Streaming : une taxe au profit d’une clique

Pour Henry Bonner, la nouvelle taxe sur le streaming est une entrave à l’innovation et à la croissance, et favorise une redistribution arbitraire et injustifiée des ressources.

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Streaming : une taxe au profit d’une clique

Publié le 20 décembre 2023
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Le gouvernement annonce la mise en place de la taxe sur les plateformes de streaming, en préparation depuis des mois. La loi montre le rapport de connivence entre les dirigeants et des bénéficiaires de redistributions à l’intérieur du pays.

La taxe sur les plateformes de musique finance ensuite des projets d’artistes, spectacles, et autres types d’acteurs. Les plateformes, en particulier le directeur de Spotify, donnent des arguments contre la loi…

Explique un communiqué de Spotify, cité par Les Échos :

« C’est un véritable coup dur porté à l’innovation, et aux perspectives de croissance de la musique enregistrée en France. Nous évaluons les suites à donner à la mise en place de cette mesure inéquitable, injuste et disproportionnée ».

En dépit des critiques de la part des plateformes, la taxe arrive dès l’année prochaine. Les partisans font de la communication dans les médias.

Une tribune de Télérama, de la part d’un défenseur de la loi, explique « Pourquoi la taxe streaming est une bonne nouvelle ».

L’auteur écrit :

« Le système de redistribution peut être questionné, c’est toujours sain. Mais il aurait été injuste et risqué que certains financent le CNM selon leur bon vouloir tandis que d’autres en ont l’obligation. Ne serait-ce que pour cette raison, la taxe streaming est une bonne nouvelle. »

Un autre, le président de l’association des producteurs indépendants – en somme, les bénéficiaires de la taxe – fait l’éloge de la loi dans une interview pour FranceTVInfo

Il explique :

« Il s’agit d’une taxe d’un niveau très faible mais qui concerne l’ensemble des acteurs du numérique qui diffusent de la musique en ligne. Ça va des plateformes qu’on appelle pure players (dont c’est vraiment le cœur de métier) jusqu’aux plateformes dont c’est plutôt une activité parmi d’autres. Je pense aux Gafa notamment, mais également à tout ce qui est réseaux sociaux, etc. De la même manière que ces acteurs sont déjà taxés pour financer la création audiovisuelle dans sa diversité au CNC, on va les taxer aussi pour alimenter les programmes de soutien à la musique. »

Comme avec la plupart des taxes, les bénéficiaires justifient la mesure par une allusion au bien du pays. Il requiert, selon eux, plus de genres de musique, d’artistes, et de financements pour des musiciens en marge. Sinon, seule une poignée de styles de musique ou de créateurs toucheront des revenus, disent-ils.

Il répond aux plaintes de surtaxation des plateformes :

« Il est clair que du côté des pure players, comme Spotify ou Deezer, il y a une vraie vertu dans le système de rémunération de la création. Là, il s’agit de réaffecter un petit peu cet argent à des genres musicaux qui reçoivent aujourd’hui une rémunération très faible en streaming, car qui dit rémunération très faible dit faible capacité à se financer derrière, avec un vrai risque à terme que ça nuise à la diversité de la création locale. Quelque part, ce qu’on essaye de viser, c’est la vitalité renouvelée de la filière française, du tissu de production français. Sinon, à défaut, tout le monde ira vers des genres musicaux qui sont peu nombreux mais extrêmement rémunérateurs dans le streaming. »

La redistribution revient à une taxe sur le consommateur de biens et de services, pour une utilisation aux fins des dirigeants.

 

Contrôle des financements

De toute façon, les chiffres des plateformes mettent à mal l’argument des partisans de la taxe. Un grand nombre d’artistes touchent des revenus… pas une poignée de stars de la musique pop.

Selon les chiffres partagés par Spotify, cités par Le Point, « 57 000 artistes ont généré plus de 10 000 dollars [contre 23 400 artistes en 2017]. Et 1060 artistes ont généré au moins un million de dollars [contre 460 en 2017]. »

Le site YouTube dit avoir payé 6 milliards de dollars aux chaînes de musique en 2022, en hausse par rapport à 4 milliards en 2021, et 3 milliards de dollars en 2019. Les distributions proviennent de publicités lors des vues, ou d’une part au revenu des abonnements payants à la plateforme.

Dans un marché, la création de musique et le soutien des artistes rémunèrent la réussite auprès du public. Les dirigeants veulent une emprise sur le financement de la musique. Ils prennent ainsi aux consommateurs via la taxation des plateformes. Puis ils distribuent l’argent selon les vœux d’une poignée de personnes aux commandes.

Les bénéficiaires des distributions justifient le transfert au prétexte d’un besoin chez les artistes. La taxe sur les plateformes revient à une prise de contrôle, comme d’autres interventions dans les vies des individus.

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  • Taxes, taxes, taxes….ouf, le ministère de la propagande culturelle va mettre de l’ordre dans cette niche fiscale

    • Taxes, taxes, taxes, quelle que soit la niche, ça peut se lire pareil dans n’importe quel ordre.

    • Il faut financer la production de nullités françaises de nos artistes parasites que personne n’écoute. Il s’agit là d’une pure subvention distribuée aux électeurs artistes gauchistes. Un investissement socialiste pour être réélu, en somme.

  • Dans une population quelconque, française ou autre, il y a naturellement une distribution de goûts musicaux. Un certain pourcentage de gens écoute du classique, d’autres du rap, d’autres du jazz ou je ne sais quoi, ces genres musicaux peuvent plaire ou pas aux uns et aux autres, c’est comme ça.

    Et tout à coup, un gouvernement décide que cette distribution des goûts n’est pas correcte, il faudrait que les gens écoutent plus de ceci, et moins de cela. Et pour corriger cette distribution, on sort l’arme habituelle, la taxe comportementale. Et personne ne s’offusque de cette intrusion du gouvernement dans une sphère éminemment privée, voire même intime? Il ne faut pas s’étonner ensuite que nous ayons les dirigeants que l’on mérite.

  • Le génie francais des taxes impots normes…. vient une fois de plus de sevir……
    C est malheureusement culturel…

  • Comment est passée cette loi ? Probablement à coup de 49-3 dans les lois de finance dont il n’est pas question de laisser la décision aux assemblées.
    Face à cette taxe de profiteurs Spotify par exemple fermera en France ou bien augmentera ses tarifs au détriment des artistes ou du public qui n’y verra que du feu.

  • Et si on supprimait le CNM, le CNC? Plus besoin de taxe pour les financer? D’autant plus que ne sachant même pas ce que cela veut dire, je sens déjà que cela ne sert à rien…

  • Les commentaires sont fermés.

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