Croissance : encéphalogramme plat

Dans bien d’autres pays, la croissance est au rendez-vous. Pas en France.

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Croissance : encéphalogramme plat

Publié le 22 octobre 2014
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Par Jean-Yves Naudet.
Un article de l’aleps.

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La croissance française est en panne. C’est, paraît-il, la cause de tous nos maux : le chômage, les déficits publics, la dette souveraine, le recul du pouvoir d’achat, « c’est la faute à pas de croissance ». Comme les médecins de Molière, nos gouvernants ne cessent de dénoncer la faible croissance, « la croissance, vous dis-je ! ». Sans doute, il y a du vrai, mais la croissance ne tombe pas du ciel et il ne suffit pas de l’appeler pour qu’elle arrive. L’absence de croissance est un vrai problème, mais qui s’explique, comme nos autres difficultés, par l’absence de vraies réformes. Car dans bien d’autres pays, la croissance est au rendez-vous. Pas en France.

0,4% de croissance cette année

L’INSEE ne sait plus quel vocabulaire inventer pour décrire l’état de la croissance, ou plutôt de la non-croissance, en France. Dans les phases « d’optimisme », on a droit à « reprise poussive » ou « timide éclaircie », démenties le trimestre suivant, et le plus souvent « toujours pas d’élan » ou « à l’arrêt ». Pour 2014, les résultats sont édifiants : 0% au premier comme au second trimestre ; les prévisions pour les 3° et 4° trimestres sont de 0,1% pour chacun d’eux. Compte tenu de « l’acquis » antérieur de croissance, cela devrait donner 0,4% pour l’ensemble de l’année 2014. Autant dire un encéphalogramme plat, car la croissance en était pratiquement au même point en 2012, comme en 2013. Personne ne croit à la prévision gouvernementale de 1% pour l’an prochain ; l’acquis de croissance étant nul, l’INSEE parle d’une « croissance sans filet ».

C’est « la faute à la crise » selon le gouvernement. Mais la crise est largement surmontée dans bien des pays et le FMI montre que partout, « la reprise continue », même si on est loin de certains niveaux antérieurs. Il prévoit 3,3% en 2014 au niveau mondial (3,8% en 2015). Les pays émergents s’en sortent mieux encore, avec 4,4% en 2014 et 5,0% en 2015. Mais il n’y a pas qu’eux : les États-Unis, pour lesquels le chômage est au plus bas, devraient connaître 3,1% de croissance en 2015. Bien sûr, il y a l’Europe, région la plus mal en point, mais même pour la seule zone euro, région la plus menacée en Europe, ce serait 0,8 et 1,3%. Même l’Allemagne, dont nos ministres ont souligné le recul de la croissance de 0,2% au second semestre, devrait retrouver 0,4% et 0,3% de croissance aux deux derniers trimestres 2014 et les prévisions sont de 1,4% en 2014 et 1,5% en 2015.

Nous ne sommes pas des inconditionnels des agrégats économiques, qui reposent sur des conventions discutables, et moins encore des prévisions, souvent remises en question. Mais tous les organismes montrent que la France, qui se situait au niveau moyen de la zone euro il y a deux ans, décroche depuis 2013. Même des pays comme l’Espagne font désormais bien mieux que nous, de même que les pays européens extérieurs à la zone euro comme le Royaume-Uni. Et ça ne va pas s’arranger. Le Monde, qui n’est pas réputé être anti-gouvernemental, titre : « Croissance : la France n’a pas encore touché le fond ». Notre pays devient « l’homme malade de l’Europe ».

Nous attendons la croissance, comme on attend Godot

encéphalogramme plat hollande rené le honzecFaut-il s’en étonner ? Nous attendons la croissance, comme on attend Godot. Comme Godot, elle ne viendra jamais si on se contente d’attendre. Le gouvernement attend d’abord que « les autres » agissent : la politique monétaire, du côté de la BCE, dont nous avons montré qu’elle ne changeait rien à la croissance réelle et que, même en inondant l’Europe de liquidités, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. La politique budgétaire, en particulier de l’Allemagne, qui a fait de gros efforts pour revenir à l’équilibre des finances publiques et qu’on supplie de relancer par les dépenses publiques, alors que sa meilleure santé prouve une nouvelle fois que jamais un déficit public n’a relancé l’économie ; sinon, l’Allemagne devrait être en dépression et nous en croissance rapide ! Personne ne croit plus à la relance par la demande.

