L’inflation au service du gouvernement

Alors que l’inflation grignote la valeur de l’euro, les autorités semblent se réfugier derrière des taux négatifs et une politique de crédit facile. Une stratégie qui soulève des questions sur sa viabilité à long terme.

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L’inflation au service du gouvernement

Publié le 16 juillet 2023
- A +

Les autorités prétendent lutter contre l’inflation. En pratique, elles préfèrent laisser filer la valeur de l’euro, et poursuivre les politiques de déficit. Elles inventent des mesures sur le « partage de la valeur » ou contrôlent les prix en guise de secours à la population…

Les entreprises et les gouvernements ont pris l’habitude de leur capacité d’emprunter sans cesse à des conditions plus avantageuses.

Sans la manne des crédits, les valeurs en Bourse dérapent, l’immobilier plonge, et les faillites repartent à la hausse.

La création de crédits immobiliers commence déjà à baisser aux niveaux les plus faibles depuis des années…

Cependant, en dépit d’un début de resserrement, la BCE n’a pas mis fin à la politique d’argent facile.

Les pays de la zone euro empruntent à moins de 0 %, en prenant en compte le niveau de l’inflation.

Une hausse des taux ne suffit pas pour arrêter l’inflation. Par exemple, la Banque d’Argentine a placé le taux directeur à 97 % ! Pourtant, l’inflation arrive à 114 % au mois de juin.

En somme, la remontée des taux par la banque centrale jusqu’ici ne suffit pas pour couper court à l’inflation.

La BCE, tout comme la Banque d’Argentine, ou la Banque d’Angleterre (avec un taux directeur de 5 % pour un niveau d’inflation de 7,9 % aux derniers chiffres) continuent de fournir une incitation à l’endettement, une aide aux gouvernements.

 

Coup de pouce aux gouvernements

Les autorités en zone euro ont peu l’intention de pousser les taux au-dessus du niveau de l’inflation, et mettre fin au crédit facile.

En effet, un taux d’intérêt négatif signifie que la dette des gouvernements baisse, en taille du PIB.

Actuellement, le poids de la dette française baisse d’environ 2,5 % par an.

Les taux négatifs permettent le désendettement des gouvernements sans besoin de rembourser, ni négocier des conditions avec des créanciers.

Un taux négatif réduit d’année en année le poids de la dette existante.

De plus, les autorités françaises continuent d’ajouter plus de dette au rythme d’environ 5 % du PIB par an. Sans le coup de pouce des taux négatifs, cette dette ne trouverait pas preneur…

 

L’illusion de la lutte contre l’inflation

La presse soutient des mesures et des lois – au prétexte de protéger les gens contre l’inflation.

Face à l’envolée des prix en magasin, les ministres convoquent les producteurs et les commerces. Ils mettent la faute pour la hausse des prix sur les supermarchés et l’industrie de l’agroalimentaire. Ils ne remettent pas en cause les déficits, qui atteindront plus de 130 milliards d’euros pour la quatrième année consécutive.

Certes, le gouvernement peut faire pression sur les distributeurs pour réduire les prix. Mais il n’augmente pas la quantité de biens, et ne réduit pas les prix de production. Il force juste les distributeurs à répercuter les prix ailleurs ou à renoncer à proposer d’autres produits.

Face aux échecs, les dirigeants vont prendre davantage de pouvoirs.

Souvenez-vous du programme de nationalisations de 1982, lorsque le gouvernement Mitterrand a mis la main sur 39 banques, si bien qu’un employé sur quatre travaillait pour le secteur public (contre un sur cinq en ce moment).

 

« Partage de la valeur »

La dernière mesure en faveur du pouvoir d’achat provient de la loi sur le « partage de la valeur. »

La loi découle de négociations entre les syndicats – dont presque personne ne fait partie – avec le gouvernement.

La loi sur le « partage de la valeur » force les entreprises à distribuer plus d’argent aux salariés.

En fait, en dépit des affirmations des médias, les entreprises augmentent plus rapidement les salaires qu’elles ne dégagent d’excédents en raison des hausses de prix, comme en atteste le graphique de la Banque de France, ci-dessous.

