Par Eric Dor.Â
La hausse des prix et les tensions inflationnistes n’auront échappé à personne. Plusieurs mesures du phénomène sont possibles en fonction de l’indice des prix utilisé, dont le très populaire indice des prix à la consommation utilisé par l’Insee. L’institut statistique mesure ainsi l’inflation à 5,2 % sur l’ensemble de l’année 2022.
Nous avons pour notre part fait usage du taux de croissance annuel des prix de la production. Mesurés à prix courants, ils se décomposent en quatre éléments :
- Le coût des consommations intermédiaires (les éléments que l’on transforme pour aboutir au produit final, également appelés intrants ou inputs)
- Le coût du travail
- Les impôts nets de subventions sur la production
- L’excédent brut d’exploitation (que l’on appelle aussi les marges brutes)
Les trois derniers correspondent à la valeur ajoutée brute.
Les contributions de chacune de ces parties à la hausse du prix de la production ont été calculées par secteur pour une période s’écoulant entre le quatrième trimestre 2021 et le quatrième trimestre 2022. Les données disponibles portent sur la rémunération des salariés et l’agrégat formé de l’excédent brut d’exploitation et du revenu mixte. Ce revenu mixte des indépendants mélange indistinctement leur revenu du travail et leur excédent brut d’exploitation. Pour les estimations présentées ici, il a été partagé sous l’hypothèse que le revenu horaire du travail des indépendants est identique à celui des salariés du même secteur.
La partie correspondant au revenu du travail des indépendants ainsi estimée a été ajoutée à la rémunération des salariés et déduite de l’agrégat qui regroupe l’excédent brut d’exploitation et le revenu mixte du secteur. C’est bien sûr une approximation mais ainsi a-t-on une distinction claire entre coût du travail et marges brutes.
La hausse des coûts des inputs, dont bien sûr l’énergie, est la principale source de la hausse des prix de la production pour tous les secteurs, sauf les services hors sphère marchande. Cette contribution des coûts des inputs est particulièrement forte pour l’industrie et tout spécialement l’agroalimentaire, pour l’agriculture et l’hébergement restauration.
La hausse du coût unitaire du travail, elle, est la principale source de la hausse des prix de la production des services hors sphère marchande. Pour tous les autres secteurs, elle contribue moins que l’augmentation du coût des consommations intermédiaires.
Par rapport aux marges brutes, le poids du travail reste supérieur dans la construction ainsi que dans le commerce et dans tous les autres secteurs des services. Les marges ont même diminué dans certains secteurs et tirent les prix de production vers le bas. C’est le cas pour l’hébergement restauration, l’information et communication, le transport, les services aux entreprises, les services aux ménages et les services hors sphère marchande.
La contribution des marges brutes à la hausse des prix de production est, a contrario, supérieure à celle du coût du travail pour l’agriculture, l’énergie, l’agroalimentaire, les biens d’équipement, les matériels de transport, et les autres branches industrielles.*
Eric Dor, Director of Economic Studies, IÉSEG School of Management
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
Je ne suis pas sûr que la validité des résultats de l’étude en soit affectée, mais la proposition suivante “4. L’excédent brut d’exploitation (que l’on appelle aussi les marges brutes)” crée en gros doute sur la méthode de calcul.
Pas toutes les énergies, en fait. Chine et Inde font le plein de gaz à des prix bradés tandis que nous payons plein pot les élucubrations énergétiques de nos élites illuminées : du koikilencout comme dirait l’autre et puisqu’il s’agit de sauver la planète …