Identité numérique européenne : un pas de plus vers Big Brother ?

Alors que l’UE se dirige vers l’adoption d’un système d’identité numérique centralisé, les inquiétudes en matière de surveillance et de vie privée émergent. Est-ce un pas vers un futur dystopique ?

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Identité numérique européenne : un pas de plus vers Big Brother ?

Publié le 1 décembre 2023
- A +

Début novembre, le Conseil et le Parlement européen sont parvenus à un accord provisoire sur un nouveau cadre pour une identité numérique européenne (eID).

Le règlement vise à créer un « portefeuille européen d’identité numérique » qui centralise la quasi intégralité des documents d’identité des citoyens de l’Union européenne. L’ensemble de leurs données privées serait alors regroupé dans un outil géré et contrôlé par les institutions européennes. Cela leur permettrait d’accéder à des services de l’État, mais aussi du secteur privé : services bancaires et financiers, connexion à des applications de santé, inscription à un réseau social, etc.

En l’occurrence, le DSA impose déjà aux GAFAM « d’accepter le portefeuille d’identité numérique de l’Union européenne pour la connexion à leurs services en ligne ». L’équivalent de France Identité existerait désormais à l’échelle européenne, et pourrait servir à effectuer des transactions en euro numérique.

Pour quel niveau de sécurité ?

Le peu d’informations disponibles ne sont pas de nature à inspirer confiance.

Sur le site du gouvernement français, on peut lire :

« Les composants logiciels pour les applications seront en code ouvert mais les États membres pourront, pour des raisons justifiées, y insérer des composants spécifiques non divulgués ».

Un examen minutieux du règlement, en particulier de l’article 45, a conduit plus de 500 spécialistes et chercheurs en cybersécurité à publier une lettre ouverte pour s’opposer au projet de l’Union européenne. Cet article exige en effet des navigateurs internet qu’ils « facilitent l’utilisation de certificats qualifiés pour l’authentification de sites internet ».

En pratique, cela signifie que tout État membre de l’Union européenne ou tiers partie pourra intercepter le trafic internet de n’importe quel citoyen européen : informations bancaires, données médicales, photos privées, etc.

https://twitter.com/ThierryBreton/status/1722291616654766485?s=20

Bien entendu, la Commission européenne prétend faciliter la vie aux handicapés et aux habitants des zones rurales. Le portefeuille d’identité numérique est présenté comme un moyen d’améliorer leur accès à des services qui « nécessitent normalement une présence physique ».

Rien de tel que de forcer les citoyens européens à entrer progressivement dans un système de contrôle pour des raisons pseudo pratico-pratiques, voire sanitaires, comme en témoigne l’adoption du système européen de certification numérique Covid-19 en juillet dernier. Ce dernier repose sur le même mensonge des libertés retrouvées, et devrait faire pâlir n’importe quel individu soucieux du respect de sa vie privée et de ses libertés, au vu de la probabilité qu’il soit détourné en un système de traçage, voire d’exclusion de ceux qui refusent de se plier aux règles fluctuantes des gouvernements en place. 

 

L’Union européenne serait-elle en train de prendre un tournant totalitaire à la chinoise ?

En Chine, le gouvernement a récemment déclaré vouloir implémenter un système numérique d’identité dans son projet de métaverse. Il inclurait des informations proches de celles prévues dans son système de crédit social, où les citoyens seraient classés selon les critères arbitraires des autorités, et sanctionnés si jugés socialement inaptes.

Le règlement de la Commission européenne s’inscrit certes dans un cadre politique bien éloigné de la dictature communiste, mais on peut sincèrement s’interroger sur les objectifs de nos technocrates férus de contrôle social, et sur les dérives potentielles d’un système similaire. On peut, par exemple, imaginer qu’un tel portefeuille soit un moyen de suspendre les droits et libertés fondamentales au nom de motifs considérés « légitimes », mais qui seraient en réalité subjectifs et intrinsèquement politiques.

