La gouvernance par la peur

La multiplication des crises montre que la gouvernance par la peur finit par lasser les populations. Le retour de bâton pourrait être âpre.

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La gouvernance par la peur

Publié le 27 juin 2022
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L’actualité est difficile à suivre en ce moment et la presse, ayant sombré dans un mode de propagande aussi totale que grotesque qui en devient particulièrement visible, n’aide pas à donner une image claire des directions prises par les uns et les autres.

Ainsi du côté du gouvernement, on ne peut que noter l’embarras dans lequel il se trouve de quelque côté qu’on le prenne.

Sur le plan politique, l’absence de majorité absolue pour la Renuisance du Président ou pour le groupe Ensemble à l’Assemblée provoque des difficultés manifestement pas envisagées par Emmanuel Macron qui ne semble pourtant pas encore prêt à négocier quoi que ce soit.

La défaite électorale de Brigitte Bourguignon, l’actuel ministricule en charge de la Santé, aurait dû la condamner à démissionner bien vite pour être remplacée par l’un ou l’autre factotum du moment. Il n’en est rien : à la difficulté de cette période intérimaire jusqu’au vote de confiance à la politique générale du gouvernement, prévue le 5 juillet, s’ajoute celle de trouver un successeur pour ce poste de plus en plus sulfureux, ce qui explique sans doute que madame Bourguignon perdante n’ait pas été déjà flanqué dehors. Il en ressort une impression d’entre-deux dans laquelle toute prise de décision solide semble impossible.

Si l’on écarte une censure pure et simple du gouvernement le 5 juillet, il n’est cependant pas impossible que cette impression perdure même au-delà : entre l’intransigeance puérile du chef de l’État et les jeux de partis qui doivent maintenant sentir l’odeur du sang de la bête blessée, on comprend que les prochains mois ne pourront être placés sur de solides rails et une direction parfaitement claire.

Aux députés godillots succède maintenant la navigation à la godille…

Sur le plan économique, la presse continue d’enrober une réalité assez rêche d’une propagande décontractée.

L’inflation est résolument présentée comme légèrement embarrassante, quand bien même ses niveaux n’ont plus été vus depuis 1985 : avec une moyenne à l’année d’ores et déjà établie autour de 5,5 % à l’année, on comprend que le chiffre réel, probablement de l’ordre du double, doit commencer à rendre quelques mains moites dans les administrations françaises et, surtout chez certains hauts fonctionnaires qui comprennent, même s’ils n’ont pas le droit de le dire, que ceci ne peut pas signifier une rentrée calme et pondérée, le précédent des Gilets jaunes ayant laissé des traces profondes.

À cette inflation résolument amoindrie par l’INSEE et adoucie par la presse, on ajoutera les chiffres de croissance qui frôlent la bonne blague puisque les prévisions officielles tournent autour de 2,3 %, alors qu’on sait déjà que le premier et le second trimestre de l’année sont probablement négatifs. Si l’on factorise les inévitables problèmes de chaînes logistiques et d’approvisionnements qui continuent, alimentés par les décisions généralement contre-productives des autorités ainsi que la situation géopolitique internationale, tout indique que la rentrée de septembre et les mois suivants verront des rayons de supermarché se vider, des prix monter en flèche et des populations grogner de plus en plus fort en Europe.

Dans ce contexte, les gesticulations politiques actuelles de Borne et Macron n’augurent absolument rien de bon.

Mais le plus frappant est qu’à ces crises bien palpables, les autorités ne semblent répondre que mollement et la presse emboîte de façon maladroite en multipliant les angles aussi lénifiants que possible pour en atténuer la portée. À l’opposé, on trouve d’autres crises, de plus en plus artificielles et ressenties comme telles et pour lesquelles les mêmes autorités entendent répondre avec la plus grande fermeté et la plus belle des déterminations pendant que la même presse ne mégote pas sur les aspects anxiogènes.

On peut par exemple se référer à la récente « canicule », ses cartes géographiques en rouge cramoisi sans plus aucune nuance, l’avalanche de messages agressivement niais sur les besoins d’hydratation et de fermeture des volets, et les mines plus ou moins affolées de nos hommes-troncs aux journaux télévisés pour comprendre que le Réchauffement Climatique De La Faute À L’Humain Néfaste Pour La Planète est maintenant de retour et en pleine vigueur.

