Cette inflation que le gouvernement va tout faire pour aggraver

L’inflation va continuer de grimper. Heureusement, Bruno Le Maire envisage d’en remettre une couche. Voilà qui va aider !

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Cette inflation que le gouvernement va tout faire pour aggraver

Publié le 3 juin 2022
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Les petits chiffres de l’INSEE s’accumulent doucement et pointent tous dans la même direction : l’inflation n’est plus négligeable, elle continue à grossir et ceux qui expliquaient doctement il y a quelques mois que l’augmentation observée en fin d’année 2021 était transitoire se sont très officiellement fourré le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Nous arrivons au milieu de 2022, l’inflation continue de grossir, et ceux qui en étaient à l’omoplate continuent de s’enfoncer.

Ainsi, sur les douze derniers mois, les prix ont flambé sur les pâtes (+15 %), les viandes surgelées (+11 %), la farine (+10 %), les huiles (+10 %), la moutarde (+9 %), le café et les fruits secs (+8 %), la viande hachée (+8 %) ou les plats cuisinés (7 %). Plus gênant encore : les tendances observées lors des négociations en supermarché pour le prochain trimestre (l’été 2022), laissent supposer que l’inflation pourrait atteindre et dépasser les 5 % durant les prochains mois. Pour rappel, l’inflation observée en avril serait de 4,8 %.

Bien sûr, cette hausse des prix pèse d’autant plus sur les consommateurs modestes qui n’ont pas de marge de manœuvre pour adapter leur consommation, déjà à l’étroit dans un pays où taxes, impôts et régulations pléthoriques garantissent un pouvoir d’achat particulièrement contraint. Concrètement, l’épargne des Français est donc mise à contribution et ce d’autant plus que les taux de rémunération de celle-ci sur les comptes traditionnels (livret A, plans d’épargnes divers, pour un total de plus de 480 milliards d’euros) sont microscopiques et bien inférieur à l’inflation.

En début d’année, certains constataient plus ou moins gaillardement que l’encours d’épargne en France avait continué à grimper les derniers mois de 2021 avec 165,8 milliards d’euros placés sur divers supports selon les données publiées par la Banque de France, soit un surplus de plus de 55 milliards d’euros déposés par rapport à la situation qui prédominait avant la pandémie.

Cependant, si les classes moyennes et aisées profitent encore des économies que permettent de réaliser certaines situations (moins de dépenses de mobilité, de tourisme, de sorties au restaurant ou au cinéma par exemple), il en va nettement différemment pour les classes laborieuses qui, elles, commencent à accuser le coup et piochent dès à présent dans leur bas de laine.

Parallèlement, la croissance française, dont on nous avait rebattu les oreilles avant et pendant la campagne électorale présidentielle en trouvant au pays une santé pétulante, semble nettement marquer le pas : les prévisions à son sujet de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) la placent à présent autour de 2,7 % pour l’année 2022, alors que les autorités fanfaronnaient du 4,2 % à l’automne dernier. Et pouf, fini les chiffres mirifiques !

En outre et comme l’indique une étude de l’assureur Allianz, les choses ne vont pas s’arrêter là : les hausses constatées actuellement ne sont en réalité que le reflet des déstockages et des prix établis au courant et à la fin de l’année dernière essentiellement. La guerre et les nouvelles tensions sur les chaînes logistiques apparues depuis le début de l’année ne seront réellement reflétées dans les prix que durant les prochains mois, ce qui pourrait bien se traduire par une hausse encore plus significative des prix alimentaires. Matières grasses, farine, huile, les prix de ces matières premières doivent, selon Allianz, augmenter encore de 10 à 25 % pour refléter les augmentations de coûts subies par les producteurs ; en pratique, si les coûts de production devaient se reporter à 75 % (ou intégralement) sur les prix à la consommation, les Français devraient s’attendre à une inflation de l’ordre de 8,2% (ou 11 %).

Pour un nombre maintenant croissant de Français « à l’euro près », une telle augmentation signifie très concrètement des sacrifices puis une chute considérable de leur niveau de vie. Pour certains, c’est la différence entre se nourrir et terminer le mois dans le rouge, voire accumuler des dettes.