L’avancée à grands pas d’un projet aux allures de Big Brother devrait susciter a minima une avalanche d’articles dans les sphères médiatiques. Il n’en est rien. Les plus grands médias français, largement subventionnés, n’ont quasiment rien publié sur le sujet. Là encore, on peut imaginer pourquoi : le portefeuille européen d’identité numérique ne peut que renforcer les scepticismes et arguments en faveur de la sortie de l’Union européenne. 

Chaque nouvelle directive ou règlement liberticide, à l’instar de la PAC, du DSA ou de l’IA Act, confirme l’idée que l’Union européenne est devenue une superstructure qui prétend réguler des pans entiers de la vie sociale, avec plus ou moins d’effet escompté. Chaque nouveau projet de loi contribue à ridiculiser la frange réformiste, persuadée que quitter l’Union serait une catastrophe irrécupérable pour le pays.

Comme si le libre échange ne pouvait être assuré par le biais d’accords commerciaux – ce que le Brexit a notamment permis de démontrer. Cette même frange réformiste est aveugle au fait que le carcan bureaucratique a atteint de telles proportions que toute tentative de réforme interne est vaine ; l’écrasante majorité de technocrates non élus n’ayant aucun intérêt à modifier les règles en leur défaveur.

Vous avez aimé le pass sanitaire ?

Vous allez adorer le pass d’identité numérique.

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  • Le vrai a risque est que des méchants arrivent au pouvoir, nous avons la chance que nos leaders soient gentils.. lors , il faut juste ajouter l’interdiction de certains partis politiques et de certaines idées.. et enfin nous seront délivrés de la tyrannie…

    Ces gens, type breton, ne doutent pas..

    la tyrannie come le crime n’est pas définie par qui la commet…

  • J’ai pas réussi à trouver une bonne analyse du système de crédit social à la Chinoise.
    Il me semble qu’il vaut plutôt le contrôle catholique de la société française d’antan.
    Non, comme bien décrit dans cet article, en occident on ouvre en grand les portes pour une société totalitaire.

  • Combien de clandestins en EU …que fait EU ?
    Le principe du bureaucrate , assoir son pouvoir en taxant, créant des normes et emmerdant l’honnête citoyen ….c’est, bien sur, le plus …payant.
    L’EU doit être l’obligé des pays ( qui payent) et non l’inverse .
    Comme si le super marché vous remplissait d’office le caddy et prélevait d’office le montant .
    On va vers un cyber-eco-communisme ou l’individu est …. un QCODE!
    Mais où est donc passée la devise de la France et qui pour la défendre?

  • Faisons l’avocat du diable.
    Google – entre autres – vous a déjà fait cadeau d’une identité numérique. Qui, partant de votre adresse mail et d’un mot de passe, vous offre accès à des tas de services formidables dans l’écosystème de son empire. Moyennant quelques traces que vous laissez par-ci par-là.
    L’Europe, consciente que les HAMAS, pardon les GAFAM, vont pousser l’avantage plus loin, ne veut pas être en reste. D’où son INE, censée harmoniser les INN qui existent déjà.
    Une INE qui restera optionnelle, utile pour les voyageurs ou résidents transfrontaliers, inutile pour les Français sédentaires.
    Une INE où, comme dans un portefeuille, vous y mettrez ce que bon vous semble.
    On est bien bien loin du contrôle social à la chinoise.
    Pour être franc, cette affaire m’en bouge une sans bouger l’autre. C’est vous dire si je suis inquiet.

    • google n’a pas la possibilité de vous interdire d’entrer dans un restaurant ou d’aller à l’hôpital. l’UE oui…et ce n’est que le début.

      • Pas avec l’INE en tout cas.
        En France, par ex, ce n’est pas France connect qui vous empêche de pénétrer en ville avec votre vieux diesel, de louer un logement classé G, bientôt de fumer sur la plage…
        Serait-on revenu à cette époque où les trains étaient accusés de faire tourner le lait des vaches ?

