La Belgique va-t-elle bloquer les hausses de salaires ?

Le gouvernement belge veut empêcher les entreprises d’augmenter leurs salariés pour améliorer la compétitivité du pays. Et s’il commençait plutôt par baisser la fiscalité délirante du travail ?

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Elio Di Rupo, premier ministre belge

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La Belgique va-t-elle bloquer les hausses de salaires ?

Publié le 26 mai 2013
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Le gouvernement belge veut empêcher les entreprises d’augmenter leurs salariés pour améliorer la compétitivité du pays. Et s’il commençait plutôt par baisser la fiscalité délirante du travail ?

Une tribune de Patrick Smets, du Parti Libertarien belge.

Elio Di Rupo, Premier ministre belge

Imaginez que vous êtes un gentil patron (oui, ça arrive) et que vous souhaitez récompenser votre personnel méritant pour avoir contribué aux bons résultats de l’entreprise. Eh bien, vous ne le pourrez plus, du moins pas autant que vous le souhaitez. En effet, le gouvernement Di Rupo ayant déjà décrété un blocage des salaires pour 2013-2014 planche maintenant sur un projet de loi durcissant la loi de 1996 relative à « la promotion de l’emploi et à la sauvegarde de la compétitivité » (dans sa novlangue) prévoyant désormais une marge maximale pour l’évolution du coût salarial qui sera fixé par année. Cette marge sera déterminée sur la base de l’évolution salariale des deux années écoulées dans trois pays de référence (Pays-Bas, Allemagne et France), ainsi que sur les prévisions d’évolution pour les deux années à venir. Des amendes allant de 100 à 1 000 euros par travailleur concerné seront prévues en cas de dépassement. À l’inverse, l’employeur qui n’augmente pas ses employés se verra octroyer un bonus.

Si vous avez compris que le gouvernement vient de décider que vous, en tant que salarié, ne pourrez pas être augmenté et qu’il s’oppose donc à ce que vous gagniez bien votre vie, vous avez malheureusement bien compris.

Comment en arrive-t-on là ?

L’argument est qu’on souhaite maintenir la compétitivité du marché du travail belge par rapport aux économies étrangères dans un monde globalisé. Le gouvernement veut s’assurer que les salaires n’augmentent pas plus vite chez nous que chez nos voisins. Ainsi espère-t-il maintenir ou augmenter la compétitivité du marché du travail belge.

La réalité, c’est que les salaires voient leur part de réel s’amenuiser sous l’effet de l’étau qui se resserre avec d’un côté l’inflation et de l’autre la fiscalité sur le travail. Ne soyons pas dupes. Les gouvernants se targuent de protéger le pouvoir d’achat via le salaire minimum légal pour maintenir en apparence les salaires nominaux élevés mais profitent de l’inflation – que l’index suit très mal, de par la complexité de tels calculs macro-économiques – pour raboter les salaires réels. Un double discours que même les factions d’extrême-gauche ont compris.

Mais revenons à nos salariés, monsieur et madame tout-le-monde qui se lèvent tous les matins pour gagner leur vie. Qu’est-ce que le salaire ? C’est le prix que l’employeur consent à payer à son bénéficiaire, le salarié, en échange d’une quantité et d’une qualité de travail prédéfinies. Comme tout prix, il doit être fixé par la loi de l’offre et de la demande en fonction de sa rareté, de son utilité et des perspectives bénéficiaires de l’entreprise concernée. Cela doit rester avant tout le fruit d’un accord entre parties privées sur base volontaire. Se voir confisquer ce droit à la négociation de manière arbitraire par des organisations patronales et syndicales s’entre-déchirant pour au final saisir le législateur n’est pas le reflet de la coopération sociale entre les individus qui a valu à l’Occident un essor économique sans précédent sur les 200 dernières années.

