Vers l’abolition de la femme ?

L’idéologie haineuse du genre n’est pas un féminisme ; elle n’a jamais été qu’une subversion du féminisme.

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Vers l’abolition de la femme ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 janvier 2023
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La récente controverse relative à la mention du sexe masculin/féminin sur les cartes d’identité, en Belgique après d’autres pays européens, paraît dérisoire.

En réalité, cette tentative avortée par le ministre fédéral David Clarinval (MR, centre-droit), constitue l’énième manifestation de la radicalisation de la gauche (socialiste) et de l’extrême gauche (écologiste) occidentales sur le thème de l’idéologie du genre.

 

Qu’est-ce que l’idéologie du genre ?

Selon l’idéologie du genre (Judith Butler), la réalité biologique du sexe ne compte pas.

Seule importe la décision de la personne concernée sur son genre : homme, femme, et mille variations « non binaires ». Cela vous paraît absurde ? Aujourd’hui, le droit belge permet de changer de sexe sans le moindre réquisit biologique — par simple déclaration de volonté, comme on change de domicile. De sexe, et non seulement de genre. L’idéologie du genre est d’abord une idéologie du sexe, plus exactement de négation du sexe dans sa réalité biologique.

En offre une illustration l’accès de personnes nées biologiquement hommes aux compétitions sportives pour femmes. Depuis 2015, nombre de fédérations sportives américaines ont autorisé des personnes nées biologiquement hommes à participer au sport féminin.

Certes, des limites sont consenties. De sorte qu’il ne suffit pas de se proclamer femme pour pulvériser des athlètes femmes en compétition de Mixed Martial Arts (MMA) ou de boxe. Toutefois, ces critères sont suffisamment souples pour permettre à des athlètes dotées d’un pénis — songeons au cas emblématique de l’Américaine Lis Thomas, en natation — de participer à des compétitions féminines. Encore ces critères, plutôt larges on le constate, sont-ils contestés parce que « restrictifs ».

Dans un article publié en 2017 par une revue médicale (sic), il fut ainsi allégué :

« Actuellement, il n’existe aucune recherche directe ou cohérente suggérant que les personnes transgenres de sexe féminin (ou masculin) ont un avantage athlétique à n’importe quel stade de leur transition (par exemple, hormones transsexuelles, chirurgie de confirmation du genre) et par conséquent les politiques de sport de compétition qui imposent des restrictions aux personnes transgenres doivent être examinées et potentiellement révisées. » (Bethany Alice Jones, Jon Arcelus, Walter Pierre Bouman et Emma Haycraft, « Sport and Transgender People: A Systematic Review of the Literature Relating to Sport Participation and Competitive Sport Policies », Sports Med. 2017; 47(4): 701–716)

Fait intéressant, aucune de ces publications pseudo-savantes n’aborde jamais clairement la question de savoir s’il existe un seul critère — anatomique, chromosomique, hormonal — qui limiterait d’une quelconque façon l’accès de personnes nées hommes aux compétitions féminines.

D’où il suit logiquement et de façon cohérente avec la doctrine du genre, que la décision souveraine de la personne concernée — « Je suis une femme ! » — lui ouvre l’accès aux compétitions féminines. Triomphe de l’idéologie du genre et négation de la réalité biologique des femmes.

Une femme par décision devient le strict équivalent d’une femme de naissance, non sous le signe de la similarité mais de l’identité. En réalité, du point de vue de l’idéologie du genre, le concept même de « femme de naissance » est dénué de sens. Il n’est de femme que par décision et toute femme ne l’est exclusivement que par décision.

 

Impasse logique et linguistique

Car reconnaître la réalité biologique du concept de femme implique ipso facto que les femmes légales mais biologiquement hommes (en tout ou partie) ne sont pas aussi complètement femmes que les femmes qui le sont biologiquement et culturellement. De ce point de vue, qui est correct, c’est la catégorie de femme biologique qui doit être défaite, supprimée, abrogée, renommée. Est femme celui ou celle qui le décide et toute autre considération doit disparaître.

Les expressions « personnes avec menstruations » — au lieu de femmes — ou « personnes avec des ovaires » — au lieu de femmes — qui empoisonnent le débat public européen, après l’américain, ne naissent pas du caprice ou de la fantaisie. Elles sont la conséquence logique, implacable, inéluctable de l’abrogation du concept de femme biologique. Le signe de son expulsion de l’univers des références admises, permises, acceptables : dicibles.

Ce qui mène bien naturellement à des impasses logiques et linguistiques. Si l’on n’est jamais femme que par décision, sans aucun critère ni standard extérieur à cette décision, le mot « femme » devient dénué de sens. Il est vide. Car reconnaître au mot femme la moindre réalité universelle — une continuité qui transcenderait, du fait même, les décisions individuelles — ruinerait la conception genriste de la femme. L’idéologie du genre est un négationnisme de la vérité biologique de la femme.

De cette absolutisation de la « femme culturelle », éradiquant la femme biologique, de ce geste démiurgique qui vise à récrire l’ontologie de l’humanité, contre et en dépit de son universalité biologique, le changement de sexe par simple déclaration, la masculinisation du sport féminin et l’aberrant débat sur la « désexualisation » de l’identité ne sont que des symptômes.

Le symptôme de l’abolition des femmes, dans leur spécificité biologique, par l’idéologie délirante et fausse du genre. L’idéologie haineuse du genre n’est pas un féminisme ; elle n’a jamais été qu’une subversion du féminisme (Sylviane Agacinski), aux dépens de ces femmes que nous aimons et auxquelles, tous, nous devons la vie.

 

La violence de genre, deuxième édition, vient de paraître

 

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