Manque de bol, la chaleur n’ayant pas décidé de rester plus longtemps sur le territoire, la presse et les autorités ont bien vite pivoté sur la recette des deux dernières années : vite, remettons un peu de covid sur la table !

Et voilà que réapparaissent sur tous les plateaux télé les bobines méphitiques de nos télétoubibs qui s’empressent de vendre à nouveau l’idée (idiote et démontrée telle) qu’il va falloir remettre les masques dans les transports en commun, que l’épidémie repart – c’est horrible, puisqu’on vous le dit – et que seule une quatrième dosette d’un produit qui a déjà amplement montré son inefficacité (voire sa toxicité) va (enfin !) nous sauver à la rentrée, mais si, puisqu’on vous le dit.

Bien évidemment, les populations, lasses de picouses et de mensonges par action et par omission, commencent à montrer des signes clairs de désintérêt pour le narratif covidesque, ce qui pousse là encore les mêmes autorités et la même presse à tenter toutes les titrailles les plus hardies afin de faire germer l’idée que la variole du singe pourrait devenir un vrai sujet, une vraie crise, avec des vrais morts et des vraies paniques pandémiques – c’est horrible, puisqu’on vous le dit – auxquels on répondra avec fermeté et détermination, comme d’habitude.

Moyennant une focalisation sur les enfants et la prochaine rentrée (qui voit généralement se multiplier les cas de varicelle traditionnelle, c’est pratique et une confusion est si commodément arrivée, hein), gageons qu’une autoroute de l’angoisse va enfin s’ouvrir pour nos politiciens, nos télétoubibs et nos médias friands de catastrophes.

En 2020, la gouvernance par la peur a montré aux politiciens et aux médias son efficacité pour emmener les troupeaux de contribuables là où on les voulait. En 2022, cette même gouvernance montre de gros signes d’essoufflement, et si elle a peut-être (?) permis d’écarter une majorité NUPES à l’Assemblée ou Marine Le Pen à l’Élysée, elle déclenche surtout des dissensions au sein des sociétés occidentales entre ceux qui persistent à tomber dans les panneaux, encore et encore, et ceux qui finissent par comprendre l’entourloupe.

Ces derniers sont, certes, encore minoritaires. Mais cet hiver, lorsqu’il faudra se nourrir et se chauffer, gageons que les crises artificielles seront balayées par les réelles. Et à ce moment, il n’est pas dit que tout soit encore sous contrôle par les fines équipes actuellement en place…


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Voir les commentaires (19)

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Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • « Il en ressort une impression d’entre-deux dans laquelle toute prise de décision solide semble impossible »
    Pour l’impression d’entre deux, je recommande la -(l’excellente?)- série « Dead like me » qui préfigure ce que certains vont devenir si la crise perdure! A terme, on est tous foutus!
    CPEF

  • La fin du mois va remplacer la fin du monde.
    Et l’élite journaleuse d’embrayer aussi sec…

  • alors oui, après le roman Orwell 1984, ce qui nous guette c’est « bon’or » 2024 : reconduction du passe sanitaire, demande de « scientifiques » concernant les informations de météo trop estivales…… etc. (oui je sais je suis mauvais en anglais et en orthographe)

  • Vive les vacances et profitez en bien la rentrée se fera au son du canon, ils ne peuvent plus s’en sortir autrement.
    Pour l’inflation, les 2 chiffres vont vite arriver…. Et normalement la cgt va reprendre du service…. Pas gênant, vu que le gaz l’electricte et le gaz oil vont manquer.. Comme les travailleurs en fuite.

  • Justement, je pense que la seule issue possible pour nos gouvernants ( la plupart des pays européens sont dans la même situation), c’est de forcé Poutine a nous déclarer la guerre.( Nous , comme on est les gentils, on ne peut pas la déclarer).
    Entre cette histoire de blocus de l’enclave russe de Kaliningrad, et le discours de Macron sur l’économie de guerre….je crois fermement qu’ils veulent nous emmener vers ceci. Une fois en guerre, plus de problèmes !! Ou plutôt, plus de la faute de nos gouvernants…. c’est toujours la faute à l’ennemi dans ces cas là….
    Les tickets de rationnement seront acceptés, l’inflation itou, les augmentations d’impôts pour l’effort de guerre itou…..