Dans ce contexte, difficile d’oublier ce qui s’est passé à la fin de l’année 2018 qui a vu le développement d’un mouvement social spontané suite à une augmentation des prix des carburants, augmentation qui apparaît fort modeste de nos jours. Ce mouvement fut à l’époque largement étouffé par la répression policière et les gesticulations gouvernementales qui donnèrent à cette occasion une excellente idée de l’étoffe présidentielle ou, plus exactement, de son absence criante.

Avec un président qui n’a montré aucun mûrissement intellectuel et un gouvernement composé pour une bonne partie des mêmes bras cassés qu’en 2018, pouvons-nous réellement espérer que cette inflation galopante et l’appauvrissement rapide des Français ne se traduira pas par des tensions sociales encore plus fortes ?

Cette question restera sans réponse encore quelques semaines, quelques mois tout au plus, alors que Bruno Le Maire, l’irremplaçable ministre de l’Économie (irremplaçable car personne ne veut hériter du foutoir qu’il a créé), commence à évoquer ses « solutions » pour cette situation économique désastreuse : il exhorte à présent les entreprises qui le peuvent à augmenter les salaires

Eh oui, c’est aussi ça la puissance intellectuelle au service de Bercy : pour lutter contre l’augmentation des prix, il préconise donc d’augmenter le prix de ce qui est généralement le plus coûteux pour une entreprise, c’est-à-dire la main-d’œuvre. Cela va bien se passer. Au passage, on lui saura gré d’au moins laisser un semblant de choix aux entreprises, au contraire des inamovibles gauchistes comme François Ruffin qui, eux, préconisent l’indexation des salaires sur l’inflation, ce qui n’est pas du tout facteur d’inflation non plus.

À présent et indépendamment des mouvements sociaux qui auront lieu (ou pas) les prochains mois, on peut déjà dresser les grandes lignes économiques que nos clowns à roulettes vont suivre sans fléchir : devant le constat d’échec cuisant que notre frétillant Bruno ne manquera pas de ne surtout pas établir après quelques trimestres de cafouillages ministériels habituels, l’étape suivante consistera à bloquer ces prix qui ne font que grimper. Comme on peut déjà le garantir sur facture, les pénuries, sur le point de s’installer ou déjà présentes sur certains biens et services, deviendront alors endémiques et le problème, déjà grave, deviendra insoluble par la grâce du « toucher gouvernemental » qui distribue les écrouelles et transforme l’or en plomb.

Que voulez-vous : quand on n’a que le marteau de la distribution de pognon gratuit dans ses mains, tous les problèmes économiques ressemblent à des clous sur lesquels on va donc frapper consciencieusement de la seule façon qu’on sait faire.

Réjouissez-vous, les tickets de rationnement arrivent.


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    The Real Franky Bee
    3 juin 2022 at 9 h 55 min

    L’économie à Sciences Po et l’ENA c’est une pauvre équation issue d’un modèle de comptabilité publique qui simplifie de manière drastique la réalité d’un système complexe que même les meilleurs physiciens peinent encore à pleinement comprendre, et qui laisse surtout les cuistres de Bercy penser qu’un gouvernement peut se substituer aux forces productives via la dépense publique permanente. Rien d’étonnant donc à voir Bruno venir clamer haut et fort qu’il va « protéger les français » en augmentant encore plus la demande via plus d’argent magique (qui coule déjà à flot), et ce malgré l’obstacle que constitue son intelligence. Forcément, cela ne va pas bien se terminer, et ce ne sera la faute ni des Russes, ni des supporters anglais. La France c’est la merde sans la Californie.

