Le désert remet les idées en place : de l’abondance et du gaspillage d’énergies

Au contraire des interventionnistes, nous pensons que les énergies fossiles resteront recherchées et demandées.

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Le désert remet les idées en place : de l’abondance et du gaspillage d’énergies

Publié le 10 janvier 2023
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Dans cet article rédigé par mon associée Simone Wapler, nous vous expliquons pourquoi les politiciens ne réussiront pas à créer une transition vers les renouvelables même avec tout l’argent du monde. Elle explique : « Le désert est un lieu sans abondance à part le sable. Tout ce qui est précieux et utile à la vie y est rare. Pour construire un monde d’abondance, mieux vaut ne pas gaspiller les ressources. Or c’est l’inverse qui se produit actuellement. »

 

Je suis à Taghit, au sud de l’Algérie, au nord du désert pour quelques jours. Rien de tel que le désert pour vous remettre les idées en place et relativiser certains sujets.

Contempler le ciel scintillant d’étoiles permet de se souvenir que les humains ne sont pas le centre de l’univers.

Marcher sur la crête des dunes ou les bords des falaises permet de mettre en perspective les bouleversements climatiques que Sapiens a dû affronter depuis près de 2,4 millions d’années.

Ici un coquillage trouvé dans le sable rappelle que le Sahara fut une mer.

Là une gravure rupestre montre que girafes, lions, antilopes, buffles fréquentaient ce qui devint une savane lorsque l’Holocène remplaça l’ère glaciaire précédente. Les oasis et les cultures irriguées témoignent que l’eau est restée parfois toute proche.

Les périodes de réchauffement étaient autrefois qualifiées d’optimum : ainsi, l’optimum climatique de l’Holocène, l’optimum médiéval… Sapiens meurt davantage du froid que de la chaleur, n’en déplaise aux prophètes de malheur du GIEC.

 

La malédiction de la rente pétrolière ?

Dans le village de l’oasis, quelques dromadaires tentent de concurrencer la location de quads ou de 4×4 proposée aux rares touristes en recherche de sensations fortes.

L’Algérie est un pays qui, après son indépendance, a tenté l’aventure communiste. « Tout par l’État, tout pour l’État, rien contre l’État », selon la formule de Mussolini. L’activité privée est très peu développée et le tourisme étranger presque inexistant. On voit quelques Chinois et Cubains. Le PIB par habitant (3940 dollars) est comparable à ceux du Maroc ou de la Tunisie malgré d’immenses ressources pétrolières et gazières.

La rente pétrolière et gazière est-elle une bénédiction ? On peut fortement en douter en voyant le niveau de vie des Algériens, des Vénézuéliens, des Brésiliens, des Russes, des Iraniens, des Irakiens, des Lybiens, des Congolais, des Kazakhs… Petite consolation : les Algériens paient leur carburant seulement 0,20 euro le litre à la pompe, dix fois moins cher qu’en Europe.

Malgré l’ensoleillement, aucune installation électrique ne fonctionne à l’énergie solaire même dans le Sahara et l’électricité est produite à 99 % en brûlant du gaz ou du pétrole.

Wikipedia nous dit : Selon le Programme algérien de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique (PENREE) de 2012, l’Algérie visait une puissance installée d’origine renouvelable de 22 000 MW d’ici 2030. Mais sept ans après ce plan, les réalisations sont modestes : le solaire n’a produit que 0,8 % de l’électricité du pays en 2021 et l’éolien 0,01 %.

Pourquoi ? Parce que c’est inefficace.

 

Les lois de la physique sont plus fortes que les taxations et les subventions

Dans une précédente chronique, Henry Bonner évoquait le « taux de retour énergétique » ou EROI (Energy Returned On Energy Invested) de chaque type d’énergie.

Ceci permet de mesurer l’efficacité de chaque unité d’énergie produite, indépendamment de toutes les distorsions induites par les systèmes de taxations et subventions et les ambitions politiques.

