Politique du logement : le modèle suédois

Plutôt que de construire des clusters de pauvreté, souvent éloignés des zones d’emploi et peu accessibles, inspirons nous de la Suède !

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Source : pexels

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Politique du logement : le modèle suédois

Publié le 23 février 2024
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J’ai déjà dit, ici et ailleurs, que la meilleure politique du logement que vous puissiez imaginer consiste à laisser des ménages relativement aisés — ou même riches — se faire construire des logements neufs. Je remets le sujet sur la table parce qu’une étude sur des données suédoises apporte non seulement une énième confirmation mais démontre surtout que les effets de ce type de politiques sur les conditions de logement des plus modestes d’entre nous sont beaucoup plus rapides que ce que je pensais. En l’occurrence, cette étude porte sur l’intégralité de la population et du stock de logements suédois de 1990 à 2017.

En simplifiant un peu, voici comment ils ont procédé : lorsque de nouveaux logements sont commercialisés, les auteurs observent le niveau de revenu de leurs nouveaux habitants et le nomment le round 0. Partant de là, ils identifient les logements (désormais vacants) qu’occupaient les Suédois du round 0 lors de l’année précédente, et estiment le niveau de revenu relatif de ceux qui viennent s’y installer pour former un round 1, puis ils répètent la même opération pour créer les rounds suivants (2, 3, etc.).

L’intérêt de cette approche est d’identifier une réaction en chaîne initiée par la construction de nouveaux logements (round 0) et d’estimer le niveau de revenu des ménages qui s’installent à chaque round (round t) dans les logements laissés vacants au round précédent (round t-1).

Comme on pouvait s’y attendre, les résultats montrent que le niveau de revenu relatif baisse au fur et à mesure qu’on progresse dans les rounds, c’est-à-dire quand les ménages de chaque round sont remplacés par des ménages un peu moins riches au round suivant. Mais ce qui est fascinant, c’est que ça baisse très vite. C’est-à-dire que l’impact de la construction de logements neufs de bonne qualité, plutôt destinés à des gens aisés, profite très rapidement à des ménages beaucoup plus modestes : aux rounds 3, 4 et 5, ceux qui déménagent gagnent moins de la moitié de ce que gagnent ceux du round 0 mais, surtout, les principaux bénéficiaires de la réaction en chaîne dès le premier round sont les ménages les plus modestes (ci-dessous, le premier quartile).

 

J’insiste : on savait déjà que laisser les riches se faire construire des logements neufs (et donc, a priori, du haut de gamme) déclenchait ce type de réactions en chaîne qui finissait par bénéficier aux plus modestes.

C’est ce que j’ai essayé d’illustrer avec le quartier Mazarin d’Aix-en-Provence. Ce que cette étude apporte de vraiment nouveau, c’est que le mécanisme de transmission est incroyablement rapide : en quelque mois, le déménagement des ménages du round 0 se diffuse au travers de toute la distribution des revenus.

 

Résumons

Là où une politique de logements sociaux coûte très cher aux contribuables, laisser des gens aisés se faire construire de nouveaux logements ne coûte rien, et peut même alimenter les caisses publiques.

Si une politique de logement social ne bénéficie qu’aux plus modestes (et, éventuellement, aux élus qui pratiquent le clientélisme), cette façon de procéder bénéficie à presque tout le monde, notamment aux classes moyennes.

Les politiques de promotion des logement sociaux tendent à dégrader la qualité moyenne du bâti (pensez isolation par exemple). Elles tendent à créer des clusters de pauvreté, souvent éloignés des zones d’emploi, et peu accessibles. La chaîne de réaction décrite ci-dessus permet, au contraire, d’organiser une mixité progressive et choisie. Construire du haut de gamme permet d’améliorer la qualité moyenne du stock.

Bref, les politiques de logement social sont une aberration à tout point de vue. Si vous souhaitez réellement améliorer le sort des moins fortunés d’entre nous (lesquels sont, pour votre information, typiquement vos enfants ou petits-enfants), vous savez ce qu’il vous reste à faire.

Vous pouvez retrouver cette analyse sur le site de l’auteur.

Voir les commentaires (9)

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  • politique du logement.. donc ministre du logement..
    qui veut résoudre un problème… en général la crise du logement …

    quelle serait la mission dun ministre du logement???
    faire en sorte que tout le monde ait un logement… très vite on ajoutera décent..( il est facile de faire en sorte que tout le monde ait une pension dans un système de répartition)

    toujours pareil..

