Énergies renouvelables : il n’y a pas foisonnement

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Énergies renouvelables : il n’y a pas foisonnement

Publié le 10 mai 2024
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Un argument fréquemment présenté par les producteurs d’énergies intermittentes, c’est qu’il y a toujours du vent ou du soleil quelque part en Europe.

Le site de l’Institut Fraunhofer « Energy charts » présente en temps réel la production de tous les pays d’Europe, et le cumul pour l’Europe et l’Angleterre. (par semaine, mois ou année). Tout un chacun peut donc vérifier ce qu’il en est. Un rapide examen de l’année 2023 permet d’identifier des périodes (assez nombreuses, et parfois de plusieurs semaines en été) où le dit « foisonnement » est particulièrement faible, même sur toute l’Europe. La puissance installée totale était de 217 GW pour l’éolien, et de 202 GW pour le solaire, soit 420 GW en tout.

 

En été

Entre autres, on voit que le 12 septembre l’éolien est tombé à 17 GW pour une charge la nuit de 250 GW. Et sans surprise, on constate que la nuit, il n’y a pas de soleil (même si c’est atténué par les fuseaux horaires).

 

En hiver

On se dit que le soleil est faible, mais qu’au moins il y a du vent. D’après le même diagramme, on voit que la nuit du 14 février, il n’y a pas eu de soleil non plus. Et l’éolien est descendu à 37 GW, pour une charge de 300 GW. On voit même que les 17 GW d’offshore (en vert un peu plus foncé sur la courbe en référence) ne donnaient quasiment rien.

 

Conclusion

Il y a bien, certaines nuits, une Europe entière quasiment privée de vent. C’est une situation bien connue des météorologistes, correspondant à un gigantesque anticyclone. Cela arrive assez souvent en été, mais aussi plusieurs fois par an en hiver, et souvent en période très froide.

 

Les enseignements

Lorsqu’on dimensionne le réseau électrique européen, on le dimensionne en puissance (le kW) et pas en énergie (le KWh) car l’offre doit égaler la demande au dixième de seconde près, et cela même à la plus grosse demande annuelle, à 19 heures en hiver. Si on se réfère à l’année 2023, on ne peut donc compter à coup sûr l’éolien qu’à 17 % de sa puissance installée, et le solaire à zéro pour assurer la consommation à la pointe de 19 heures en hiver. Mais c’est en global sur l’Europe. Or, le vent ne souffle pas toujours où il est nécessaire, et, contrairement à une idée répandue, l’électricité ne se transfère pas facilement d’une région à une autre : ce n’est pas instantané, et ça coûte cher.

Qu’à cela ne tienne, diront certains, il suffit de multiplier les installations : par six pour passer la pointe d’hiver par exemple, soit installer 1200 GW d’éoliennes, environ 240 000 mâts, des millions de km de câbles, des milliers de postes électriques… Certes, mais que fait-on quand le vent souffle sur toute l’Europe ? On arrête tout ?

Qu’à cela ne tienne, diront certains : on stockera. Mais l’électricité ne se stocke pas. On stockera soit de la gravité (pompage), soit de la chimie (batterie), soit de l’hydrogène.

 

Alors, le stockage ?

On voit aussi par cet exemple que pour assurer une production à l’instant (donc une puissance, ou capacité) de 200, voire 300 GW, avec seulement du stockage et des énergies intermittentes, il faut une capacité énorme, assimilable à un réseau de production, puisqu’il faut toujours que l’offre égale la demande. Les calculs sont faciles à faire. Je les ai déjà publiés sur Contrepoints. Pour deux semaines de printemps avec un vent faible, pour alimenter la France et l’Allemagne, il faudrait pomper préalablement le lac de Genève et le lac de Constance et élever leurs eaux de 150 mètres ! En batteries, c’est tout aussi inenvisageable ; il  faudrait des milliers d’hectares  de modules comme ceux-ci. Les plus grosses installations actuelles font un GW et « tiennent » deux à trois heures avant d’être à plat.

Les centrales thermiques (nucléaires ou à gaz) ont encore de beaux jours devant elles. D’autant qu’elles assurent à elles seules la stabilité du réseau.

 

En effet, la physique est la plus forte

D’ailleurs, le gestionnaire d’un des réseaux haute tension de l’Allemagne (Amprion) commence à être inquiet. Il réclame un « retour à la physique » et prédit une catastrophe si l’Allemagne installe, comme c’est prévu, 600 GW d’énergie intermittente.

