Pourquoi l’armée russe est-elle nulle ?

L’armée russe est l’enfant de l’Armée rouge créée pour écraser la contre-révolution lors de la très sanglante guerre civile qui s’étend de 1917 à 1923.

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Pourquoi l’armée russe est-elle nulle ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 novembre 2022
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Le 24 février 2022, l’armée russe entre en Ukraine. La stratégie du Kremlin est de prendre Kiev en moins d’une semaine. Dans le monde entier, y compris au Pentagone, les experts sont unanimes : Poutine va gagner cette guerre en un temps record. Nul n’imagine qu’il puisse échouer.

Nul… sauf le meilleur soviétologue français, Alain Besançon. Depuis des années il répète que les forces russes sont obsolètes, désorganisées, sous-équipées, démotivées, que leur puissance est une fiction grotesque et qu’en avoir peur est pure folie. Il appelle l’Occident à dire à Poutine : « Vous êtes terriblement faibles, nous le savons, et nous n’avons pas peur de vous. » Personne ne l’écoute.

Quelques semaines plus tard, quand la planète découvre, stupéfaite, que l’Ukraine résiste avec férocité à l’agression russe, deux explications sont proposées par les commentateurs.

D’une part, les Ukrainiens bénéficient de l’assistance massive de l’Otan, tant pour les armes que pour le renseignement. D’autre part, le peuple mobilisé en masse par un Zelensky rusé et charismatique fait montre d’un patriotisme et d’un courage exemplaires.

Ces deux explications sont vraies mais elles ne suffisent pas à comprendre la faiblesse et, pour tout dire, la nullité de l’armée russe.

L’armée russe est l’enfant de l’Armée rouge créée pour écraser la contre-révolution lors de la très sanglante guerre civile qui s’étend de 1917 à 1923. Les Bolchéviques en sortiront vainqueurs mais leurs ennemis, les tsaristes blancs, sont divisés en plusieurs armées concurrentes incapables de se coordonner, leurs chefs étant par ailleurs totalement dépourvus de flair politique. La victoire de Trotsky est moins brillante que ne le prétendra la propagande : elle repose davantage sur les faiblesses de l’adversaire que sur ses propres qualités.

 

Les ennuis ne font que commencer

Dans les années 1930, Staline commet une des plus formidables erreurs de sa carrière : par pure paranoïa, il décide de purger massivement ses gradés. Huit amiraux, deux maréchaux, quatorze généraux, les neuf dixièmes des généraux de corps d’armée, les deux tiers des généraux de division, plus de la moitié des généraux de brigade et 35 000 officiers sont radiés ou éliminés. Jamais dans l’histoire humaine un tyran n’a à ce point dégarni son propre dispositif militaire.

L’URSS en paiera un prix inouï lorsque l’Allemagne lancera contre elle la plus grande offensive terrestre de tous les temps, le 22 juin 1941. L’opération Barbarossa verra l’Armée rouge s’effondrer comme un château de cartes. Staline ne devra son salut qu’à l’imprudence stratégique maladive d’Hitler, au tombereau d’armements et d’équipements déversé sur la Russie par les États-Unis, à la résistance héroïque de l’Angleterre, à la poigne inhumaine du général Joukov et à l’abnégation forcée des peuples de l’Est qui pleureront des dizaines de millions de morts, victimes de la bêtise stalinienne autant que de la fureur nazie. Par la suite, l’étoile de l’Armée rouge ne brillera pas davantage. Sa conquête de l’Europe centrale se fera sur des populations épuisées.

Et il y a pire.

Dans les années 1970, l’URSS est au sommet de sa puissance impériale. Alors que l’Ouest se demande si le communisme va finir par avaler le monde, l’Armée rouge s’élance dans les montagnes afghanes. Opposée à une population de paysans analphabètes – petit à petit équipés par Reagan –, elle y vivra dix ans d’enfer et en repartira la queue entre les jambes, humiliée.

Et il y a encore pire.

En Tchétchénie, république grande comme la Normandie, au cours de deux guerres, l’une menée par Eltsine, l’autre par Poutine, la Russie revivra l’enfer afghan. Elle détruira de manière systématique, exterminera avec une sauvagerie inimaginable mais ne parviendra jamais à briser complètement la résistance tchétchène. La paix ne reviendra qu’avec l’établissement d’une tyrannie mafieuse et islamiste téléguidée par Poutine. Nouvelle humiliation pour Moscou qui rêvait de « buter jusque dans les chiottes » les insolents Caucasiens.

