Quand Donald Trump imite Ségolène Royal

Donald Trump est de retour, et le pire de ses défauts avec lui : il se moque de la vérité avec une morgue proprement indécente.

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Trump by IoSonoUnaFotoCamera(CC BY-SA 2.0)

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Quand Donald Trump imite Ségolène Royal

Publié le 17 novembre 2022
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Hier, en sa fastueuse résidence de Mar-a-Lago, adossé à une forêt de drapeaux américains, fidèle à sa veste bleue, sa chemise blanche et sa cravate rouge, Donald Trump annonçait sa candidature à la prochaine campagne présidentielle.

Comme on pouvait s’y attendre, son discours long d’une heure a consisté à marteler ses thèmes favoris – immigration, sécurité, prospérité –, avec les formules-choc et le style qui ont fait sa gloire pour les uns, sa honte pour les autres. De toute évidence, Trump Saison 2 sera le sosie politique de Trump Saison 1.

Quand ils font leur retour sur le devant de la scène après une période de retrait relatif, les hommes politiques aiment annoncer qu’ils ont « changé ». Rien de tel chez Donald Trump – sinon aux yeux du conservateur Washington Examiner, qui titre : « Le nouveau Trump est un homme différent : désormais, c’est un loser. »

 

Déclaration fracassante de Trump

Une séquence a tout de même attiré notre attention.

Dans la deuxième partie de son discours, Trump a lancé une proposition pour le moins fracassante, au sujet du trafic de drogue : « Chaque dealer, au cours de sa vie, tue en moyenne 500 personnes. Je demanderai au Congrès une législation nous assurant que les dealers soient condamnés à mort. »

Passons sur le caractère éminemment fragile de cette statistique qui jette toutes les drogues, la marijuana comme le crack, dans le même sac. Passons également sur la bizarrerie juridique imaginée par Trump, consistant à exiger systématiquement, sans attendre les délibérations des tribunaux, la peine de mort pour un crime qui, aujourd’hui n’est même plus un délit dans certains États. Passons, car le pire est à venir.

Trump reprend : « Lors d’un voyage, j’ai demandé au président Xi : « Avez-vous des problèmes avec la drogue, en Chine ? » Il m’a répondu : « Non, non, non, non nous n’en avons pas. » Je lui ai demandé comment il faisait. Il m’a expliqué : « Justice-express. Si vous êtes pris en train de vendre de la drogue, vous êtes immédiatement jugé et avant la fin de la journée vous êtes exécuté. » Et, comble du comble, le public applaudit bruyamment la tirade.

Si bien que Donald Trump commet exactement la même faute grave que Ségolène Royal, qui avait déclaré lors d’un voyage en Chine en 2007 : « J’ai rencontré un avocat qui me disait que les tribunaux chinois sont plus rapides qu’en France. Vous voyez : avant de donner des leçons aux autres pays, regardons toujours les éléments de comparaison. »

La faute est grave, car dans les deux cas la démocratie prend exemple sur le régime totalitaire le plus dangereux au monde et dans le pire des domaines : la justice. Dans les deux cas, c’est une atteinte à la philosophie du Droit et un satisfecit accordé à une tyrannie qui exécute officiellement, chaque année, davantage de prisonniers que tous les autres pays de la planète additionnés – sans compter ceux qui meurent à l’ombre des camps de concentration.

Concernant Royal, cette folie peut encore vaguement s’expliquer par la proximité historique entre les socialistes et le communisme. Dans la bouche d’un Américain et d’un Républicain, elle est inexcusable.

 

Trump berné

Comble du comble, Trump avoue inconsciemment qu’il s’est fait berner par Xi. Car la Chine a bel et bien « des problèmes avec la drogue » : près d’un demi-million de personnes sont actuellement enfermées dans des centres de détention pour drogués en Chine, selon l’association Human Rights Watch. Il y a donc des millions de toxicomanes, voire des dizaines de millions, qui courent encore en Chine. Trump a pris pour argent comptant une énormité de Xi et il ose s’en vanter. Nul n’est plus facile à arnaquer qu’un arnaqueur.

