Déclin français : les déterminants politiques et éthiques (1) L’idéologie

Quels sont les fondements profonds du déclin politique, économique et moral français ?

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Déclin français : les déterminants politiques et éthiques (1) L’idéologie

Publié le 22 août 2014
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Par Patrick Aulnas.

coq credits olibac (licence creative commons)

Au cœur des interactions déterminant le devenir d’une civilisation se trouve le politique. Il interagit nécessairement avec l’économique, le social, le juridique et l’institutionnel. Quant à l’aspect éthique, il est indissociablement lié au politique qui porte les valeurs déterminant la vision de l’avenir et les modalités de l’action. Cinq concepts politico-éthiques constituent la base intellectuelle du déclin de la France au début du 21e siècle : l’idéologie, le dogmatisme, le repli sur les acquis, l’hédonisme et la démagogie.

1. Théorie et idéologie

En Occident, le 19e siècle a proposé des analyses politiques générales dont certaines sont devenues de véritables idéologies. L’opposition libéralisme-socialisme prend naissance à cette époque, mais elle se prolonge jusqu’à la fin du 20e siècle où elle perd beaucoup de vigueur. Pour s’en tenir aux œuvres politiques, du côté du libéralisme, il s’agissait d’expliquer, d’interpréter les évolutions historiques.

Alexis de Tocqueville propose une véritable théorie de la démocratie dans La Démocratie en Amérique (1835) : le déterminant essentiel de la démocratie n’est pas la liberté mais une aspiration toujours plus forte à l’égalité, ce qui à terme pourrait conduire à une douce tyrannie. Plus récemment, Bertrand de Jouvenel, dans Du Pouvoir. Histoire naturelle de sa croissance (1945), montre que le pouvoir est toujours à la recherche de sa propre croissance et que la démocratie, si elle entrave l’arbitraire, n’empêche pas l’accumulation du pouvoir. Du côté du socialisme, il s’agissait de proposer un autre modèle de société et on reste longtemps dans l’utopie naïve avec, par exemple, Fourier (1772-1837) ou Proudhon (1809-1865). Karl Marx et Friedrich Engels vont rompre avec le socialisme utopiste et proposer une analyse puissante basée sur une étude économique approfondie, en particulier dans Le Capital, critique de l’économie politique (1867). Un projet politique est associé à cette analyse : il s’agit de construire une société sans classes sociales.

L’idéologie contre le réel

Il ne faut jamais perdre du vue qu’il existe une différence fondamentale entre les analyses libérales et les analyses socialistes. Les premières sont des théories interprétatives d’un aspect du réel, les secondes des idéologies proposant une interprétation globale et une refondation de la société sur de nouvelles bases. Les analyses théoriques de type socialiste sont donc reprises par des partis politiques sous forme de revendications qui peuvent s’exercer dans le cadre démocratique (social-démocratie) ou faire appel à la violence (communisme). Mais dans les deux cas, il s’agit de bousculer la société existante pour aller vers l’inconnu. En effet, contrairement aux sciences de la nature, les sciences sociales ne reposent pas sur des expérimentations mettant à jour un phénomène reproductible. Elles peuvent élaborer des explications théoriques mais doivent rester très modestes lorsqu’il s’agit de proposer une action, car, a priori, rien ne permet de déterminer le résultat qui sera obtenu, faute d’expérimentation. Le communisme a été un échec majeur parce qu’il était le résultat d’un amateurisme sidérant : personne ne peut prévoir ce que produira la transformation brutale d’une société qui a mis des siècles à se constituer. À défaut d’une véritable science du politique permettant de prévoir le résultat d’une action, une société doit évoluer avec pragmatisme.

Du côté du libéralisme, ce souci du fondement théorique n’est pas indispensable puisque c’est le devenir historique de l’humanité qui a abouti à une société capitaliste et libérale, tout au moins en Occident. Le libéralisme n’est pas issu d’une doctrine, il est issu de l’évolution d’une réalité historique. Les théoriciens du libéralisme économique, depuis Adam Smith, ont cherché des interprétations de cette réalité ; ils n’ont pas proposé d’en modifier radicalement les modalités de fonctionnement.