Et en France, Enedis et RTE, les gestionnaires des réseaux, annoncent les dépenses à venir en grande partie liées au déploiement des énergies diffuses, éolien et solaire : plus de câbles, plus de batteries, plus de condensateurs, plus d’électronique de puissance…

 

Énergies renouvelables : « Aujourd’hui, on raccorde comme on n’a jamais raccordé » (Cédric Boissier, Enedis)

« Je ne parlerais pas de révolution mais plutôt de rupture en termes de raccordements et d’investissements. Hors compteurs Linky, nous investissons entre trois et quatre milliards d’euros par an : Marianne Laigneau (présidente d’Enedis, NDLR) a annoncé 96 milliards d’euros d’investissements entre 2022 et 2040, au rythme de cinq milliards d’euros par an. Sur les 96 milliards d’euros, un peu plus de 11 seront dédiés au raccordement des énergies renouvelables, soit 800 millions d’euros par an, un niveau inédit. »

C’est bien plus que cela, car il faut ajouter les milliards dépensés en plus par RTE, le réseau haute tension, en particulier parce que les énergies renouvelables ne peuvent pas participer à la stabilité du réseau. Et un autre poste de dépenses monte vertigineusement, vers les consommateurs cette fois : le raccordement des bornes de recharge électrique pour les véhicules, une borne permettant une recharge en 20 minutes a une puissance de 0,25 MW.

Combien de pourcentage du PIB sera dépensé pour cette folie ?

L’intermittence est l’intermittence, si le facteur de charge est de 25 %, pour l’éolien, ou 12 % pour le solaire, (c’est-à-dire le rapport entre l’énergie réellement produite et l’énergie qui serait produite sans intermittence) tout matériel lié aux ENR est affecté du même rapport d’inefficacité. C’est vrai pour les coûts, mais aussi pour la consommation de ressources, y compris de ressources rares ou polluantes.

En France, depuis plusieurs décennies, l’électricité était sûre, peu chère, et presque entièrement décarbonée. Rien n’a changé par ailleurs. On pouvait continuer comme ça ! Pourquoi chercher les ennuis ?

Voir les commentaires (17)

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  • En dépit de sa mauvaise rentabilité l’hydrogène semble être le seul moyen de stockage qui puisse sauver, au moins politiquement, l »aberration des énergies renouvelables à grande échelle.
    Dans ces conditions, on comprend mieux l’intérêt des politiques et militants pour ce type de projets gravitant autour de l’hydrogène, dans lesquels comme pour le reste les subventions compensent l’obstination des phénomènes physiques à refuser de s’adapter aux idéologies.

    • L’utilisation de l’hydrogène est trop contraignante pour que ce vecteur soit utilisé à grande échelle et ailleurs que dans certains secteurs industriels.
      Il est impensable d’envisager des milliers de véhicules, circulant dans nos villes, munis de réservoirs de 100 litres pressurisés à 700 bar.
      La gravité d’un accident est tellement importante qu’aucune étude de sécurité sérieuse ne validera une telle technologie.

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      • et dans ces 100 litres à 700 bar, il y a seulement 10 kg d’hydrogène… on ne va pas très loin. alors que dans 100 litres de gazole à 1 bar, il y a plus de 50 kg de gazole…

        • C’est même pire que ça, 6,3 kg pour l’hydrogène et 83 kg pour le gazole.

        • L’énergie contenue dans 1Kg d’hydrogène est supérieure à celle contenue dans 1Kg de gasoil. D’autre part, si la conversion vers les roues est assurée par une pile a combustible, on a un rendement sensiblement meilleur.
          En chiffres ça donne:
          -> 10Kg d’H2 = 330KWH, avec un rendement de PAC de 50% x rendement moteur, on est a 100KWH sur les roues
          -> 50Kg de gazole donne environ 600Kwh mais le rendement moyen du moteur est de 20%, ce qui nous rammene à 120KWH aux roues, donc chiffre sensiblement équivalent.

  • N’oublions jamais que le stockage des ENR existe : ce sont les « énergies » dites fossiles….
    D’où viennent le pétrole et le charbon ?

    • C’est ce que je me tue à expliquer quand un écolo pro VE me vante les mérites du stockage dans de grosses batteries ou dans des bombes à hydrogène! Toyota étudie parait-il des batteries pour une autonomie de 1000 km ( C’est merveilleux sur le papier), mais l’énergie équivalente nécessaire à produire et introduire dans ces batteries, on fait comment avec un temps de recharge raisonnable (et à condition que l’électricité soit disponible)? Les lois physiques imposent si l’on veut raccourcir le temps de recharge, de travailler à tension/ et /ou/intensité élevées. Pas sûr que le réseau d’un côté et les batteries de l’autre acceptent sans broncher un tel traitement! Mais faisons confiance aux illuminés incultes scientifiquement qui nous prédisent sans sourciller …. que les lois de la physique se plieront tôt où tard à leur exigences utopiques!

      • Si vous me trouvez un écolo qui comprend la science alors nous allons le décorer en lui mettant une couronne qui s’illuminera grâce à ses cellules photovoltaïques.

