Train de vie trop large

Pourtant, la SNCF a commandé les bons trains, RFF avait les bons quais…

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Trains trop larges (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints, licence Creative Commons)

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Train de vie trop large

Publié le 23 mai 2014
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Le regard de René Le Honzec.

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Tout le monde a entendu parler d’une des dernières perles de notre techno-État, à savoir la fameuse largeur de nos trains tout neufs qui sont trop larges pour nos quais. La SNCF a commandé les bons trains, RFF avait les bons quais, il y a juste un imbécile qui, visiblement, n’a pas eu l’idée de vérifier la compatibilité ne serait-ce qu’avec un modeste mètre-ruban. Cela veut dire qu’en France, on peut faire n’importe quoi sans que personne ne vérifie, les responsables politiques étant trop occupés à faire les plateaux télés et les poches des contribuables tout en sauvant la France de la montée de la pauvreté, du chômage, du racisme ou du danger fasciste (Front National pour les sourds et malentendants).

Heureusement, pour faire marcher la baraque, il y a l’Élite de la Nation, les haut-haut fonctionnaires qui restent quand les Ministres trépassent (seulement électoralement). Mais là, c’est trop gros, même Royal la tricoteuse demande que des têtes tombent, le président de l’Association des régions françaises tonne qu’il ne paiera pas, on découvre à l’occasion un certain Cuvillier, secrétaire d’État au Transport, qui n’était au courant de rien. Sans sourciller, Pepy de la SNCF et Rapoport de RFF déclarent que ce n’est rien, qu’on va raboter les 1200 quais pour les 341 gros culs, juste pour 50 à 80 millions d’euros. Ils ont raison, c’est rien comparé à leurs endettements respectifs : 32 milliards pour RFF, 7,2 mds pour SCNF (33,8 mds CA). Au passage, n’oublions pas la discrète SAAD « Société pour l’Aménagement de l’Amortissement de la Dette », dans les 8 mds, difficile de trouver le chiffre.

Et un peu d’histoire : après la guerre 39-45, les communistes représentent 25% de l’électorat et entendent prendre le pouvoir. Ils entreprennent de noyauter ou diriger les secteurs sensibles, tels les médias par la distribution monopolistique du Syndicat du Livre, ou les transports, en attendant le grand soir. Les camionneurs leur échappent, pas la SNCF qui va devenir leur chose. La faiblesse de l’État et les si fameuses grèves vont conforter cette situation, qui va perdurer jusqu’aujourd’hui, malgré la chute du Mur et du PCF. Les cheminots ont obtenu des conditions spécifiques salariales, de retraite, de travail, de santé souvent décrites et décriées par la Cour des Comptes. La lutte des classes s’est perpétuée avec les luttes d’influences entre ingénieurs en blouse blanche et prolétaires en bleu de travail. Avec un consensus : chacun fout la paix à l’autre. Ainsi, les ingénieurs créent les machines de leur rêve, les cheminots les conduisent, tous sans aucun souci de rendement ou de rentabilité, service public dispense. Ainsi Lefloch-Prigent entend avec stupeur son contrôleur de billet lui dire : « C’est bien ce soir, il n’y a personne ». Cette gabegie entraîne un endettement phénoménal aux frais des contribuables soumis au diktat des grèves capricieuses. Pas de problème, petit tour de passe-passe : on garde la SNCF, on crée RFF qui a en charge le réseau… et la dette ! Comme cela ne suffit pas, on rajoute la SAAD qui en reprend une partie à son tour. Plus de dette pour la SNCF qui parle de profits, et retombe tout de suite dans ses travers, dette et re-dette.

Et aujourd’hui, cet état au cœur de l’État farouchement opposé à la libre concurrence continue ses échecs sans la moindre intention de se remettre en question : ainsi, gagez que Pepy, énarque et sciences po à la longue carrière trans-partis restera, et que Rapoport, ex-métro, ex-postier, énarque et inspecteur des finances restera. Devinette : qui paiera ?

Voir les commentaires (7)

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  • Merci pour le traitement de cette affaire sous cet angle historique.
    Super le dessin.

  • Je ne crois pas qu’il faille voir dans cette affaire une énième péripétie de la mauvaise gestion étatique.
    Je crois que le timing des révélations est la clé de l’affaire, c’est à dire avant l’étude d’une loi concernant RFF/SNCF.

    Tout d’abord j’ai été surpris par la précision des toutes premières analyses journalistiques, avec moult détails techniques, visiblement un dossier de presse a été préparé, les journalistes en général survolent les sujets, confondent chiffre d’affaire et bénéfice, etc, (les pignouferies pour ceux à qui cela dit quelque chose). Pas dans ce cas.

    Ensuite une « erreur » comme celle-là ne peut pas apparaitre du jour au lendemain, dès la première minute où il a été envisagé de faire des trains plus larges, il a probablement été évoqué que cela poserait des problèmes sur certains tronçons et il a probablement été conclu qu’il faudrait raboter quelques quais (là réside une erreur de RFF à ne pas avoir de listes précises permettant d’évaluer le nombre de quais concernés).
    Je ne crois vraiment pas que les ingénieurs se sont aperçus au dernier moment de l’ampleur des modifications à apporter, de plus même si cette ampleur avait été connue plus tôt, cela n’aurait rien changé à la volonté de faire des trains plus large.

    Je ne crois pas au scénario présenté dans la presse et les explications techniques des dirigeants (les quais ont vocation à être modifiés ou rénovés à terme) sont convaincantes.

    • confondent chiffre d’affaire et bénéfice

      on passe juste de 2000 rames à 341.

      Mais vous avez raison, une erreur d’un facteur 5,8 c’est dans la norme, d’habitude ils se gourent d’un facteur 1000.

  • Quelques nécessaires rappels. Qui donnent envie de pleurer!

  • Il n’y a qu’à se procurer un stock de vaseline, ça pourra resservir !

  • Les commentaires sont fermés.

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