        • @Abon
          Voyons, vous valez mieux que ça.
          1/ L’INE sera optionnelle ? Au début oui. Comme le pass sanitaire qui ne devait pas vous empêcher d’aller au restaurant ni se transformer en pass vaccinal. Comme la vignette automobile « exceptionnelle » qui a duré combien d’années ? Comme la CSG qui ne devait jamais augmenter. Comme la suppression de la TH qui permet de dire qu’on a baissé les impôts. Mais mdr. Ces promesses n’engagent que ceux qui les croient malgré la dizaine d’exemples contraires !
          2/ Quand l’UE verra que vous achetez des cigarettes, elle vous réduira vos droits à aux remboursements de la Sécu ou vous prélèvera davantage. Quand l’UE verra que vous avez pris 2 fois l’avion dans l’année, elle vous interdira un 3e voyage (vous vouliez visiter votre fils étudiant en Europe ou vos grands-parents en Ehpad lointain ? Tant pis pour vous).
          Oh bien sûr, l’INE ne vous empêche pas d’y aller avec votre vieux diesel ni de louer un logement classé G, non, ça… ce sont les réglementations pondues par ceux qui pondent l’INE qui vous en empêcheront ! Leur but est juste de pouvoir atteindre TOUTES les facettes de vos droits de base.

          • L’INE c’est France Connect au niveau européen.
            France Connect existe depuis 10 ans. Ça a restreint vos libertés ?
            “Ce n’est pas ce que nous ignorons qui nous attire des ennuis, c’est ce que nous savons mais qui est faux”.

            • Vous n’êtes pas obligé d’utiliser France Connect pour accéder à vos comptes, payer vos courses ou être admis à l’hôpital.
              Demain, si. Et avec l’exemple des autorités canadiennes ayant bloqué les comptes des camionneurs grévistes, il n’y a pas besoin de beaucoup d’imagination pour savoir ce qu’il se passera en France, et en Europe consentante, dans 10 ans.

          • Si vous cherchez un sujet d’inquiétude, zyeutez plutôt du côté de la reconnaissance faciale.
            Qui est au contrôle social, ce que la plaque minéralogique est à la répression routière.

            -1
            • L’un n’exclut pas l’autre, or c’est ce que vous faites. Vous zieutez comme un borgne.

              • Au royaume des aveugles…
                Au Canada, c’est une loi d’exception “mesures d’urgence” datant de 1988 – Internet n’existait même pas ! – qui a été utilisée.
                Ne confondez pas tout. Et ne prenez pas pour argent comptant tout ce qui peut s’écrire ici.
                Je vous fais la réponse de Laplace à Napoléon :
                – S’il s’agit d’emmerder le citoyen, il n’y a pas besoin de l’hypothèse de l’identité numérique.

                -1
              • Au royaume des aveugles…
                Au Canada, c’est une loi d’exception « mesures d’urgence » datant de 1988 – Internet n’existait même pas ! – qui a été utilisée.
                Ne confondez pas tout. Et ne prenez pas pour argent comptant tout ce qui peut s’écrire ici.
                Je vous fais la réponse de Laplace à Napoléon :
                – S’il s’agit d’emm.rder le citoyen, il n’y a pas besoin de l’hypothèse de l’identité numérique.

                -1
                • Et alors ? Cette loi, qu’elle date d’avant le numérique ou de maintenant, quelle différence ? Ce que je dis c’est que le gvt a utilisé la possibilité de bloquer les comptes de grévistes pour les faire cesser. Or, quel rapport entre une grève et des comptes bancaires ? Regardez la Lune, non le doigt : lorsque le gvt Français pourra bloquer votre compte parce que vous n’aurez pas fait la gentille 24e dose, ou que vous aurez osé inscrire vos enfants dans le collège privé, ou que vous aurez chauffé votre appart à 21°, ou que vous aurez dit que le meurtre de Thomas est raciste, ou que vous aurez voté « extrême-droite » (définition à géométrie variable), ou que vous aurez encore votre véhicule diesel, ou encore parce que vous regardez CNews au lieu de BFM etc, etc.

  • « Minority report » demain soir….. film d’anticipation…

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