Comment lutter contre l’inflation

L’inflation est là, et prête à durer si rien n’est fait pour la contrer.

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Comment lutter contre l’inflation

Publié le 5 août 2022
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L’inflation est là, et prête à durer si rien n’est fait pour la contrer. Dans le même temps, l’action correctrice des Banques centrales ne doit pas engendrer ce que l’économiste Friedrich Hayek appelle une dépression secondaire, c’est-à-dire un second choc négatif à la crise présente, engendrant ainsi un processus cumulatif.

 

Les constats sur l’inflation

Posons un constat : l’inflation est monétaire principalement, c’est-à-dire qu’elle résulte d’un excès de création monétaire par rapport à la demande de monnaie, en même temps qu’elle est liée à des soucis d’approvisionnement du côté de l’offre : problème de structure de l’offre, de pénuries liées à des chocs externes, des changements engendrés par les politiques sanitaires durant la période covid, etc, qui jouent négativement sur les coûts des entrepreneurs et leurs anticipations.

Nous sommes donc face à deux sources majeures de modifications des prix, et c’est ici que la tâche se complique. Un économiste Autrichien vous dirait que la politique monétaire, jouant sur la création monétaire via la création de crédit, aura pour effet de diminuer artificiellement les taux du marché sous son taux naturel (c’est-à-dire le taux qui équilibre la demande et l’offre de fonds prêtables, ou la demande de prêts et l’épargne).

C’est ainsi que le processus d’expansion monétaire et d’inflation se met en route, dans le but de faire du crédit facile à destination d’entrepreneurs ou de la dette publique. Il faut donc que les Banques centrales relèvent leurs taux pour stopper net l’inflation (comme l’a fait le chairman Paul Volcker dans les années 1980) pour mettre fin aux cycles et permettre à l’économie de se purger des malinvestissements produits durant cette période d’accommodation monétaire. Ce résumé est volontairement et vulgairement raccourci, mais il est suffisant pour notre sujet.

Le problème est que dans le même temps on peut à juste titre penser que les anticipations des entrepreneurs, au vu des différents problèmes nationaux et mondiaux (instabilité internationale et incertitude du côté du commerce international, en plus de tout ce que nous avons énuméré précédemment), la demande de fonds prêtables a dû diminuer, entraînant de facto une diminution du taux d’intérêt naturel.

Le risque étant alors que la remontée des taux ne ramène pas les taux du marché au niveau du taux naturel, mais au-dessus, engendrant une restriction du crédit en plus des problèmes auxquels font déjà face les entrepreneurs : on ferait face à un déséquilibre monétaire déflationniste, où les individus reconstitueraient leurs balances monétaires en diminuant leurs achats. C’est ce qui s’est passé en 2008, selon des gens comme George Selgin aux monétaristes de marché. La Fed est passée d’une politique accommodante à une politique trop restrictive, faisant s’effondrer le niveau du revenu nominal global (MV dans la théorie quantitative).

 

Différentes solutions face à l’inflation

Il faut donc que les changements de valeurs des produits liés à des modifications des raretés relatives et de productivité puissent se manifester par des changements de prix. C’est le seul moyen pour favoriser la transition et le retour à l’équilibre. Une politique budgétaire de diminution des impôts, des dépenses publiques et de libération de l’économie pourraient également aider à résoudre les problèmes du côté de l’offre (ce fut la voie choisie par l’Australie durant la Grande Dépression de 1929, qui ne fut d’ailleurs jamais grande du côté de nos amis australiens). Et faire des chèques pour compenser l’effet de l’inflation est une mauvaise idée. C’est, in fine, accroître encore les anticipations inflationnistes. À son niveau, même Paul Krugman a reconnu qu’il a eu tort de pondérer la portée inflationniste qu’aurait la politique de relance de Joe Biden.

Dans le même temps, il faut lutter contre l’inflation monétaire, et les anticipations pernicieuses qu’elle engendre chez les individus. L’inflation génère des problèmes plus graves qu’une simple diminution du pouvoir d’achat de la monnaie.

L’inflation redistribue le pouvoir d’achat (c’est l’Effet Cantillon : il ne peut y avoir une hausse généralisée de toutes les marchandises en même temps, seulement de certains biens par rapport à d’autres, cf John Stuart Mill), et surtout, mine la confiance dans les institutions du marché, favorisant au passage l’accroissement des prérogatives de l’État et la mise en place de politiques du style contrôle des prix (le pire que nous puissions faire à l’heure actuelle).

Tous les épisodes inflationnistes ont engendré d’importants changements institutionnels, des bons (avec l’arrivée de la révolution conservatrice, du retour à une inflation contrôlée et une diminution des impôts et du rôle de l’État) comme de très mauvais (comme le cas de l’hyperinflation allemande dans les années 1920, pour des raisons évidentes).

La proposition des théoriciens de la banque libre (ou des monétaristes de marché) pour lutter efficacement contre l’inflation sans engendrer de problèmes supplémentaires envers l’économie serait de stabiliser MV (la règle de Hayek), ou de faire un ciblage du revenu global nominal (Nominal Gross Income Targeting), c’est-à-dire que la croissance monétaire suive la croissance des transactions courantes (la solution à terme étant bien entendu la fin du système de Banque centrale et des monnaies inconvertibles) : sur ces propositions et sur l’histoire des phénomènes inflationnistes, je renvoie le lecteur à mon article sur La norme de productivité dans l’histoire et dans la pratique.

Gardons espoir : peut-être que le mauvais moment que nous connaissons (et qui va aller en s’aggravant, n’en doutons pas) nous ramène aux années 1980, et que la France ne manquera pas sa chance d’appliquer réellement un programme un semblant libéral cette fois-ci. En tout cas, la musique et les séries ont déjà emboîté le pas vers cette époque où faire une politique de l’offre n’était pas un gros mot.

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  • Le taux naturel du marché est non pas atteint lorsqu’il est égal à celui de la BCE, mais lorsque celui de la BCE est infini. En effet, si la BCE met un taux infini, elle arrête alors d’intervenir sur le marché des prêts, et les taux des prêts alors tendent vers une situation de libre marché.
    Il n’y a donc aucun risque que le taux de la BCE soit trop haut. A tout taux fini, la BCE intervient en créant de l’argent à partir de rien. Avec un taux infini, il est quand même possible d’emprunter (mais pas à la BCE!), et ces emprunts se font sur de l’argent vraiment économisé, donc de vraies richesses préalablement créées.

    • Sauf que le système de prêt-crédit ne peut pas fonctionner sans compensation, et que la compensation ne peut pas fonctionner sans un organisme de recours comme une banque centrale.

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