Unlock My Boss : l’IA au cœur du K-drama

À l’heure où ChatGPT agite les esprits et fait peur, cette série tombe à pic : Unlock My Boss mêle comédie, intrigue policière et questionnements sur l’intelligence artificielle.

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Unlock My Boss : l’IA au cœur du K-drama

Publié le 4 avril 2023
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Unlock My Boss est une série coréenne récemment diffusée sur Netflix qui offre une approche intéressante d’un sujet d’actualité : l’intelligence artificielle. À l’heure où ChatGPT agite les esprits et fait peur (mais qu’est-ce qui ne fait pas peur aujourd’hui ?), cette série tombe à pic. Réalité augmentée, voiture autonome et machine « consciente » sont au cœur d’une intrigue habilement tricotée.

Il s’agit de l’adaptation d’un webtoon de Park Seong-Hyun qui mêle comédie, intrigue policière et portrait d’une entreprise high-tech. Il y est également question des relations parents-enfants comme dans la plupart des séries coréennes.

 

Une série sur l’intelligence artificielle

Relativement courte selon les critères du pays du Matin calme, douze épisodes seulement, Unlock My Boss paraît débuter sur une situation abracadabrante comme on les aime dans le K-drama. Tel le génie dans la lampe qui surgit soudain devant Aladin, « l’âme » d’un brillant entrepreneur se fait entendre dans un smartphone au grand ahurissement du héros de notre histoire.

Mais à la différence de nombreuses séries coréennes qui défient en toute insouciance les règles de la vraisemblance et abusent de la crédulité présumée du spectateur, ce point de départ a priori absurde ou relevant du fantastique trouvera une explication des plus rationnelles et parfaitement cohérente avec le sujet même de l’intrigue. Ce sujet, je le rappelle, est l’intelligence artificielle.

Au cœur de l’histoire, nous trouvons donc une entreprise hig-tech (Silver Lining) fondée et dirigée par Kim Sun-Joo (Park Sung-Woong) brillant entrepreneur mais médiocre père de famille qui ne vit que par et pour son travail. Kim Sun-Joo vient de mettre au point une technologie révolutionnaire (Baro) qui suscite bien des convoitises. Il va être ainsi victime d’une tentative de meurtre dont nous ne connaitrons les détails que peu à peu. Mais en fait ce n’est pas lui le héros de Unlock My Boss.

 

L’esprit du téléphone

Notre jeune héros, Park In-Sung (Chae Jong-Hyeop), est un raté approchant de la trentaine. Pour des raisons que nous découvrirons peu à peu, il n’a pas réussi la carrière d’acteur qu’il souhaitait embrasser. Le voici donc condamné à des petits boulots et à se contenter d’un médiocre logement à Séoul. Mais le provisoire ne saurait durer éternellement. Est-il condamné à retourner dans la ferme familiale, aveu de son échec, ou arrivera-t-il à se faire embaucher par Silver Lining, cette entreprise high tech qui fait rêver tout le monde ?

Comme les miracles n’existent pas, même si le pire n’est jamais sûr, comme va le démontrer la suite, il doit, la queue basse, regagner la maison familiale et subir les sarcasmes de son père (l’excellent Ahn Nae Sang). Par le plus grand des hasards, l’ami toujours fidèle des scénaristes, il tombe sur un téléphone perdu en pleine nature. De façon symbolique mordu par un serpent peu avant, telle Eurydice, il est rappelé du monde des morts par cette voix dans la nuit.

Le brillant patron de Silver Lining s’est retrouvé mystérieusement emprisonné dans son smartphone. Il n’a conservé aucun souvenir, ou plus exactement il n’a aucune mémoire sur ce qui a pu se passer durant la semaine qui a précédé sa disparition. Son corps n’a pas été retrouvé, son décès n’est annoncé nulle part. Que lui est-il donc arrivé ? Telle va être la quête de notre héros.

