Par Wittgensteino-aronien.
Aujourd’hui je vais vous parler d’un concept que j’aime beaucoup, celui de la grande tente néolibérale, et surtout de son côté anti-radical.
C’est un concept qui va au-delà du positionnement politique du néolibéralisme, puisqu’il pourrait très bien y avoir une grande tente communiste ou une grande tente écologiste par exemple.
La prime à la radicalité
Si vous êtes libéral, alors il faut être libertarien. Si vous êtes écolo, il faut être radical. Si vous êtes féministe, alors il faut être féministe radicale. Ou même écoféministe radicale ! Il ne faut pas dévier d’un poil de la ligne directrice du groupe, sous peine d’être identifié à l’extrême inverse du groupe. Si vous n’êtes pas 100 % communiste, alors vous êtes fascistes. Si vous n’êtes pas 100 % libertarien, vous êtes communiste. Si vous n’êtes pas 100 % écolo, alors vous êtes climatosceptique.
Je ne vais pas revenir plus en détail sur la polémique du weekend, entre la députée qui a volontairement omis des informations dans son tweet pour soi-disant alerter sur le réchauffement climatique, et les gros beaufs qui se sont empressés d’envoyer leur entrecôte ou leur Porsche en photo à la députée en question. Générant, en plus d’étaler leur beaufitude, un effet de harcèlement. Mais ce qui est sûr, c’est que cette opposition a éclipsé tous les autres sujets du weekend (à commencer par le sujet dont on voulait vraiment parler : le réchauffement climatique). Ceux qui ont été radicaux ont été récompensés.
Cela crée un espace hostile et excluant. Inversement, il existe un espace hospitalier et inclusif, la grande tente néolibérale.
Réfugiez-vous sous la grande tente
Les néolibs américains ont développé le concept de big tent, la grande tente du néolibéralisme.
Même si vous ne vous sentez qu’à 90 %, 50 % ou même 10 % néolibéral, alors vous êtes les bienvenus sous la tente. Que vous vous réclamiez de Hayek, de Rawls, de George même, que vous passiez la tête dans la tente parce qu’un sujet précis vous intéresse (la taxe carbone, l’ouverture des frontières, la mondialisation etc.), et que vous fassiez votre marché dans nos idées, vous êtes les bienvenus.
Et d’ailleurs, vous savez quoi ? Même si vous vous ne vous identifiez pas du tout au néolibéralisme, mais que vous êtes de bonne foi (vertu épistémique), alors vous ne pourrez peut-être pas dormir sous la tente, mais vous pourrez au moins venir boire le thé.
Cette attitude (que l’on peut qualifier de métamoderne), plus que ce positionnement politique, n’est pas exclusive au néolibéralisme, et j’aimerais beaucoup la retrouver dans d’autres espaces politiques. Les néolibéraux partent avec un avantage sur la question, puisque le moment fondateur du néolibéralisme, le colloque Lippmann, était déjà une big tent. Entre les ordolibéraux et les paléolibertariens de l’école autrichienne, il y a un monde (ces derniers ont d’ailleurs fini par claquer la porte), mais il y a quand même un espace de discussion.
Je finirai en ajoutant que cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de convictions fortes, et que nous ne sommes pas prêts à les défendre, mais cela, je le développerai dans un autre post, en défense du « radicalisme mou ».
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