Apparition de l’écologie

Une idéologie nouvelle apparaît à la fin du 20e siècle lorsque la conciliation économie-écologie devient nécessaire. Les capacités productives liées à la réussite exceptionnelle du capitalisme sont devenues telles que certaines matières premières, certaines sources d’énergie pourraient éventuellement s’épuiser. Par ailleurs, l’activité humaine produit des gaz à effet de serre (en particulier le dioxyde de carbone) pouvant conduire à un réchauffement climatique en cas d’accumulation trop importante dans l’atmosphère. Ces deux éléments ont fait l’objet d’une forte médiatisation auprès des populations occidentales et ont permis à certains cercles de pensée de construire une nouvelle idéologie basée essentiellement sur la peur de l’avenir.

En résumant très sommairement, mais sans inexactitude majeure, il est permis d’affirmer que cette idéologie est centrée sur le rejet du progrès technique, c’est-à-dire en définitive de la science. Le progrès technique est jugé dangereux lorsqu’il n’est pas strictement contrôlé par les politiques.

L’exemple-type concerne la France : alors que l’énergie nucléaire a permis au pays de disposer d’une électricité abondante et peu coûteuse, cette source d’énergie est totalement rejetée par la pensée écologiste dominante. Outre la prétendue non-maîtrise du démantèlement des centrales, divers dangers potentiels sont évoqués : risque de contamination nucléaire en cas de cataclysme naturel, risque terroriste, etc. Mais l’aspect politique, en général passé sous silence, est essentiel pour les militants écologistes. Il s’agit de contrecarrer le pouvoir des scientifiques et des techniciens du nucléaire pour le remettre à des organes politiques (gouvernement, assemblée nationale, assemblées locales).

C’est en ce sens que l’écologie politique constitue une idéologie anti-libérale : elle se propose d’accroître, dans le domaine de l’énergie, le pouvoir du personnel politique élu, c’est-à-dire le pouvoir de l’État. Le même raisonnement peut être transposé à tous les aspects de cette idéologie : fiscalité écologique, alourdissement de la réglementation de la construction, des transports, etc.

La caution scientifique de l’écologie

La force de l’écologie politique provient principalement d’une caution pseudo-scientifique internationale : les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Cet organisme étant constitué de scientifiques, ses rapports alarmistes sur l’évolution climatique sont reçus par l’opinion occidentale comme étant eux-mêmes des rapports ayant valeur scientifique. Or, il s’agit de rapports politiques basés sur la compilation de multiples constatations scientifiques très éparses. Il est présumé que cette compilation permet de conclure à une évolution climatique d’origine anthropique mais une telle conclusion n’a évidemment aucun caractère scientifique.

En réalité, nous sommes confrontés au paradoxe de l’œuf et de la poule. La compilation de constatations scientifiques éparses a-t-elle fait jaillir l’idée du réchauffement climatique anthropique ou la réussite de l’idéologie écologiste a-t-elle conduit des scientifiques à un ralliement plus ou moins intéressé à cette idéologie ?

Si le concept d’idéologie en tant que weltanschauung semble bien avoir vécu, la démarche consistant à définir strictement l’avenir souhaitable reste bien présente. Appelons donc idéologie toute forme de pensée qui s’apparente à une théologie par la définition d’un paradis futur. Le paradis idéologique, configuration de l’avenir sur la base d’une théorie du présent, impose une éthique rigoureuse et, par suite, une action politique visant à transformer la société. Les partis politiques de gauche demeurent ainsi fortement imprégnés d’idéologie. Ils savent ce que l’avenir doit être, ils l’ont défini intellectuellement, et leur action consiste à tracer le chemin menant vers l’éden idéologique. La contrainte est donc omniprésente et la liberté un obstacle. Il ne faut pas s’écarter de la ligne et ramener les récalcitrants dans le droit chemin. Sur le long terme historique, cela ne fonctionne jamais, fort heureusement. La liberté et la créativité humaine peuvent être étouffées pour quelques décennies ou quelques siècles, mais elles resurgissent toujours avec plus de vigueur. À court terme, cependant, en accumulant les contraintes idéologiques, un pays peut rapidement décliner.