 

Le smartphone et le pantin

Selon une formule célèbre, le téléphone mobile est le couteau suisse électronique. Le smartphone sert à tout et éventuellement à téléphoner. Grâce à cet appareil, notre patron prisonnier peut voir, entendre, payer le jeune homme pour qu’il lui vienne en aide, lui faire signer un contrat, etc.

Écouteur dans l’oreille, Park In-Sung est guidé au doigt et à l’œil, devenant une sorte de pantin de l’esprit du téléphone. L’humain est ainsi au service de cette voix qui paraît tout savoir. Mais comment un chômeur qui a tout raté peut-il devenir PDG d’une société high tech ?

Heureusement, notre vaillant héros est comédien avant tout et grâce à sa capacité à se mettre dans la peau de son personnage, il arrivera à se sortir de diverses situations délicates. Bon, jouer un rôle ne suffit pas toujours et Park In-Sung découvre qu’un patron n’est pas seulement quelqu’un qui mène une vie luxueuse et porte de beaux costumes. Il se trouve ainsi confronté à un choix cornélien quand la bonne santé financière de l’entreprise paraît nécessiter le licenciement d’une partie du personnel. Mais c’est un faux dilemme et notre PDG naïf trouvera le moyen de concilier ce qui paraissait inconciliable.

 

Gentils et méchants dans Unlock my Boss

Et puis il n’est pas seul. La fidèle assistante de notre patron, Jung Se-Yon (Seo Eun-Su) va se révéler une auxiliaire efficace, d’autant qu’elle en pince pour le charmant garçon. Ajoutons un mauvais garçon qui va connaître sa rédemption pour les beaux yeux de la gamine du PDG. Eh oui, aussi brillant soit-il, notre entrepreneur s’est montré un père négligent pour sa petite fille.

Park In-Sung doit non seulement sauver l’entreprise mais aussi la relation entre le père et la fille. On échappe pour une fois aux habituels gamins coréens, moches, braillards et insupportables. Unlock My Boss nous offre le portrait sensible d’une petite fille qui ne manque de rien sauf de l’essentiel, la présence de son papa.

Enfin, nous avons dans Unlock My Boss les méchants. Comme dans toute série coréenne qui se respecte, nous retrouvons les habituels requins des conglomérats. L’entreprise high tech dépend en effet d’un grand groupe aux activités diverses. Le frère et la fille du fondateur du conglomérat, qui est sur le point de disparaître, se disputent la succession. Le méchant coréen est facile à identifier : il mange de la viande saignante en l’accompagnant de vin français.

Au cœur de la rivalité entre oncle et nièce, un projet de voiture autonome utilise la technologie Baro. La vérité va dès lors peu à peu se révéler. L’intelligence artificielle est-elle susceptible de connaître des bugs, ce que nous humains appelons des sentiments ?

 

Unlock My Boss et la question de l’humain

Unlock My Boss, série très bien écrite, si l’on accepte les conventions scénaristiques inhérentes à ce type de production, et fort bien interprétée, pose la question de l’humanité de façon souvent subtile.

D’un côté nous avons des corps sur des lits d’hôpitaux qui ne sont plus que des légumes ; de l’autre un téléphone ou un véhicule capable d’agir, de parler ou de se tromper comme un être humain.

Depuis HAL, l’ordinateur gigantesque de 2001, la technique a fait des pas de géant mais le questionnement reste le même. Nous sommes simplement passés d’un infiniment grand à un infiniment petit. Tout tient désormais dans un smartphone. Où allons-nous ainsi ?

La fin ouverte, qui peut ne pas satisfaire toutes les attentes créées, est cependant une des forces de Unlock My Boss. Dans son propos et ses péripéties cette série illustre en tout cas brillamment la fameuse troisième loi de Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ».

Comme l’a déclaré dès le début du premier épisode Kim Sun-Joo : « Il n’y a plus de frontière entre le rêve et la réalité. »

Vous voilà prévenu.

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  • Bonjour, merci à GM Thermaux d’avoir signalé cette série. Je l’avais laissée passer, en pensant que c’était une romance de. bureau comme on en voit trop. Très bonne série.

  • Les commentaires sont fermés.

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