Élections européennes 2024 : quel avenir pour l’Union européenne ?

Les élections européennes de 2024 approchent, et les partis politiques se préparent à une bataille stratégique pour l’avenir de l’Union européenne. Giuseppe Michel examine les enjeux nationaux et européens de ces élections, tout en mettant en évidence les divisions idéologiques et les potentielles alliances qui pourraient redéfinir le paysage politique européen.

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Élections européennes 2024 : quel avenir pour l’Union européenne ?

Publié le 11 juillet 2023
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Depuis le 17 mai dernier, on connait la date des prochaines élections européennes : le 9 juin 2024. Bien que ces élections soient encore loin des préoccupations des électeurs du vieux continent, les partis politiques sont, quant à eux, déjà tournés vers cette échéance.

 

Les enjeux nationaux

Tout particulièrement en France, où les européennes seront les seules élections intermédiaires du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Ainsi, chaque famille politique se met en ordre de bataille pour ce scrutin transformé en une sorte de mid-term, tout comme en 2019.

 

Du côté de la gauche, l’enjeu principal est la constitution ou non d’une liste unique de la NUPES. Mais à peine évoquée, cette liste d’union apparaît d’ores et déjà enterrée.

En effet, le 2 juillet dernier, le conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts a présenté les premiers candidats de sa liste. Les Verts emboitent le pas au Parti communiste, qui avait annoncé la veille Léon Deffontaines comme leur tête de liste.

Le choix de ces formations de faire bande à part n’a pu être que renforcé par les premiers sondages portant sur les élections européennes. Ceux-ci montrent que la gauche obtient systématiquement un meilleur score divisée (au-dessus de 30 %) qu’unie (autour de 25 %).

De surcroît, ce scrutin pourrait être l’occasion de renverser le leadership de La France Insoumise sur la gauche française, d’autant plus qu’il s’agit d’une élection traditionnellement favorable à EELV (13,5 % aux européennes de 2019 contre 4,5 % à la présidentielle de 2022). Le parti écologiste est d’ailleurs donné en tête des partis de gauche avec environ 10 % des intentions de votes, suivi de près par le PS et LFI.

 

À droite de l’échiquier politique, le Rassemblement national apparaît comme le grand favori pour l’emporter. Le parti de Marine Le Pen est donné en tête avec 26 % des intentions de vote dans le dernier sondage IFOP.

A contrario, Les Républicains sont dans une position bien plus délicate. Le parti n’a toujours pas convenu d’un positionnement clair afin de lui permettre d’exister entre la majorité présidentielle et le Rassemblement national, et ce malgré un premier bureau politique consacré au sujet le 29 juin dernier. LR espère ne pas revivre le traumatisme des dernières européennes où la liste de François-Xavier Bellamy était arrivée quatrième avec à peine 8 % des voix. Le parti obtient actuellement péniblement 10 % des intentions de vote dans les derniers sondages.

Cette situation précaire n’est pas améliorée par la très probable constitution d’une liste Reconquête. Le parti d’Éric Zemmour, fort de ses 7 % à la présidentielle, dispose déjà de quatre élus à Bruxelles (dont Nicolas Bay et Gilbert Collard). Reste à déterminer qui sera à la tête de cette liste, le nom de Marion Maréchal est régulièrement évoqué.

 

Le centre n’est pas non plus épargné par les manœuvres en vue du scrutin européen. Renaissance et ses alliés pourraient se voir menacés par une potentielle liste UTILE, du nom de l’association fondée par les membres du groupe LIOT à l’Assemblée nationale.

Depuis leur mobilisation contre l’usage du 49.3 pour adopter la réforme des retraites ce printemps, le groupe centriste tente de créer un espace politique pour une alternative modérée (et qui sait libérale) à la majorité présidentielle. Les élections européennes apparaissent comme l’occasion parfaite de se confronter une première fois aux urnes, et venir rogner sur les 20-22 % dont Renaissance est actuellement crédité dans les sondages.

 

Cependant, c’est bien au niveau européen que les élections de 2024 révèlent le plus d’enjeux majeurs pour l’avenir de l’Union, et même pour ce qui constitue notre continent.

 

Les enjeux européens

Deux enjeux principaux se dessinent d’ores et déjà à Bruxelles.

 

D’une part, que va-t-il advenir de cette législature et de cette Commission qualifiées de « politique ». Effectivement, depuis 2019 l’Union européenne s’est engagée dans de nombreux projets d’ampleur comme la régulation des plateformes, la lutte contre le changement climatique, ou encore la défense de l’État de droit. Une telle intervention législative marque une rupture dans l’histoire de la construction européenne.

De nombreux sujets restent à ce jour sur la table, comme la réforme des règles budgétaires, les questions migratoires ou bien la création d’une politique industrielle au niveau communautaire. Mais la prochaine législature sera-t-elle aussi proactive que sa prédécesseur ?

Encore faudrait-il pour cela qu’une majorité stable se dégage au soir du 9 juin afin de pouvoir adopter ces ambitieuses réformes. C’est ici que réside la principale interrogation en vue des prochaines européennes : le Parlement européen deviendra-t-il ingouvernable ?

 

En effet, depuis quelques mois le PPE, regroupant les partis de la droite chrétienne-démocrate et conservatrice, emmené par son chef Manfred Weber, mène une politique agressive au Parlement. Tant et si bien qu’on considère la grande coalition entre les sociaux-démocrates de S&D et le PPE, qui gouvernait à Bruxelles depuis 1979, comme appartenant au passé.