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  • CPEF 🙁

  • J’ai jamais vu une équipe de bras cassés pareille… et hop on réintroduit les maths dans le tronc commun après les avoir supprimées. Bruno Lemaire devrait assister aux cours, ça l’occuperait de manière utile au lieu de nous pondre des envolées fumeuses. Heureusement pour lui, je vois que Mélenchon ou Lepen pour faire pire en économie.
    Rien à voir mais j’entends que le dispositif policier ce soir au SDF ne sera pas particulièrement étoffé, le match étant classé sans risque. On aura quand même la grève du RER et la faune locale de sortie encouragée par ses derniers résultats économiques. On parie que ça va bien se passer? CPEF

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    • Du sport pour tous et des maths en option pour les littéraires : l’ékole é sové !

      • Les maths en option pour les littéraires, c’était déjà le cas il y a des années, le sport pour tous aussi..

  • Ce qu’il y a de bien avec lemaire, il n’y connaît rien en économie donc on peut lui faire dire n’importe quoi, il faut qu’il reste le plus longtemps possible.

  • « Avec un président qui n’a montré aucun mûrissement intellectuel et un gouvernement composé pour une bonne partie des mêmes bras cassés qu’en 2018 »
    C’est effectivement le principal problème : Macron a réussi à éliminer toutes les oppositions mais est incapable d’attirer des talents dans son gouvernement. D’ailleurs il n’en veut pas.
    Sa doctrine est simple : vous êtes une bande cons et c’est moi le chef !
    Les 5 ans à venir vont être un cauchemar.

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    • Il n’a pas fait qu’éliminer l’opposition, il a également placé des profils acquis à sa cause (en général, on retrouve souvent le triplé Sciences Po + ENA + formation Young Leader) à tous les postes-clés. Conseil d’administration, CNIL, CSA et autres organes censés être des contre-pouvoirs à l’exécutif sont désormais à sa botte.
      Tout comme les ARS d’ailleurs
      Il a également fait passer des lois liberticides ces dernières années grâce à l’anxiété générale (et le cirque médiatique) de la pandémie, qui permettent désormais de ficher les opinions syndicales et religieuses, de survoler tout avec des drones, de fouiller le dossier médical, d’inspecter l’historique web…
      Sans oublier qu’officiellement, nous sommes toujours en état d’urgence sanitaire jusque fin juillet. Donc si des manifestations gênantes venaient à germer, il suffirait de quelques courbes montrant une « vague fulgurante » et quelques préfets interdisant les manifestations pour raison sanitaire.
      On pourrait à la limite craindre une guerre civile, mais Macron a passé les cinq dernières années à diviser tout le monde, donc difficile de s’unir contre un ennemi commun. On va plutôt se retrouver avec plus de contrôle : l’incident du Stade de Farce va permettre de justifier l’introduction de la reconnaissance faciale dans les lieux publics tandis que le retour du Covid (ou l’explosion de la variole du singe) accélérera la mise en place définitive du passeport numérique européen… et le transfert de souveraineté vers l’OMS.
      Enfin, une fois que l’inflation aura détruit l’épargne des particuliers, il ne restera plus qu’à leur imposer l’euro numérique. Et paf, on aura une jolie Europe fédérale, bien contrôlée, bien surveillée, bien obéissante, et bien pauvre aussi.

      • Avatar
        Diagoras L Athee
        3 juin 2022 at 19 h 15 min

        Le pire c’est que c’est même pas forcément calculé de leur part. Mais leur efforts pour leur maintien au pouvoir les poussera naturellement dans cette direction. C’est effectivement la voie la plus facile pour subtiliser et conserver le pouvoir sur le long terme.

  • Heureusement , que je ne suis pas avocat, sinon je me demande comment je trouverais des excuses à nos « élites super incompétentes ». Ben, tout est dit y compris dans les commentaires. Tout fout le camp, surtout le bon sens chez nos dirigeants.

  • Tickets de pain avan la fin du quinquennat. Y’en a qui parient avec moi ?

    • Non, ça va s’appeler « chèque alimentaire », et ça devrait être annoncé dans les prochains jours !