Le gouvernement affirme qu’il joue sur l’offre ; François Hollande pratiquerait « une politique de l’offre », puisqu’avec les CICE, pactes de compétitivité, de responsabilité et autres, il vise à réduire les charges sur les entreprises et que notre premier ministre a déclaré son amour pour elles. D’ailleurs, l’extrême-gauche ne critique-t-elle pas « les cadeaux » faits aux patrons ? Il y a eu quelques mesurettes, mais, en fait de cadeau, après avoir augmenté fortement les charges sur les entreprises, on les a légèrement diminuées. Certaines mesures ne sont pas encore entrées en vigueur et les autres sont à dose homéopathique. Rien n’a réellement changé et on en reste aux discours et aux incantations.

Ce sont les entreprises qui créent la croissance

Quand le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, dit que « la France est malade », il a raison, mais il n’en tire pas les conséquences. Qui créé la croissance, les richesses, les emplois, le pouvoir d’achat ? Ce sont les entreprises et les entrepreneurs qui sont à leur tête. Or nos entreprises sont malades et elles sont malades de l’État. Le vrai moteur de la croissance, ce sont les investissements des entreprises. C’est ce moteur qui est en panne et qu’il faut remettre en route. Les investissements des entreprises ne cessent de reculer, et encore cette année : – 0,6% au premier trimestre et – 0,7% au second, alors qu’ils progressent chez nos voisins.

Comment les entreprises osent-elles ne pas investir, après tant de cadeaux fabuleux, s’interrogent certains ? Pour investir, il faut en avoir les moyens. Or le taux de marge des entreprises a encore reculé au second semestre de 0,5%, pour atteindre 29,3%, taux bien inférieur à celui de nos voisins. Si le taux de marge recule, c’est bien que les baisses de charges ont été inexistantes, ou presque, et ne compensent pas les hausses antérieures. On ne peut pas en même temps hurler contre les « superprofits » des entreprises, tellement « super » qu’ils sont les plus faibles d’Europe, en cherchant à les réduire encore, et demander aux entreprises d’investir plus avec moins d’argent.

« Laissez-faire, laissez-passer »

Pour investir, comme pour embaucher, il faut aussi le vouloir et ne pas en être empêché. Pour ne prendre qu’un exemple, le code du travail français comprend 10 628 articles contre 98 en Suisse ! Il fait 3604 pages et continue à grossir d’au moins une page par semaine depuis trois ans ; dépasser 50 salariés entraîne 35 obligations supplémentaires et les coûts correspondants. Qui va investir dans un environnement fiscal, réglementaire, social qui change sans cesse et qui est d’une complexité infinie ? Qui va investir, quand les charges dévorent tout le gain potentiel ?

Les entrepreneurs n’ont pas besoin de cadeaux, ni de politique de relance. Ils n’ont besoin que de liberté. Partout dans le monde, comme en témoignent les indices de liberté, c’est la liberté qui permet aux entreprises de créer des richesses et des emplois. C’est la liberté qui créera la croissance. Et la liberté ne viendra pas de politiques gouvernementales, mais d’un désengagement de l’État. Si la France est malade et si la croissance y est nulle, c’est parce que l’État occupe tout l’espace et empêche les entreprises de faire leur travail. « Laissez-faire, laissez-passer » est la meilleure politique de relance de la croissance.


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  • A l’occasion du récent coup de vent sur les marchés, on a pu observer un petit accroissement de l’écart entre les taux de la France et de l’Allemagne, alors que l’Espagne a vu sa dernière émission boudée par les créanciers. Rien de dramatique bien sûr, juste une onde légère, une petite sensation de fraîcheur sur la nuque…

    http://fr.investing.com/rates-bonds/germany-government-bonds?maturity_from=10&maturity_to=290
    http://fr.investing.com/rates-bonds/france-government-bonds?maturity_from=10&maturity_to=310

  • les baisses de charge ont été inexistantes…pour les auto entrepreneurs , elles ont augmenté de presque 4% depuis l’arrivé de hollande ; passe peut être quand on fait 2000 euros de CA , mais sur des CA qui se situent en dessous de 1000 euros , ça fait mal et du coup , une fois les chages payées , on se retouve avec un revenu en dessous du seuil de pauvreté ; merci aux crétins du ps ; ils détruisent tout; y compris l’envie de travailler ;

  • Aforce de parler en pourcentage, on fait passer des vessies pour des lanternes: 5% de hausse d’un PIB de 100 c’est moins que 0,5% de hausse d’un PIB de 2000 (5 contre 10) et le deuxième accroît l’écart alors que l’on dira que sa performance n’est que le dixième de celle du premier. Comparer les pays en utilisant des bases de référence différentes (le PIB) comme le font tous les politiques, économistes, journalistes, … c’est de l’escroquerie intellectuelle pour valider des dogmes et non des vérités

  • § 1/ Créer une filière cannabis façon SEITA pour le tabac.