      • Vous avez mille fois raison : en considérant qu’un VE consomme 20 kWh/100 km, il faut une batterie capable de stocker 200 kWh pour une autonomie de 1000 km.
        Si l’on veut recharger cette batterie en 12 mn, il faut disposer d’une puissance de 1 MW, soit 1000 A sous 1000 V.

        • Si tous les propriétaires de VE font 1000Km par jour et rechargent tous à 19h a la borne utlra rapide, effectivement, ça va poser des soucis.

          Mais pour les gens normaux, qui font moins de 100 bornes par jour, soit 20Kwh et qui rechargent au tarif nuit en 8h sous 2.5Kw c’est grosso modo similaire à la recharge du chauffe eau… Il ne me semble pas que la recharge des chauffe eau la nuit mettre le réseau EDF par terre, sinon ça se saurait! …

  • S’il y a du vent à côté de chez nous mais pas chez nous, les gens d’à côté préfèreront utiliser l’électricité produite par le vent de chez eux plutôt que nous la vendre. A moins que leur équipement en éoliennes soit en mesure de couvrir non seulement leurs besoins, mais aussi les nôtres. Et d’autres que nous et les gens d’à côté voudront aussi pouvoir bénéficier de cette électricité. En définitive, chaque portion de notre planète, aussi petite que soit cette portion, devrait être en mesure de fournir en électricité d’origine éolienne le reste du monde. Ça peut pas marcher.

  • Je pense qu’il conviendrait de conserver notre infrastructure actuelle avec ses centrales nucléaires, ses barrages et quelques centrales thermique pour suppléer les centrales nucléaires lors des périodes de carrenage ou en cas d’incident.
    Il conviendrait également de développer les RNR et les surgénérateurs et poursuivre les recherches sur la fusion.
    En revanche, il faudrait développer le photovoltaique pour des productions individuelles (pavillons, propriétés privées et bâtiments publics…) en autoconsommation avec le réseau traditionnel en secours.

    • Globalement d’accord sauf sur le photovoltaïque et l’éolien individuels (vous avez justement indiqué que ces énergies sont à exclure de la production d’énergie collective) :
      – ces énergies intermittentes ne doivent plus être subventionnées directement ou indirectement alors que c’est le cas actuellement et c’est proprement ruineux pour l’État, c’est-à-dire l’argent des contribuables qui en feraient un meilleur usage ;
      – on doit cesser de « tordre le bras » d’ÉdF pour obliger cette entreprise de racheter à un prix prohibitif les surplus de production des particuliers alors qu’ÉdF n’en a pas besoin, surtout à ce prix ;
      – ces sources d’énergie consomment des matières premières précieuses, notamment des terres et des métaux rares dont l’extraction et le traitement ont des conséquences désastreuses pour l’environnement et les populations dans la plupart des pays d’où proviennent ces matières premières ;
      – le solaire et l’éolien abîment le cadre bâti et non bâti : entre autres, on ne doit sous aucun prétexte autoriser quiconque de défigurer des toits anciens dans des secteurs classés et il ne faut pas encourager la défiguration des paysages ruraux par les éoliennes.

      Et delenda est escrologia !

      • Il n’est pas complétement idiot de placer 20GW de solaire en france. La production a un profil sensiblement similaire à l’augmentation de la consommation journalière.

        La proposition de Hervé de le faire faire aux particulier me plait beaucoup mais a un inconvenient majeur: les politiciens ont peu de chances de récuperrer de gros pots de vins avec cette methode…
        La question du tarif est effectivement une autre tare: le tarif de rachat devrait être indexé en temps réel au prix spot et sans subventions. Le marché lorsque il n’est pas perturbé par des politiques foireuses régule très bien les choses, je pense prêcher ici a des convaincus…

  • L’éolien est l’escroquerie du siècle. Totalement inutile en France où le nucléaire et l’hydraulique (complémentaire du premier) assurent l’essentiel de nos besoins.
    Le solaire est également complémentaire du nucléaire et de l’hydraulique, il semble pertinent sur du bâti, mais en lieu et place de zones boisées ou cultivées, c’est une hérésie. En fait on l’a déjà suffisamment développé.
    Le gaz, flexible et dont les installations de production d’électricité sont assez économiques en regard de la puissance délivrable, permet de combler « les trous » généralement en hiver.
    L’UE s’est construite sur une base énergétique (la communauté du charbon et de l’acier), elle va peut-être bien s’autodétruire sur une vision énergétique en grande partie utopique.

    • Le solaire et l’éolien sont des catastrophes imposées par les escrologistes : cf. mes précédentes observations.

    • Dans la limite de l’ondulation de la conso, le solaire PV présente un intérêt, si son cout est maitrisé. Pour l’éolien il n’a pas sa place quand on opte pour le nucléaire.

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