  • L inflation est pensée et crée
    L inflation est un impôt dissimulé certains prétendre même avec cynisme que c est indolore.
    Qu ils demandent aux personnes à bas revenu dont la fin du mois commence le 5 ce qu’ils en pensent
    Les pénuries sont également voulues.
    Mais pas de panique le cerbère BLM veille tout iras mieux en 2023.
    Tiberle contra…

  • Dans le secteur de la restauration, l’inflation prend des proportions bien plus marquées qu’au niveau domestique. L’huile de friture (à base de tournesol mais pas que) a pris 300%. Quand on a la chance d’en trouver. Parfois un semi arrive et pouf, deux jours plus tard, pénurie à nouveau. La viande de boeuf hachée 30% et en pénurie partielle. L’ensemble des produits, quand ils sont disponibles a augmenté entre 20 et 50%. Plus de magret de canard français ou au compte goutte, le secteur de la volaille pareil, les oeufs pareil.
    Bref, l’inflation réelle est tout simplement délirante.

  • Quand l’Etat n’a plus d’argent, que le vol (heu, la taxation) se voit déjà trop, que les promesses d’argent gratuit des autres sont les seules raisons du maintien au pouvoir d’une équipe de nullos qui découvre la vie de rock-star (euh, de politicien, c’est pareil mais sans l’effort de devoir composer des trucs qui plaisent et de les jouer dans des stades), il reste l’inflation, l’impôt caché par excellence.

    Cette inflation qui est en fait « bénéfique » pour les gens endettés (les grosses entreprises, les gens aisés mais pas trop, l’État surtout car il a énormément de dettes et il en crée toujours plus) car il s’agit de transférer la richesse de l’épargnant et du « productif » vers l’endetté. C’est top vu de loin, mais comme ça détruit le capital productif (épargne accumulée) et la capacité des pauvres de devenir moins pauvres, c’est absolument désastreux à moyen et long terme.

    Mais le long terme pour un politicien, c’est la fin du mandat, 5 ans au grand maximum. Et « après moi le déluge »…

  • Comment se fait-il qu’en France où les diplômes en économie sont si nombreux, les résultats sur le terrain soient si pitoyables? Il y a pléthore d’économistes qui nous mènent dans le mur, sauf une infime minorité que l’on peut compter sur les doigts d’une main, qui semble arriver à se débarrasser de la gangue éducative ? C’est tout bonnement incompréhensible ! Du moins, pour moi.

    • Les « économistes » universitaires en France sont très majoritairement répartis en deux clans : les néo-keynesiens (qui pensent que l’Etat est un truc magique qui doit piloter l’économie -sorte d’équation simplistes issue de concept comptables mal intégrés- et rend tout le monde riche et évite les crises) et les marxistes et dérivés (qui pensent que l’Etat est l’outil magique de renversement du capitalisme -qui considérerait le capital comme la source de la richesse- au bénéfice des « travailleurs » -puisque chacun sait que la richesse vient du travail et puis c’est tout). Des libéraux il y en a quelques uns, rares, pas écoutés, bloqués assez souvent dans leurs carrières.

      Comme le système universitaire Français est un système mandarinal de reproduction des « élites » où les professeurs et HDR encadrent les thèses des futurs professeurs et HDR et ne deviennent professeurs et/ou HDR qu’après avoir montré patte blanche (produit des recherches allant dans le sens souhaité par leurs anciens mentors) et qu’un jury et/ou une « commission de spécialistes » remplis d’autres professeurs et HDR d’un des camps dominant ait considéré qu’ils étaient assez du sérail, ça va être dur d’avoir autre chose.

      Les économistes libéraux en France sont donc plutôt en finance qu’en économie… Et même là c’est pas simple.

      • Et les travaux de tous ces gens sont essentiellement de la modélisation où l’on part d’une théorie et grace à quelques équations on montre que la théorie est juste puisqu’il découle des hypothèses de départ les résultats attendus. Le moindre rapport à la réalité, la moindre considération empirique est vue comme « sale ».

        Compréhensible, aussi, dans un pays où l’on considère la théorie des nombres comme immensément plus noble, prestigieuse (et probablement utile) que les « maths appliquées » et notamment les statistiques… Imaginez un statisticien libéral ! Le lumpenproletariat de l’Université Française !

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