Latécoère : l’emblème de notre désindustrialisation 

Encore une fois, une entreprise française centenaire sur le sol français ne peut pas se maintenir sur notre territoire si elle veut se pérenniser.

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Latécoère : l’emblème de notre désindustrialisation 

Publié le 30 mars 2023
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Malgré les incantations de notre ministre des Finances, l’industrie française continue sa descente aux enfers. Elle est passée de 24 % du PIB au début des années 2000 à 9 % actuellement.

Rien n’y fait, la France continue de perdre ses entreprises industrielles.

 

L’exemple Latécoère

Le groupe Latécoère a été fondée en 1917 par Pierre-Georges Latécoère, lui-même fondateur de la compagnie Aéropostale.

L’entreprise fait partie des pionniers de l’aéronautique. Elle est à l’origine de l’implantation de l’industrie aéronautique de la région toulousaine.

Elle est restée une entreprise incontournable pour l’aviation. C’est là que vont naître les hydravions Latécoère mais également des composants de l’aviation moderne, de la Caravelle en passant par le Concorde, la gamme des avions Airbus et également Boeing.

C’est dire si elle est une industrie de pointe.

En 2018, l’unité de production de Toulouse se réorganise pour devenir une usine 4.0 du futur, avec un investissement de 47 millions d’euros. L’avenir français de cette entreprise semblait donc assuré.

Après avoir accueilli à son capital plusieurs fonds d’investissement américains, la direction française en perd le contrôle et elle est contrainte aujourd’hui de délocaliser la fabrication de pièces élémentaires. Les machines vont être transférées à Prague en République tchèque et à Hermosillo au Mexique.

Une seconde unité de production, celle des armoires électriques où sont logés les câbles pour l’avion militaire A400M va être transférée en Tunisie : adieu notre souveraineté militaire !

 

Que faut-il en conclure ?

Encore une fois, malgré une technicité de pointe de rang 1 dans l’aéronautique et une modernisation poussée, une entreprise française centenaire implantée sur le sol français ne peut pas s’y maintenir si elle veut se pérenniser !

Ce sont presque 150 postes de travail qui vont être supprimés en France. Malgré les engagements de Bruno Le Maire de « rapatrier les industries en France », nous ne sommes même pas capables de retenir un fleuron dans notre pays.

Le problème n’est donc pas celui que l’on veut nous faire croire, qui serait imputable aux chefs d’entreprises mais une triple pénalisation des entreprises françaises sur le territoire français dans les points cruciaux.

Charges et impôts excessifs plombent la compétitivité des entreprises

Ces charges augmentent les coûts de production qui deviennent insupportables, surtout pour les industries de pointe qui nécessitent l’embauche de cadres. Par rapport à l’Allemagne, elles sont deux fois plus élevées pour un salaire de 4000 euros et trois fois plus pour un salaire de 8000 euros !

Un cadre français qui espère un salaire net identique à son collègue allemand doit s’expatrier ou faire pression sur son employeur qui verra son coût de main-d’œuvre exploser encore davantage.

Contraintes administratives délirantes

La France est le pays aux 400 000 textes réglementaires et circulaires, contre 80 000 en Allemagne… Et ce sont les Allemands qui veulent en réduire le nombre.

C’est une obsession française : dans la retransmission des normes et décrets européens en droit français il faut y ajouter chaque fois des contraintes supplémentaires non justifiées si ce n’est pour essayer de faire croire que nous sommes les plus vertueux.

Enfin, une majorité de fonctionnaires et administrations éprouvent une détestation pour l’entreprise et son homme à abattre qu’est le chef d’entreprise. J’en ai eu l’expérience durant mes 42 années professionnelles.

Temps de travail

Il est de 30 % inférieur à celui de l’Allemagne. Le Français commence à travailler plus tard. Sur une année, un employé à temps complet travaille 1663 heures contre 1849 heures pour un Allemand. Celui-ci prend sa retraite à bientôt 67 ans contre 62 ans jusqu’à présent pour la France. Il faut y ajouter le temps passé au chômage, en arrêt maladie, en RTT et jours de grève.

 

Résultats de la politique industrielle

Le PIB français

Il augmente beaucoup moins que celui de nos voisins.

Mais surtout le PIB par habitant se dégrade : – 4% en deux ans. Le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat est passé en France de 26 000 dollars en 2000 à 40 000 dollars en 2017 soit une augmentation de 54 %. En Allemagne il est passé de 35 000 dollars à 65 000 dollars, soit une augmentation de 86 % (source Insee), le pouvoir d’achat y est donc en moyenne supérieur au nôtre de 60 %.

Le déficit commercial

En 2022 à 164 milliards d’euros il bat tous les records. Malgré une baisse de 56 % par rapport à 2021, l’Allemagne annonce un solde excédentaire de 76 milliards d’euros. Cet écart de 240 milliards est principalement dû à la faiblesse industrielle française qui devient extrêmement dangereuse.

