Banque centrale européenne : vers la fin du resserrement

La politique de la Banque centrale européenne et la fin du resserrement des taux risquent de renforcer l’inflation.

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Banque centrale européenne : vers la fin du resserrement

Publié le 31 juillet 2023
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Lors de la réunion de la BCE à Francfort, la directrice du comité de direction, Christine Lagarde, a suggéré l’interruption du resserrement.

Lors de la conférence de presse suite à la réunion, elle explique :

« Les perspectives économiques à court terme de la zone euro se sont détériorées, principalement en raison de l’affaiblissement de la demande intérieure. La forte inflation et le durcissement des conditions de financement freinent les dépenses. La production manufacturière, qui est aussi ralentie par l’atonie de la demande extérieure, en subit particulièrement les conséquences. L’investissement dans l’immobilier résidentiel et l’investissement des entreprises montrent également des signes de faiblesse. »

Les autorités souhaitent mener une lutte contre l’inflation, du moins en apparence.

En pratique, elles ne veulent pas de restrictions à la quantité de dette et de crédits pour le paiement de subventions, ni au ralentissement des investissements dans les rénovations, les achats de véhicules électriques, ou l’installation d’éolien et de solaire.

En effet, le gouvernement français compte obtenir une hausse de 60 milliards des dépenses en rapport au climat en 2024. Or, il prévoit seulement 7 milliards en subventions. Le restant provient d’investissements ou de dépenses de particuliers et d’entreprises, en grande partie grâce au crédit.

Selon Sud-Ouest :

« En zone euro […] la demande de crédit, provenant en particulier des entreprises, a atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans lors du deuxième trimestre, avait indiqué la BCE mardi. Problème : cela intervient au moment où les entreprises doivent investir en masse pour verdir leur activité et accentuer le virage numérique ».

Ainsi, la BCE ouvre la porte au retour de l’assouplissement, au prétexte des besoins de l’économie.

Ils écrivent dans le communiqué de jeudi :

« [Nos] décisions relatives aux taux directeurs resteront fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire. »

 

Le PMI à l’encontre du resserrement

Le PMI, l’indice de l’activité de l’industrie, montre une baisse de l’activité dans le secteur.

La Tribune rapporte :

« L’indice PMI publié ce lundi par S&P Global indique que l’activité du secteur privé en zone euro s’est nettement repliée en juillet. Après avoir stagné le mois précédent, cet indice a atteint 48,9, soit un point de pourcentage de moins qu’en juin. »

Les chiffres pour l’Allemagne, le noyau de l’industrie dans la zone, plongent aux pires niveaux depuis l’été 2020.

La contraction de l’activité a lieu en dépit du coup de pouce des prix de l’énergie – en chute depuis l’an dernier.

En août de l’année dernière, le prix de l’électricité atteignait 700 euros le MWh en Allemagne sur le marché du gros. Aujourd’hui, il atteint 104 euros. Le prix du gaz naturel a chuté de 83 % sur un an, selon l’indice d’Amsterdam.

La contraction de l’activité crée des doutes sur la lutte des banques centrales contre l’inflation.

Elle incite les gouvernements à davantage de déficits pour soutenir les salariés ou les entreprises en détresse.

La Chine montre sans doute la voie : elle réagit à la mollesse de l’économie avec la promesse de soutiens.

 

Regonflement de bulle

Un article du Council on Foreign Relations indique que le secteur de l’immobilier en Chine manque de moteur, en l’absence de soutien gouvernemental. En somme, le pays a un excès de constructions, et un manque d’acheteurs :

« La demande fondamentale pour les logements, dans les villes de second ou troisième tiers, est en érosion à travers la Chine pour deux raisons démographiques. D’abord, le rythme d’urbanisation en Chine a dépassé le pic, et entre à présent en déclin.

Le ratio de nouveaux résidents urbains en proportion de la population totale tend à baisser chaque année depuis 2017. En 2022, le nombre de nouveaux habitants des villes a baissé au point le plus faible depuis 42 ans.

En second point, la formation de ménages en Chine est en déclin depuis 2013, de pair avec une baisse du nombre de mariages, qui est le résultat de plusieurs décennies de la politique de l’enfant unique. »

En dépit du manque de demande, le gouvernement chinois souhaite mettre plus d’air dans la bulle de l’immobilier.

De même, les autorités européennes risquent de perdre foi dans le resserrement, et tenter de regonfler la bulle.

La contraction du PMI et des chiffres décevants pour la demande risquent de mener à la fin de la lutte, et l’enlisement de l’inflation.

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  • Avatar
    The Real Franky Bee
    31 juillet 2023 at 8 h 52 min

    Pour « tenter de regonfler la bulle », il faudrait un évènement majeur afin de justifier des taux de nouveau à zéro et un nouveau quantitative easing d’ampleur. Là, on parle de potentielle pause dans la hausse des taux, et encore rien n’est moins sûr compte-tenu du récent rebond des prix des hydrocarbures. Si les taux restent proches du niveau actuel, n’espérez aucun miracle sur les actifs risqués qui sont survalorisés depuis 2010. Il n’y a pas de repas gratuit en économie.

  • Si je peux emprunter à un taux T1, et que je peux placer sur un actif pérenne fixe (genre de l’or) alors que le taux d’inflation est T2, alors l’opération rapporte T2-T1. Cette opération est inflationniste car le prêt provient de l’argent imprimé de la BCE. Pour dégonfler la bulle, il faut donc que T1>T2. Avec une inflation de 7%, il faut donc un taux BCE autour de 7%. Moins en pratique car il y a le spread pour le risque, mais de l’ordre de 4 à 5%.
    On en est loin. Conclusion: il n’y a pas eu de resserrement.

  • Deuxième article de la journée où il y est dit ou suggéré du grand n’importe quoi.
    Il serait temps que CP arrête de faire confiance à n’importe qui en économie.

    • Taper sur l’Etat (loi Sapin) ou la BCE (baisse des taux) ne peut justifier le moindre errement intellectuel.

      • à Abonnéabsent. Bonjour, voilà deux articles que vous critiquez abruptement sans donner la moindre explication. Pourriez-vous expliciter ?

        • En quelques mots.
          La politique de hausse des taux par les banques centrales visent à juguler l’inflation.
          Contrepartie : la croissance économique se met en berne.
          Faire une pause dans la hausse des taux, voire préparer leur baisse est donc nécessaire.
          Nécessité et pas prétexte.
          Le risque principal actuel est celui du « hard landing ».
          Et la Chine, qui va mal en ce moment, n’est certes pas le modèle à suivre.
          Bref, Bonner ne comprend rien à rien. Cela devient une habitude chez lui.

          • La hausse des taux vise à réduire l activité économique pour peser sur l inflation et donc la réduire
            Une récession est la conséquence logique de la hausse des taux
            Cette politique doit être poursuivie avec aussi une réduction du bilan des banques centrales
            Les liquidités trop importantes continuent d inonder les bourses et l immobilier dont les baisses ont été tres faibles pour le moment

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