À suivre.

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  • J’ attend la suite avec impatience !

  • Pensez-vous que la France sera capable de sorti du déclin ou que c’est foutu ?

    • Avec ou sans boule de cristal, personne ne peut prédire l’avenir. Restent les résultats logiques de leur politique à tous les partis ayant pignon sur rue… à votre avis ?

    • Nous sommes quelques uns ici à penser que ce pays est foutu.

  • Le problème ? Il est constitué par les Khmers verts et la diarrhée de règlements, normes et autres contraintes liberticides qu’ils véhiculent.

  • Article de synthèse particulièrement passionnant et exact.

    Certains faits m’ont interpellé dans cette écologie politique :
    – le transfert de pouvoir des scientifiques vers les médias politiques, comme vous le mentionnez
    – des choix, qui impactent les sociétés des 50 prochaines années ainsi que leurs ressources vitales en énergie, faits par des enfants capricieux. L’Allemagne n’a pas mis 10 ans pour se rendre compte des dégâts environnementaux à la suite de décisions politiques écologistes opposées au nucléaire.
    – le principe de précaution en toute situation politique qui congèle toute tentative d’évolution future

    D’autres faits que les écologistes veulent sciemment ignorer dans les cycles de la terre, clairement hors phénomènes anthropiques :
    – le taux de CO2 a été jusqu’à 350% de celui actuel à l’époque des dinosaures – couches géologiques, glaciers, fougères arborescentes de 12 mètres de hauteur qui prouvent que la nature a su répondre à un déséquilibre gazeux, entre autres
    – le niveau des mers en -12.000 BP qui était à 125 mètres au-dessous du niveau actuel, fait qui décrédibilise totalement le spectre de l’élévation du niveau des mers de 60cm en 1 siècle

    Deux arguments définitifs qui devraient réduire à néant toute argumentation écologiste (non pas écologique, l’écologie étant fondamentale pour gérer les ressources qui ne sont pas infinies) :
    – la nature ne procède pas de phénomènes fixes, mais bien de variables permanentes.
    – pour les écologistes, la nature est un statu quo, qu’ils aimeraient sanctuariser définitivement. Dommage, la nature n’est pas d’accord.

    • 100% d’accord.

      D’ailleurs il suffi de voir comment 2/3 années de temps pourri en région parisienne ont eu raison de l’idée de réchauffement climatique.

      Le problème c’est que la dizaine d’années où il a fait chaud à permis à ces pro de la politique de s’installer dans le biotope politique….

    • « fait qui décrédibilise totalement le spectre de l’élévation du niveau des mers de 60cm en 1 siècle »

      par des causes uniquement anthropiques, il fallait comprendre

  • Le problème de toutes ces politiques peuvent se résumer simplement « comment vivre aux dépend des autres a travers l’état »qu’on l’appel sociale démocratie , communiste écologiste tout proposent un contrôle de tout, une perte de liberté soit disant pour votre bien en considérant que vous êtes trop idiot pour bien dépenser l’argent que vous avez gagné « forte imposition ». Mais dans ces systèmes c’ est que vous ne revoyez pas pas passer l’argent sous forme de service comme dans les pays du nord de l’Europe tant vanté. La manipulation des politiques discréditent le libéralisme car nous aurons beaucoup moins besoin de leurs  » services » et une autre grosse économie sur les gaspillages qui sont dues a eux et l’administration pléthorique . Le liberalisme seras la solution la moins onéreuse a notre problème.
    Aujourd’hui nous voyons bien que cette caste préfère nous envoyer a la faillit plutôt que de se réformer.

  • Formidable article qui dénonce les idéologies ecolo-socialistes. Alors que le libéralisme décrit les lois naturelles intrinsèques à l’homme depuis tout temps. Le tout en balayant d’un revers de main des conclusions scientifiques.

    idéologie versus religion. Conviction contre obscurantisme.

