Ukraine : la guerre ne fait que commencer

La ligne de front est loin d’être figée et la guerre, loin d’être finie. Nous allons vivre, nous vivons déjà une « deuxième guerre d’Ukraine » qui sera encore plus violente que l’offensive de la semaine dernière.

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Ukraine : la guerre ne fait que commencer

Publié le 3 mars 2022
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Après le choc initial de l’offensive russe, l’espoir semble renaître en Ukraine.

Attaqué depuis tous les points cardinaux, le pays a résisté. Alors que de nombreuses villes ont été frappées et que son centre névralgique, Kiev, se trouve dans le viseur russe, les institutions se sont jusqu’à présent maintenues. Nié dans son identité nationale par Vladimir Poutine, le peuple ukrainien a enrayé la conquête éclair de son territoire.

Contre toute attente, presque une semaine après le début de la guerre, les troupes russes n’ont pas pris le contrôle du territoire ukrainien. Signe de la limite de leur action, des négociations se sont même tenues hier entre belligérants.

On doit saluer la résilience des forces ukrainiennes. Mais on ne doit surtout pas se réjouir trop tôt, à l’Ouest de l’Europe : une deuxième vague de l’offensive russe est inéluctable. Elle est en cours et elle répond à des motivations structurelles de la présidence russe.

En effet, les autorités de Moscou ne peuvent se satisfaire de leurs avancées territoriales actuelles – aussi larges soient-elles. D’une part, la Russie n’a pas atteint ses principaux objectifs stratégiques ; d’autre part, le leadership russe s’est placé dans une situation de « vaincre ou mourir » ; enfin, dans l’état actuel des choses, le Kremlin n’aborderait pas des négociations de paix dans une position suffisamment forte pour obtenir des concessions majeures de la part du camp ukrainien et des Occidentaux. Traditionnellement, les Russes négocient quand les gains militaires sur le terrain sont substantiels.

La ligne de front est loin d’être figée et la guerre, loin d’être finie. Nous allons vivre, nous vivons déjà une « deuxième guerre d’Ukraine » qui sera encore plus violente que l’offensive de la semaine dernière.

La Russie n’a pas atteint ses objectifs stratégiques en Ukraine

Les combats ne font que commencer en Ukraine car la situation actuelle ne correspond pas au fameux « état final recherché » par les autorités russes en Ukraine – autrement dit, à la vision qu’elles se font de ce que serait leur victoire.

Si l’on examine l’agenda explicite de la présidence russe, l’« opération militaire spéciale » en Ukraine obéit à plusieurs buts : éviter un « génocide » des russophones, « dénazifier » le pays et le « démilitariser ».

Aujourd’hui, les succès militaires russes sont notables au sud, à proximité de la Crimée, dans l’est dans les territoires du Bassin du Don (Donbass), dans la région de Kharkiv et surtout au nord, dans la région de Kiev. Les forces armées russes ont même fait craindre, par leur Blietzkrieg, une disparition rapide de l’État ukrainien.

Toutefois, les autorités de Moscou ne peuvent considérer leur mission (illusoire) comme accomplie : les forces ukrainiennes sont loin d’être défaites et les institutions du pays, on l’a dit, fonctionnent. La Russie n’est pas en position d’installer un gouvernement pro-russe plus ou moins fantoche à Kiev.

Si l’on analyse la situation actuelle au vu des objectifs implicites ou cachés de la Russie, on constate que, là encore, il est impossible au Kremlin de se satisfaire des gains qu’il a obtenus jusqu’ici. L’Ukraine est plus que jamais tournée vers l’Union européenne, comme en atteste la demande d’adhésion exceptionnelle déposée par le président Zelensky, qui sera examinée au plus vite par l’UE ; l’OTAN est plus que jamais engagée en Europe centrale et orientale ; et la population ukrainienne ne s’est pas divisée.

Autrement dit, la Russie n’a pas encore obtenu, les armes à la main, ce qu’elle demande depuis plus d’une décennie, à savoir un arrimage de l’Ukraine à sa propre zone d’influence politique, militaire et économique. L’invasion n’a pas annulé la révolution de Maïdan par laquelle, en 2014, l’Ukraine avait refusé de se détourner de l’UE et de retourner dans l’escarcelle de Moscou.