    § 2/ Libérer, sous contrôle les cultures OGM.

    § 3/ Explorer les possibilités d’extraction de gaz- huile de schiste.

  • qui vas entreprendre quand on sait qu a l arribee,on te prend 70%…rsa du black ,mais pas question de se mettre dans les crocs de l urssaf ,rsi,taxe ,taxes ,l
    taxes,,taxes,impots ,prelevements,cotisations…non c est cuit ..!!

  • toute cette racaille pléthorique qui gouverne le pays , d’une façon lamentable ( a part pour leurs intérêts personnels) ne donnent pas du tout envie de se défoncer au travail .

  • Pour faire de la croissance il faut cesser de vouloir faire de l’inflation. Les prix sont déjà trop élevés pour avoir l’envie et la possibilité d’acheter.Le système financier actuel ne sait faire que des bulles ( en faisant fonctionner la planche à billets), ce qui augmente le prix des actifs pour ceux qui en ont mais bloque la croissance réelle.Si le public ne gaspillait pas autant d’argent ( le gâchis c’est aussi du PIB) on aurait déjà vu la récession.Nos dirigeants actuels ne sont pas formatés pour favoriser les épargnants et les investisseurs et pour ne pas empêcher des baisses de prix ( logement par ex). La récession ne peut donc que s’accélérer en 2015.

  • Il me semble que pour gérer la crise et relancer la croissance, il y a 3 écoles :

    – le libéralisme et la réduction du poids de l’état – méthode anglaise. Et ça marche !

    – le « cause toujours tu m’intéresse » en réponse à l’état à la façon US. Et ça marche malgré Obama car c’est la force des américains de ne compter que sur eux même !

    – la relance étatique volontaire façon européenne. On invente une relance par l’écologie et la transition énergétique pour stimuler l’activité économique. Et ça marche pas ! Car même si ça n’avait pas été une idée pourrie dès le départ, le fait d’inventer des contraintes et de mettre l’état au centre de la gestion de l’économie ne pouvait aboutir qu’à l’effet contraire de celui escompté.

    • Pour les USA cela marche (relativement d’ailleurs) par ce que le dollard est ( encore) la monnaie mondiale et parce que le système FED+ banques commerciales ( Goldman sachs)+ l’état+ le complexe militaro industriel impose sa loi ( mais jusqu’à quand) à une bonne partie du monde.L’europe et le Japon sont des vassaux des USA.
      Pour 5 $ de fausse monnaie crée le PIB US augmente de 1$.

      La création de richesse est accaparée par l’oligarchie et non le citoyen américain. Les mesures liberticides se développent ( espionnage …) et la politique étrangère est un formidable échec ( des centaines de milliards $ pour mettre le chaos partout )

      • « cela marche (relativement d’ailleurs) … »

        « Relativement » est mieux que rien !

        Mon point de vue est que il vient un moment où il faut cesser de réfléchir pour agir. On ne sait pas où cela nous mène, mais on sait que les autres solutions ne mènent nulle part. Je suis plutôt d’accord avec vos arguments, mais l’économie dépend de facteurs complexes dont entre autres la motivation et la foi en l’avenir de l’ensemble de la population. Ces facteurs ne sont jamais pris en compte par les « politiciens de l’économie », si ce n’est par des tentatives maladroites de bourrage de crânes genre « méthode Couet » pour les Nuls.

        De fait, comme le « management de l’humeur des foules » n’est pas une science exacte, et qu’il serait catastrophique pour la liberté qu’elle le devienne, il serait temps que les dirigeants cessent de réfléchir et fassent le point sur ce qui marche – ou pas – sans même chercher à comprendre et expliquer pourquoi. Encore faut-il savoir bien sur si le but de ces dirigeants est de gérer le pays pour le bien des citoyens, ou d’inventer un nouvel ordre mondial pour leur propre bien et satisfaire leurs propres idéaux.

        Il y a un moment où le refus du pragmatisme devient ridicule. On a en France une majorité, une opposition et une partie de la majorité dans l’opposition de l’autre partie de la majorité. Je ne crois pas que cela change grand-chose, mais les socialistes s’enfoncent jour après jour un peu plus dans le ridicule.

        • « savoir si le but de ces dirigeants est de gerer le pays pour le bien des citoyens » La réponse est non, le seul but de tous ces énarques n’est que la gestion de leur carrière, c’est la seule chose qu’ils aprennent dans cette école bien Francaise qu’aucun autre pays ne nous envie; C’est le cadeau le plus empoisonné que nous a laissé le General; La première chose a faire , en cas de révolution sera de mettre le feu a cet établissement et le rendre définitivement hors la loi par constitution

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