    Bravo, vous allez loin et fort.

  • Pas tout à fait d’accord avec l’auteur : le principe de la gauche marxiste est,à l’origine, chez Marx et dans les partis directement de sa doctrine, une grande admiration et ferveur pour l’industrialisme, au point que la critique se porte, non sur le progrès industriel, au contraire, mais simplement sur l’injustice su système capitalisme bourgeois, auquel s’ajouterait une erreur de conception, une contradiction,qui ferait, malgré le grand mérite que Marx reconnait à la bourgeoisie, que son organisation serait productrice de « crises » incessantes, et de gravité croissante qui, (et ça, c’est le côté prophétique de Marx, avec l’espoir promis aux prolétaires!),devait fatalement finir par une dernière crise foudroyante.
    Mais la finalité pour Marx, n’était pas de finir par faire vivre les prolétaires vainqueurs dans l’ascèse, d’autant qu’il n’ aurait eu aucun succès ! C’était de récupérer au profit du dit prolétariat, en éliminant celle–ci, tous les progrès techniques apportés par la bourgeoisie. La gauche a donc toujours été « industrialiste » ! En témoignent les fameux « plans quinquennaux » soviétiques qui étaient présentaient comme la « construction du socialisme » cad la phase socialiste devant aboutir,un jour prochain,au communisme !

    L’écologie,ainsi nommée à ses débuts,puis devenue d par la critique des scientifiques écologues, et avouant son idéologisme, « écologisme », n’a été inventée qu’après la chute de l’URSS, donc la chute de tout espoir de récupération du capitalisme et de son « appareil de production », en vue de détruire tout à la fois, l’industrie nationale, et le capitalisme et la civilisation technique, style: ils sont trop verts et bons pour des goujats. L’expression de l’auteur ayant ceci d’exact que cela revient effectivement à dire que le capitalisme industriel n’est supportable pour la gauche QUE si ses progrès techniques deviennent (un jour), la propriété collective d’un prolétariat(évidemment sous la gouvernance de ses « représentants »(sic!) .

    N’ayant pu obtenir la propriété socialiste(ou très exactement communiste) par la révolution et son développement durant 3/4 de siècle,une secte a imaginé qu’il restait à détruire le capitalisme(but premier de Marx) cette fois en faisant mépriser son industrialisme et donc en détruisant cette fois réellement son industrie et son économie, détruisant du même coup,ou d’une pierre deux coups,et concrètement, la nation, avec l’avantage concomitant de viser au fameux internationalisme prolétarien,source et moyen à la fois du discours relativiste.(Puisque tous les pays du monde n’en faisant un jour plus qu’un,tout sera pareil et tout se vaudra !(en faisant dès aujourd’hui comme si c’était arrivé!)

    Bien sûr,les vieux partis de gauche gardent la doctrine et croient (comme ont cru Lénine et Staline) au seul progrès technique et scientifique,donc industriel, pour améliorer le sort de l’humanité sous leur férule.

    Seule la nouvelle secte dite écologiste, s’est emparé de la défense de la nature pour répandre une propagande non seulement anti-capitaliste et anti-gouvernementale,mais également et surtout anti- industrielle ! Ils n’ont pas trouvé jusqu’ici, à part la défense de la nature comme prétexte,d’autre moyen pour détruire la nation et son Economie, que les bons vieux impôts socialistes. On a quand même, depis quelques années,inventé un nouveau truc : les énergies renouvelables,entendez celles qui coûtent plus
    cher qu’elles en rapportent. Mais qui permettent de lutter contre le nucléaire,la seule qui marche !

    Si la France pourrait s’en sortir ? Peut-être si les Français se sortent de la t^te toutes ces idéologies sornettes mortelles. Sinon,non !

    • On a eu les mêmes dérives,; que vous relatez avec brio, dans l’art à la suite des manifestes d’Adorno qui étaient de toute évidence d’inspiration marxiste-léniniste. Dans lesquels on a théorisé le fait que l’art ne pouvait être que public, que toute déviation/déclinaison commerciale ne pouvait être que du non-art, du vulgus pecum, du bas-de-gamme.