La Banque explique que « le taux de marge reste autour de 32 %, sa valeur de moyen terme. »

Pourtant, la presse aligne les tribunes en soutien à la loi.

L’une d’elles paraît dans Les Échos… L’auteur félicite le gouvernement sur la mise en place de lois qui forcent les entreprises à distribuer des profits aux employés :

« Lundi dernier, le projet de loi sur le partage de la valeur est arrivé à l’Assemblée nationale. Même s’il n’avait pas occupé le devant de la scène médiatique ces dernières semaines, ce texte représente un progrès majeur, et ce, à bien des égards. Il remet bien évidemment le sujet du pouvoir d’achat des Français au cœur des débats, mais au-delà, il permet de réinterroger les mécanismes actuels du partage de la valeur. Ce projet de loi issu de l’ANI « partage de la valeur » est surtout la preuve que le dialogue social apaisé et constructif est porteur d’avancées majeures pour notre société. »

L’auteur ne prend pas le temps de demander comment des entreprises peuvent payer davantage leurs salariés, sur ordre des dirigeants, sans couper les dépenses sur une autre partie des activités ou retirer de l’argent à quelqu’un d’autre.

La presse soutient les interventions et les manœuvres…

Au lieu de mettre sous contrôle l’inflation, en coupant les déficits, les autorités prévoient un retour aux politiques de soutien et de dépense – voire de nationalisations, à l’instar des années 1980.

 

Vous pouvez obtenir les conseils et analyses de mon équipe sur l’inflation en cliquant ici.

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  • Nicolas Doze, un des rares journalistes à être doté d’un cerveau en état de marche et d’une conscience professionnelle résumait l’inflation en ces termes:  » L’inflation c’est l’impôt qui ne se voit pas. Et c’est la solution des gouvernements qui sont ruinés. Quand on n’a plus d’argent, on le vole, tout simplement. »
    Les journaleux des Échos, ces faiseurs d’opinion, loin d’informer, ne s’intéressent qu’à ce que le public devrait penser en rédigeant des articles à peine tendancieux 🤔 Mais bon, on a la presse qu’on mérite puisqu’il paraît que nous continuons à la financer…bééééh bééééh

    • Effectivement, l’inflation permet aux états, via les rentrées d’argent par emprunt, de s’approprier une plus grande partie du PIB que ce qu’ils captent par les seuls impôts et taxes. L’inflation est incontestablement un impôt.

      • Mais pourquoi croyez vous donc que les taxes s’expriment en % d’un prix en hausse ? Pourquoi l’Etat qui paraît honteux d’administrer autant de prélèvements avec tant de talent ne fait il rien ou si peu pour revenir à un niveau saint ?

  • Bonner et Wapler, les Laurel et Hardy de l’économie.
    Avec eux, c’est toujours la grosse poilade !

    -5
    • Ce serait mieux si vous nous expliquiez pourquoi.

      • Par exemple ceci :
        « En somme, la remontée des taux par la banque centrale jusqu’ici ne suffit pas pour couper court à l’inflation. »
        Bonner croit quoi ? Il faut environ 18 mois pour qu’une hausse des taux se traduise par une baisse de l’inflation !
        On en est plus très loin. Encore un peu de patience.
        Et il serait temps qu’on arrête de monter les taux, sinon attention à la chute des économies…
        La FED semble l’avoir compris. Pas la BCE.

        • C’est Lagarde elle-même qui a affirmé tout récemment que ça ne marchait pas et que l’inflation allait probablement durer.
          Monter les taux ne fera plonger l’économie que s’ils montent au-dessus de l’inflation, pour l’instant les taux réels sont négatifs et on continue donc à être dans l’incitation au crédit.
          De toute façon les pays de la zone euro se sont trop endettés notamment avec le covid et veulent continuer pour les grands plans écolos et l’effort de guerre et pour acheter la paix sociale. Si leurs dettes commençaient à coûter trop cher, c’est d’abord les Etats qui plongeraient type Grèce, donc l’inflation va continuer…

          • ?
            La BCE va au contraire encore augmenter ses taux fin juillet.
            Le problème de Lagarde est qu’elle n’a rien vu venir, qu’elle croyait au départ que l’inflation serait vite jugulée et qu’elle a mis du temps à enfin décider d’augmenter les taux.

