Une sobriété qui s’appelle famine

La sobriété à laquelle il est fait ici référence en est une autre forme, qu’on appelait jadis pénurie il y a un ou deux siècles en Europe de l’Ouest et socialisme soviétique il y a quelques décennies en Europe de l’Est.

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Une sobriété qui s’appelle famine

Publié le 11 janvier 2023
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Pour paraphraser un petit poulet un peu trop gonflé de sa propre importance, « l’abondance, c’est fini ». Apparemment, il va falloir tenir compte d’une réalité de terrain quelque peu bousculée : lorsqu’on regarde certains indicateurs avancés, on se rend compte qu’effectivement la sobriété va s’abattre sur le monde plus ou moins mollement selon les régions.

Bien évidemment, il n’est ici pas question de cette sobriété ridicule qui nous est actuellement marketée (pour faire du bon français) par les frétillantes équipes communicantes de l’Élysée : cette sobriété qui consiste à se déplacer avec parcimonie, à réduire son chauffage de quelques degrés et à mettre un pull à col roulé en cachemire assorti à des chaussettes épaisses mais élégantes ou à réduire l’utilisation de sa voiture de fonction n’est qu’une nouvelle forme de mépris de classe que la caste jacassante inflige au reste du peuple avec la morgue qui fait maintenant sa marque de fabrique.

Non, la sobriété à laquelle il est fait ici référence en est une autre forme, le parfum « non consenti », qu’on appelait jadis pénurie il y a un ou deux siècles en Europe de l’Ouest et socialisme soviétique il y a quelques décennies en Europe de l’Est, celle où les rayons des magasins se vident, celle où l’on doit commencer à faire des queues et perdre son temps en paperasserie administrative pour toucher des coupons et autres tickets de rationnements ou ces chèques-brioches distribués par un pouvoir en manque de pain. Tickets, temps perdu, paperasserie et rayonnages vides sont autant de marques du collectivisme appliqué avec aveuglement et c’est exactement ce vers quoi nous nous dirigeons plus ou moins consciemment.

Et ce n’est pas une exagération. J’en veux pour preuves différents éléments glanés ici et là qui laissent présager d’une année 2023 qui va se placer sous la lettre D, celle des mots débrouille, démerde et vraisemblablement disette pour certains produits.

Ainsi, aux États-Unis, les récoltes 2022 sont mauvaises. Il faut dire que la météo y fut assez défavorable et les dégâts sur les pousses et les troupeaux sont notables. Assez logiquement, le prix des aliments (légumes, céréales, viande) devrait donc continuer à grimper encore cette année. Les Américains vont les payer plus cher et ce qui sera exporté devrait aussi nettement augmenter, le coût du transport (et de l’énergie) s’ajoutant à ces prix déjà élevés.

Ainsi, l’Europe a connu pendant l’été 2022 une sécheresse carabinée qui, dans certaines régions d’Europe centrale, a fait baisser le niveau des rivières au point que des « pierres de la faim » ont été découvertes pour la première fois depuis des siècles. Les rendements de différentes céréales en ont été affectés. C’est un constat similaire pour les légumes avec des pertes entre 25 et 35 %. En Angleterre, le constat est le même.

Sans surprise, les productions céréalières en Europe n’ont pas été flamboyantes cette année : si pour le colza par exemple, on observe malgré tout une croissance des quantités récoltées par rapport à 2021, il manquera 3 à 4 % de la récolte de blé ce qui n’améliorera pas son prix lequel, nonobstant l’apaisement de sa flambée de cet été (le quintal a doublé entre février et juillet pour heureusement retomber en août), a beaucoup monté ces dernières années (gagnant 50 % en 5 ans). Quant à la récolte de maïs, la production a subi une perte de 20 % en 2022 par rapport à 2021.

Ailleurs dans le monde cela ne se présente pas superbement mieux non plus.

Comme l’ONU l’a du reste mentionné, l’Afrique de l’Est risque vraisemblablement de subir des famines tant à cause de récoltes céréalières médiocres que d’une perte notable de ses troupeaux.

En Chine, les épisodes d’inondations d’un côté et de sécheresses de l’autre ont là encore fait des dégâts et certains n’hésitent pas à évoquer une situation qui n’aurait pas été vue depuis des centaines d’années dans l’empire du Milieu. Voilà un élément de plus sur l’agenda déjà chargé de Xi alors que le pays se débarrasse de sa politique (idiote) du zéro covid.

Du côté du Pakistan, les inondations n’aident pas non plus le Moyen-Orient. Et en Inde, là encore, la sécheresse provoque une baisse des rendements dans la récolte de riz par rapport aux années passées. La situation n’y est pas catastrophique mais le gouvernement indien a tout de même arrêté les exportations et consacre la récolte actuelle à nourrir l’Inde en priorité ce qui ne manque pas d’alimenter (en plus des ventres indiens) une hausse des prix du riz à l’international.

À ces éléments essentiellement liés aux intempéries et aux performances volatiles de l’agriculture dans le monde s’ajoutent des choix essentiellement politiques dans différents domaines dont on savait pourtant qu’ils provoqueraient des résultats catastrophiques.