Il est bon néanmoins de conserver le principe que tout salarié et tout employeur peuvent choisir de se faire représenter ou conseiller par une tierce partie comme un avocat, un syndicat, une organisation ou un groupe d’intérêts dans la négociation, mais cela doit rester sous l’empire du libre-échange et de la coopération volontaire. Une telle représentation ne peut se concevoir que si les principaux protagonistes, à savoir l’employeur et l’employé, en ont fait expressément la demande. On est loin du compte actuellement. Nous nous retrouvons face aux dirigeants du gouvernement qui décrètent les niveaux des salaires par rapport à ceux dans 3 pays de référence sur lesquels nous n’avons aucune influence et aucun moyen de remédier aux politiques salariales contre-productive. Un tel acte coercitif empêche toute adaptation harmonieuse aux phases du cycle économique avec pour conséquence un chômage structurel lorsque les niveaux sont trop hauts par rapport à ce que le marché est prêt à payer et une démoralisation des salariés lorsque les niveaux sont trop bas. Comment est-il concevable que des gens qui pour la plupart n’ont jamais travaillé dans une entreprise privée puissent déterminer avec certitude les niveaux salariaux pour chaque industrie et chaque secteur ? Il y a là une violation flagrante des libertés individuelles. Une de plus menant à la collectivisation de la société et à la révolte sociale en fin de compte.

La solution oubliée

Augmenter la compétitivité de la Belgique est souhaitable, évidemment. Mais pas au prix du pouvoir d’achat des employés et de la liberté des dirigeants de récompenser leurs employés.

Il y avait pourtant une solution tellement plus simple. Diminuer les charges pesant sur le travail, tant pour l’employeur que pour le salarié. Tout le monde se retrouvait gagnant. L’employé, évidemment, parce qu’en souffrant d’une imposition sur le travail plus légère, il voit son salaire réel augmenter. L’employeur, parce qu’à travers la baisse des charges patronales, ses coûts baissent. Ce qui, soit dit au passage, rend mécaniquement l’employé plus rentable aux yeux de l’employeur, et protège donc son emploi, voire incite l’employeur à embaucher.

Au niveau international, le gain de compétitivité est immédiat et réel. Là où la solution retenue par le gouvernement, si tant est qu’elle ait des effets réels, ne les sort qu’après plusieurs cycles de réévaluation salariale bloqués par la loi.

Pourquoi cette piste n’a-t-elle pas été suivie alors ? Elle comporte pour le gouvernement un inconvénient évident. Elle risque peut-être de faire rentrer moins d’argent dans les caisses de l’État. Prendre le risque que les employés gagnent moins d’argent est manifestement beaucoup plus acceptable pour le gouvernement que de prendre le risque que l’État en gagne moins. Beau sens des priorités.

Conclusion

Nous vivons un moment historique et à vrai dire absurde. Se rendant compte que la Belgique n’est plus compétitive face à ses voisins, le gouvernement préfère attenter à la liberté des employeurs de mieux rémunérer leurs employés, s’assurant par la même que ceux-ci ne gagneront pas plus qu’aujourd’hui en termes nominaux (et probablement moins en termes réels), que de baisser la fiscalité sur le travail – pourtant une des plus élevées du monde – ce qui aurait un effet positif beaucoup plus grand.

Le gouvernement préfère que vous perdiez de l’argent plutôt que de renoncer au sien – qui n’est jamais que le vôtre qu’il vous prélève. L’austérité pour vous, oui, pour lui, non.

Le Parti Libertarien s’oppose de toutes ses forces à de telles méthodes et raisonnements. N’hésitez pas à nous rejoindre si vous aussi vous estimez que vous n’avez pas à payer envers et contre tout les erreurs du gouvernement.

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  • Pour diminuer les cotisations sociales ou la fiscalité, mon bon Monsieur, il faut en avoir les moyens !

    N’oublions pas que les salaires sont déjà automatiquement indexés, de même que toutes les prestations sociales, et que si l’index est un peu « adouci », il n’en constitue pas moins une augmentation des coûts.

