serait plus moche qu’autre chose.

    Hélas, l’on voit bien que la loi devient ridicule une fois de plus. Ou alors il va falloir légiférer la taille des nichons et des zizis. Ainsi il n’y aura plus de jaloux.

    • « Pour reprendre un commentaire, il est vrai que l’on ne voudrait pas voir une mamie à poil, cela serait plus moche qu’autre chose. »

      Plus moche qu’un papy à poil ?

      Ce genre de commentaire est à mettre aux ordures. Si votre libéralisme s’arrête à une question d’âge, de sexe, de goût, de gens agréables à regarder ou non, s’agit-il là de libéralisme ? « égaux en droit » vous connaissez ?

      • En fait je crois que je suis plus anarchiste que libéral. Désolé.

        Pour le reste c’etait juste un délire pour montrer la difficulté des lois à rentrer les gens dans des cases.

        Sinon, oui, un papy ou une mamie à poil, c’est plus moche qu’un jeune ou une jeune. Simple constat, sans jugement aucun. Les goûts et les couleurs.

        Finalement des gens se disent libéraux, mais bon, en fait c’est pas ça.

        Encore un besoin des gens: groupe, reconnaissance, nourrir son ego, son intelligence, etc….

        Sommes nous que cela ?

      • Peut-être que le posteur est homo est n’aime vraiment pas les femmes. êtes-vous assez ouverte d’esprit pour être libérale ?

        • La question n’est pas d’être homo et ne pas aimer vraiment les femmes, ou pas… la question est : « égaux en droit ». Vous aussi décentrez-vous.

          • Il reste qu’on a encore le droit à l’illustration.

            • C’est le problème récurrent chez certains libéraux. Ils ne peuvent pas se décentrer. Ils n’arrivent pas à sortir du schéma d’hayek, de la servitude et du blabla.

              Certains greffe même des choses incompatibles comme le socialisme ou le féminisme.

              Quand on arrive à dire: moi, monsieur, mon libéralisme est pur, là, il faut prendre peur.

              Je le redis, un anarchiste est plus utile qu’un libéral qui se caresse avec des textes anciens.

              Aujourd’hui, les petites fleurs, les petits cuicuis, les jolies phrases, les arguments ne servent plus à rien. Il faut des battants, des cœurs vaillants.

              Pas des gens qui compliquent toujours plus le débat.

  • Le seul moyen de trancher ce debat (comme beaucoup) est le retabliessement de la propriete privee.
    En effet la question ne se pose que dans l espace public.
    Si vous supprimez l espace public et le rendez a des citoyns prives, ce type de debat dispartait et la regle du proprietaire s applique.
    Le proprietaire du centre commercial qui ne veut pas que els gens se promenent a poil, avec un voile, ou avec une machine qui fait de la musique sur l epaule leur interdit sa propriete.
    Chacun respecte sous peine d amende les coutumes et les regles de la personne qui l acceuille chez lui.
    A defaut, il faut simplement que dans l espace public, les lois soient EXPLICITEMENT et non vaguement exprimes.
    Cordialement
    Larry

    • Il n’y a pas d’espace public.
      Espace public ça ne veut rien dire.
      Une place « publique » est un lopin de terre donnée en concession à un groupement privé de citoyens qui l’aménage et l’entretient et y édicte ses règles.

  • « Entre 2003 et 2012, il passe finalement plus de sept années en prison »
    Belle illustration du monopôle étatique de la violence.
    C’est nous les fous, pas ceux qui se baladent tout nu.

  • Bientôt, au nom de la liberté, certains vont demander l’abrogation de la loi concernant l’atteinte à la pudeur afin de baiser en public. On n’arrête pas le progrès.

    • Justement, j’etais en Corse il y a qq temps avec ma femme. On a trouvé une plage au bout d’un long chemin de terre. Là, un couple magnifique (beau et musclé), enchaînait le kamasutra.

      Sur ce un vieux arrive, alors que l’on disparaissait discrètement pour ne gêner personne, le vieux, lui, a pris place sur un tronc d’arbre couché au sol.

      Je ne connais pas la suite, hélas. Mais je vous laisse imaginer.

