Populisme : le détestable exemple des politiciens

Les politiciens se plaignent d’une tendance au populisme des Français mais sont finalement les premiers à l’alimenter régulièrement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 4
populisme

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Populisme : le détestable exemple des politiciens

Publié le 23 mai 2022
- A +

Youpi, les législatives approchent et c’est de nouveau l’occasion de découvrir ce que le paysage politique français peut offrir de plus dodu : des politiciens qui s’égaillent en liberté pendant cette courte période leur permettant de se dégourdir les jambes et de gambader dans la campagne (électorale) à la rencontre du gogo de l’électeur qu’il devra convaincre. Cependant, la fête a parfois un goût amer : il semble que – horreur ! – le Français moyen soit de plus en plus attiré par un populisme des extrêmes.

Eh oui : alors que, pourtant, les partis traditionnels (ici, entendez le Moudem et Renuisance, ex-LREM) proposent des solutions évidentes, simples et démocratiques aux petits soucis qui se font jour en France, il semble bien que les Français développent actuellement un certain attrait pour les programmes de la NUPES (l’amalgame gauchiste), celui du Rassemblement National voire – pire que tout – Reconquête.

Peut-être ce regain d’intérêt germe-t-il à la faveur de débats finement relancés sur le communautarisme ou d’autres questions existentielles comme le burkini ou à l’évocation en creux de l’insécurité (malheureusement subie partout mais discutée nulle part) ?

En tout cas, les Français semblent actuellement attirés par les extrêmes, ou en tout cas, moins attirés par les sémillantes propositions du Centre-Total-Et-Englobant qui recoupe une bonne partie des Républicains, des Socialistes, du Modem et des ex-LREM, ce qui semble suffisant à justifier l’antienne maintenant indépassable du désintérêt d’une part croissante des citoyens envers la politique, composée à parts égales d’une solide perte de confiance voire d’une méfiance ouverte et déclarée, mâtinée d’une part croissante de mépris pour certains politiciens les plus en vue. Il souffle comme un vent d’agacement sur certaines populations qui ont toujours plus de mal à se retenir de voter comme il ne faut pas.

Dès lors, il ne se passe plus une semaine sans qu’un édito de journal bien propre sur lui ne s’interroge sur le populisme latent ou exprimé de nos compatriotes alors que se profile pourtant, selon les estimations actuelles et par le truchement de triangulaires ou de quadrangulaires bien baveuses, une Assemblée largement composée de cet extrême-centre qui porte aussi haut que possible les couleurs de l’anti-populisme.

Franchement, on se demande pourquoi.

La probité des élus, leur exemple permanent du dépassement de soi, leur honneur et leur bienséance en toutes circonstances renvoient les médisants à leurs fantasmes : impossible de verser dans le populisme avec une telle classe politique au-dessus de tout soupçon, vibrants exemples de démocrates à la fois populaires et visant manifestement l’élévation du peuple par le bien commun et des politiques généreuses et bien pensées dans le respect de tous !

Alors oui, bien sûr, il y a bien quelques écarts, parfois.

Prenez Jérôme Lambert, ce député sous bannière NUPES, dont les indemnités de mandat lui permettent de percevoir plus de 7000 euros par mois, et qui estime que payer 971 euros pour un 95 m² à Paris est trop cher. Eh bien n’y voyez là aucune malice : comme l’organisme HLM qui lui loue ce bien ne mène aucune enquête sur les occupants, que certains dépassent allègrement les plafonds de ressources pour ce type de bien n’est d’aucune importance.

Devra-t-on évoquer Damien Abad, un député jadis Républicain, qui nous a joué un joli sketch ces derniers jours pour savoir si, oui ou non ou plutôt oui, il allait rejoindre le camp des gagnants, et ce en fonction d’un éventuel hochet poste ministériel. Habilement proposé puis confirmé comme ministre d’un maroquin fourre-tout, il a donc quitté son parti et la présidence des députés LR à l’Assemblée, montrant en cela que la trahison pouvait rapporter. Ainsi pourra-t-il garantir la parité actuellement en vigueur dans les gouvernements du Président Macron qui impose une juste répartition des repris de justice, des personnalités mises en examen et de celles subissant des accusations.

