Lien entre préférence temporelle et réussite ?

La faible préférence temporelle est-elle la clé de la croissance économique et de la réussite ?

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Lien entre préférence temporelle et réussite ?

Publié le 29 avril 2023
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Par Andreas Granath.

Tout être humain agit de manière délibérée en utilisant des moyens limités pour atteindre ses objectifs. De cet axiome d’action, nous pouvons déduire d’autres comportements humains et leurs effets. L’un de ces comportements est la préférence temporelle.

La préférence temporelle est l’idée selon laquelle les individus accordent davantage d’importance aux effets présents qu’aux résultats futurs. Puisque nous devons choisir entre plusieurs fins à un moment donné, nous devons préférer atteindre le but choisi plus tôt que plus tard. Sinon, nous n’aurions pas agi du tout.

 

Préférence temporelle élevée contre préférence temporelle faible

Les individus ont des préférences temporelles différentes. C’est pourquoi nous distinguons les préférences temporelles faibles et les préférences temporelles élevées. Ce qui est considéré comme faible ou élevé à cet égard est relatif.

Les personnes ayant des préférences temporelles (relativement) élevées favorisent davantage le présent. Elles accordent donc plus d’importance au fait de consommer plus tôt. Elles préfèrent la gratification instantanée et sont, par conséquent, moins enclines à épargner et à investir.

Le choix du présent dépend à son tour de la manière dont chacun envisage l’avenir. Certains, comme les jeunes enfants, ont du mal à appréhender le concept d’avenir. D’autres, comme les personnes gravement malades et les personnes âgées, pensent moins à la consommation future puisqu’elles savent qu’elle est compromise.

Au contraire, les personnes ayant des préférences temporelles (relativement) faibles sont davantage tournées vers l’avenir. Elles peuvent retarder la satisfaction et ont une vision précise de l’avenir. En général, il s’agit d’adultes en bonne santé.

Le fait d’avoir une faible préférence temporelle incite à épargner et à investir. En outre, l’épargne et l’investissement sont à l’origine de la croissance économique, non seulement pour la personne concernée, mais aussi pour la société dans son ensemble.

Comme nous ne pouvons pas arrêter complètement de consommer, nous ne pouvons pas nous concentrer entièrement sur l’augmentation de notre production. Pour l’augmenter, il faut donc s’abstenir de consommer pendant un certain temps, c’est-à-dire épargner.

Une fois que l’on a suffisamment épargné, on peut commencer à investir. Pendant la période d’investissement, on vit de son épargne. La croissance économique commence donc avec une préférence temporelle faible et se poursuit avec l’épargne et l’investissement.

 

Une faible préférence temporelle est-elle synonyme de réussite ?

Le psychologue social américain Walter Mischel a affirmé que la satisfaction différée (faible préférence temporelle) est en corrélation avec le succès.

Dans les années 1960 et 1970, ses collègues et lui ont mené des expériences sur la gratification différée : des enfants de quatre ans avaient le choix entre avoir un marshmallow immédiatement ou patienter quinze minutes et en gagner deux. Ils étaient laissés seuls dans une pièce durant cette attente.

Les enfants participants ont été suivis plus tard dans leur vie d’adulte. Les chercheurs ont constaté que ceux qui pouvaient retarder leur satisfaction réussissaient à bien des égards.

Par exemple, ils étaient plus facilement compétents sur le plan social et scolaire, obtenaient de meilleurs résultats et souffraient moins de stress.

Bien que l’expérience du marshmallow soit intéressante, comme beaucoup d’autres expériences en sciences sociales, elle est biaisée et trompeuse. Au lieu de cela, nous pouvons utiliser la praxéologie pour déterminer si faible préférence temporelle et réussite sont liées.

Tout d’abord, permettez-moi d’insister sur le fait que le succès peut recouvrir de nombreuses significations et qu’il s’agit d’une notion subjective.

Le dictionnaire de Cambridge le définit comme « l’obtention des résultats voulus ou espérés ». Cependant, dans ce sens, je me réfère à un succès global « objectif ».

Sur la préférence temporelle et le succès personnel, Hans-Hermann Hoppe écrit :

Un homme peut ne s’intéresser qu’au présent et à l’avenir le plus immédiat. Comme un enfant, il peut ne favoriser que des satisfactions instantanées ou minimalement différées. Conformément à ses préférences temporelles, il peut choisir d’être un vagabond, un ivrogne, un drogué, un rêveur, ou simplement un homme heureux qui aime travailler le moins possible afin de profiter pleinement de chaque jour. Un autre homme peut s’inquiéter constamment de son avenir et de celui de sa progéniture et, par le biais de l’épargne, vouloir constituer un stock de capital et de biens de consommation durables en croissance constante afin de prévoir une offre de plus en plus importante de biens futurs et une période d’approvisionnement de plus en plus longue.

Ensuite, de nombreux facteurs sont à l’origine de toute forme de succès. Certains sont externes, comme l’éducation, l’environnement, la culture et la chance. D’autres dépendent de notre cerveau. Il s’agit souvent de la gestion des risques, des aptitudes sociales, du courage et de l’intelligence.

En gardant tous les facteurs externes et internes constants et égaux, il devient clair que le succès peut dépendre de la préférence temporelle. De même, nous pouvons constater que le succès dépend autant du cran ou de l’intelligence, toutes choses égales par ailleurs.

Si la praxéologie ne peut tout simplement pas prédire les résultats futurs, elle décrit en revanche les comportements intentionnels. Une préférence temporelle faible signifie qu’une personne peut retarder la gratification et qu’elle est davantage tournée vers l’avenir.

Bien que nous ne puissions pas en conclure qu’elle mène au succès, une faible préférence temporelle permet au moins la croissance économique, généralement considérée comme un succès. À ce sujet, l’investisseur immobilier britannique Samuel Leeds a écrit dans un article de la revue Entrepreneur datant de 2022 :

Même une personne ayant un excellent salaire ou une entreprise saine peut devenir pauvre si elle a une « préférence temporelle élevée », c’est-à-dire si elle se concentre principalement sur le présent. En revanche, une personne issue d’un milieu pauvre, ayant une préférence temporelle faible et une formation adéquate, peut devenir riche.

Dans l’ensemble, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour réussir. Une faible préférence temporelle est une caractéristique préférable et un facteur important, mais elle n’est pas cruciale.

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  • L’investissement dans sa propre formation me semble bien meilleur à titre individuel que celui dans l’épargne.
    Il est acquis une fois pour toutes et n’a plus qu’à être utilisé et éventuelement réactualisé, alors que l’épargne est plus fragile et demande à être gérée dans sa totalité.

  • Et les enfants auxquels on n’a jamais posé la question des marshmallows, ont-ils aussi bien réussi en moyenne ?

  • Profiter du présent en délaissant l’avenir joue sur le résultat final, en effet !
    La Fontaine se servit de la même idée dans « Le lièvre et la tortue ».
    « ………………………………………. A la fin quand il vit
    Que l’autre touchait presque au bout de la carrière,
    Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit
    Furent vains : la Tortue arriva la première. »

  • A 20 ans :
    – Audaces fortuna juvat
    A 80 ans :
    – Carpe diem, quam minimum credula postero

  • Ce que je vois surtout est que les plus patients doivent s’immuniser contre le parasitisme des plus impatients.

  • Conclusion de la conclusion, on est comme on est, on ne choisit pas ses préférences. Il y a cependant des préférences universelles qui permettent le mouvement dont celui que nous quantifions de croissance. Pour ce qui est de la réussite individuelle, j’ai certainement pas la même idée que Macron ou Poutine.

  • Les commentaires sont fermés.

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