    Or, que font les syndicats ? Ils veulent encore augmenter « les » salaires » jusqu’à ce que grèves et mort s’en suivent. Intenable.

    Pour éviter des effets de masse, des patrons qui cannent sous la pression, on dispose en effet un certain blocage des salaires, ce qui rive le clou aux syndicats (du moins on l’espère).

    Mais bien entendu, le patron pourra toujours, s’il souhaite gratifier quelqu’un, le faire par voie de promotion. Le balayeur pourra devenir « balayeur chef » ou « premier balayeur chef » .

    Il me semble que les « libertariens » n’ont guère de connaissances du milieu entrepreneurial 🙂

    • « Pour diminuer les cotisations sociales ou la fiscalité, mon bon Monsieur, il faut en avoir les moyens ! »

      C’est une erreur de logique grossière propre à une personne dépendant de ce système, j’ai de sérieux doute sur vos qualités d’entrepreneur.

      Ce n’est pas de moyens dont vous avez besoin cher monsieur, ce dont vous avez besoin c’est de dépenser moins.

      D’ailleurs ces moyens ne sont pas ceux de l’état comme vous le laissez sous-entendre, ils sont le fruit du labeur des travailleurs soumis à l’une des fiscaliés les plus ahurissantes de la planète.

      Et en plus de dévaliser environ 62% du chiffre d’affaire TVAC d’une PME de service, il faudrait en plus nous forcer à porter des titres d’armées mexicaines en interne pour ne pas déclencher les fureurs du pouvoir?
      Mais quand est ce que ce cirque va cesser bon sang de bon soir!

      J’ai créé (ex nihilo) une PME en Belgique de 7 personnes (l’erreur de ma vie mais soit). Je peux encore justifier de quelques pseudo promotion genre grand vizir des opération de la basse sambre ou encore, chambellan des flandres mais forcément tout à une limite.

      Vous faites comment quand c’est une PME de 2 personnes, le gérant et l’employé comme c’est le cas d’une bonne partie des entreprises? Vous allez inventer quelle titre débile? Et face à une administration tatillonne comment vous allez justifier cette promotion?

      Qui êtes vous? Qui est cet Etat pour m’empêcher d’augmenter quelqu’un? ou de retirer de ma trousse à outil de gestion, l’augmentation de salaire qui me sert par exemple quand une personne débarque dans la société, apprend son métier et devient autonome à son poste après x temps?

      Le plus révoltant encore est de devoir justifier son refus à face à ce de mesure! le plus révoltant est d’observer que vous, comme une bonne partie de la population belge, êtes strictement incapable de remettre en question le système qui arrive à générer de telles monstruosités.

      C’est d’ailleurs ce qui a motivé beaucoup de déménagement vers des cieux plus clément. Aucun espoir, va falloir toucher le fond pour que les certitudes belges s’évanouissent.

      Mois après mois le record de faillites explose, tout entrepreneur belge sait que la cause principale est cette fiscalité folle (Suivant le centre des entreprises de Bruxelles, 55% des entreprises sont en difficulté à cause d’une dette à l’état -> à cause de la fiscalité.),
      et la règlementation absurde. On devrait pour éviter cette bureaucratie avec la bonhommie et les rondeurs belges comme vous le faites. Assez, je n’ai pas à me sentir à la limite de la légalité, je n’ai pas à faire vos tours de passe passe quand j’augmente quelqu’un, tout simplement.

      Toute personne sait que le salaire net, est moyen en Belgique (voire faible) tant il est taxé par cet état hypertrophié.

      Je suis entrepreneur et je confirme, le parti libertarien a parfaitement raison et ca fait plaisir d’enfin lire un (vrai) message libéral, dommage qu’il soit les seuls ceci dit.

      • Je pense que mps s’exprimait en imaginant la non-pensée du non-travailleur et néanmoins lobotomisé Elio di Rupo!