  • Très bon article que je trouve cependant un peu optimiste quant au réveil des Français !
    L’arnaque Covid n’est pas morte et il suffira de peu pour la réactiver.
    Il suffit d’examiner le vote des députés européens sur le prolongement du pass sanitaire, presque tout le monde a voté pour sauf le RN qui, si l’on en croit notre président, n’est pas un parti républicain…
    Macron a une majorité relative mais une majorité quand même. Mais comme il n’est pas spécialement courageux, il se servira de cet argument pour ne pas faire grand-chose pendant 5 ans.
    Il avait déjà reculé sur les retraites, il n’a absolument rien fait pour simplifier notre administration et le seul actif à son bilan est la retenue de l’impôt à la source.
    Avouons que ça fait un peu juste pour un président qui nous avait promis une révolution.
    Son incapacité à trancher et son tropisme à laisser pourrir les situations en attendant qu’un évènement inattendu vienne faire diversion iront très bien avec cette majorité relative.
    Le bilan de son 2ème mandat sera pire que le premier, la dette grossira encore et la France sera au bord de la guerre civile !

    • je vous trouve terriblement injuste !! Macron a fait 2 autres grandioses choses, la PMA pour presque tous, et la fin du statut des cheminots.
      2 réformes très courageuses pour ce grand homme

  • Toujours autant clairvoyant et sarcastique mais tellement juste.
    Les nuages noires s amoncellement de plus en plus .
    (le passeport sanitaire numérique européen viens d être approuvé,les pénuries sont déjà là, certains rayons sont vides,le risque de guerre n est pas écarté ,l énergie de plus en plus chère,le carburant également et j en passe)
    Les fins de mois deviennent très très difficiles pour certains d entre nous.
    Mais tout va très bien nous bassines les gouvernements la presse les apparatchiks du pouvoir
    Ne soyons pas pessimistes croyons en des jours meilleurs gardons l espoir .

  • Avatar
    jacques lemiere
    28 juin 2022 at 7 h 28 min

    le problème est obligation -sotte- de mettre des masques…

    on va le répéter mettre un masque en public quand on a une maladie contagieuse est plutôt un geste civilisé!!! comme se laver les mains.. mais surtout c’est un geste à faire en fonction de son appreciation subjective de l’éventuelle contamination…

    je vois des vieux qui portent un masque pour se protéger!!!!

    • Même vu des ados récemment.

      • Avatar
        LasciatemiCantare
        28 juin 2022 at 16 h 57 min

        J’en vois plein, ados et vieux, qui le portent dans la rue. L’effet placebo ne connaît pas la barrière des générations.

        • @Lascitemicantare
          Bonjour,
          J’ai vu des lycéens auxquels on disait 20 fois par jour (je suis gentil !) de mettre correctement leur masque, continuer de mal le porter une foisbl’obligation levée.

  • « Aux députés godillots succède maintenant la navigation à la godille… » Bravo pour la formule, excellente !

  • On nous ressort le petit covid de son tiroir, tel le petit diable qui surgit de sa boîte… Fin mai, j’ai été stupéfait que l’on nous montre le déferlement des populations organisant de-ci de-là des fêtes de la musique à tout va ! ! ! Il y a mieux pour éviter les pandémies . . .

    • Avatar
      LasciatemiCantare
      28 juin 2022 at 17 h 06 min

      Pour éviter les pandémies, la solution est d’éviter de lire la presse mainstream anxiogène : effet garanti, on croirait vivre dans un monde « normal » !

    • Bof, les fêtes de la musique, c’est essentiellement dehors. L’incapacité de l’individu moyen à distinguer seul, sans directives étatiques, s’il est dans un espace confiné ou dans un espace ventilé est bien plus inquiétante…

  • Aux députés godillots succède maintenant la navigation à la godille…
    Joli !

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Nicolas Quénel est journaliste indépendant. Il travaille principalement sur le développement des organisations terroristes en Asie du Sud-Est, les questions liées au renseignement et les opérations d’influence. Membre du collectif de journalistes Longshot, il collabore régulièrement avec Les Jours, le magazine Marianne, Libération. Son dernier livre, Allô, Paris ? Ici Moscou: Plongée au cœur de la guerre de l'information, est paru aux éditions Denoël en novembre 2023. Grand entretien pour Contrepoints.

 

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