 

Retenir les leçons du passé

Alors, comment est-il possible que Moscou n’ait pas retenu les leçons de ces demi-victoires et de ces défaites cuisantes et ait abattu toutes ses cartes en Ukraine avec un tel manque de bon sens ?

Première raison : le matériel

Depuis Staline, la doctrine russe peut se résumer par « qu’importe la qualité, pourvu qu’on ait la quantité ». Plus de soldats, plus de chars, plus d’avions, plus de missiles contenant toujours plus de mégatonnes ! L’ennui est qu’au XXIe siècle, l’Otan a emprunté la voie inverse : « la quantité ne vaut rien sans la qualité ». La guerre en Ukraine démontre chaque jour que l’Otan avait raison et que Poutine a eu tort de croire Staline sur parole.

Deuxième raison : l’humain

L’armée russe est un univers misérable et brutal où le soldat de base est traité comme un esclave par ses supérieurs. Sous le nom de dedovshchina, la torture et le viol déguisés en bizutage sont rituels et omniprésents. D’où la médiocrité de la mobilisation partielle décrétée par Poutine : pour éviter d’être enrôlé, on est prêt à se ruiner, à se mutiler ou à fuir le pays. Seuls les délinquants trouvent leur compte dans ce conflit qui leur propose l’amnistie. Comme le dit Françoise Thom, « le pillage est la seule motivation réelle ». C’est insuffisant pour gagner une guerre aux dimensions internationales.

Troisième raison : Poutine

Comme Staline en 1941, il a tenu à mener les opérations lui-même. Comme Staline, il a attendu le dernier moment, dos au mur, pour commencer à faire confiance à ses généraux. Trop tard.

Quatrième raison : la fin de l’équilibre de la terreur

C’est la plus passionnante.

Poutine a mis sur pied un arsenal atomique cyclopéen : Satan 2, son missile le plus puissant, peut rayer de la carte en une seconde un territoire vaste comme la France. Mais il est bien beau de disposer de Satan 2, encore faut-il pouvoir s’en servir. Et Poutine vient de comprendre qu’il ne le peut pas, car l’usage de Satan 2 ne se justifie que si la Russie est frappée la première. Or, l’Otan ne lui fera jamais ce cadeau. Bien sûr, il lui reste un joker : déclencher l’apocalypse. Mais l’on peut raisonnablement parier qu’il ne le fera pas, parce que c’est un vieil homme désorienté, qu’il a peur de mourir et qu’à coup sûr son quartier général, qui en a assez de ses coûteux caprices, l’en empêchera. Satan 2 est échec est mat.

La doctrine Besançon a gagné : l’Occident n’a plus peur. L’armée russe était malade et, privée de sa capacité à nous effrayer, la voilà soudain qui agonise.

Cet événement est aussi important que la chute du mur de Berlin.

Nous sommes encore loin d’en voir les conséquences. Il y a lieu d’être optimiste, à ceci près que l’extinction du poutinisme verra peut-être l’émergence d’un chaos plus épouvantable encore. Avec le Kremlin, toute bonne nouvelle peut constituer la matrice d’une catastrophe. On verra bien. À chaque guerre suffit sa peine.

Mise à jour : 16/11/2022

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  • moi ce qui me frappe est le budget de l’armée russe..pas hors de proportion avec celui de la France. même si la façon de compter n’est pas la même .ils ont des hangars materiel de chars c’est certain.

    On ne peut nier non plus que les chefs d’état de pas occidentaux surestiment toujours l’ennemi.

    • En 2021, le budget de défense de la Russie s’élevait à 65,9 milliards de dollars, plaçant la Russie en cinquième place en termes de dépenses militaires derrière les États-Unis, la Chine, l’Inde et le Royaume-Uni.

      derrière le royaume uni!!!!
      beaucoup de materiel « soviétique » qui peut faire mal certes une modernisation récente mais.. plus de T72 que de T90 et pas d’armata.. le su 4 un très bon avion mais sans munitions modernes..c’est à peu près comme un vieil avion.. ça coute bonbon un missile moderne..

      l’argeht ça importe..
      certes ils ne comptent pas comme nous…mais ce n’est pas non plus corrompu comme chez nous.. on croit savoir on croyait savoir..

      erreur de poutine..qui comptait sur une guerre courte..

      mais quels pays à part les usa ont les moyens d’une guerre moderne contre un pays de niveau technologique similaire ?

