BRICS : un sommet sur la multipolarité et la dédollarisation

L’actuel sommet des BRICS montre une dédollarisation et une volonté multipolaire à ne pas sous-estimer, ni à surestimer.

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BRICS : un sommet sur la multipolarité et la dédollarisation

Publié le 23 août 2023
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Un nouvel ordre mondial est-il en train de se mettre en place sous la houlette des BRICS ?

Entre le 22 et 24 août se tient en Afrique du Sud le 15e sommet des BRICS. Ce forum informel composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud a gagné en importance cette dernière décennie, avec la montée en puissance de ses membres, surtout l’Inde et la Chine.

Les BRICS ont une population de 3,24 milliards d’habitants, soit 40 % de la population mondiale. En 2001, ils représentaient 8 % du PIB mondial. Désormais, ils seraient à 26 %, rattrapant ainsi le G7, son « homologue » occidental.

De plus, les récentes difficultés économiques de la Chine ne changent pas le fait que le cœur du commerce mondial se situe en Asie et dans le Pacifique. Sur les dix premiers ports de commerce mondiaux, neuf se situent dans la région asiatique (dont trois des cinq BRICS : Chine, Inde, Russie).

Parmi les enjeux de ce sommet des BRICS, se trouve la volonté de dédollariser le groupe en augmentant leurs échanges économiques avec leurs monnaies nationales. Si l’idée d’une monnaie commune revient souvent, elle ne serait toutefois pas à l’ordre du jour du sommet. La volonté d’échanges économiques dans des monnaies autres que le dollar américain s’est accélérée avec le conflit en Ukraine : l’Arabie saoudite a pensé utiliser le yuan chinois pour la vente du pétrole.

Un autre enjeu est l’adhésion de nouveaux membres au sein du groupe : en 2022 et 2023, 22 pays ont manifesté leur souhait d’adhérer aux BRICS. Des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine souvent insatisfaits de l’Occident.

 

Plus complexe qu’une alliance anti-occidentale

Toutefois, il serait étonnant de considérer que les BRICS sont devenus une alliance anti-occidentale. Les cinq membres n’ont pas la même vision. Si la Chine et la Russie ont bien ce souhait de façonner un ordre indépendant des États-Unis, ce n’est pas l’avis des trois autres membres, et surtout de l’Inde.

L’absence physique du président russe Vladimir Poutine au sommet en est un exemple. L’Afrique du Sud est membre de la Cour pénale internationale, qui a émis un mandat d’arrêt contre Poutine. L’absence de ce dernier a pour but d’éviter à l’Afrique du Sud de se mettre l’Occident à dos, car il semblait utopique que le pays arrête le président de la Russie.

En outre, l’Inde comme le Brésil se montrent réticents à l’accueil de nouveaux membres. Le Brésil reste dans la sphère d’influence américaine, tandis que l’Inde maintient une relation cordiale avec Washington et l’Occident, comme le montrent les récents voyages du Premier ministre indien Modi aux États-Unis et en France.

Considérer les BRICS comme un groupe uni serait vite oublier la rivalité entre l’Inde et la Chine. Si pour l’opinion publique indienne, Russie et États-Unis sont des partenaires, la Chine représente une menace.

Une chose est sûre, les BRICS souhaitent un monde multipolaire où ils auront leur place. Mais l’opposition aux États-Unis et à l’Occident ne fait pas l’unanimité. Ces derniers sont à la croisée des chemins. Soit ils parviennent à s’entendre avec des pays clés comme l’Inde, et évitent la constitution d’un axe russo-chinois trop fort. Soit l’Occident s’aliène l’ensemble des BRICS et leurs alliés, avec le risque de s’isoler.

 

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  • Bonjour, je viens lire un article sur les BRICS. L’auteur pense que le contrat à l’origine de la création des BRICS n’est pas tenu et que ça ne va pas s’arranger : http://www.lecentrisme.com/2023/08/la-quotidienne-centriste-du-21-aout.html

    En voici le texte :