            • Une Lagourde, je connais 🙂
              On le savais depuis longtemps que l’inflation allait péter.
              Les indices des coûts de production étaient alarmant depuis des mois.
              Et elle n’a rien vu, comme une gourdasse de gourde.
              On aurait mis un ivrogne à sa place, lui au moins se serait inquiété du prix futur de sa vinasse.

            • @AbonNeabcent
              Je vous trouve bien indulgent avec Lagarde. Comme l’immense majorité de ses pairs elle a tendance à faire mine d’ignorer la réalité, mais l’ignore-t-elle vraiment ?

        • @AnbonNeabcent
          Merci pour l’exemple. L’auteur ayant traité le problème à l’envers, il est logique que son article soit boiteux.

        • @AbonNeabcent
          Merci pour l’exemple. L’auteur ayant traité le problème à l’envers (voir mon commentaire ci dessous), il est logique que son article soit boiteux, ce qui ne veut pas dire dénué d’intérêt. Cependant, en ce qui concerne ce point précis, sa constatation est correcte pour au moins 2 raisons :
          1) l’augmentation des taux par la banque centrale du (US) où des gouvernements (UE) n’empêche en rien la poursuite de l’expansion monétaire via l’octroi de pseudo crédit à ces gouvernements qui n’ont que faire d’un taux d’intérêt fictif qu’ils feront semblant d’honorer avec de nouveaux crédits.
          2) la distribution de crédit à des gens normaux (en dehors de la sphère gouvernementale), qui, eux, doivent rembourser réellement leurs créanciers, ne peut se faire sans création monétaire si le taux d’intérêt est inférieur à l’inflation, faute de quoi les créanciers feraient faillite.
          Dans une société libre, qui doit rester la référence à ce qui est logique, les taux d’intérêt sont nécessairement supérieurs à l’inflation, augmentés de la part de la préférence temporelle (présent versus futur) des créanciers. Le futur étant naturellement plus incertain que le présent, cette part est nécessairement supérieure à zéro.

    • Avec Abon Neabcent aussi !!!

  • Puisque nous savons que l’inflation est la conséquence de l’augmentation de la masse monétaire sans création de produit/service équivalent et que ceux qui sont responsables de cette augmentation de monnaie sont les gouvernants et les gouverneurs des banques centrales qui n’ont aucune connaissance économique comme mme Lagarde, nous savons où nous allons.

    • Le gouverneur de la banque de France a travaillé antérieurement au trésor en cabinet ministeriel puis a la BNP
      Quant au gouverneur de la banque d allemagne Joachim Nagel, il a travaillé au sein de la banque KFW puis a la DEG et enfin a la BRI
      Et vous quelles sont vos références pour juger bien rapidement des compétences des banquiers centraux ????

      -5
      • Nos références? Celles qui font de nous des êtres libres et responsables, entre autres, de leurs avoirs.
        L’intrusion politique dans tous les couches de la société nous etouffe. Ras le bol de l’omnipolitisation.

    • Vous oubliez la greedflation, l’autre cause de l’inflation…

  • Mme Lagarde étant acquise aux thèses réchauffistes et aux idées du Forum de Davos nous savons doublement où nous allons. La seule issue est de nous séparer sans indemnité et avec lourdes sanctions ces responsables car la note va être dure à faire accepter aux peuples européens qui s’ils n’en comprennent pas les causes en subiront les effets inacceptables.

    • Les critiques sont bien faciles car l art est fort difficile notamment en émettant aucun proposition fiable
      Au clavier yakafokons………

      -7
      • Virer ce machin du paysage economique. Ça vous va comme proposition concrète? Il n’y a pas si longtemps, le monde monétaire s’est passé de ce bidule étatique car il n’en avait pas besoin. Depuis sa creation, les crises et autres instabilités financières et monetaires sont légions.

