Les calculs trompeurs d’OXFAM

Comparer les fluctuations boursières des grandes fortunes avec la richesse cumulée des 5 milliards d’êtres humains les plus pauvres est malhonnête.

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Les calculs trompeurs d’OXFAM

Publié le 27 janvier 2024
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La sortie du rapport annuel d’OXFAM était attendue. Au mois de janvier, l’ONG créée en Grande-Bretagne remet traditionnellement ses conclusions sur les écarts de richesse dans le monde. Cette année, OXFAM a constaté que la richesse cumulée des cinq personnes les plus fortunées s’élevait en 2023 à 869 milliards contre 405 milliards en 2023. Dans le même temps, les 5 milliards de personnes les moins riches auraient perdu 20 milliards de dollars. Pour remédier à la pauvreté, OXFAM n’envisage qu’une seule solution : la redistribution des fortunes des plus riches par l’instauration de nouvelles taxes. Porte-étendard de l’idéologie de la décroissance, OXFAM nous trompe et se trompe.

Le premier reproche que l’on peut formuler à l’égard du rapport « Multinationales et inégalités multiples » est le suivant : son analyse sur l’accroissement des richesses sur la seule période allant de l’année 2020 à l’année 2023. Le biais est évident, 2020 étant le point de départ de la pandémie de coronavirus qui a perturbé les principaux marchés boursiers mondiaux et faussé la valeur de nombreuses actions cotées. En toute logique, la valeur du patrimoine capitalistique des cinq plus grandes fortunes mondiales a considérablement augmenté sur la période parce que la bourse a corrigé les baisses artificielles provoquées par la pandémie. Ajoutons aussi que la notion de fortune est par nature fluctuante, dépendante de la confiance que placent les marchés dans les actions TESLA ou LVMH, mais aussi du contexte macroéconomique mondialisé. Ce sont donc des fortunes théoriques, et non des fortunes dont les grands capitaines d’industrie peuvent disposer comme bon leur semble.

L’autre aspect étonnant du rapport est qu’il a pour la première fois utilisé comme critère de comparaison les « cinq milliards de personnes les plus pauvres », alors qu’il traitait naguère des personnes en état d’extrême pauvreté. Et pour cause, l’extrême pauvreté a reculé sur la période. En février dernier, l’Institut économique Molinari dévoilait d’ailleurs des erreurs majeures dans la méthodologie d’OXFAM, accusée de mal définir la notion de richesse comme celle de pauvreté tout en proposant des solutions inefficaces voire dangereuses :

« Pour mesurer l’évolution des inégalités, Oxfam reprend les chiffres du « Global Wealth Databook » publiés chaque année par le Crédit suisse. Dans ce rapport, la richesse nette d’un adulte se définit comme la somme de ses actifs financiers (actions, comptes bancaires etc.) et non financiers (principalement ses biens immobiliers), déduction faite de ses dettes. Avec un tel raisonnement, les chiffres d’Oxfam deviennent tout simplement ubuesques : à les croire, 22 % des adultes vivant aux États-Unis (55 millions) et 14 % de ceux vivant en France (7 millions) appartiendraient au groupe des 10 % les plus pauvres de la planète. Il y aurait même plus de pauvres aux États-Unis, en France, ou en Suisse qu’en Afghanistan, en Syrie ou en Érythrée ».

Comparer les fluctuations boursières des grandes fortunes avec la richesse cumulée des 5 milliards d’êtres humains « les plus pauvres » est intellectuellement malhonnête. Ce qui l’est plus encore, c’est de conclure des données de la période 2020-2023 qu’« il faudra plus de deux siècles pour mettre fin à la pauvreté » en sous-entendant que les plus riches empêchent les moins aisés d’accéder à la prospérité. La réalité est autre, comme le montre l’étude de l’évolution des fortunes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La pauvreté dans le monde n’a cessé de reculer depuis 1945. Au sortir de la guerre, les pays asiatiques étaient les plus pauvres du monde. Coréens ou Singapouriens vivaient plus que chichement, ils étaient misérables. Un peu plus tard, dans les pays qui ont été livrées à la doxa communiste, à l’image de la Chine qui a dû attendre les années 1980 pour entamer sa transition économique. En 40 ans, les Chinois sont sortis de l’extrême pauvreté. Alors qu’ils étaient près de 90 % au début des années 1980 à souffrir de cette situation, ils ne sont plus que 1 % de nos jours. Il n’y a plus de famines en Chine. Pourtant, il y a désormais 562 milliardaires au pays des Mandarins. Ont-ils empêché leurs concitoyens de sortir de la pauvreté ? À l’évidence, non.

Le seul vecteur de la création de richesses est la croissance économique. Elle obéit à des lois mathématiques et non à des chimères éthiques. Du reste, les pays qui n’ont pas de fortunes privées, à l’image des pays communistes, appartiennent toujours au bataillon des plus pauvres. Ils ne sont guère plus égalitaires que les « pays du nord », les possédants s’y trouvant parmi les élites politiques locales qui préemptent à leur seul profit les rares ressources locales.