Le PPE semble vouloir désormais se tourner vers les Conservateurs et Réformistes Européens (ECR), le groupe de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni et du PiS polonais, pour former une future majorité à Bruxelles. Mais cette alliance des droites ne ravit pas tout le monde au sein de son camp. À commencer par la présidente de la Commission Ursula von der Layen, qui n’a toujours pas fait part de sa volonté ou non d’exercer un second mandat.

Bien que les dernières projections montrent une dynamique certaine du côté d’ECR et d’ID (le groupe du RN, de la Lega de Mateo Salvini et de l’AfD), cette union des droites ne disposerait que d’environ 250 sièges sur les 705 du Parlement.

Le groupe centriste Renew Europe serait donc indispensable pour donner une majorité à cette nouvelle coalition. Mais la question fait tout autant débat au sein du groupe des libéraux et démocrates européens, dont de nombreux membres connaissent des difficultés au niveau national. Un éclatement du PPE et de RE n’est donc pas à exclure si cette révolution des alliances venait à voir le jour.

 

La désignation des spitzenkandidaten (tête de liste en bon français) par le PPE et RE sera donc à surveiller de près pour savoir quelle ligne l’emporte sur ce sujet.

Il semblerait cependant que cette tradition instaurée en 2014 puisse ne pas survivre à ces élections. Pour l’instant, seuls les Verts et la gauche ont débuté leur processus de sélection. Le PPE, RE et même S&D ne semblent plus considérer cette nomination comme un impératif.

 

Ainsi, bien qu’encore loin de nos esprits, les élections européennes de 2024 semblent ouvrir de véritables questionnements sur l’avenir de l’Union.

D’un côté la demande d’une Europe plus interventionniste de la part de la gauche et de certains États membres. De l’autre, une potentielle alliance des droites qui viendrait remettre en cause la défense de l’État de droit et de la libre circulation des personnes comme fondement de l’UE.

Cependant, on peut déjà parier que la campagne en France ne se fera pas sur ses enjeux, mais bien autour d’une course de petits chevaux où seule compte la liste arrivée en tête (en témoigne l’attitude de LFI en faveur d’une liste unique à gauche).

Face à la construction d’un véritable débat public européen, la France semble rester dans son obsession majoritaire.

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  • Les élections européennes en France ne servent qu’à planquer les chefs des partis ou leurs copains en difficulté pour qu’ils touchent les indemnités parlementaires européennes exonérées d’impôt.
    Tant que les gueux n’auront pas compris ça, ils voteront pour eux.

  • A part s’abstenir de participer à cette mascarade…

  • Pas un seul mot dans l’article sur le Qatargate, et la corruption massive et généralisée du parlement européen ? Pas mal…

    Mais comme tous les medias subventionés ont enterrés l’affaire et que (bien entendu) personne n’a été condamné, tout va bien.

    Et surtout, si vous avez plus de 1000€ en liquide, n’oubliez pas de le déclérare au fisc, et à donner la preuve de son origine.

    Les millions en cash sont réservés à vos Maîtres, bandes de péons

  • A force de s’élargir, l’UE a perdu son âme.
    Elle est de plus en plus soumise aux USA et, sur de nombreux sujets, les états sont incapables de s’entendre puisque leurs intérêts sont contradictoires.
    Sur la défense européenne, par exemple, la France est bien seule car les autres états refusent d’admettre son leadership, pourtant bien naturel, au regard de son industrie de défense et de sa dissuasion nucléaire.
    On me rétorquera que l’UE a magnifiquement géré la crise sanitaire. Je pense que nous aurions fait aussi bien ou aussi mal sans Ursula et ses mails qu’elle a malencontreusement effacés.
    J’espère, sans trop y croire, que chaque parti politique s’engagera sur des mesures concrètes à prendre rapidement.
    Les sujets sont nombreux : délire écologique, avenir de notre agriculture, immigration, consultation des peuples, devenir des nations….

    • La défense européenne est une chimère française quand tous nos voisins européens croient dans l OTAN
      Le leadership français personne n en veut car il ne repose que sur sur la bombinette et notre arrogance incommensurable
      Sans la présence américaine, l UE était incapable de s opposer aux envahisseurs russes en ukraine

      -1
  • Témoignage d’un ancien ministre de l’éducation :
    « Il (Nicolas Sarkozy) m’a ensuite proposé, je vous l’ai dit, de figurer sur la liste UMP aux élections européennes, puis, tout récemment, de me renouveler au Conseil économique et social. J’ai tout refusé: je ne suis pas un assisté et je ne demande rien à personne, surtout pas de faux postes ni des missions “bidons”. Or, à mes yeux, devenir député européen ne sert à peu près à rien, sinon à être grassement payé. »
    Luc Ferry – L’anticonformiste

    • Luc Ferry est un pur apparatchik de la nomenclatura française
      C est un conservateur pur jus qui cherche toujours le vent mainstream
      Il est a la fois pro russe et écolo……démocrate glorifiant un dictateur

      -3
      • So what …?
        Qu’est ce que cela a à voir avec le fait qu’il puisse avoir un avis éclairé sur la nature du parlement européen ? L’apparatchik dont vous parlez n’a en tout cas pas fait la file devant la pointeuse du parlement à Bruxelles pour toucher des jetons de présence.

  • « Le Parlement européen deviendra-t-il ingouvernable? » Il me semble qu’on s’en moque, ce n’est pas lui qui gouverne, c’est la commission! Comme dit ci dessus, il ne sert qu’à caser des copains. Et heureusement que le nombre de députés ne dépend pas de la participation hein..

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