Le désastre du photovoltaïque espagnol

Champs couverts de panneaux solaires non rentables, arbres arrachés, familles endettées et électricité plus chère

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Le désastre du photovoltaïque espagnol

Publié le 21 octobre 2010
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La bulle du photovoltaïque espagnol commence à produire ses effets : champs couverts de panneaux solaires non rentables, arbres arrachés en masse, familles endettées et une électricité plus chère. Mais il y a aussi des gagnants : les fabricants de panneaux solaires allemands et chinois.

photovoltaïque / panneaux solairesLe secteur du photovoltaïque en Espagne se trouve au bord du précipice alors que s’effondrent les subsides. C’est ce que rapporte cette semaine Bloomberg dans son reportage « Spain’s Solar Deals on Edge of Bankruptcy as Subsidies Founder ». On y apprend comment l’éclatement de la bulle a ruiné un grands nombres de petits propriétaires ruraux. La politique erratique du gouvernement socialiste fait un maximum de victimes alors que seuls quelques-uns arrivent à tirer leur épingle du jeu, ayant deviné ce qui se cachait derrière les promesses écologistes de Rodríguez Zapatero ou ayant obtenu plus d’informations avant les autres. Sortent également gagnants les fabricants de panneaux solaires qui ont inondé l’Espagne entre 2007 et 2009. Le problème étant que la grande majorité de ces entreprises sont chinoises et allemandes. C’est-à-dire que la pluie millionnaire de subventions n’a aucunement donné naissance à une industrie espagnole réellement puissante dans ce secteur.

Pour illustrer le reportage, Ben Sills rapporte le cas de Germán Vilimelis, petit agriculteur de la province catalane de Lérida qui en 2007 arracha deux hectares de poiriers pour installer des panneaux solaires. En s’endettant pour 25 ans et faisant confiance au gouvernement qui garantissait théoriquement les subventions assurant la rentabilité du projet. Aujourd’hui, après la marche arrière de l’exécutif, l’électricité qu’il arrive à vendre ne lui permet pas de rembourser les échéances de son emprunt. Endetté, il doit donc consacrer une partie des bénéfices de son activité principale pour maintenir une « ferme solaire » qui ne lui rapporte rien.

La bulle du photovoltaïque commença en Espagne quand le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero déclara vouloir faire de l’« énergie verte » une des clés de son modèle productif et promit mille aides publiques pour toutes les les entreprises du secteur. Entre 2004 et 2007, le gouvernement assura de subventionner ce secteur à hauteur de 44 centimes par kW/h pendant les 25 prochaines années, plus de dix fois le prix moyen payé pour les autres énergies. Bien évidemment, un grand nombre de ruraux se ruèrent sur l’aubaine et couvrirent leurs terrains de panneaux, assurés de pouvoir compter pendant 25 ans sur un revenu garanti par une loi dûment promulguée à cet effet. Rien que pour l’année 2009, le coût pour le contribuable espagnol s’éleva à près de six milliards d’euros. Le secteur du photovoltaïque se réservant près de la moitié du splendide gâteau avec 2,6 milliards. De plus, les subventions favorisant ce secteur moins rentable firent augmenter de 23% le coût final de la facture d’électricité. Pire, la bulle générée par le gouvernement socialiste fut si soudaine que les investisseurs espagnols durent importer la majeure partie des panneaux solaires parce que les producteurs locaux ne pouvaient satisfaire la demande. Pour le plus grand bénéfice d’entreprises allemandes et chinoises. Et malgré tout l’argent dilapidé, l’énergie solaire ne représente que 2,72% de l’énergie électrique consommée en Espagne.

Malheureusement, ce mirage d’Eldorado dura peu : trois ans après l’adoption de la loi, le gouvernement socialiste dût faire marche arrière toute. Face à l’évidence économique, il se rendit compte du scandaleux gaspillage que représentaient ces subventions qui renchérissaient spectaculairement l’électricité sans assurance aucune que le secteur de l’« énergie verte » devienne un jour rentable. En 2010, face à l’énorme déficit public qui obligeait le gouvernement à réduire salaires et pensions, celui-ci comprit qu’il devenait intenable de payer 6 milliards d’euros par an pour ce secteur budgetivore et le ministre Miguel Sebastián décréta une réduction drastique de 40% des subventions, rendant insoutenables la plupart des installations « écologiques » actuelles.

