Par Annie Holmquist.
Avec l’inflation, les prix et les faillites bancaires qui se multiplient ces jours-ci, beaucoup d’entre nous regardent avec anxiété leur portefeuille et se demandent ce qu’ils feront lorsque la crise financière frappera inévitablement. Devrons-nous recommencer à zéro avec notre fonds de retraite ou nous appauvrir en quelques mois ?
Il n’existe peut-être pas de moyen infaillible de se protéger complètement d’une ruine potentielle mais il y a des moyens de s’en prémunir. L’un de ces moyens est caché dans un coin obscur de l’American Spelling Book de Noah Webster.
Intitulé « Domestic Economy Or, the History of Thrifty and Unthrifty », Webster (1758-1843) il raconte l’histoire de deux hommes, l’un magicien de la finance, l’autre raté.
Mais leurs gains ou leurs pertes financières ne sont pas le fruit de la chance à la bourse ou d’un génie particulier. Webster en déduit que la quête de la richesse matérielle commence par le caractère.
Le lève-tôt a du pain sur la planche
Selon Webster, l’un des premiers pas vers la richesse dépend de la relation que l’on entretient avec le réveil.
L’homme économe se lève de bonne heure avec les poules et commence sa journée. Une telle action n’est toutefois possible que parce qu’il refuse de brûler la chandelle par les deux bouts, se couchant à une heure raisonnable.
L’homme peu économe, quant à lui, n’est pas du matin, il se lève tranquillement chaque jour, ce qui finit par le plonger dans la consternation et le désarroi. Et bien que Webster ne le mentionne pas, la nature frénétique et toujours en retard de M. Dépensier indique que l’heure du coucher sera loin lorsque l’horloge sonnera 22 heures.
Un imbécile et son argent sont vite séparés
Lorsque M. Dépensier sort enfin du lit le matin, il ne se met pas immédiatement au travail. Au lieu de cela, il se précipite au bar ou se dirige vers l’armoire à pharmacie. Mais au lieu de le préparer à affronter les tâches de la journée comme il l’espère probablement, explique Webster, la boisson émousse sa sensibilité et l’incite à jeter son argent par les fenêtres.
En revanche, Webster décrit M. Économe comme quelqu’un qui « ne fréquente pas la taverne » et qui ne « boit pas tous ses gains dans des alcools qui ne lui font aucun bien ».
Il est important de noter que cet avertissement de Webster ne s’applique pas nécessairement à l’alcool seul. Le principe fondamental ici est que l’homme économe considère où va l’argent qu’il a durement gagné et s’assure qu’il ne gaspille pas continuellement son salaire pour des articles ayant peu de valeur durable ou qui diminuent sa capacité à être compétitif dans le monde du travail.
Ne pas gaspiller, ne pas vouloir
Lorsque nous pensons aux déchets, nous pensons souvent à des objets qui vont à la poubelle, comme de la nourriture périmée. Mais selon Webster, l’économe veille à ne pas gaspiller son bien le plus précieux : le temps.
C’est particulièrement vrai lorsque M. Économe s’acquitte de ses tâches quotidiennes. « Lorsqu’il est aux champs, il travaille sans relâche, mais pas au point de fatiguer et d’épuiser son corps. » Il ne perd pas non plus son temps en étant constamment le moulin à paroles du lieu de travail, en racontant des histoires et en s’arrêtant pour écouter les autres bavarder à la fontaine.
Cependant, le temps ne cesse d’échapper à M. Dépensier. En fait, ce dernier est continuellement en retard mais il fait preuve d’une grande activité en essayant de rattraper son retard. « Il est très pressé, il s’active pour se préparer au travail, et ce qui est fait à la hâte est mal fait, il perd une partie de la journée à se préparer. »
Malheureusement, ce n’est pas seulement son temps qui est gaspillé dans de tels efforts. Webster note qu’un autre effet néfaste de ce temps perdu est qu’il fait également perdre du temps à ceux qui travaillent sous ses ordres, ce qui se traduit probablement par un manque à gagner supplémentaire pour son entreprise.
Il n’y a pas de gain sans peine
Pour l’homme économe, la prévoyance et la bonne gestion sont la clé de ses gains monétaires. Il accepte les factures qui arrivent inévitablement, puis se retourne et les paie rapidement. Ce faisant, il évite les pénalités de retard et les amendes, ce qui lui permet de faire fructifier son pécule.
Il garde également ses biens en bon état : « examinant les outils pour vérifier s’ils sont tous en bon état pour les ouvriers », gardant un œil sur « l’état de sa maison, de sa grange, de son lot et de son bétail ». Ce faisant, il évite la panique et la perte de temps que connaît M. Dépensier, qui se retrouve dans l’un de ces scénarios cauchemardesques où l’on n’arrive jamais à rien :
« Lorsqu’il pense être prêt à commencer le travail de la journée, il s’aperçoit qu’il n’a pas les outils nécessaires ou que certains d’entre eux sont hors d’usage – le soc de la charrue doit être envoyé en réparation à un demi-kilomètre chez un forgeron ; une ou deux dents d’un râteau ou le manche d’une houe sont cassés ; une faux ou une hache sont bons à jeter ».
Le résultat final
Avec le temps, tous ces petits efforts s’additionnent et M. Économe devient un homme riche, propriétaire d’un domaine rentable « avec plusieurs centaines d’acres de terre et une centaine de têtes de bétail ». En revanche, M. Dépensier subit des pertes continuelles en raison de ses mauvais choix, « traînant quelques années de déception, de misère et de pauvreté ».
La différence entre les deux, écrit Webster, est « qu’un homme ne dépense que les intérêts de son argent, tandis que l’autre dépense le principal ».
La question est de savoir quel homme vous êtes.
Je dois avouer que, même si beaucoup me considèrent comme un bon gestionnaire, les portraits de l’économe et du non économe me font voir trop souvent mon propre reflet dans le second. Ce qui m’amène à me demander si, en cette période de ralentissement économique potentiel, notre situation financière n’est pas bien meilleure que nous ne le pensons.
La question est de savoir si nous avons le caractère – la diligence, pour être précis – pour aborder la vie en marchant dans les pas de M. Économe.
Traduction Contrepoints
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