Qui paye l’impôt sur la fortune : les riches ou les pauvres ?

Ironiquement l’impôt sur la richesse pénalise surtout les pauvres.

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Taking money from the wallet By: Marco Verch - CC BY 2.0

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Qui paye l’impôt sur la fortune : les riches ou les pauvres ?

Publié le 7 décembre 2022
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Un article de Mises Institute

L’annonce par le gouvernement espagnol de son intention d’introduire un nouvel impôt de solidarité sur le patrimoine des personnes possédant plus de 3 millions d’euros a de nouveau mis en lumière le débat sur les impôts prélevés sur le patrimoine et le capital.

Le problème n’est pas seulement que cette annonce est hautement politisée dans une période préélectorale ni qu’elle pourrait perturber l’autonomie fiscale de Madrid, de l’Andalousie et de la Galice. (Rappelons que ces régions comptent dix-huit millions d’Espagnols, soit près de 38 % de la population totale de l’Espagne).

Il ne faut pas non plus se focaliser sur l’éventuelle illégalité, voire inconstitutionnalité de l’impôt en raison de son caractère potentiellement confiscatoire. La question principale n’est pas non plus le fait que les ménages ont déjà payé des impôts (par exemple, l’impôt sur le revenu des personnes physiques) sur leur richesse accumulée pendant le processus de sa formation. À l’époque, dans de nombreux cas, ces impôts absorbaient pratiquement la moitié du revenu des propriétaires actuels – dont la grande majorité sont aujourd’hui des personnes âgées et des veuves qui, après une vie d’efforts, d’épargne et de sacrifices, sont maintenant « riches » parce qu’elles possèdent plus de 3 millions d’euros.

En bref, le problème n’est pas non plus que nos politiciens ont employé une certaine démagogie enracinée dans la maladie morale de l’envie et dans la lutte des classes antisociale et source de division, et qu’ils ont ensuite tenté d’adoucir et de légitimer sémantiquement cette démagogie par le terme « impôt de solidarité. » (qui pourrait oser ne pas promouvoir la solidarité ?)

 

Non. Le principal argument contre tout impôt sur le stock de richesse ou de capital accumulé n’est aucun de ceux mentionnés ci-dessus, mais le tort qu’un tel impôt cause aux travailleurs et en particulier aux plus pauvres, aux plus vulnérables et aux plus défavorisés d’entre eux. L’emploi, la qualité des emplois et le niveau des salaires dépendent directement du volume de la richesse et du capital judicieusement investis par leurs propriétaires et mis à la disposition des travailleurs sous la forme de machines toujours plus sophistiquées, d’usines de fabrication, de ressources naturelles, d’équipements informatiques, etc.

Dans une économie de marché, les salaires tendent à être déterminés par la productivité de chaque travailleur. Une augmentation continue et durable de la productivité ne peut avoir lieu que si chaque travailleur dispose d’un ensemble de biens d’équipement de plus en plus grand et sophistiqué.

Si un agriculteur indien ne gagne que trois euros par jour et qu’un agriculteur américain gagne cent fois ce montant, ce n’est pas que le travailleur américain est plus intelligent ou travaille plus d’heures. C’est simplement qu’en moyenne, il bénéficie de cent fois plus de biens d’équipement (par exemple, un tracteur puissant à la pointe de la technologie et doté des accessoires les plus modernes) que son homologue indien (qui ne dispose pas de ces équipements sophistiqués et est souvent obligé de continuer à labourer avec des animaux et à récolter pratiquement à la main).

Et l’énorme différence entre leurs salaires provient du fait qu’avec un tracteur de pointe, le fermier américain peut labourer une surface cent fois plus grande que celle que le fermier indien peut labourer avec ses outils rudimentaires. Mais le tracteur de pointe n’a été rendu possible que grâce à plusieurs capitalistes ayant accumulé des richesses et des capitaux qu’ils ont mis à la disposition de l’agriculteur américain sous la forme de tracteurs, qui sont tout simplement des biens d’équipement sophistiqués qui augmentent considérablement la productivité et par conséquent le salaire du travailleur fortuné.

Ce raisonnement résume l’un des enseignements les plus importants de la science économique et illustre l’éternel exemple de grande sagesse populaire selon lequel les pauvres n’ont pas tant besoin qu’on leur donne un poisson, qui satisferait leur faim immédiate, mais d’une canne à pêche (c’est-à-dire un bien d’équipement), qui résoudrait leur problème de faim une fois pour toutes. Ici encore, la science se révèle être le meilleur antidote à la démagogie partisane.

Si, par exemple, le propriétaire de Zara, Amancio Ortega, possède une fortune de 60 milliards d’euros, il ne servirait à rien de lui retirer entièrement et de la distribuer, disons, aux deux milliards de personnes qui sont, relativement parlant, les plus pauvres du monde. Chacune d’entre elles ne recevrait que trente euros mais le coût de cet acte générateur de pauvreté serait lourd car il nécessiterait la disparition, la liquidation et la fermeture des innombrables usines, installations et bâtiments de cet éminent capitaliste, qui, heureusement pour ses dizaines de milliers d’employés et ses millions de clients, continuent quotidiennement à générer de la richesse et du bien-être dans le monde entier et donc à augmenter la productivité et les salaires de nombreuses personnes.

Par conséquent, si nous voulons lutter contre la pauvreté et promouvoir la prospérité – en particulier la prospérité de ceux qui ont des salaires plus bas – nous devons traiter tous les contribuables avec beaucoup de soin, en particulier les « riches », en les soutenant dans leur accumulation de richesse et en évitant toute persécution ou condamnation sociale.

En bref, tout impôt prélevé sur l’accumulation de richesse ou de capital, comme l’impôt sur la fortune existant ou l’impôt de « solidarité » annoncé, finit toujours par exercer un impact néfaste sur les travailleurs, en particulier les plus vulnérables en termes relatifs, qui bénéficieraient le plus d’une augmentation de leur productivité s’ils disposaient d’un capital plus important et de meilleure qualité.

En outre, il importe peu que le capital ou la richesse soit composé, comme c’est le plus souvent le cas, de titres, de fonds d’investissement, de dépôts bancaires ou de biens immobiliers, car tous ces éléments représentent tout une constellation de biens d’équipement spécifiques qui nécessitent invariablement la collaboration du travail, augmentent l’emploi et la qualité du travail et surtout, permettent d’accroître la productivité des travailleurs et par conséquent leurs salaires.

En revanche, un impôt comme celui qui a été annoncé – un impôt de 3,5 % sur les « grandes fortunes » – entraînerait en moins de dix ans et par simple arithmétique, une réduction de plus d’un tiers du capital qui aurait pu être accumulé en l’absence d’un tel impôt sur la fortune. Et cette réduction entraînerait à son tour la baisse de la productivité et des salaires réels par rapport à leur niveau potentiel.

Nous devons donc conclure que les impôts sur la fortune sont toujours payés en fin de compte – et grassement – par les travailleurs. Ils sont donc nuisibles et ils sont surtout l’antithèse de la solidarité envers les plus pauvres et les plus vulnérables.

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  • On l’a vu avec l’URSS qui a mis 100% d’impôt sur la fortune. Redoutable d’efficacité !

  • L’exemple de la France, où l’ISF a fait fuir du pays 10 fois plus de milliards qu’il n’en a rapporté, et qui couvrait à peine le coût de sa collecte, n’a donc servi à rien. Bruxelles, pour son plus grand profit, a vu affluer un grand nombre de fortunes françaises, au point que l’artère qui traverse sa commune la plus chic (Uccle) a été rebaptisée « le boulevard des Français »…

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