Une ancienne plume de Bush veut nationaliser Starlink d’Elon Musk

David Frum, le journaliste et ancien rédacteur des discours de George W. Bush a déclaré que le gouvernement fédéral devrait préparer le terrain pour saisir Starlink à Musk.

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Elon Musk by Daniel Oberhaus (creative commons CC BY 2.0)

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Une ancienne plume de Bush veut nationaliser Starlink d’Elon Musk

Publié le 24 octobre 2022
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Par Jon Miltimore.

La semaine dernière, des rapports ont révélé qu’Elon Musk se lassait de fournir gratuitement Starlink – un système Internet par satellite exploité par SpaceX – au gouvernement ukrainien.

The Register rapporte :

« La période de lune de miel Starlink-Ukraine semble toucher à sa fin : SpaceX voudrait que les États-Unis commencent à payer la note pour davantage de ses services en zone de guerre. »

Le 7 octobre, Musk a affirmé sur Twitter que SpaceX avait déjà englouti 80 millions de dollars de coûts pour l’opération, un prix qui devrait atteindre 100 millions de dollars d’ici la fin de l’année.

Le directeur des ventes gouvernementales de SpaceX au Pentagone dans une lettre de septembre obtenue par CNN a écrit :

« Nous ne sommes pas en mesure de faire de nouveaux dons de terminaux à l’Ukraine, ni de financer les terminaux existants pour une période indéfinie. »

Le fait que Musk ne veuille plus que SpaceX paie pour les services satellitaires essentiels en Ukraine et demande au Pentagone de payer la facture a déplu à beaucoup, d’autant plus que Musk ne semble pas être un fan de la guerre en Ukraine, ce qui a donné lieu à des accusations selon lesquelles il serait un suppôt de Poutine.

Musk a annoncé cette semaine que SpaceX avait retiré sa demande de financement de Starlink en Ukraine par le Pentagone. Entretemps, le Pentagone a annoncé qu’il avait « tenu des discussions sur le financement de Starlink », ce qui laisse penser qu’un accord a peut-être été trouvé.

Certains ont cependant suggéré une solution plus simple. Lundi, le journaliste et ancien rédacteur de discours de George W. Bush David Frum a déclaré que le gouvernement fédéral devrait préparer le terrain pour saisir Starlink à Musk.

David Frum, qui est actuellement rédacteur à The Atlantic et collaborateur de MSNBC a déclaré :

« Il a toujours été déraisonnable, et cela devient imprudent, d’attendre de Musk qu’il fournisse gratuitement l’internet à l’Ukraine pour toujours. Les alliés occidentaux devraient payer. Et les États-Unis devraient avoir un plan prêt à nationaliser Starlink rapidement si Musk coupe la connexion de l’Ukraine pour faire avancer son programme politique. »

Frum a ensuite partagé un lien vers un article du National Constitution Center, qui a exploré l’ordre de Woodrow Wilson de nationalisation de l’ensemble du système ferroviaire américain pendant la Première Guerre mondiale.

Il écrit :

« Il existe d’abondants précédents de saisie d’infrastructures essentielles par le gouvernement américain pendant les guerres ou les urgences nationales. Bien sûr, une compensation raisonnable doit être versée, conformément au cinquième amendement de la Constitution américaine. »

 

La recherche du bien commun

Frum a raison de dire qu’il n’est pas raisonnable d’attendre de SpaceX qu’elle fournisse indéfiniment un service Internet gratuit à l’Ukraine. Il a également raison de dire qu’il existe de nombreux exemples historiques de nationalisation d’infrastructures critiques par le gouvernement fédéral en cas d’urgence ou de guerre.

Wilson a saisi des chemins de fer privés pendant la Première Guerre mondiale. Il a également utilisé la loi sur la sédition pour emprisonner des milliers d’Américains qui avaient la témérité d’utiliser un langage « déloyal ou abusif » à propos du gouvernement ou de la guerre. Wilson a également enrôlé près de trois millions d’Américains dans la Première Guerre mondiale, alors qu’il avait promis de rester en dehors du conflit.

Aucune de ces actions n’est juste parce que le gouvernement les a menées auparavant, mais elles illustrent une leçon importante : beaucoup des violations les plus flagrantes des libertés civiles se sont produites pendant des guerres et des « urgences » déclarées par le gouvernement.

Wilson n’était pas le seul président à utiliser une urgence de guerre pour justifier des violations flagrantes des libertés civiles. Abraham Lincoln a suspendu l’habeas corpus, saisi des journaux et arrêté des rédacteurs. Franklin D. Roosevelt a ordonné l’internement de dizaines de milliers de Japonais américains dans des camps pendant la Seconde Guerre mondiale (ainsi que d’un plus petit nombre d’Italiens et d’Allemands américains). Harry Truman a saisi les aciéries privées du pays lors d’une crise sociale. Sous George W. Bush, la CIA a torturé des détenus.

Dans tous les cas, ces actions ont été justifiées par des fonctionnaires cherchant à atteindre un « plus grand bien », et il n’est pas difficile de voir comment ces rationalisations fonctionnent, en particulier pendant les guerres. Gagner devient l’objectif, et finalement la poursuite de cette fin justifie pratiquement tous les moyens – tant qu’ils aident à atteindre cet objectif.

Frum offre un exemple concret. Il préconise la saisie de la propriété d’un citoyen américain pour aider à gagner une guerre à laquelle les États-Unis ne participent même pas activement. Il ne semble pas lui être venu à l’esprit que le précédent qu’il cite, aussi injuste soit-il, s’est produit alors que l’Amérique participait à la Première Guerre mondiale. De plus, cela n’a été fait qu’après que le Congrès ait adopté la loi sur les crédits de l’armée, qui donnait au président les pouvoirs de guerre pour prendre le contrôle des systèmes de transport de la nation.

Frum peut se tromper sur beaucoup de choses en matière de politique, mais c’est un homme intelligent (sans parler d’un écrivain talentueux) ; je pense donc qu’il sait tout cela. Son erreur est qu’il place la fin avant les moyens, ce qui est une sérieuse erreur morale.

L’essentiel est que Starlink appartient à Elon Musk, pas au gouvernement américain, qui n’a aucun droit sur lui. Le pillage, même lorsqu’il est « légal » ne devient pas juste lorsque le gouvernement l’organise.

Traduction Contrepoints

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  • il aurait parlé de réquisition indemnisée pour cause de crise.. à la rigueur..

    sauf que les usa e sont pas officiellement en guerre..

    je trouve que le problème se situe à ce niveau..

    • Les usa en tant que nation souveraine ne sont pas en péril… situation bancale pour exiger de musk quoique ce soit..

      Un peu comme de saisir des avoirs russes privés…

      bizarre.

  • Utiliser l’exemple des chemins de fers américains est un peu cocasse. Quiconque a été aux Etats Unis sait combien les chemins de fers y sont une grande réussite, efficaces et rapides.

  • Faisons confiance à Musk pour retirer en indemnisation pour la nationalisation plus qu’en bénéfices sur le reste de sa vie.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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