  • Apparemment, ils n’ont toujours pas compris que ce n’est pas en ruinant les contribuables qu’ils vont augmenter les recettes…

  • Bon, je me rassure, votre expérience entrepreneuriale est assez limitée (et foireuse si j’ai bien compris)
    Bien entendu que l’Etat doit faire une solide cure d’amaigrissement et cesser ses prélèvements confiscatoires, mais ce n’était pas l’objet de la discussion et, de toute manière, le Budget ne peut faire le saut du trapéziste :’ l’économie doit précéder les remises fiscales.

    Par ailleurs, le blocage des salaires se situe évidemment au niveau des grosses boites ou PME importantes, dans le cadre de conventions paritaires qui ne lient nullement les TPE.

    Vous pourrez toujours gratifier votre secrétaire en l’emmenant en week-end 🙂

    • « le Budget ne peut faire le saut du trapéziste »

      Je rappelle tout de même que les Américains sont passés de 48% à 18% de dépenses publiques en un an après la guerre et ont connu une forte croissance par après alors que les économistes craignaient un retour à la dépression.

    • Lol 🙂 Feriez bien d’en informer les secrétariats sociaux que c’est uniquement destiné aux grandes entreprises. Meme eux ne comprennent plus ce qu’ils se passent. Vu que j’en ai fait l’expérience il y a un an avec votre solution de titre ronflant et ici on parle d’un durcissement d’une mesure déjà implantée.

      « evidemment pas ». L’évidence est toute autre, de toute évidence ça n’est pas évident en dehors des circuits classiques ou ce genre de mesure est populaire (MR & cie). Et ou pense que ce genre d’ingénérie sociale/fiscale ou que sais-je d’autre est approuvé par les entrepreneurs. Evidemment que non. C’est l’exact contraire de la liberté d’entreprendre.

  • Le socialisme de droite à l’état pur!!Il s’agit de répartir la misère de manière égale sauf pour la nomenkaltura…

    • On ne saurait mieux dire Libre.

      Le courant MR a complètement perdu ses repères. Ils s’imaginent être une sorte de Deus ex machina qui arriverait à controler la société aux travers de leur manettes gouvernementale. Ceci n’est qu’un enième exemple.

      Ils pensent pouvoir actionner ses manettes au profit de l’économie et relancer l’activité. La seule chose qu’ils arrivent à faire c’est fermer encore plus d’activité. Et loin de se rendre compte qu’ils sont le problème…Et ils continuent toujours plus loin jusqu’à arriver à de tels extrémités.

      Il y a des militants libéraux au MR, c’est certain mais ici de toute évidence la tête ne l’est plus.

      • D’accord sur la tête du MR, qui est un genre d’animal hybride qui fait du libéralisme avec des recettes socialistes 🙂

        A force de regarder devant ses pieds, elle semble n’avoir aucune vue en perspective.

  • Un grand texte pour pas grand chose…. on rabâche à longueur de temps que l’état veut de l’argent maintenant et à tout prix, que le citoyen veut un meilleur salaire et payer moins de cotisations et d’impôts, et que les entreprises veulent que l’état les laisse tout faire par elles-mêmes, temps de travail, salaires,… évidemment les partisans de l’un ou l’autre camp peuvent fournir des tas d’arguments….

  • ce n’est pas aussi idiot que cela parait si …il s’agit des augmentations de salaires collectives et que cela n’empêche pas les augmentations de salaire individuelles.
    mais c’est en Belgique , tout peut arriver 😉

  • J’hallucine. Une vraie histoire belge. Au moins, les choses sont claires : le gouvernement belge organise la lutte des classes entre les fonctionnaires et les salariés du privé. Il empêche les patrons du privé d’augmenter leurs employés, afin de pouvoir continuer à augmenter ses fonctionnaires — ou afin d’éviter d’en diminuer le nombre.

  • C’est du délire ! Bloquer la hausse des salaires ?!

  • Directive 10-289

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