Les investisseurs du photovoltaïques de plaignent donc de ce que le gouvernement socialiste ait changé les règles du jeu au milieu de la partie. Selon les données des associations du secteur, des 50.000 installations photovoltaïques que l’on trouve en Espagne, 48.000 correspondent à des particulier ou des petites ou moyennes entreprises, pour des puissance inférieure à 100kW. Il ne s’agit donc plus de grandes entreprises qui font faillite ou doivent renvoyer du personnel, mais bien d’innombrables familles qui se fièrent aux promesses du gouvernement (et souvent sur base de cette promesse, se lancèrent dans des projets financièrement insoutenables) et qui se trouvent ruinées. Le reportage de Bloomberg épingle l’exemple d’Isofon, une entreprise espagnole qui se consacrait à la construction de panneaux solaires et qui a vu ses ventes chuter de 83% et eu une pertes en 2009 de 226 millions d’euros.

Au final, une calamiteuse facture à payer par les entreprises, les familles et les contribuables. Mais sans contrepartie technologique, ni savoir-faire, ni valeur ajoutée. Une grande réussite de l’écologie socialiste.

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  • Information photovoltaique ou anti-socialisme primaire ?

  • D'ailleurs, c'est la même chose dans les autres pays où l'état s'est lancé (aux frais des contribuables sous sa férule) dans la même opération vasouillarde.

    Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le socialisme, ça ne marche pas. Jamais. Nulle part. Pour rien.

  • "Est ce risible ? Non je ne crois pas, et dans nos politiques je ne crois plus non plus "

    Vous semblez ne pas avoir compris que l'engouement pour le PV dépend directement des subventions publiques, et donc de l'argent disponible dans les caisses. En France, on commence tout juste à se serrer la ceinture et le sens du vent est en train de tourner puisque le gouvernement commence à tailler dans les crédits d'impôt des énergies "vertes".

  • Ça c'est du programme !
    1/ Détournons un maximum de fonds vers le vert/solaire, subtilisés par le jeu de la surtaxe/subvention à des gens qui, sinon, en auraient fait un autre usage (créant au passage d'autres emplois, dans des domaines qu'ils auraient jugé plus utiles) ;
    2/ Fermons les frontières pour limiter la concurrence de l'étranger susceptible de faire baisser les prix ;
    3/ Et surtout, qu'on arrose tout ça le plus longtemps possible, parce que le jour où la subvention va s'arrêter de pleuvoir, ça va faire mal à la "filière stable et rentable", comme en Espagne.

    Dans ces conditions, c'est sûr, c'est tout bénéf'… pour vous ! Après tout, tant que le consommateur/contribuable reste aussi passivement le dindon de la farce, pourquoi se priver ?

  • Bonjour.

    Je travaille sur un projet partenariat Public / Privé. Et je me dois de m'inscrire en faux à ce que vous dites.
    Vous laissez croire que dans ce genre de groupement c'est l'état qui "subventionne" les entreprises.
    En réalité c'est exactement l'inverse.
    L'état demande à des entreprises de gros investissements dans des infrastructures publiques, normalement financées par l'état. En contrepartie l'entreprise aura le droit d'exploiter l'infrastructure durant la durée du bail (25, 50 an ou plus).
    La mise en place de ces partenariats montre bien le fait que les caisses de l'état sont vides. Et que l'état n'a pas su , ou pas voulu investir dans ses missions de services publics.

    • Le problème des PPP est que souvent c’est une manière indirect pour le secteur publique (Etat ou collectivités ou …) de faire de la dette mais sans la comptabiliser dans ses budgets. Quand on est sur-endetté, cela se voit dans les ratios, la dette étant comptabilisé complètement. La magie des PPP est que c’est le secteur privé qui s’endette en échange d’une garantie papier d’utilisation du service contre paiement futurs. Ces paiements futurs correspondent exactment aux remboursement d’une dette avec intérêt mais ne sont pas comptabilisé comme tel dans les bilans. C’est donc une manipulation comptable en passant par un organisme externe afin de truquer les bilans et de s’affranchir des règles comptables. En un sens, c’est un artifice similaire aux montages financiers qui font transiter les bénéfices dans des paradis fiscaux via des filiales externes.

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