Le mal-être des Français

Ils se voient distancés par pratiquement tous les pays de l’OCDE. On a fait croire qu’il suffisait d’endetter nos petits-enfants pour compenser nos lacunes. Mais maintenant, ayant dépassé le supportable, la réalité nous a rattrapés et une majorité de nos concitoyens réagissent, parfois violemment comme constaté ces derniers jours, attisés par une frange de gauchistes voire ultragauchistes qui n’ont comme projet que de casser le pays.

 

Entreprises, je vous aime…

Devant cette hécatombe, nos politiciens économiquement incompétents cherchent désespérément des remèdes à ce délitement du parc industriel.

Ça passe par des déclarations d’amour aux entrepreneurs, des mesurettes parfois contre-productives ou des aides trop ciblées qui vont satisfaire plutôt les chasseurs de primes que l’ensemble des acteurs économiques confrontés à une concurrence qu’ils savent non équitable.

Oubliant les principes même d’une saine concurrence, ils s’enfoncent dans un déni de réalité en testant n’importe quoi et ce sera celui qui a l’idée la plus saugrenue qui sera retenu.

La logique est pourtant extrêmement simple : pour être efficace une entreprise industrielle doit se créer, se développer voire se rapatrier dans un environnement économique favorable. Ce qui implique  quelques évidences :

  • Un temps de travail équivalent aux concurrents européens.
  • Une fiscalité dans la moyenne européenne.
  • Un environnement normatif non défavorable.
  • Un système éducatif qui doit laisser une place importante à la préparation d’un futur métier.
  • Un changement d’état d’esprit de l’administration qui doit cesser de considérer l’entreprise comme un ennemi au lieu de la soutenir et l’accompagner dans son développement.

 

Il n’y a pas d’autres solutions pour rendre l’industrie française compétitive. Les Allemands l’ont compris au début des années 2000. C’est pourquoi ces mesures de bon sens doivent être prises très rapidement et sans trembler, sinon le FMI et la BCE les imposeront sous peine de ne plus pouvoir se refinancer et donc ne plus pouvoir payer nos fonctionnaires et les services publics.

 

On a tout essayé

Mitterrand déclarait en fin de mandat « contre le chômage on a tout essayé »…

Sauf ce qui marche, c’est-à-dire justement les cinq points énumérés ci-dessus. Depuis 1975 aucun de nos dirigeants ne les a appliqués sinon à dose homéopathique.

Sont-ils incompétents, lâches, trop dogmatiques, manipulés ? aucun n’ose dire la vérité aux Français. Le seul système qui cumule efficacité et liberté c’est le libéralisme économique, celui qui nous détruira c’est l’égalitarisme à la française.

Voir les commentaires (8)

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  • Sont-ils incompétents, lâches, trop dogmatiques, manipulés ?
    Je dirais les 4 et j’ajouterais aussi manipulateurs, assoiffés de pouvoir, démagogues

  • Et pourtant lors du débat sur la réforme des retraites certains ont prétendu qu’il fallait aller chercher l’argent où il est, chez le patronat. On a invoqué 157 milliards de « cadeaux au patronat sans contreparties », certains sont même allés jusqu’à 180 milliards. Ça me rappelle quand Hollande avait augmenté taxes et impôts sur les entreprises de 32 milliards, constatant l’effet désastreux sur l’emploi il en avait restitué une partie (20 milliards) par l’usine à gaz du CICE. Eh bien certains, dont le lider maximo, ,n’ont pas retenu qu’on avait augmenté la charge des entreprises de 12 milliards mais bien qu’on avait fait 20 milliards de cadeaux au patronat.

  • le vrai problème est la lutte des politiques français contre le capital, c’est à dire la spoliation des entrepreneurs.
    Sans capital/capitaliste, pas d’industrie !
    Car dans l’industrie, il faut 1 millions d’euros de capital par emploi créé.
    Trop compliqué à comprendre pour nos énarques et surtout cela leur demanderait de l’humilité face aux entrepreneurs : impensable.

  • Oui hélas….. tout est vrai dans cet article !

  • Un peu trop dogmatique à mon goût cet article, avec en plus quelques contre vérités
    D’où est-ce que sort la comparaison des heures travaillées en allemagne ?
    regardons sur un site allemand : https://de.statista.com/ => ils parlent d’une moyenne de 1588h pour ceux qui sont à temps plein
    Bref, j’ai travaillé en france et en allemagne, le monde du travail est tellement différent qu’il est difficile de comparer les heures de travail.