      • àDoda-Vos deux questions m’obligent à vous répondre: que j’ai exercé en qualité d’économiste et financier à titre libéral pendant 40 ans. Ce que l’on ma appris à l’université (P.A. Samuelson-.D. Nordhaus) et dans une grande école l’Edhec de la conférence des grandes écoles Mme Lagarde ne le sait pas (avocate droit social ) et M François Villeroy de Galhau (polytechnique et ENA) est trop politique pour ce qui nous concerne de près.
        Milton Friedman nous a appris que « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production », mais déjà l’édit du maximum de Dioclétien en 301 après JC et plus près de nous F Bastiat, pour le premier constatée et donc subie et le second érigé par l’analyse.
        En effet si vous augmentez la masse monétaire en circulation à produit constant, il vous faut plus de monnaie pour acheter les mêmes biens et services, c’est ce que on appelle (rapidement) l’inflation qui est une conséquence et non une cause comme le croient Mme Lagarde et M Le Maire.
        Passez une bonne semaine

  • L’incurie du gouvernement français relève de son incapacité à gérer en bon père de famille habitués que sont nos gouvernants à un argent facile . Face à la colère qui monte je ne serais pas surpris que Bruno Le maire , parodiant Marie Antoinette , crie s’ils n’ont pas d’argent donnez leur de l’or.
    Minables que sont ceux qui nous gouvernent

  • Remettons les choses à l’endroit. L’inflation, définie frauduleusement comme l’augmentation générale des prix, ne peut avoir que 2 causes :
    – l’augmentation de la masse monétaire
    – une baisse générale de la production de biens et services demandés par la population.
    La deux causes sont provoquées par les gouvernements, la première parce qu’ils ont le monopole de l’émission monétaire, la deuxième via leurs innombrables interventions dans l’économie, les deux ayant pour but de de redistribuer ce que produisent les producteurs à des gens qui ne produisent rien, ou pire, empêchent les autres de produire (ce qui en sus décourage les producteurs dont le nombre et l’ardeur au travail diminuent). Dire que l’inflation arrange les gouvernements c’est mettre les choses à l’envers car ce sont eux qui la provoquent.
    La définition originale de l’inflation allait droit au but : c’était l’augmentation de la masse monétaire. Les gouvernants ont réussi à imposer un glissement du sens du mot sur sa conséquence, l’augmentation générale des prix, dans leur quête permanente de masquer leur responsabilité en la faisant porter par d’autres. Toutes les explications grotesques véhiculées par les gouvernants, les banquiers centraux, l’éducation nationale et leurs laquais des médias sont naturellement fausses. Les seuls remèdes à l’inflation, sont l’abolition du contrôle de la monnaie par les gouvernements et la fin de leurs interventions dans l’économie.

    • 2 causes qu’on peut résumer en une :
      – divergence entre la monnaie et la mise de biens sur le marché.
      Il y en a une troisième, surtout en situation de crise : la greedflation.

      -1
      • @AbonNeabcent
        Si vous pensez à l’incroyable cupidité des gens de pouvoir, qui, bien qu’accaparant plus de la moitié de ce que produisent les autres, n’en n’ont jamais assez, il ne s’agit pas d’une troisième cause mais de l’une de leurs nombreuses motivations.

    • J’ai même ce qui ressemble à une troisième cause : les contorsions absurdes et coûteuses écolo-administratives pour produire la même quantité de richesses avec une dépense de moyens multipliée. Les voies romaines étaient d’une rectitude impressionnante, nos édiles dépensent aujourd’hui des sommes folles pour rallonger les trajets en installant chicanes, ronds-points et autres ralentisseurs. Et je ne parle pas de produire de l’énergie en passant par l’hydrogène…

      • @MichelO
        Tout à fait. Notez que
        cette troisième cause est incluse dans les interventions des gouvernements dans l’économie. L’écologie n’est qu’un nouveau prétexte. Il leur en faut toujours.

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