Mais en tout cas et mis à part ces deux derniers exemples, force est de constater que le populisme des Français n’a pas de base : ils n’ont en réalité aucune raison de tenir compte des douzaines de députés mis en examen ou carrément condamnés pour aboutir à la conclusion qu’un gros paquet d’entre eux seraient de gros pourris hypocrites qui mériteraient amplement de terminer leur carrière politique satellisés en orbite géostationnaire à coups de pied au fondement (républicain et démocratique).

Est-il utile de revenir sur le cas de Thierry Solère, qui, mis en examen pour un nombre roboratif d’affaires, renonce finalement à se présenter ?

Doit-on rappeler qu’un député LREM a malgré tout fait l’intégralité de son mandat de député alors qu’il a été mis en examen pendant toute sa durée, et finalement condamné à de la prison ferme et inéligibilité pour voies de faits le 12 mai dernier, l’obligeant au demeurant à renoncer à se présenter ?

Notons que l’inéligibilité n’est apparemment pas une raison suffisante pour renoncer selon certains députés : Michel Fanget persiste malgré sa condamnation. Il sera intéressant d’interroger les Français qui voteront pour lui, afin d’en mesure la cohérence.

Est-ce vraiment nécessaire de revenir sur le cas de Jérôme Peyrat que la condamnation pour violences conjugales aurait pourtant dû éliminer de toute investiture d’un Président qui prétend porter haut la cause féminine ?

Quant à Sira Sylla, sous le coup de plusieurs procès pour harcèlement moral de la part de ses attachés parlementaires, on pourra simplement dire que la génération actuelle d’attachés parlementaires n’est pas à la hauteur des performances que la jeune députée exigeait et compte encore le faire puisqu’elle se représente, tout comme Anne-France Brunet, élue de Loire-Atlantique, qui a aussi été réinvestie par la majorité dans la troisième circonscription du département malgré – elle aussi – une plainte pour violences et harcèlement. Décidément, les femmes députés ont une poigne qu’on ne soupçonnerait pas !

Non, décidément, on ne voit aucune raison pour laquelle les Français pourraient trouver quelques vertus au populisme de ces partis d’extrême, dont certains ont le toupet de vouloir mettre en avant des valeurs qui semblent s’être bien malheureusement évaporées du gros parti mou du centre-tout. Non pas bien sûr que ces partis seraient plus probes, plus honnêtes ou plus valeureux que lui, mais au moins offriraient-ils une opposition réelle à ce qui, d’amalgames en désertions et de désertions en absorptions, semble devenir un Parti Unique.

Non, vraiment, le comportement des députés eux-mêmes, les affaires qui s’amassent, ne sont pour rien dans la désaffection voire le mépris ou le dégoût des Français de la politique actuelle. Non, il n’y a pas d’odeur de faisandé dans ce régime qui ne veut surtout pas voir la crise majeure.

Ce pays est foutu.


—-
Sur le web

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Si l’on tente un bilan sous l’angle paritaire… L’on compte, en Macronie, autant de harceleuses morales que de prédateurs sexuels. Même si les premières la jouent incontestablement « petit bras » eu égard aux turpitudes des seconds, vous avez raison, ce bilan est fort honorable.

  • Bonjour, allons allons, n’accablez pas l’extrême centre. Cette magnifique formation où toutes les idées forment un immense « gloubiboulga ». Il manque un hymne à ce parti, et je propose la chanson de Jacques Dutronc : je retourne ma veste. Mais même après avoir retourné leurs pantalons, ce sont les français qui vont se retrouver à poil…

  • Cet espèce de centre tout se pose en seul rampart contre les extrêmes. Comme il prend l eau et qu en plus il demande à ses électeurs de faire barrage on sait comment ça finira .