Pour extraire et raffiner un baril de pétrole, fabriquer et implanter une éolienne ou des panneaux solaires, construire une centrale nucléaire et extraire de l’uranium, réaliser des turbines hydroélectriques, il faut consommer de l’énergie.

Le système le plus performant est celui dont l’EROI est le plus élevé. Le but de n’importe quel être rationnel est de faire plus avec moins : plus de production aboutie avec moins d’effort, avec moins de coût. Tout le développement de nos sociétés, depuis la maîtrise du feu, la maîtrise de l’agriculture, l’invention de la roue, l’adoption de l’irrigation, etc. repose sur ce principe. Obtenir plus de résultats avec moins d’effort. Plus avec moins. Mieux avec moins.

Nous sommes huit milliards de bipèdes sur Terre et aujourd’hui les famines ont disparu (lorsqu’elles subsistent, elles sont politiques). Plus de résultats pour moins d’efforts grâce à la mécanisation, aux engrais, aux pesticides, aux herbicides, aux variétés sélectionnées et adaptées.

Pour l’énergie, certes l’EROI du pétrole diminue. Les gisements faciles d’accès ont déjà été exploités. Il faut aller chercher le pétrole plus profondément, en milieux de plus en plus difficiles d’accès. Pareil pour le charbon.

Au début de l’ère du pétrole, en Pennsylvanie, en consommant un baril, on pouvait en extraire 100. Aujourd’hui, en Arabie Saoudite, brûler un baril permet d’en extraire 17.

Voici pour mémoire les principaux EROI par Henry concernant les autres énergies que le pétrole :

Au vu de ces chiffres, on pourrait penser que l’éolien offshore allemand est compétitif par rapport au pétrole saoudien.

Mais comment se fait-il alors que les Allemands brûlent autant de combustible fossile et achètent de l’électricité nucléaire à la France ?

Tout simplement parce que les énergies renouvelables sont intermittentes. Lorsque le vent ne souffle pas, il faut brûler quelque chose. Autrement dit : on ne peut pas remplacer une lampe allumée en continu de 100 watts par 100 clignotants aléatoires de 1 watt ; de même, des pluies occasionnelles ne remplacent pas une source, surtout si ces pluies surviennent quand il n’y a pas besoin d’eau.

L’EROI est une mesure de rendement mais elle ne rend pas compte de la disponibilité de l’énergie à un moment donné.

 

La fin de l’abondance et l’organisation de la rareté

En refusant les lois de la physique et les lois du marché, les pouvoirs politiques s’arrogent le pouvoir d’organiser la rareté et la disette (la décroissance, chère aux écologistes).

« Fin de l’abondance, de l’insouciance et de l’évidence » avait déclaré Emmanuel Macron lors de la réunion de rentrée du Conseil des ministres le 24 août 2022 (voir l’allocution).

Le nucléaire civil a été développé en France à la suite des chocs pétroliers des années 1970. L’EROI avait été alors estimé mais on savait déjà qu’il serait presque du même ordre de grandeur que celui du pétrole facile d’accès. Dès lors qu’une certaine indépendance énergétique était visée, le sacrifice de l’argent public (celui des contribuables) pour développer une source d’énergie de rendement équivalent pouvait se justifier.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les énergies alternatives sont largement moins performantes que le nucléaire, l’hydraulique ou les énergies fossiles. Et elles sont incapables de produire en continu. Ceci n’est pas une question de subventions ou de gain de productivité dans le temps. Ce constat est tout simplement naturel.

 

Et vos investissements dans tout ça ?

On peut prétendre passer outre les lois du marché en faussant les prix pendant un certain temps mais on ne peut pas s’affranchir des lois physiques.

Ainsi, les actions Tesla chutent lourdement depuis le début du mois de janvier. Les véhicules électriques d’Elon Musk se vendent moins. Depuis 2020, l’achat d’une Tesla n’est plus subventionné. Toutefois, l’Inflation Reduction Act de Biden devrait se mettre en place début 2023 et gratifier les nouveaux acheteurs d’une prime de 7500 dollars.