    les gens sont dans leur grande majorité capables d’avoir un logement..en, suede, au passage, il ya de la place…

    reste une minorité..qui ne peut pas se loger mais non plus éduquer ses enfants , manger, se chauffer..etc…

    comment aider les pauvres?
    est ce le role de l’état?
    premier constat je veux bien aider paul le pauvre brave type , honnête , pas de bol… mais certainement pas robert le pauvre…

    si on adopte une politique du logement il faut lui donner des limites pour faire en sorte que les aides ne détruisent pas la volonté des gens à gagner leur pain. avoir une maison n’est pas un droit naturel !! c’ets une besoin naturel..
    C’est aussi valable pour le smic..bien joli de fixer de fait un niveau de salaire ou de logement décent..mais le corollaire est de renvoyer dans le figure de la personne aidée honnête ,c’est à dire avec des scrupules ,qu’il est un sous être et et de faire de la personne aidée qui na pas de scrupule un voisin haïssable. on incite au parasitisme…

    Les problèmes de logements s’expliquent essentiellement par les limitations sur les terrains à construire et les standards minimum qui en augmente le prix… au point que..même des gens aisés de pays riches peuvent peiner à trouver un logement…autrement dit les politiques du logement au sens large ont crée la crise du logement.

    toute contrainte augmente les prix VRAIS … même les contraintes sur les prix!!!! ou le vrai prix n’est plus le prix affiché…dessous de table, marché « noir  » ,compensation..financement par les autres via la fiscalité..

    le prix de ‘électricité est faux. .le prix du logement est faux le prix des transport est faux..et tous jouent les uns sur les autres..a savoir si vous en libéraliser UN…vous ne faites que déplacer le problème..

    imaginez rendre payant le transport de l’électricté. ce qui serait normal…des tas de logements isolés perdraient leur valeur..
    imaginez faire payer la route au traffic…

    etc…

    le collectivisme s’etend…car c’est une injustice.. qui en appelle une autre pour la compenser…et il conduit à la perte progressive de liberté économique..

    • je veux dire libéraliser, pas si simple.. mem dans un cas simple..celui des taxis..

      • puisque le sort des pauvres est toujours l’argument ultime des collectivistes, . alors que l’action politique devrait se comptent de réparer les injustices.. les libéraux doivent parler des pauvres..

        faut il aider n’importe quel pauvre à se loger.. SANS CONDITIONS…

        aidez vous vos amis sans conditions?
        oui dans l’urgence… non dans la durée.

        • Petite modification à votre remarque : « faut il aider les autres sans condition ». Quant on est de gauche, la réponse est oui, avec l’argent des autres. D’ailleurs, Hollande, avec ses 15.000€/ mois nets de retraite applique ce dogme : comme c’est son argent, il ne peut que s’aider lui-même avec.

  • L’objectif des politiciens est de parquer les pauvres dans les logements sociaux. Pourquoi ? Parce qu’ils forment des ghettos. Et quand le ghetto est formé, ses habitants ne votent qu’à gauche. C’est ce qui s’est passé en Seine Saint-Denis. Nos camarades communistes ont, pendant 30 ans fait du logement social pour leur assurer les élections locales. Ensuite, on passe à la phase Mélenchon : les ex électeurs votant communistes se sont tournés vers le RN, on repeuple alors ces mêmes zones par des migrants et ex-migrants qui vont voter à gauche quand ils obtiennent la nationalité française.
    Pourquoi se casser la tête avec l’exemple Suédois ? Le notre est 100 fois plus efficace pour assurer la réélection des « forces de gauche ». Vraiment, ces Suédois, ne comprennent rien et sont nuls.

    • Les despotes veulent toujours contrôler ce qui marcherait bien mieux sans eux. Un peu de sable dans les rouages et hop! on devient indispensable.

  • « une politique de logement social ne bénéficie qu’aux plus modestes ». Cela est bien mal connaitre le système français. Les bailleurs HLM préfèrent toujours les plus riches. Donc il y a toujours une préférence sur ceux qui sont juste en dessous de la limite de revenu. Une fois dans le logement, on peut y rester à vie. Et typiquement, le revenu augmente. Il faudrait voir les statistiques de revenus des habitants HLM, je doute que cela soit bien inférieur au français moyen. Et si l’on compte l’économie de loyer (et d’IR afférente), il est possible que ce soit plus.
    Les ghettos, ce sont des HLM dont personne ne veut (car oui, vous pouvez refuser un HLM et attendre d’avoir mieux…), et donc les bailleurs se retrouvent obligés de prendre des gens peu solvables.
    Le logement sociale établit un système de rente, qui bénéficie à une large part des français, et pas particulièrement pauvres. Ce système de rente est pervers, car quitte son appartement signifie perdre sa rente, qui peut facilement être de plus de 1000€/mois, et donc pousse à l’immobilisme, et alimente la peur de perdre ce système.

  • Faire ce type d article sans parler de politique fiscale est un peu comme parler decollage avionique sans parler de gravitation. fransk-svensk.com/fiscalite-immobiliere-avant-ou-apres/?lang=fr#:~:text=Le%20syst%C3%A8me%20su%C3%A9dois%20est%20simplissime,%2C%20lors%20de%20l’acquisition.

  • L’auteur explique comment on pourrait améliorer le sort des plus modestes. Mais nos gouvernants ne veulent absolument pas ça, bien au contraire !

  • Les commentaires sont fermés.

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