  • Avatar
    The Real Franky Bee
    24 mai 2022 at 7 h 13 min

    « Protéger les français ». C’est le mot d’ordre de cette caste aux allures de pompiers pyromanes.

    On fait tout pendant depuis des décennies pour pousser les électeurs vers le rejet et les extrêmes, mais on ne s’empêchera pas de clamer haut et fort : « il faut protéger les français de la bête immonde ».

    On injecte des liquidités dans l’économie à tout va depuis des décennies, créant là les conditions d’une spirale inflationniste meurtrière, mais : « il faut protéger les français de l’inflation ».

    Ça me rappelle cette phrase dans le film La Haine : « Et nous, qui nous protège de vous ? »

  • Avatar
    jacques lemiere
    24 mai 2022 at 7 h 16 min

    « Discours politique s’adressant aux classes populaires, fondé sur la critique du système et de ses représentants. »

    la définition du populisme contient assez de flou, avec la notion de classe populaire, du système critiqué et de la nature de la critique..

    on peut y voir, une affirmation d’une démocratie confisquée par une élite… donc le fameux « nous ne sommes pas en démocratie » sauf que..heureusement que nous ne sommes pas en démocratie mais en démocratie encore libérale..

    pour le pen le peuple c’est les vrais français pour mélenchon les non capitalistes ou « prolétaires »..

    le politicien français est d’aillers sans doute TROP habitué à s’adresser au classe populaire et non à l’ensemble de la population..

    Et en soi..être populiste n’est nécessairement mauvais..

    on a quoi en face? de savants calculs reposant sur la satisfactions de groupes.. comment atteindre la majorité en additionnant les concessions corporatistes?

    et que je satisfaits qui les fonctionnaires, qui les retraités , en fait pas mieux qu’un « peuple  » qui n’est pas tout le monde…
    l’interet général est une fiction…

    ce qui doit être contenu est le champ d’action démocratique. pas le démos…ou une majorité d’icelui .parce que l’action politique spolie et bafoue les libertés individuelles.

    -1
  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Peut-on dire que la motion de rejet du projet de loi immigration votée le 11 décembre 2023 est une illustration de la théorie du fer à cheval ? Forgée dans les années 1970, elle considère le spectre politique sous la forme d’un arc de cercle dont les extrémités gauche et droite se rejoignent. Mais disons-le d’emblée, la « horseshoe theory » est moins un postulat étayé qu’un jugement spontané. Il a pourtant eu l’intérêt de mettre la lumière sur la structure de l’offre et de la demande politique. Côté demande, si un tiers des électeurs de La Fr... Poursuivre la lecture

5
Sauvegarder cet article

On s’habitue sans se résigner, ni peut-être comprendre.

Jadis qualifiées de séisme suscitant la sidération, les victoires de partis qualifiés de populiste, ou d’extrême droite (nationaliste-conservateur serait plus exact) par analystes et commentateurs deviennent habituels en Europe. Une tendance inquiétante, vu la faible appétence de la plupart d’entre eux pour les libertés, ou leur complaisance envers le Kremlin. Mais qui devrait surtout pousser dirigeants et relais d’opinion, au lieu d’évoquer rituellement le « retour aux heures les... Poursuivre la lecture

Auteur : Catherine de Vries, Professor of Political Science, Fellow and member of the Management Council of the Institute for European Policymaking, Bocconi University

 

Les résultats des élections néerlandaises du 22 novembre dernier, qui ont vu la victoire du Parti pour la liberté (PVV), ont provoqué une onde de choc au sein de l’establishment politique européen. Les effets de ce scrutin pourraient bien aller au-delà des seuls Pays-Bas.

 

Une première dans l’histoire du pays

Pour la première fois dans l... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles