Pourquoi les soins de santé privés sont en plein essor dans les pays scandinaves

À première vue, le système de santé scandinave semble être un paradis socialiste. Une enquête approfondie tort le cou à ce fantasme politique.

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Pourquoi les soins de santé privés sont en plein essor dans les pays scandinaves

Publié le 6 septembre 2023
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Par Ulyana Kubini.

 

Aux yeux des jeunes électeurs et des socialistes de tous bords, Bernie Sanders est un super-héros qui défend avec passion sa vision d’une utopie socialiste en Amérique. Prenant le Danemark comme exemple, il défend l’idée que les États-Unis devraient s’inspirer des réalisations de pays comme la Suède et la Norvège, en particulier lorsqu’il s’agit de “bénéficier à la classe ouvrière”.

Lors des débats présidentiels de 2016, il a déclaré avec insistance :

« Nous devrions nous tourner vers des pays comme le Danemark, la Suède et la Norvège, et nous inspirer de ce qu’ils ont accompli pour leurs travailleurs ».

Ce sentiment perdure encore aujourd’hui.

Le système de santé nordique a souvent été associé au socialisme, mais un examen plus approfondi révèle qu’il ne correspond pas à sa définition.

Merriam-Webster définit le socialisme comme un système économique égalitaire dans lequel les moyens de production sont détenus collectivement par l’État ou la société.

Toutefois, les modèles économiques des pays nordiques intègrent à la fois des éléments publics, et privés.

 

Une assurance maladie privée au secours du service public

Si les pays nordiques fournissent des soins de santé financés par l’État, ils offrent également à leurs citoyens des options d’assurance maladie privée. Cette assurance privée permet aux individus d’éviter les longs délais d’attente et d’accéder à des soins de meilleure qualité.

En Suède, plus de 643 000 personnes sont couvertes exclusivement par des groupes d’assurance privés.

De même, au Danemark, le programme d’assurance complémentaire privé, Sygeforsikring Danmark, couvre plus de 14 % de la population danoise, 42 % d’entre eux étant au moins partiellement couverts par le secteur privé.

Les entreprises privées de soins de santé, telles qu’Aleris, sont très présentes dans les pays nordiques, ce qui témoigne de la croissance du secteur privé dans la région. Avec sept entreprises privées au Danemark et quatorze autres en Norvège, Aleris opère dans de nombreux pays scandinaves, emploie plus de 4500 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de près de un milliard de dollars.

Pour être clair, toutes les options de soins de santé privés mentionnées ci-dessus seraient éliminées dans le cadre de l’assurance maladie pour tous. La proposition conduirait donc à une intervention encore plus importante de l’État dans les soins de santé, plus encore que dans les nations dont les socialistes démocratiques font l’éloge.

Les principaux responsables politiques des pays nordiques ont également mis l’accent sur leurs structures économiques axées sur le marché, en soulignant le mélange d’éléments publics et privés au sein de leurs systèmes de soins de santé.

Alors que Bernie Sanders et ses partisans ont fait l’éloge du Danemark pour ses politiques socialistes égalitaires, le Premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen a fermement déclaré que son pays est, en fait, une économie de marché (bien qu’existe une réglementation gouvernementale importante dans l’économie, un peu comme aux États-Unis).

L’argument classique contre la médecine socialisée est l’augmentation évidente des temps d’attente, mais de nombreux progressistes considèrent les systèmes nordiques comme la preuve qu’ils peuvent être gérés efficacement par l’État.

 

Mais qu’en disent les Scandinaves eux-mêmes ?

En 2009, quelques années après l’apogée des États-providence dans les pays nordiques, les Danois étaient étonnamment peu nombreux à approuver les temps d’attente dans leur pays. Près de 50 % des Danois interrogés estimaient que les délais d’attente étaient injustes.

Les personnes interrogées ont également noté que l’une des principales raisons de choisir des soins de santé privés était la réduction du temps d’attente ou, en d’autres termes, la diminution du risque de mourir sur une liste d’attente approuvée par le gouvernement.

Ce résultat est d’autant plus choquant que le gouvernement danois a promulgué un projet de loi limitant les délais d’attente à un mois, deux ans avant la fin de l’enquête.

L’État serait-il incapable d’allouer efficacement les ressources, même en matière de soins de santé ? Il semble que le problème du calcul économique s’applique à tous les secteurs, y compris celui des soins de santé.

L’inefficacité de la médecine socialisée suédoise est également évidente.

Même après avoir garanti que les Suédois n’attendraient pas plus de 90 jours pour recevoir des soins médicaux, plus de 46 % des habitants du comté de Jämtland, en Suède, ont encore attendu plus longtemps. Dans certains comtés suédois, le délai d’attente pour une opération de la prostate potentiellement vitale était plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale, avec 271 jours d’attente.

Pour lutter contre ces inefficacités, les soins médicaux privés suédois sont devenus une activité en plein essor. De plus en plus d’hôpitaux sont rachetés et gérés par des groupes de capital-investissement. L’entrée de ces groupes de capital-investissement sur le marché des soins de santé a permis d’accroître la concurrence et d’améliorer les services pour tous les Suédois. Grâce à cette privatisation, le marché suédois du capital-investissement est devenu le deuxième d’Europe, avec une valeur de près de 8 milliards de dollars.

 

Conclusion

Ces observations soulignent que les systèmes de santé nordiques fonctionnent dans le cadre d’une économie de marché, en dépit d’une implication substantielle de l’État et de nombreux monopoles sanctionnés par l’État.

La médecine socialisée s’accompagne manifestement de nombreux effets secondaires, dont beaucoup sont extrêmement désagréables. Les pays nordiques s’en rendent compte, mais il semble que leurs admirateurs aux États-Unis n’en soient pas conscients.

Sur le web

 

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  • “Merriam-Webster définit le socialisme comme un système économique égalitaire dans lequel les moyens de production sont détenus collectivement par l’État ou la société.”
    quand le possède une chose je décide de son usage…
    me concept de propriété collective me laisse dubitatif..

  • En France, pour se faire rapidement soigner à l’hôpital, il faut passer par le secteur privé du médecin. Sinon l’attente pour une opération peut durer des mois.

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