Simultanément, en ce début d’année, les États-Unis connaissent une vague de froid et les témoignages de problèmes de recharge se multiplient. Si cette faiblesse technique se confirmait, il n’est pas certain qu’une prime soit suffisante pour acheter une voiture qui n’apprécie pas les températures trop négatives… même si c’est pour lutter contre le réchauffement climatique !

Au contraire des interventionnistes, nous pensons que les énergies fossiles resteront recherchées et demandées.

Il reste encore huit ans à courir à notre transaction de la décennie qui consiste à miser sur le secteur pétrolier et gazier.

Les producteurs d’énergie fossiles sont mis au pilori médiatiquement et souffrent de la désaffection des investisseurs. Pourtant, les actions de ce secteur ont battu les grands indices en 2022 et ces sociétés n’hésitent pas à servir des dividendes pour fidéliser leurs actionnaires.

 

Simone Wapler a rédigé cet article pour le blog d’Henry Bonner. Suivez-les en cliquant ici.

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  • Le problème c’est comment rattraper – à supposer que ce soit décidé – vingt ans de non investissements tant en recherche pétrolière et gazière , que nucléaire.
    Je parle pour l’Occident, car le reste du monde, lui, a compris où menait l’idéologie climatique. On comprend mieux les efforts de l’OTAN contre la Russie depuis des années. But: mainmise sur les ressources naturelles du continent asiatique.

  • Mais je ne comprends pas…. nos « élites » sont allés à l’école…. il y a bien des cours d’économie, de physique etc… si mes souvenirs sont bons. Après une « sélection » nous sommes sensés avoir les meilleurs…. et nous avons les plus inaptes…… mémoire trop courte ? à moins qu’elles ne s’intéressent qu’à leurs carrières ? (la réponse est dans la question).

    • Pour se faire élire, nos minables ont fait allégeance aux partis écolos qui n’ont d’écolos que le nom. Et ils n’ont cure de leurs électeurs ou des réalités de la physique apprise au lycée.

    • Des cours d’économie socialiste et d’éducation physique… Ensuite, ils ont Siences Po…

  • Si nos politiques écoutaient les géologues qui leur diraient qu’il y a 4 milliards années la planète terre vivait sans oxygène et être vivant et que la planète continuera de tourner autour du soleil après la mort de tous es écolos, car la planète se fou de la pollution, ce n’est qu’un gros caillou.

  • Comment se fait-il que les Français soient si mal informés? Qu’aucun média ne puisse imposer un débat avec des personnes compétentes pour expliquer les ereures politiques que nous subissont
    Nos dirigeants sont-ils des pantins ?

  • « Dans une précédente chronique, Henry Bonner évoquait le « taux de retour énergétique » ou EROI (Energy Returned On Energy Invested) de chaque type d’énergie. »
    … laquelle s’il vous plaît?

    « Voici pour mémoire les principaux EROI par Henry concernant les autres énergies que le pétrole : »
    … le tableau ne manquerait-il pas?

    Par avance merci… & meilleurs vœux: la santé d’abord.

  • le gaspillage ne signifie rien en soi…je veux dire par là, je ne peux juger si autrui gaspille .si je ne connais pas son appreciation subjective des choses et l’état de ses ressources..

    si je les connais je peux néanmoins sans doute lui proposer d’optimiser;.

    le temps humain est une ressource limitée..
    de l’énergie il y a a plein POTENTIELLEMENT …
    habitudes de langage sans doute malheureuses..
    Nous ne produisons pas d’énergie …nous modifiions sa « nature ». sa forme car nous avons besoin de travail..de differences de potentiel électrique.. . quasiment à chaque fois s ne obtenant de la chaleur comme sous produit..

    Vos risquez de payer cher…le fait de moins « gaspiller d’énergie. ». ou de nourriture d’ ailleurs..

    ou parlons pognon notre moyen d’estimation le plus général et normalisé des choix de vie ou économiques.

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