      Alors qu’il y a eu clairement autant de bas de gamme dans la branche publique de l’art que dans la branche privée. Après, les étatistes se sont engouffrés dans la brèche. Le débat public/privé (citoyen/bourgeois) est alors devenu récurrent, fondateur, prescripteur, séparateur et discriminant. On le retrouve servi à toutes les sauces lors des grandes messes médiatiques du théâtre, du cinéma et de la musique. Dernier pôle qui a poussé la dichotomie, à la base uniquement idéologique et non technique dans la pratique artistique, jusqu’à élaborer deux soirées de Victoires de la Musique pour contenter quasiment les deux factions, aujourd’hui totalement étanches même dans les métiers identiques, situation qui est profondément déplorable.

      Car quand on est un artiste de la musique, il n’y a aucune mention dans les manuels et théories qui interdise aux compositeurs, interprètes, producteurs, éditeurs même s’il y a une spécialisation logique par genre, de passer d’un genre à un autre en fonction non seulement des circonstances de la vie, mais aussi par choix artistique.

      Et pourtant, cette polarisation idéologique a abouti à un chiasme entre les domaines public et privé qui ressemble de plus en plus à un ravin sans fond, alors que les genres ne sont seulement que des moyens d’expression ouverts à toute personne curieuse et désireuse de les aborder. Voilà à quoi aboutit l’idéologisation et la dogmatisation de la sphère intellectuelle.

      A un monstre.

      • Cela me parle.

        Je part du principe que l’éducation des jeunes est fondamentale et explique bon nombre de choses.

        En ce qui concerne la musique:

        Je ne sais pas si Adorno était d’obédience marxiste. Je ne le connait pas assez. je serai même très surpris que cela soit le cas mais au moins j’aurais appris quelques chose.

        Le fait est est qu’il y a de la musique de qualité et de la musique bas de gamme. Que ces distinctions peuvent s’établir dans tous les styles et les genres.
        Mais il faut bien comprendre qu’il y a une différence entre goût et qualité intrinsèque de l’œuvre. Exactement comme en cuisine.

        Ne pas comprendre qu’il y a une réelle différence de niveau qualitatif entre Mozart ou Maitre Gims c’est être ignorant. C’est comme si vous n’étiez pas capable de distinguer la différence entre Einstein et l’élève de CP ( la comparaison est parfaite ).
        Dans tous les cas vous avez parfaitement le droit d’aimer ce que vous voulez. Si par exemple, le petit mathématicien du CP est votre fils, je comprend que vous préfèrerez étudier avec lui son cahier de maths que vous plonger dans les équations de la relativité restreinte.
        J’ai le droit d’aimer Mac Do en sachant reconnaitre que la haute gastronomie, malgré mes goût, est plus qualitative.

        On peut sous cet angle observer la production artistique et ainsi rien qu’a la facture de l’oeuvre déterminer a quel point le compositeur se soumet à une commande, un cahier des charges plus ou moins lourd.
        Est-il obliger de se soumettre au 3 min du format radio par exemple?

        Attendu qu’un artiste se doit d’être libre un minimum pour créer un contenu de qualité, un cahier des charges trop important ne peut que le conduire à produire du bas de gamme.
        Comment demander à un architecte de produire une valeur ajoutée artistique si votre budget pour construire une maison est de 100 k euros ?
        La musique pour apporter une valeur ajouter doit comporter une part de recherche comme en science.

        Dans le cas de la musique, 95% de la population française est incapable de discerner le contenu créatif, la qualité artistique. Là est le signe d’un déclin.
        A d’autre époque, le paysans n’aurai jamais admiré maitre gims ou n’aurait jamais accepté de payer l’équivalent de 40 euros pour assister à un concert que son enfant de 12 ans ou ses voisins pourraient réaliser d’un point de vue musicale ( si l’on met les différents artiste à égalité technologique ).