    Enfin, pour ce qui est de Latecoere, il est difficile d’utiliser cette entreprise pour en faire un exemple de l’industrie française. La grande majorité ( probablement plus de 90% ) de ce que fabrique Latecoere est déjà fabriqué à l’étranger. Le site 4.0 en question a justement été créé en france parce qu’il est automatisé avec moins besoin de mains d’oeuvre => et donc une faible part de « charges » salariales dans les produits fabriqués. Et les dirigents politiques ont largement aidé le groupe avec des subventions en tout genre pour investir dans ce nouveau site. Pendant que les dirigents de latecoere prenaient les recettes liées à la vente du site historique au centre de Toulouse.

    La vrai problématique dans ce cas est l’incompétence des dirigeants de Latecoere… C’est plutôt ça la cause racine de la désindustrialisaiton de nos entreprises. Des investisseurs rachètent des entreprises en difficulté (comme l’est Latecoere depuis plus de 10ans), et ils y mettent successivement plusieurs dirigents qui ont plus un profil de financier ou de beau parleur qu’un profil d’industriel. Quelle facilité de fermer un site en france et d’en ouvrir un à l’étranger pour faire croire qu’on transforme l’entreprise.
    Il faut absolument qu’on refasse confiance à des entrepreneurs, des industriels qui prennent des risques pour développer une activité. Et arrêter de valoriser des gens qui ne travaillent que pour leur pomme, sans aucun intérêt pour les entreprises qu’ils dirigent
    Pourquoi ne pas utiliser la manne des assurances vie pour investir dans ce genre de fleuron, plutôt que de laisser des investisseurs américains le faire

  • Je ne suis pas du tout d’accord avec le contenu de cet article.
    Les normes découlent le plus souvent d’accidents gravissimes : Bhopal, Seveso, etc.
    Elles sont là pour protéger l’employé et sont souvent internationales.
    On pourrait procéder comme au Mexique ? Les normes existent mais lorsqu’un employé se blesse, on le renvoie et on ne déclare pas l’accident…

    La plupart des inspecteurs du travail, des employés de la DREAL sont des personnes honnêtes et, lorsqu’elles ont en face d’elles un cadre HSE très compétent, mettent tout en œuvre afin que l’entreprise continue son activité.

    Le rendement au travail des travailleurs français est plus élevé que celui de l’Allemand ou du Japonais. C’est pourquoi de grands groupes étrangers conservent et installent des usines en France. Dans l’industrie pharmaceutique, des produits estampillés made in Germany sont fabriqués en France…

    Vous oubliez l’incompétence de certains directeurs RH qui ne font pas, par exemple, la différence entre master et mastère spécialisé !
    Vous oubliez qu’Airbus ne doit sa survie qu’à l’échec cuisant de Boeing.
    Vous oubliez le recrutement au piston, pardon, au réseau, dans l’industrie aéronautique qui ainsi ne recrute pas les meilleurs…
    Vous oubliez la pauvreté des cahiers des charges et l’absence de contrôles chez les sous-traitants…
    Bref, l’industrie aéronautique française n’a que ce qu’elle mérite.

    En revanche, il est vrai que des politicards comme naguère, Jean-Marc Ayrault, souhaitent la disparition de l’industrie sur le territoire français…

    • L’industrie aéronautique française n’a que ce qu’elle mérite ?
      Elle va plutôt bien cette industrie, elle va plutôt très bien. Latécoère fait plutôt figure de mouton noir dans son environnement….

      C’est une contrevérité que Airbus doit son succès à « l’échec cuisant de Boeing » :
      1) le succès d’airbus s’est construit progressivement depuis 40 ans ( malgré quelques difficultés suite aux risques pris sur l’A400M, l’A380 ou l’A340)
      2) Boeing est en difficulté depuis ~5ans (en particulier à cause du 737MAX) mais Airbus était déjà très bien avant ces difficultés
      3) Regarder les résultats de Boeing : difficile de parler d’échec cuisant. Ils sont portés par leur gouvernement (surtout avec les commandes militaires) et de mon point de vue, c’est toujours un investissement de « bon père de famille »

      Enfin, vous parlez « d »absence de contrôle chez les sous-traitants » ?
      Il y a probablement des manques, mais surement pas des absences. Cela aurait été impossible pour AIrbus d’être où ils sont aujourdhui sans contrôler leur sous-traitants.
      Ou est-ce que vous parlez de prise de contrôle des sous-traitants ? aurait-il fallu que Airbus s’ingère dans la gestion de Latécoère pour leur dire comment faire leur travail ? (ça me parait antinomique à une vue libérale de l’économie)

  • Le pire, c’est bien sûr, que si le fmi va au devant du chevet du malade français, le remède de cheval sera une catastrophe, tout remède doit se prendre dans la concorde, avec une vision, une indépendance, un espoir, et le fmi n’apportera que son lot de malheurs, qui entrainera le pays dans un chaos encore plus grand !

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