      • au passage « si nulle  » donne le ton de l’article..

        orienté.

        • le public la croyait plus forte, car les responsables politiques occidentaux DISAIENT qu’il la croyait plus forte.. mais la question est du coté russe se croyaient ils plus forts??

  • L’armée russe est nulle , mais il faut tout l’OTAN pour la contenir
    On parle sans cesse d’invasion par la Russie de la Pologne, des Etats baltes, de la Finlande etc
    L »Allemagne va se réarmer massivement
    Alors contre qui ?

    • Non l’Allemagne ne fera que remettre à niveau son armée délaisser depuis des décennies. Vous parlez comme le Kremlin !

      L’OTAN n’apporte que des ressources militaires matérielles, aucun soldat. Ce sont les Ukrainiens qui se battent. La Russie utilise son armement et ses soldats. En plus elle avait l’avantage de l’attaque. Maintenant elle se défend principalement, Poutine menace par impuissance et son leadership s’effrite. Seul son prestige fonctionne encore un peu à l’international, chez ceux en manque d’un chef qui s’oppose à un occident décadent.
      La petite armée israélienne bien préparée est nettement plus efficace en comparaison.

  • Encore un article d’opinion. En gros, le café du commerce, sauf qu’on ne commerce plus en France.

  • La France aussi prend une raclée en Afrique avec Barkane. Et ce, après la défaite en Algérie, en Indochine, en 39, en 14 (il a fallu une coalition pour vaincre), en 1870, etc. Facile de critiquer.

    -1
    • si on a pris une raclée en 40, 14-18 est clairement une victoire francaise (on etait le pays dominant et en face c etait aussi une coalition).
      En ce qui concerne les operations recentes en afrique, on peut pas parler de defaire militaire vu que les djihadistes se sont fait eliminer. C est au niveau polique que ca a peché: impossible de construire un etat viable au mali. De toute facon le ratio de perte en afrique est sans commune mesure avec ce que les russes vivent actuellement. Macron n a pas du decreter une mobilisation partielle pour boucher les trous !

  • Ahhhh… je me disais bien qu’il manquait l’article de la personne à qui Poutine, son état-major et son gouvernement font leurs confidences les plus intimes et dévoilent les secrets les mieux cachés de leurs turpitudes…
    Vous avez oublié de préciser, et heureusement que nos médias sont là pour suppléer à cette carence, que l’armée Russe est tellement nulle qu’elle bombarde la seule centrale nucléaire sous son contrôle en Ukraine en laissant intactes les autres, qu’elle fait sauter ses propres pipe-lines, qu’elle fait exploser ses ponts avec des camions piégés, qu’elle piège les voitures dans lesquelles se trouve une journaliste qui lui est favorable, … Vraiment des branques ces buveurs de vodka.

    12
  • Apres Poutine est béte et méchant, C’est la deuxiéme couche. La comparaison totalement simpliste et rudimentaire entre l’armée de L’URSS, d’y a 80 ans, de son commendement, des motivations de 1941, avec celles d’aujourd’hui, est affligente. Staline de battait pour sa survie face a son principal concurent Hitler, Pour la place de dictateur fou furieux, Poutine est entré en Ukraine pour imposer militairement les accords de Minsk aux des regions russophones de l’Ukraine.
    Les arguments developpés dans cet article n’ont aucun fondement.

  • « D’une part, les Ukrainiens bénéficient de l’assistance massive de l’Otan, tant pour les armes que pour le renseignement. D’autre part, le peuple mobilisé en masse par un Zelensky rusé et charismatique fait montre d’un patriotisme et d’un courage exemplaires. »
    L’incompétence est clairement une bonne troisième raison : il suffit de voir les vidéos de colonnes de char Russe se faire éclater par un groupe de fantassin ou un seul char ukrainien. S’ils avaient été seulement un peu plus préparé et organisés, l’Ukraine n’aurait en effet eu aucune chance.

    -2
    • Une vidéo, quand le Zelensky est un grand scénariste, ça ne montre que ce que celui qui la publie veut montrer. Je n’ai pas vu celle dont vous parlez, mais j’en ai vu qui sont manifestement des mises en scène, et je réserve donc mon opinion en attendant des informations plus fiables.