        Certains peuple/nation/culture ont dans l’ensemble plus de considération pour la culture de qualité française que le propre peuple français en a pour la sienne. C’est tout aussi valable pour des industries comme le luxe.

        De ce point de vue, c’est aussi un échec commercial. La musique de qualité française s’exporte mais représente de faibles volumes et ne peut être produite que au prix d’un fort reversement des impôts aux artiste via des aides à la création ( même situation dans l’industrie cinématographique ). Pour la simple raison que le marché intérieur est complètement anémié et quasi-inexistant en dehors du soutient de l’état.
        La part de marché des musiques étrangère de piètre qualité balaye l’offre française et l’empêche d’émerger à l’international. Le marché intérieur existe mais ne permet pas l’émergence de produit ( d’artistes ) leader à l’international ou très rarement.

        A noter que ce déclin de l’industrie de la culture ( et du reste p-être) trouver sa cause dans l’étatisme pour au moins trois raisons:
        – les deux guerres mondiales on placé les USA en position de vainqueur et quelque part ont colonisé culturellement la France imposant la langue. Or c’est bien l’état français qui à mener ces guerres et les a perdue.
        – l’état français n’a pas su éduquer sa population. Mais le modèle de l’éducation bisounours à la française le pouvait-il.
        – la complète déconnexion de l’offre avec l’attente du public.

        Je considère que la dichotomie public/privée même si idéologiquement est bien présente n’explique pas entièrement la situation de déclin ( perte de part de marché et baisse du niveau d’éducation moyen ).
        C’est bien plus grave car même l’offre privée n’est pas le fait d’acteur indépendant de l’état. Elle est en collusion avec l’état ( loi HADOPI par exemple, régime de l’intermittence favorable au « secteur privé », artiste dépendant de la commande de l’état et des collectivité etc.. ) et est soumise aux décisions du ministère de la propa… oups de la culture.

        • Merci beaucoup pour votre commentaire éclairé et très intelligent, qui dépasse l’interrogation moyenne.

          Je prends souvent pour éclairer la vue des non-voyants en musique l’exemple de l’architecture. En architecture, on met une maison Phénix à côté de la Tour Eiffel, personne ne fait de confusion entre la valeur de l’une et de l’autre. Chacun est libre de ses choix, mais pourtant il y a une différence majeure qui saute aux yeux, dirais-je, entre les deux.

          Pour la cuisine vous me parlez de MacDo dans lequel je vais avec mes enfants, quelquefois par an. Offrez-vous un jour la Tour d’Argent ou même un vin millésimé et là aussi, la différence vous sauterait aux yeux.

          Les gens ne parlent en fait souvent du choix de choisir et d’aimer l’œuvre de leur choix parce que les œuvres sommitales coûtent souvent beaucoup plus cher à l’achat (malgré le prix du CD actuel) que les œuvres basiques. Je ne peux m’offrir que des peintures qui ne dépassent pas les 10.000 €. Pourtant, je connais l’existence des chefs-d’œuvre sans prix, par ma culture et mon travail de compositeur sur elles, grâce aussi aux musées. Je ne peux pas m’acheter la Tour Eiffel, mais je reconnais sa supériorité évidence sur bon nombre d’œuvres de l’architecture. En étant pourtant béotien en architecture.

          En musique, on compare par le prix de 0,99€ en téléchargement un concerto pour piano de Rachmaninoff (au hasard) au dernier tire de Beyoncé (qui est très loin d’être le pire)…

          Excusez-moi d’être obligé de remettre les pendules à l’heure : il y a pour la musique comme pour l’architecture, la même échelle de valeur entre la maison Phénix (j’aurais pu prendre l’abri de jardin ou le clapier à lapins) et la Tour Eiffel (j’aurais pu prendre le Taj Mahal ou la coupole de Santa Maria del Fiore à Firenze).

          Après, il est évident que chacun fait ce qui lui plait… Les goûts et les couleurs… s’apprennent aussi et on y prend goût.

