Retrait de la redevance audiovisuelle : on abuse des Français

La suppression de la redevance audiovisuelle risque d’avoir des effets pervers.

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Retrait de la redevance audiovisuelle : on abuse des Français

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 19 mai 2022
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La décision du gouvernement de supprimer la redevance audiovisuelle publique sera effective dès 2022. On nous explique qu’en fait la suppression de cette redevance va constituer « une mesure de plus en faveur du pouvoir d’achat » des Français qui devaient la payer, c’est-à-dire toute personne possédant un téléviseur, à moins qu’elle en soit exonérée sous certaines conditions. Le raisonnement semble limpide : ceux qui payaient 138 euros par an n’auront plus à supporter cette charge et leur pouvoir d’achat sera augmenté d’autant.

Qui va payer ?

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que si l’audiovisuel public n’est pas financé par un taxe spécifique, il n’est reste pas moins vrai qu’il reste financé par l’État. Qui va donc financer cet audiovisuel ?

On pourrait croire que la suppression de cette taxe correspond juste à un changement de contributeurs, passant des propriétaires de téléviseurs aux seules personnes soumises à l’impôt sur le revenu. Certains osent donc décrire cette mesure comme conforme à la justice sociale.

C’est absolument faux car ce raisonnement occulte le fait que le pays est surendetté. Il y a donc toutes les raisons de penser que l’inclusion du financement public de l’audiovisuel dans l’assiette générale des impôts n’est en fait qu’une contribution supplémentaire à l’augmentation de la dette qui pèsera sur les futures générations de façon indiscriminée.

Il y a ce que le gouvernement dit et ce qu’il ne dit pas. Ce qu’il dit : je vais vous faire gagner du pouvoir d’achat, ce qu’il ne dit pas : ce sont vos enfants et petits-enfants qui devront payer pour l’économie faite par certains grâce à la suppression de la redevance. Au temps pour la justice sociale.

La neutralité de l’audiovisuel public

Nous serions en droit d’attendre de la part de l’audiovisuel public une certaine neutralité politique. Or celle-ci est largement oubliée. Toute personne n’étant pas de gauche ou favorable à Emmanuel Macron s’en rend compte chaque jour en écoutant France Inter par exemple.

Bien sûr, il ne s’agit pas de souhaiter qu’un biais inverse s’instaure. Mais jusqu’à présent, une personne constatant que ses idées ne sont pas représentées à la radio ou à la télévision pouvait déplorer cette injustice d’avoir à payer une taxe pour financer une télévision ne reflétant pas du tout ses opinions.

Il ne s’agit pas de plaider pour un retour à la taxe audiovisuelle mais de dénoncer cette suppression qui va permettre de rendre incolore et inodore l’emploi et les dérives possibles de cet audiovisuel par l’État pour faire avancer ses orientations politiques.

Masquer la réalité du poids de la fiscalité

L’annulation de la redevance participe aussi d’une volonté de l’État de rendre les Français moins conscients de l’énormité de la fiscalité qui pèse sur eux. Supprimer cette taxe camoufle donc le poids du financement de l’audiovisuel.

C’est le cas du prélèvement de l’impôt à la source, ou du principe des charges sociales soi-disant payées par l’employeur.

Cette volonté a un but politique évident. Le niveau des prélèvements fiscaux et sociaux qui pèse sur les Français est l’un des plus élevés du monde, et l’État français s’est endetté à un niveau proche de la faillite.

Ce tout petit geste apparemment en faveur du pouvoir d’achat est la énième traduction d’une tentative politique de rendre toujours plus opaque l’emploi des impôts en dépit du bon sens et depuis des dizaines d’années.

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  • La redevance est supprimée car son coût de recouvrement est disproportionné depuis qu’elle n’est plus adossée à la taxe d’habitation. C’est effectivement une fois de plus une manière de dissimuler les taxes sous le tapis : on supprime les prélèvements qui se voient parce qu’ils sont payés directement (taxe d’habitation, redevance…) au profit des impôts « invisibles » (taxes sur l’énergie…).
    Il faudrait au moins que ce genre de manipulations serve à rendre le financement public de l’audiovisuel incompatible avec la publicité, car la classe techno-médiatique se gave à nos dépends (animateurs producteurs qui ont monopolisé les antennes notamment !).

  • Il faudrait surtout « écrémer » en divisant les dépenses d’un facteur 5 !
    Que l’état puisse avoir un vecteur auprès de la population peut se concevoir mais pas aussi gigantesque, donc à coût écrasé.

    • Un « facteur 5 » ? Je propose de diminuer le budget de 90%. On garde une seule station de radio et une seule chaîne de télévision. Cela suffit amplement.

  • A t on besoin de 10 chaines de télé et autant de radios pour le soit disant « service public »? En quoi ces chaines sont un service public? Elles sont surtout au service d’un effectif pléthorique, sur syndicalisé, de couleur politique uniforme et très à gauche , et avec l’argent des autres. Il y a je le reconnais de très bonnes émissions, apolitiques et culturelles, avec sans doute peu d’audience. Il est temps de repenser le service public, et faire quelques économies au passage.

  • S’il vous plait n’utilisez pas le mot « supprimer ». Je ne payais pas la redevance télé, car je n’avais pas de télé. Maintenant je vais devoir payer la taxe télé. C’est une création, non pas une suppression.
    Et pourquoi cela? Car de plus en plus de gens comme moi renonçaient à la télé pour ne pas payer la redevance. La télé publique c’est tellement bien qu’il a fallu l’imposer.
    Je m’attends maintenant à bientôt devoir financer une allocation pour acheter une télé aux nécessiteux qui ne peuvent en acheter. Eh oui, ce n’est que justice sociale que d’avoir accès à l’information financée par tous!

  • Si l’Etat a tellement confiance dans sa capacité à fournir des services de qualité, pourquoi ne pas demander un financement à ceux qui utilisent ses services ?
    Ainsi fait mon boulanger, ou tout honnête homme, qui ne pratique pas le racket

    • Le mafieux a le bon goût de s’habiller avec style et de ne pas s’embarrasser de réglementation compliquée contrairement à l’homme de l’Etat.
      Je rigole hein, j’essaie seulement de trouver des différences.

  • C’est de l’arithmétique élémentaire.
    A chaque fois qu’on supprime une taxe affectée sans réduire le « service » qu’elle finance (vignette pour les vieux, taxe d’habitation, redevance audiovisuelle …) ou qu’on accorde des subventions populistes (isolation, voitures électriques …), on les reporte sur la fiscalité générale ou l’endettement : redistribution et pillage des minorités productives qui votent mal ou patates chaudes refoulées à la prochaine génération qui ne vote pas encore.

  • Ça a bien fonctionné avec la « suppression » de la taxe d’habitation – d’autant plus facile à décider qu’elle ne touchait pas directement aux finances de l’État. Alors pour la redevance audiovisuelle, il n’y aura vraiment aucun problème !

  • Toujours étonnés de voir des libéraux qui s offusquent de la suppression d un impôt…. avec des arguments d une hypocrisie sans nom……..😄😄😄

    -2
  • Les commentaires sont fermés.

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