  • Je ne connaissais pas ce nouvel auteur chez Contrepoints. Brillant, assurément !
    Mais par qui a-t-il été coopté ?
    Y a-t-il un comité de rédaction qui sélectionne un tant soit peu les articles ?
    Je ne m’attendais pas à lire un tel papier dans Contrepoints. Et ses autres papiers sont du même bois, celui dont on se chauffe mais pas celui dont on construit sa bibliothèque.

    • Ce n’est qu’un article d’opinion !
      Pas très corroboré par des faits, mais ce n’est pas la faute de Contrepoints…
      Il faut accepter de voir des articles de ce type : 1°) pour connaître des opinions contraires aux siennes, 2°) pour constater le naufrage généralisé des protagonistes des médias, journalistes, essayistes, éditorialistes, etc… et la pauvreté de l’élaboration de leurs articles.

      • Ben si ça pose problème. Pour qu’un tel article soit justifié, il faudrait que Contrepoints publie également un article décrivant combien l’armée russe a évolué ces dernières années, et montrant que les conscrits russes vont au front sans avoir besoin d’y être poussés comme les Ukrainiens par des « troupes de représailles », que le retrait russe n’est qu’une victoire à la Pyrrhus pour les Ukrainiens et vise à préserver la vie des troupes russes, que les 100000 morts de chaque côté auraient très majoritairement pu être évitées par une paix négociée au bout de quelques jours sur des bases parfaitement identiques à celles qui présideront à la paix dans quelques mois, etc.
        Un tel article ne serait pas difficile à obtenir auprès de certains auteurs, mais si Contrepoints le publie, il sera accusé de complotisme et rendu inaccessible sans VPN. Alors OK, que Contrepoints ne le publie pas, mais qu’il ne publie pas celui-ci non plus.

        • Après, c’est quand même un fait que l’armée Russe et son commandement ne semble pas bien fonctionner.
          Ou alors il y a un truc qu’on ne nous dit pas en coulisse, car quand on voit le déroulement de la « blitzkrieg » sur Kiev, il y a de sérieuses questions à se poser.

          • La question que je me suis posée est « Que voulait Poutine ? » . Contrairement à ce qu’avancent certains (conquérir toute l’Ukraine, voire pousser jusqu’à Varsovie et Berlin), la réponse la plus probable est une position de force pour des négociations afin de remettre en vigueur les accords de Minsk allègrement violés par Zelensky et protéger la partie russophone de l’Ukraine, qu’il considère mais qui se considère elle-même également comme satellite de la Russie. L’armée russe n’a pas si mal atteint cet objectif, ce qui n’était pas prévu par Poutine, c’est que l’OTAN se précipiterait pour maintenir en poste le corrompu Zelensky quoi qu’il en coûte (et nous voyons aujourd’hui ce qu’il en coûte).
            Il n’est pas réaliste d’imaginer que Poutine ait voulu occuper par la force la partie non-russophone de l’Ukraine. Dans son cinéma personnel, ce sont des néonazis qui considèrent les russophones comme une sous-race, il ne va pas chercher à en faire un satellite russe. Donc l’offensive n’était pas dimensionnée pour conquérir Kiev.

  • L’usage de l’arme atomique stratégique et probablement tactique signifiant la fin du monde on voit que la guerre « classique » est la seule option. Dans cet affrontement la Russie serait écrasée ainsi que le démontre le présent article et surtout les faits « tétus » récents.

    • Le présent article démontre seulement que les sciences sociales dont se réclame l’auteur n’ont rien à voir avec les sciences dures. Quant à savoir si la Russie serait écrasée, attendons la fin de la foire et le coeur de l’hiver.

      • Sans industrie, avec une économie et des moeurs de tiers monde la Russie est vouée aux oubliettes de l’Histoire et à l’appétit de la Chine.

        -1
        • Il faudrait déjà que la Chine ait fini de digérer l’Europe, et que les oubliettes de l’histoire en aient été vidées pour faire de la place.