          La situation de déclin de la musique s’explique très bien par la culture de masse qui est propagée par les médias (audiovisuel, Internet), dont le seul et unique but est le tiroir caisse. Quand on dit à un « client/auditeur » que la musique ne vaut plus rien et qu’on peut la télécharger gratuitement, car elle appartient à tout le monde via le peer-to-peer (le pire-to-pire) et le fichier digitalisé, non seulement on ment à l’auditeur lambda qui ne voit que son propre intérêt monétaire (et non culturel) et pas du tout les seuils de rentabilité de cette profession. Mais aussi on lui ment parce que le modèle médiatique n’a qu’un seul objectif, qui n’est pas la culture, mais bien le remplissage d’espace audiovisuel, la surface de propagande. L’Internet n’agit pas autrement car il a compris la combine, propageant le moins-disant, le bas de gamme vite fait bien fait, le moins cher à produire, le meilleur retour sur investissement au détriment de la culture profonde à vocation séculaire.

          Parce qu’au bout du compte, plus on a de surface de visibilité (audiovisuel et Internet même combat), plus on a d’espace publicitaire à proposer. La démarche qualitative est totalement étrangère aux médias comme à l’Internet. La publicité et ses marges substantielles (l’audimat, le nombre de clics) sont leurs seuls objectifs à atteindre.

          En fin, en musique comme dans tous les autres domaines, c’est à l’offre de proposer la meilleure qualité et non à l’offre de s’adapter aux désirs des clients. Sinon, en cuisine, en alimentaire comme en musique, on court à la mal bouffe, à l’empoisonnement. Il y a des services vétérinaires en alimentation qui vous empêchent de manger n’importe quoi (du rat par exemple). Vous l’ignorez peut-être, mais cette démarche qualitative imposée par l’État vous empêche dorénavant de mourir avant 20 ans par empoisonnement. Cela n’existe pas en musique car le discours n’est pas recevable dans ce domaine où tout le monde croit que la liberté de tout faire est possible. Non ! Non tout ne se vaut pas : la merde, c’est de la merde, la qualité, c’est autre chose. Le public actuel écoute et regarde de la merde, pour l’instant, il n’y a pas mort d’homme. Mais il y a peut-être mort de la culture. Et s’il y a mort de la culture, des cultures, il y a mort des nations qui les soutiennent et des humains qui les constituent. De l’éducation.

          C’est tout. C’est simple, mais c’est récurrent. Rome et Athènes se sont cassé la figure pour les mêmes raisons : le relativisme avait pris le pouvoir sur les valeurs ancestrales élitistes. Au bénéfice de l’ère des barbares.

  • bonjour ,pourquoi diable se poser encore la question alors que tout un chacun connait la réponse : Un ami Américain le disait déjà dans les années 1975/1980: la France un merveilleux pays au savoir vivre inégalable ,malheureusement dirigé par des hommes politiques sans valeur !

    • Suggestion de lecture : « Des lions menés par des ânes : Essai sur le crash économique (à venir mais très évitable) de l’Euroland en général et de la France en particulier » par Charles Gave.

      • En 2003, Charles Gave écrivait dans son livre : « la France n’est plus aujourd’hui en démocratie, mais un pays en coupe réglée sous le joug d’une écrasante technocratie ». Et il ajoutait : « Les technocrates au pouvoir et leur idéologie SONT le problème, et attendre d’eux la solution est hilarant. Cela revient à confier la clé de sa cave à vins à un sommelier alcoolique. »
        Et çà continue encore et encore …

  • en un mot le déclin de la france a été causé par le socialisme qui marche à court terme mais est un désastre à long terme. le socialisme est le principal maux de la france

  • Bonjour monsieur, tout d’abord excellents billets (tous) !

    Petite question cependant : j’aurai aimé avoir votre avis sur le laxisme ambiant (scolaire, juridique et parfois professionnel) ainsi que sur ce qu’on pourrait appeler « l’autoflagellation » (honte de soi, de son passé, de ses racines) qui passent par d’incessantes campagne de culpabilisation et de moralisation.
    Pensez-vous que cela contribue également au déclin de notre beau pays ? Sont-ce des causes ou des conséquences ?

    Cordialement.

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