États-Unis : la xénophobie des conservateurs

À l’instar des démocrates qui sabotent l’économie, les républicains et leurs supporteurs sabotent le système migratoire en insistant sur le fait qu’il faille entrer au pays « légalement. »

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Immigration source https://unsplash.com/photos/Ismnr6WSHCU

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États-Unis : la xénophobie des conservateurs

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 28 juillet 2022
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Pour une raison que j’ignore, on ne cesse de me classer comme un conservateur et un partisan de Trump à cause de certaines similarités idéologiques comme la défense du port d’arme et la diminution des impôts. Ces similitudes sont purement circonstancielles. Je milite toujours pour une limitation du gouvernement, peu importe qui est au pouvoir.

Cette divergence ne pourrait être plus évidente que sur la question de l’immigration.

Récemment, un commentateur controversé a régurgité ses inepties habituelles sur la théorie conspirationniste du grand remplacement. Bien que, oui, plusieurs démocrates et leurs supporteurs se réjouissent de la diminution du poids démographique de la population blanche, cette insistance sur les « dangers » d’une immigration massive est sans fondement historique ou logique.

En fait, ce n’est qu’un recyclage des mêmes vieux arguments qui ne datent pas d’hier. Le mouvement Know-Nothing a ouvert le bal vers le milieu du XIXe siècle avec son fort sentiment anticatholique. Dans les villes où il a pris le pouvoir, on promettait de n’embaucher que des « vrais » Américains. Considérant que leurs familles étaient généralement plus nombreuses, le commentateur cité plus haut aurait aussi craint qu’on tente de remplacer et déstabiliser la population.

L’arrivée du mouvement progressiste – qui affirme que les « bonnes » personnes au pouvoir peuvent accomplir de grandes choses – n’a fait qu’accélérer la xénophobie politique. On a commencé par bannir les Chinois, pour culminer en 1924 avec des quotas migratoires pour chaque pays et colonies de la planète afin, selon le président de l’époque, de « respecter nos capacités d’absorber les nouveaux arrivants comme bons citoyens. » Lesdits quotas étaient évidemment biaisés envers les régions avec les « bonnes » personnes comme le Royaume-Uni.

Pour qui diable se prennent les politiciens pour décider du nombre de personnes qui franchissent des lignes imaginaires ? Car non, ce n’est pas du tout comme pénétrer chez quelqu’un, et le pays est parfaitement capable de gérer autant de personnes, fussent-elles complètement étrangères à la culture et à la langue.

 

Une assimilation très rapide

Il me suffit de regarder ma belle-famille, qui est un exemple typique d’immigration, pour voir que les craintes des xénophobes sont sans fondements.

La première génération d’arrivants (ma belle-mère, ses frères et sœurs et plusieurs de ses enfants), si elle parle anglais, le fait avec un accent évident. Elle a obtenu sa citoyenneté et a une implication citoyenne généralement limitée.

La seconde génération, de son côté, parle espagnol avec un accent américain évident. Et en règle générale, la langue d’une fratrie est l’anglais. J’ai demandé pourquoi à une « belle-nièce » qui m’a répondu que l’espagnol n’est que la langue pratiquée à la maison avec ses parents et abuela.

Quant aux générations subséquentes, l’espagnol semble avoir complètement disparu. En d’autres termes, ma belle-famille dominicaine suit la trajectoire d’assimilation des immigrants aux États-Unis.

Peu importe si le niveau d’anglais des plus vieux est « trop » bas et s’ils n’apprennent jamais l’anglais. Si vraiment cinq millions de personnes ne parlent pas l’anglais, ça représente (d’après le recensement de 2020) un gros 1,47 % de la population.

La génération d’origine aura toujours de la difficulté à s’intégrer et/ou s’assimiler car changer complètement d’environnement demande une forte adaptation. Aussi y a-t-il une différence culturelle surtout chez les femmes – on questionne leur intelligence, les rendant insécures face à leurs capacités d’apprendre l’anglais par exemple.

Finalement, quand j’entends l’éternel « ils n’ont qu’à venir ici légalement », je leur réponds presque par réflexe : « Alors, va en arrière du bus sale n*? »

En effet, cette réaction mets sur le même pied légalité et moralité, ce qui n’est pas du tout le cas. Si oui, alors les conservateurs modernes auraient tenté d’arrêter Harriet Tubman et applaudi à tout rompre l’arrestation de Rosa Parks. Ils n’ont visiblement pas vu que l’immigration « légale » est aussi complexe que l’obtention du laisser-passer A-38.

Bref, à l’instar des démocrates qui sabotent l’économie, les républicains et leurs supporteurs sabotent le système migratoire en insistant sur le fait qu’il faille entrer au pays « légalement. » Ils encouragent ainsi le trafic humain d’individus qui tentent désespérément de fuir leur situation en payant des personnes sans scrupule qui vont, trop souvent, les mener vers une mort certaine atroce.

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  • On continue avec les délires gauchistes sur Contrepoints…

  • Un pays ne peut assimiler une immigration non contrôlée sur la durée… Il suffit de regarder le Canada, la Suède ou l’Australie qui depuis leur « ouverture » se retrouve avec quelques petits « problèmes » de délinquance… C’est un fait, pas de la xénophobie.
    Laisser ouvert les frontières avec le Mexique (même le président Mexicain est contre !) et après se plaindre qu’il y a une augmentation des réseaux de délinquance (drogue notamment) ou de prostitution, c’est assez hypocrite. Surtout quand les mêmes démocrates se plaignent que les conservateurs forment des bus de migrants pour les déposer à Washington DC (c’est osé comme procédé, mais un retour de bâton dans la tête des progressistes, c’est toujours sympa ^^).
    Le sujet des frontières est un long débat, mais le fait est qu’actuellement, un pays est bien comme une propriété. Si vous voulez changer ça il faut en discuter avec les personnes concernées, et pas vouloir imposer quelque chose par la force ; surtout si les « zones » n’ont pas la même culture.

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