      Conclusion: on peut aussi, laisser faire la nature quand elle a un besoin urgent. Dans ce cas, nous étions plus ou moins les coupables. En quelque sorte.

  • § L’Homme est un animal social à température constante et l’homme est un animal à température constante, à sang chaud et appendice aux dimensions variables. D’où (doux) les vêtements ☺

  • La nudité n’est pas interdite en soi, il y a juste une distinction entre espace privé et espace public, nécessaire pour ne pas froisser les consciences. L’apparition intempestive dans l’espace public nécessitant (comme dans le cas du voile islamique) une notion de conformité avec les bonnes mœurs ou la morale publique du lieu, en tout cas une conformité avec une attitude la moins provocante, même si des tolérances extrêmes sont acquises depuis longtemps, comme pour le clown et les artistes de la scène (où la pornographie est de plus en plus acceptée comme un code) mais pas pour les femens…

    Par ailleurs, l’espace privé/public du hammam ou du sauna, de la piscine ou des plages tolère sans aucune difficulté la nudité, la semi-nudité pour la femme mais pas pour l’homme, à partir du moment où elle n’est ni ostensible ni vulgaire, ni provocante sexuellement, ni liée à une tentation de viol ou d’abus sexuel ou d’outrage sur les mineurs, qui ont la nécessité et le droit d’être protégés contre les pervers.

    Tout est relatif, et l’écheveau juridique est bien difficile à démêler.

    Pratiquant le nudisme souvent, il faut aussi avoir dans cette pratique une certaine philosophie de respect des autres afin que notre attitude ne devienne pas une atteinte à la liberté d’autrui, celle de ne pas voir « cette exhibition de sexes non tolérée par les âmes sensibles qui n’aiment pas cette pratique ou attitude », tout simplement. C’est aussi leur liberté et leur droit les plus absolus de ne pas aimer cette pratique. Ils sont infiniment respectables, même si les nudistes savent que cette pratique est un plaisir inouï, mais dans certaines circonstances et lieux bien organisés ou des lieux privés, dans sa piscine ou sur sa pelouse, sur son bateau au large. Il faut d’ailleurs toujours d’habiller si les douanes approchent… L’uniforme, à Saint-Tropez ou en mer n’aime pas trop les extravagances.

    Mais globalement, la loi a raison d’interférer (je ne parle pas du cas de cet anglais) car je suis pour la pratique du nudisme mais bien évidemment contre la provocation publique, qui n’a qu’un seul but, l’extrémisme politique.

  • Vous êtes contre les femmes voilées : balader vous à poil !
    Le dilemme est résolu.

  • Les commentaires sont fermés.

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Le 12 décembre dernier s’est tenue une nouvelle édition de l’Assemblée des Idées, un cycle de débats bimestriel organisé à la Galerie des Fêtes de l’Hôtel de Lassay, résidence officielle de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui préside également cette série de colloques.

Après le logement, le rôle de la France à l’international, l’intelligence artificielle ou encore la morale, la chambre basse a accueilli plusieurs dirigeants de médias pour débattre du pluralisme et de l’indépendance ... Poursuivre la lecture

Par P.-E. Ford

Jusqu’à présent, la cancel culture au pouvoir à Harvard, Stanford, Yale et consoeurs, ne suscitait guère d’émotion dans les rangs du Parti démocrate, ni dans la presse qui lui est si dévouée. Tout a changé le 5 décembre, grâce aux auditions publiques de la Commission sur l’éducation et la population active de la Chambre des représentants, présidée par la républicaine Virginia Foxx, de Caroline du nord. Ce jour là, la présidente de Harvard, Claudine Gay, son homologue de University of Pennsylvania, Liz Magill, ainsi que l... Poursuivre la lecture

Deux événements se sont produits simultanément le 7 décembre 2023.

Le premier concerne la bronca qui a gagné un collège des Yvelines à la suite de la présentation en cours de français d’un tableau de Giuseppe Cesari datant du XVIIe siècle, Diane et Actéon. Parce que ce tableau représente des femmes dénudées, des élèves musulmans de 6e ont exprimé leur réprobation. Des tensions et des menaces ont suivi, ce qui a conduit les enseignants à faire valoir leur droit de retrait, avant que le ministre Gabriel Attal ne se rende sur place.

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