Et ce n’est hélas pas fini. Car Trump conclut : « Ils n’ont pas de problème avec la drogue. Leur seul problème avec la drogue est qu’ils fabriquent du fentanyl et qu’ils l’écoulent aux États-Unis, et je mettrai fin à ce trafic. » Il voudrait donc nous faire croire que la Chine produit du fentanyl sans en consommer. Le mensonge atteint des dimensions grotesques.

Donald Trump est de retour et le pire de ses défauts avec lui : il se moque de la vérité avec une morgue proprement indécente. Pour débarrasser l’Amérique de la fuite en avant économique mise en place par les Démocrates, il faudra sans doute un autre candidat.

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  • Les politiques mentent effrontément, et cela redouble lorsqu’ils veulent se maintenir à la tête d’un État : Poutine, Xi… Macron !
    Les citoyens ont les moyens, à notre époque, de s’en apercevoir. Mais cela les interpelle-t-ils ? Que faisons-nous de la morale qui animait nos grands-parents ? Dormons-en paix, le réveil sera dur.

    • Beaucoup se sentent interpellés, mais ça leur fait surtout une belle jambe. C’est qu’ils savent reconnaître les mensonges qui les indignent, mais jamais les vérités qui pourraient leur servir.

    • Pourquoi le recours au passé ? Donc le mal de l’époque c’est l’époque ce qui est assez logique, puisque un nouveau contexte implique de nouveaux problèmes/dérives. Par conséquent le « c’était mieux avant » ne tient plus. C’est une illusion! Nos grands-parents tenaient le même discours ce qui aurait pu ramener l’humanité encore plus loin dans le passé. En poursuivant cette rengaine à l’extrême, nous serions encore entrain de courrir la savane à quatre pattes.

      Les travers humains n’ont pas changé, si certains s’expriment plus aujourd’hui, nous devons trouver les parades de notre temps, lié au contexte actuel, et pas juste revenir en arrière en étant borgne. Je ne dis pas non plus de faire table rase du passé. Le progrès est toujours une affaire de compromis.

  • Depuis quand un homme politique ne se moque pas de la vérité et de ses promesses électorales ? Grâce à F. Hollande, on sait même ce que les hommes politiques méprisent leurs électeurs : des sans-dents.

  • Qu’on aime ou pas le personnage, Trump a quand même plus de classe de Ségolène Royale… Et jusqu’à preuve du contraire, lui au moins a été président une fois dans sa vie et TOUS les chiffres indiquent qu’il a relativement bien géré ; bien mieux que papy Brandon actuellement…

  • Faut aire attention de ne pas se Trumper de sujet !
    Heureusement , nous on a Macron, qui ne méprise pas les premiers de cordée, (mais point trop n’en faut), et pour les autres le ruissellement fera l’affaire.
    Mon precedent Post s’est perdu, dommage pour les lecteurs.

  • Ah le bon temps des procès de Moscou. Les jugements étaient rapides, les condamnations aussi. Tout le monde était content, en effet tout le monde applaudissait. La police était très efficace aussi, car elle ne se trompait jamais: les suspects se révélaient toujours être coupables.
    Et n’importe quel soviétique d’alors vous aurait dit que le système était génial, très efficace, tout en vous rappelant bien fort que l’ui n’est pas concerné, car c’est un bon citoyen.

  • Constitution libérale..état de droit.. pour balancer l’néxorable victoires des démagogues..et les empêcher d’exercer une tyrannie..
    trump/biden c’est le visage de la démocratie..

    les opinions gouvernent//

    quand on parle de trump en F rance ce devrait être our dire..regardez comme une constitution qui garantit les libertés individuelles importe!!!

    trump est trump..mais le problème véritable est la criminalisation de la pensée et les attaques contre les libertés individuelles..justifiées par..il faut empêcher trump..et instaurer une tyrannie anti tyran..

    toujours ce qui agace quand on évoque trump…

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