Par exemple, difficile de passer à côté des choix énergétiques opérés sans relâche depuis deux ou trois décennies : les énergies dites renouvelables à gogo, la dépendance au gaz russe, l’obstination à vouloir se passer des énergies pétrolières provoquent déjà des tensions énormes sur les marchés les plus directement concernés par ces décisions arbitraires et dénuées de toute base scientifique, ce qui entraîne des carburants plus chers (et labourer avec un vélo électrique n’est vraiment pas simple), et des engrais rapidement inabordables (on estime que certains ont doublé pendant que d’autres ont triplé de prix)…

De même, on devra s’interroger sur la pertinence des choix écologiques ayant consisté à diminuer volontairement les surfaces et les rendements au profit de certaines productions de niche coûteuses qui peuvent contenter un temps une élite bobo détachée des réalités économiques mais qui ne parviendront pas à prendre le relai en cas de disruptions majeures toujours possibles comme les informations ci-dessus le laissent penser.

Enfin, certains choix économiques et plus précisément monétaires ne pouvaient aboutir qu’à ce genre de désastre : l’injection de « capital gratuit » par les banques centrales a multiplié les investissements peu vertueux ou carrément néfastes au détriment des investissements nécessaires. Ces bidouilles pro-inflationnistes accumulées depuis plus de 10 ans finissent par produire une inflation solide et mal contrôlée (pour le dire gentiment).

Parallèlement, l’augmentation de l’usage du crédit chez les ménages (américains notamment) pour « financer » leurs achats alimentaires quotidiens laisse présager d’un petit moment délicat lors des remboursements, les intérêts croissant aussi à rythme soutenu.

Qu’on ne s’y trompe pas : que cette « sobriété » soit fortuite, résultat d’erreurs de politiques idiotes et de coups du sort imprévisibles ou plus machiavéliquement provoquée par une série de décisions planifiées, calculées pour infliger certains types de stress et obtenir des résultats précis sur les populations, peu importe puisque le résultat sera le même : on va manifestement tous maigrir un grand coup.

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  • C’est la faute du climat. Donc il faut encore moins manger de produits de base (car il y en aura de moins en moins) et plus de produits transformés.
    Enfin, pour les sans-dents. Pour les autres, il y aura toujours de la bonne bouffe, des véhicules individuels, du chauffage à gogo, etc

  • Alors la famine est une chose…mais la vraie question du point de vue libérale est la liberté..
    crever de faim ça arrive ..
    Nous n’allons pas crever de faim je crois.. mais d’autres sans doute;..
    La peur de la famine a été utilisée depuis longtemps pour limiter les libertés.

    Ce qui me fait « peur » est l’acceptaton LARGE de concept de surpopulation et de surconsommation.. ça finit toujours en eux et nous.. et plutôt mal pour eux..

    eux les destructeurs de planete…

  • Quand la Pologne était encore derrière le rideau de fer, Coluche disait:
    « Vous savez ce que c’est un sandwich Polonais? C’est un ticket de jambon entre deux tickets de pain. »

  • Bonjour,
    Ici dans l’ISAN, la grande plaine thaïlandaise, l’absence des grosses chaleurs en mars, avril et mai, et les pluies inhabituelles ont favorisé une excellente récolte de riz. Tout ne va pas si mal, grâce au « changement climatique » !

  • Du coup, est-ce que Xi n’a pas abandonné sa stratégie 0 Covid dans l’espoir que ça va provoquera une baisse du nombre de bouches à nourrir? Ce serait très glauque mais pas si surprenant…

  • Y a pas pénurie seulement de la propagande pour faire augmenter les prix et créer de l’inflation. Ils se sont dépêché de remplir le stockage de gaz avec du gaz à un prix fou et sans aucune nécessité sauf augmenter son prix . On est cuit mais on mangera froid.

  • « Whether global warming will cause a disaster or not, I can’t say. But I can make a bet with fair odds: if a sweeping centrally planned program is put in place to prevent global warming, it will almost certainly lead to a disaster of its own. »
    « Hitler was a central planner’s planner. Not only did he have a plan for everything – each of which was a disaster of course – but he was also a modern economist. He saw a problem. He had a solution.  »
    Hormegeddon – Bill Bonner

  • Pas de panique, nous sommes en janvier! Faisons confiance à la nature qui sait mieux que nous gérer les aléas du climat. Actuellement il pleut et les nappes se remplissent à nouveau même si ce n’est pas assez.
    Quand aux agriculteurs, laissons-les faire leur travail…
    La France et l’Europe sont très largement auto-suffisante en céréales, en fruits et légumes, en produits de la terre. Il me parait plus important que nos technocrates ne s’appliquent pas à saboter consciencieusement le travail de ceux qui nous nourrissent…
    Les cours mondiaux sont comme d’habitude très capricieux et faussent malheureusement les règles de la nature. Ce sont ces spéculateurs qui sont les fossoyeurs du marché, pas les marchés…

    • Les écolos n’ont pas très envie de laisser les agriculteurs faire leur travail, comme le montrent les récentes émeutes contre les zones de stockage de l’eau auxquelles Jadot a participé.

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