Au rayon des solutions, OXFAM s’entête dans l’erreur. Le discours mêle décroissance et taxation. Un curieux paradoxe. Comment un État pourrait-il taxer des entreprises qui ne génèrent plus de revenus ? On croirait entendre le député Antoine Léaument qui a proposé à l’Assemblée nationale de « tout prendre au-dessus de 12 millions d’euros dans les successions ». Une mesure totalitaire et confiscatoire qui aurait pour seul effet d’appauvrir grandement la France en provoquant une fuite massive de capitaux. Cela enrichirait plus le Portugal et la Suisse que nos compatriotes. Que certaines fortunes nous donnent le vertige est parfaitement normal, mais la réalité est que l’enrichissement des plus gros coïncide avec celui des plus petits.

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  • Ca donne trop mal à la tête votre raisonnement ; « eat the rich » c’est bien plus simple.

  • Le plus curieux en dehors des aberrations de bases comparatives et de leur dogmatisme est que cette ONG Oxfam soit subventionnée par des États dont la France (subventions supérieures au milliard de dollars quand même selon leurs comptes financiers)

    • Ce n’est pas surprenant en fait ; ces organismes reçoivent des fonds publics car ils disent ce qui fait plaisir aux décideurs publics, à savoir qu’il faut absolument qu’ils interviennent plus pour sauver le monde, le climat, le peuple etc. Un certain nombre d’économistes sont dans le même cas.

  • « La sortie du rapport annuel d’OXFAM était attendue »
    seulement par ceux qui aiment le comique de répétition.

  • Tautologie. C’est ce qu’est le titre de l’article. Car, dans mon dictionnaire, Oxfam et trompeur sont synonymes.
    Ce machin croit, comme tous les naïfs, que l’argent ou le travail sont des gâteaux qu’on se partage, alors qu’en réalité ce sont les ingrédients comme la farine, les oeufs, l’eau, etc, pour faire un nouveau gâteau.
    Ce machin arrive, comme tous les profiteurs, quand la cuisinière a fait son job, met les pieds sous la table, et attend qu’on le serve.
    Puis ce machin, une fois repu, à l’heure du digeo, se met, comme tous les jacasseurs, à refaire le monde sur des bases si fragiles, si débiles, que la maîtresse de maison a bien du mal à se retenir de leur renverser le café brûlant sur leurs fringues.

  • Il n’y a aucune malhonnêteté dans le rapport de l’Oxfam. Seulement de la propagande socialiste.
    Et aucune comparaison entre les richesses personnelles des politiciens africains et la pauvreté de leur sujets.
    À ce sujet, quel est l’homme le plus riche de France ? C’est B. Lemaire : si B. Arnaud est riche à milliard grâce à ses usines qu’il gère, alors B. Lemaire est encore plus riche grâce au budget de la France qui est tellement élevé qu’il peut même être dilapidé par lui.

    • Comparer un entrepreneur comme B Arnaud et un fonctionnaire comme B Lemaire n a
      aucun sens sauf celui du plaisir rhétorique…..

      • Oui, il ne s’agit d’un plaisir réthorique. Et dans lequel l’un crée de la richesse et l’autre crée de la pauvreté. Et tous deux le font méticuleusement avec un extrême professionalisme.

        • C est bien ce que je dis vous vous plaisir……..mais ça ne fait pas avancer d un iota la réflexion sur les pseudo études a charge des ONG

          -1
    • Comment osez vous critiquer les politiciens africains ? Ils ont été maltraité par les sales colonisateurs blancs, et à cause d’eux, sont obligés d’utiliser toutes leurs inventions implantés de force dans leur pays pour les « développer » (terme blanc pour dire « asservir »)… Quelle honte ! 🙂

  • il ya quelque chose qui m’amuse..

    il est affirmé que les riches spolient..en somme volent..

    mais curieusement, la taxation suivie de « redistribution » est présentée comme une solution or je vois mal pourquoi .. si il y a vol on doit restituer le produit du vol au volé.. pas redistribuer..

    et si on estime que le constat des inégalité suffit alors tout pays pauvre est fondé à exiger de l’argent d’un pays riche…

  • Je ne voudrais pas faire pleurer sur le sort de ces pauvres milliardaires, mais il faut relativiser, comme on dit.
    Leur fortune est principalement constituée de valeurs mobilières dont ils détiennent une bonne partie, le reste étant dans le public et côté en Bourse. Le produit du cours par la quantité détenue donne la fortune virtuelle.
    Mais pour la transformer en espèces sonnantes et trébuchantes, il faut vendre. Et dans ce cas, il n’y aura probablement pas (cela dépend des quantités mises en vente) assez de monde pour acheter au dernier cours. Le cours baissera, et la fortune détenue avec.

  • Les commentaires sont fermés.

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