  • Oui l’armée russe est nulle. Ce fut une surprise pour tout le monde, sauf peut-être pour les américains qui ont formé l’armée ukrainienne depuis 2014. L’art opératif russe hérité de la 2e guerre mondiale est bien mort.
    Une part de l’explication est effectivement la qualité des troupes engagée comme le souligne l’article. A part quelques troupes d’élites engagées à Kherson, l’infanterie mécanisée russe est d’une insondable médiocrité, incapable de manœuvrer avec les chars de combats et exploiter des ruptures. Elle n’est pas meilleure en combat défensif. Cet outil militaire est brisé.
    La deuxième explication est l’incapacité du pouvoir russe (Poutine porte ici une responsabilité écrasante) à percevoir que l’armée ukrainienne de 2022 n’était déjà plus celle de 2014. Il n’y a qu’à regarder la quantité extrêmement faible de troupes impliquée dans l’invasion d’un pays grand comme la France. 100000 hommes, c’est une sinistre farce. Il en aurait fallu au moins 5 fois plus.
    L’armée russe ne se relèvera pas. Une fois encore, l’armée ukrainienne peut fondoir des actions de ruptures (comme celle qui a eu les sur le front nord en septembre) impliquant 4 ou 5 brigades avec des gains territoriaux assez significatifs. Les russe ne peuvent attaquer tout au plus qu’avec un régiment. La différence en terme de savoir faire est insurmontable pour les russes.

    • L’armée ukrainienne est des plus douteuses. Elle concède avoir eu autant de morts que l’armée russe, ce qui dans mon expérience des propagandes croisées signifie beaucoup plus. Il n’y a pas de honte à ça, elle repose sur une mobilisation générale pour les hommes, du matériel encore plus vétuste que le russe et des dons de matériel moderne avec lequel elle n’a pas eu le temps de se familiariser. Elle n’a pas « brillamment résisté » à l’invasion russe, l’armée russe n’était pas préparée à l’échec des négociations de paix au bout de quelques jours. Aujourd’hui, l’Ukraine que cette armée devait protéger est dévastée pour longtemps, la population est dans une situation quasi-désespérée à la veille de l’hiver, et les fournisseurs de soutien occidentaux commencent à s’inquiéter de l’argent qui manque pour poursuivre, de l’offensive hivernale qu’il est probable que la Russie soit en train de préparer « pour aller cette fois jusqu’au bout » (Col. MacGregor, Fox News), et de Zelensky et sa grosse tête. Rendez-vous dans 6 mois/1 an, pour juger de la qualité des armées une fois la situation éclaircie…

      • L’armée ukrainienne n’a jamais concédé qu’elle avait eu autant de mort que les russes, bien au contraire. Ce sont les russes qui estiment que les pertes ukrainiennes sont équivalentes aux leurs. Curieusement, les estimations américaines des pertes ukrainiennes semblent confirmer les chiffres russes.
        Maintenant, je ne sais pas ce que vous voulez dire par le qualificatif de « douteuse » pour l’armée ukrainienne. Le juge de paix c’est le champ de bataille et pour l’instant l’armée ukrainienne a montré une expertise étonnante dans la conduite d’actions offensives à l’échelle multidivisionaire, aidée, il est vrai, par les renseignements en temps réel de l’OTAN. Au contraire, les russes ont montré leur totale incompétence en la matière et si on regarde les enjeux, je ne crois pas à un sursaut de l’armée russe.

        • Désolé d’avoir distingué les sources américaines des sources ukrainiennes, je pensais bêtement que leurs informations concordaient, mais il faut reconnaître que c’était avant l’histoire du missile. Les chiffres dont la presse fait état sont de 100000 morts (ou hors de combat, pas moyen de savoir) de chaque côté, d’après les sources occidentales. Avez-vous d’autres sources ?
          Je n’ai pas vu d’expertise militaire ukrainienne au delà de l’utilisation bête des renseignements fournis par l’OTAN. Au contraire, ses offensives semblent à l’aveugle, sans stratégie, incapables de percer ou d’encercler des unités russes. Bien sûr, les Russes reculent, mais la nouvelle ligne de front leur est bien plus favorable pour passer l’hiver que l’ancienne, tandis que c’est le contraire pour l’Ukraine. Surtout, l’Ukraine semble perdre beaucoup d’hommes et de matériel, tandis que les médias ne montrent pas de prisonniers russes, par exemple, ce qui semble signifier qu’il n’y en pas en nombre significatif. Enfin, les signes d’une adaptation de l’armée russe à une guerre qui ne serait plus le renversement éclair de Zelensky mais la construction d’une nouvelle frontière suivant la limite linguistique me paraissent clairs dans les changements de sa structure.