    La faillite du club des Brics

    Il y a quelques années, le club des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) regroupant les principaux pays émergents semblaient pouvoir devenir un contre-pouvoir à l’Occident dans la première partie de ce siècle puis de la dépasser dans la seconde.
    Mais s’il est encore vivant – ses membres se réunissent du 22 au 24 août à Johannesburg – , il ne fait plus que de la représentation et n’a quasiment aucun poids sur le monde et son économie.
    Il faut dire que le Brésil n’a pas connu le boom espéré au début du 21e siècle, bien au contraire; la Russie de Poutine, au lieu de se développer en tant que pays moderne est devenu une dictature corrompue en décrépitude; l’Inde n’a pu réellement s’extraire de ses problèmes structurels et de sa pauvreté endémique qui touche la grande majorité de sa population avec en plus, l’arrivée à sa tête d’un populiste dangereux, Modi; l’Afrique du Sud post-Mandela est le pendant africain du Brésil au niveau des promesses non-tenues (il faut dire que le pays n’avait été accepté dans le club que parce qu’il fallait un représentant africain).
    Quant à la Chine, son économie est poussive et sa société civile complètement anesthésiée à cause du dictateur Xi ce qui l’éloigne encore de devenir la première puissance mondiale.
    Mais les Brics étaient déjà une organisation bancale dès l’origine.
    Que l’Inde et la Chine s’y trouvent réunie est une incongruité tellement les deux pays sont des rivaux irréconciliables et tellement les dirigeants indiens ont peur d’une Chine hégémonique.
    Que la Russie soit présentée comme un pays émergent est une sorte d’escroquerie.
    En outre, la rivalité avec la Chine – mise en sommeil actuellement du fait de l’invasion par Poutine de l’Ukraine – est une menace constante pour la Russie dont beaucoup prédisent sa vassalisation à terme vis-à-vis de son puissant partenaire de l’Est.
    Quant au Brésil, ses seules matières premières – à l’instar de la Russie – ne peut lui permettre de jouer dans la cour des grands.
    La mode des «grands pays émergents» ayant vocation à chambouler l’ordre mondial et à s’installer à la tête de la gouvernance mondiale est passée.
    Mode, parce que sa réalité n’a jamais existé.
    Mais, à part pour la Chine, les pays membres des Brics ont intérêt à maintenir l’illusion d’une cohésion qui est un de leur seul moyen d’exister comme puissance sur la scène internationale.

    -1
  • Difficile pour un occidental de juste concevoir que deux ennemis puissent s’entendre sur un ou des points précis.

  • Avatar
    franc.clemente@gmail.com
    23 août 2023 at 11 h 02 min

    Cet article analyse la situation avec beaucoup de précisions. Entre autre, l’absence de Poutine ….on avait oublié son accusation devant la Cours International ! On trouve dans cet article une mise au point des différentes politiques des membres du BRICS. Cependant, le but de la BRICS qui se veut avant tout économique, est laissé en deuxième plan. La dette américaine très élevée, la valeur du dollar n’est pas garantie, elle désoriente les différents pays. Cette monnaie risque de perdre rapidement se valeur .

    • Parfaitement d’accord avec vous . L’objectif premier de BRICS est de créer une alternative acceptable aux règlements internationaux , objectif qui , s’il était atteint , ne manquerait pas de déstabiliser l’économie américaine dont on s’évertue à nier la faiblesse . N’oublions tout de même pas que les Etats Unis ont une population 5 fois supérieure à celle de la France ( 300 millions vs 60 millions ) et une dette 10 fois supérieure à celle de la France ( 30 000 milliard vs 3 000 milliards).
      Autant dire , si on prend la mesure de l’inquiétude de la Banque Centrale quant à la capacité de la France à faire face à sa dette , que l’objectif de BRICS long terme est de sécuriser les échanges internationaux en créant une alternative au roi dollar.

  • Les BRICS, une association de bric et de broc aux intérêts divergents et où chacun a une volonté hégémonique. La Chine veut tout imposer mais se meurt à petit feu à cause de sa démographie. L’Inde dispute à le Chine une partie de son territoire et espère la remplacer en tant qu’usine du monde et grâce à sa démographie. L’Arabie saoudite et les EAU cherchent à islamiser le monde : ils soutiennent le Pakistan contre l’inde. Depuis la fin de l’apartheid l’Afrique du sud se bat contre la Russie pour savoir qui des 2 arrivera sur le podium de la corruption. Le Brésil espère ainsi faire main basse sur l’Amérique du sud en s’affranchissant des USA mais il oublie que la Chine a les mêmes ambitions…..
    Bref, c’est pas pour demain.

    • Vous voyez les choses à la française, en termes de pouvoirs et d’alliances. Les BRICS les voient à la chinoise, en termes de commerce et de profits. Devinez qui va gagner.

      • Tous ces pays voient les choses de façon égoïste. Et tous veulent que les autres se plient à leur volonté.
        Si l’euro existe, c’est parce que de nombreux pays européens ont accepté de ne plus avoir la main sur leur monnaie, donc sur leur économie. Certe, pour des raisons différentes, mais ils ont quand même accepté de perdre leur autonomie.
        Quel pays des BRICS veut perdre la possibilité de piloter sa monnaie ? La Chine ? non, l’Inde ? Non le Brésil ? Non, l’Arabie saoudite ? Non, etc, etc.

        • Tous ce pays voient les choses de façon égoïste, OK. Mais tous ces pays pensent à la chinoise qu’au-delà de leurs frontières, il n’y a que des barbares et que tout moyen de gruger un barbare dans une opération commerciale est une bénédiction, tandis que le plier à sa volonté ne rapporterait rien. Actuellement, le dollar se prête mal à ça, et une monnaie alternative non-contraignante, comme l’était l’ECU avant l’Euro, avec les moyens modernes d’échange et de paiement, pourrait très bien remplir ce rôle sans peser sur l’autonomie des uns et des autres.
          Les USA n’ont pas perdu la possibilité de piloter le dollar du fait qu’il est utilisé (qu’il était jusqu’ici utilisé) par les Indiens pour acheter du pétrole russe, ou les Chinois de l’uranium nigérien…

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