          • Vous ne voyez pas parce que vous ne voulez pas voir. Ici une analyse détaillée des combats des deux derniers mois:

            https://lavoiedelepee.blogspot.com/2022/09/1918-en-ukraine.html

            C’est clair comme de l’eau de roche. Il ne s’agit aucunement de replis tactique pour les russes mais d’évacuation en catastrophe sous la pression ukrainienne . L’évacuation de Kherson en particulier est un aveu de faiblesse de la part des russes qui est incontestable.

            -1
            • Désolé, je fais mes propres analyses plutôt que de me fier aveuglément à un colonel d’infanterie de marine surtout habitué des plateaux de télé et qui n’a même pas été capable de finir général quart-de-place. Pour décider si un mouvement est une percée triomphale ou un repli tactique, j’essaie de trouver les chiffres sur les prisonniers, les morts et les blessés (j’ai entendu une rumeur de pénurie d’ambulances côté ukrainien), je considère la qualité et l’intérêt des positions acquises, conservées ou perdues en fonction des aspects militaires et logistiques, etc. J’essaie de confronter les affirmations des partisans des deux camps, avec une préférence pour celles qui sont exprimées avec un vocabulaire neutre et appuyées par des arguments logiquement enchaînés. Oui, horreur, je consulte aussi des sites pro-russes et pas seulement BFM ou LCI !
              MichelO, qui a terminé ses obligations militaires il y a près de 50 ans en tant que lieutenant de chasseurs alpins, mais qui lui a du mal à l’oral à la radio ou à la télé.

              • C’est un petit peu un coup en dessous de la ceinture là, hein ? On va pas se le cacher. Reprocher au bonhomme de ne pas avoir fini général, c’est un petit fort de café. A cela, j’ajouterais que le bonhomme n’avait pas misé un kopec sur l’armée ukrainienne au début de cette guerre. Et comme beaucoup, il a reconnu s’être trompé. Maintenant dire que tout va super bien pour les ukrainiens, personne de sensé n’a dit ça. Le fait est que cela fait 2 défaites majeures pour les russes en 2 mois et que les replis « tactiques » ont bons dos.

                • Je ne lui reproche pas de ne pas avoir fini général même si c’est normalement facile pour un bon colonel, mais de ne pas avoir de compétence qui en fasse un expert invitable à la télé, autre que sa facilité d’élocution. Vous appelez les événements récents des défaites majeures pour les russes, je les appelle des défaites mineures et sans conséquences défavorables pour eux à moyen et long terme, j’ai donné mes raisons, vous préférez suivre les avis qui vous plaisent, c’est votre affaire. Je réitère : rendez-vous dans 6 mois/ 1 an, si je me suis trompé je ferai amende honorable, point.

  • « le pillage est la seule motivation réelle »
    Combien touche un conscrit russe, d’après vous ? Le chiffres que j’ai pu me procurer sont tellement élevés que j’ai du mal à y croire : 195 000 roubles par mois, soit environ 3 200 € par mois, 4 fois le salaire médian. Source RadioFrance, Le salaire de la peur pour les soldats russes.

  • 3ème raison : chaque fois que l’état russe investit dans des infrastructures et du matériel, militaire inclus, il y a une forte proportion du budget (pouvant atteindre les 60% ! – cfr les vidéos de Navalny) qui est détournée par des pots de vin en cascade… C’est devenu une « klpeptocratie » !
    Pour les budgets importants, il ne faut pas oublier que les oligarques ont bâti leur fortune en 10 ans, à partir de rien pour la grosse majorité… càd au détriment de l’état, de la qualité des infrastructures, et du peuple à qui ils ne laissent pas de revenus corrects…
    C’est évidemment LA recette pour avoir des institutions (dont l’armée) inefficaces, où règne la corruption et les passe-droits, pour compenser les faibles salaires… et avec des défectuosité matérielles en cascade vu le budget amputé par les « pots de vin »…
    La motivation des fonctionnaires (et des militaires), victimes de cette « kleptocaratie » est évidemment très basse… et le principe du « chacun pour soi » qui en résulte est la meilleure recette pour la démotivation généralisée vis à vis du service au public ou à la patrie…
    Le reportage de Navalny sur les débuts de Poutine à la mairie de St Petersbourg et son enrichissement rapide est assez édifiant…

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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