La Russie est aujourd’hui condamnée à continuer la guerre sous peine de graves troubles dans ses cercles de décision.

Combattre puis négocier

La deuxième offensive russe promet d’être d’autant plus dure que la Russie a développé et rôdé une approche particulière des négociations de cessez-le-feu, comme l’ont montré les précédents des accords dits de Minsk sur le Donbass et le forum d’Astana sur la Syrie.

Depuis dix ans, les autorités russes conduisent des opérations militaires pour pouvoir ensuite (et, souvent, en même temps) négocier en position de force. Pour la diplomatie russe, il n’y a pas de solution de continuité entre guerre et négociation mais, au contraire, une imbrication permanente : quand elle estime les concessions insuffisantes de la part de l’adversaire, elle n’hésite pas à relancer les combats. Diplomatie et action militaire se complètent et s’épaulent l’une l’autre.

C’est pourquoi il apparaît que les négociations lancées hier en Biélorussie sont au mieux un premier pas, au pire une diversion. En effet, Moscou n’est pas en mesure d’obtenir, au cours de ces pourparlers, ce qu’elle veut arracher à l’Ukraine par les combats.

Pourparlers entre l’Ukraine et la Russie : « Personne n’attend beaucoup de ces négociations », France24, 28 février 2022.

Tant qu’elle n’occupe pas Kiev, tant qu’elle ne contrôle pas la totalité du Donbass (au-delà du territoire des deux républiques sécessionnistes de la LNR et de la DNR) ou tant qu’elle n’a pas établi une continuité territoriale entre la Crimée et le Donbass, elle ne pourra pas obtenir la réforme constitutionnelle de l’Ukraine qu’elle exige – une réforme qui garantirait la neutralité, la démilitarisation et la décentralisation du pays.

Elle ne sera sûrement pas non plus en mesure de faire annuler les sanctions diplomatiques et économiques sans précédent adoptées par les Européens. Et elle ne pourra pas forcer une éventuelle partition de l’Ukraine pour réduire le territoire contrôlé par Kiev au statut d’État-croupion. En effet, pour Moscou, l’enjeu de négociations sera non seulement l’avenir de l’Ukraine mais également le futur de ses relations avec l’UE et donc le démantèlement des sanctions ;

Autrement dit, même si la Russie veut négocier, elle ne le fera sûrement pas depuis sa position militaire actuelle. Les opérations de guerre vont continuer jusqu’à ce que Moscou puisse négocier en position de force.

Une question personnelle pour Vladimir Poutine

Une raison supplémentaire très puissante joue en faveur d’une nouvelle offensive russe, rapide, implacable et massive : le président russe à mis sa crédibilité personnelle dans la balance. Le 21 février dernier, il a en effet impliqué tous les membres de son Conseil national de sécurité en les consultant, devant les caméras, sur la reconnaissance par la Russie des Républiques séparatistes autoproclamées.

Ukraine : l’échange lunaire entre Poutine et le chef du renseignement extérieur russe, Le Parisien, 22 février 2022.

La décision d’envahir l’Ukraine a exposé les cercles de décision qui entourent le président russe à de nombreuses sanctions. Même si le contrôle qu’il exerce sur les institutions est fort, il se doit de montrer aujourd’hui que les coûts payés par les dirigeants valent la peine d’être supportés au regard des gains stratégiques et politiques engrangés. Or, à l’heure actuelle, la disproportion est éclatante entre les résultats obtenus et les dommages économiques, financiers et politiques subis par ces dirigeants. L’option choisie par le président russe le condamne à une victoire incontestable. Il ne n’a pas encore emportée.

Pour Vladimir Poutine lui-même, la guerre en Ukraine ne peut que se poursuivre, jusqu’à la victoire qu’il espère. Aujourd’hui la Russie s’est elle-même condamnée à mener une « deuxième campagne militaire en Ukraine ». Celle-ci sera d’autant plus meurtrière que la première a rencontré une forte résistance. Les civils des grandes villes feront assurément les frais de cette spirale maximaliste russe.

Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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  • Le monde entier nous envie les géopoliticiens de sciences po.

  • C’est bien prétentieux de prétendre savoir en détail quels sont les objectifs finaux de la Russie. Le principe de la guerre, au moins pour celle-ci dont il serait coûteux pour tous les camps qu’elle dure trop, est d’acquérir une position favorable dans les négociations de paix. La guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens, disait Clausewitz. Or la Russie veut un tampon hygiénique de protection à ses frontières, et la mise en place d’un gouvernement fantoche en Ukraine est loin d’être la seule manière de le faire, et n’est sans doute pas la plus adaptée non plus. L’Ukraine veut, elle, l’assistanat occidental qui lui permettrait de profiter à bon compte de richesses simplement en faisant du cinéma sur les vilenies de l’ogre russe. Elle a apparemment gagné, à un prix bien plus élevé qu’elle ne l’imaginait, et la Russie a apparemment perdu, à un prix bien plus élevé qu’elle ne l’imaginait elle aussi. Mais si l’on revient à la question inexorable de ce qui finira par sortir un jour des négociations de paix, c’est l’inverse. Pour conclure la paix, il faudra bien offrir à la Russie le tampon hygiénique qu’elle demande, probablement sous la forme d’un engagement de neutralité hors OTAN de l’Ukraine. Et l’aide occidentale à l’Ukraine ne peut être infinie, car les voyageurs qui paient leur place se lasseront de voir les Ukrainiens prendre le train gratuitement. L’aide en question sera complètement consommée et même insuffisante pour la reconstruction du pays, sa distribution fera l’objet de toutes les prévarications possibles et imaginables, et les petits copains mis à part (des deux côtés), les Ukrainiens resteront plus miséreux que les Russes.

    •  » Le principe de la guerre, au moins pour celle-ci dont il serait coûteux pour tous les camps qu’elle dure trop, est d’acquérir une position favorable dans les négociations de paix. »
      Pas pour Poutine.
      Imaginez une Ukraine prospere (disons au niveau de la pologne actuelle). C est une catastrophe pour Poutine. Car les russes vont remettre en cause son leadership. En effet comment justifier que votre pays vive encore dans la misere alors que ce qui etait encore le meme pays lui vive nettement mieux ?
      Detruire l ukraine devient dans ce cas un objectif existentiel pour Poutine

       » L’Ukraine veut, elle, l’assistanat occidental qui lui permettrait de profiter à bon compte de richesses simplement en faisant du cinéma sur les vilenies de l’ogre russe »
      Ce qui se passe actuellement est bien plus que du cinema. Et je dois dire que je suis impressioné par les ukrainiens qui se battent alors qu ils n ont aucune chance de victoire. La mort les attend au bout du combat
      Et permettez moi de vous dire que pour ce qui concerne l assistanat, outre qu on pourrait balayer devant notre porte, rien ne prouve que l ukraine fasse moins bien dans l UE que la pologne

      -2
      • Je répète, c’est bien prétentieux de prétendre savoir en détail quels sont les objectifs finaux de Poutine. Quant à imaginer une Ukraine ayant atteint la prospérité, même simplement au niveau polonais, par l’industrie et le commerce sans trop de corruption, je reconnais que ça me dépasse, et ça n’est de toute façon plus d’actualité.

    • Votre commentaire froid et cynique montre bien comment les libéraux sont incapables de penser le monde et la diplomatie avec autre chose que leur logiciel économique cynique égocentrique et calculateur.
      Comment peut on taxer de « futurs passagers clandestins de l’économie » des êtres humains cachés dans des caves et sous les bombardements incessants, affamés, transis de froid, se battant plus courageusement contre une agression injuste. Comment peut on donner des leçon de morale comme vous le faites à un peuple plus courageux que vous ne le serez jamais, lus méritant que vous ne le serez jamais.
      Vous et tous ces libéraux nantis dans des pays nantis, n’ayant aucun mérite dans le fait que leur pays de sang soit historiquement prospère, se gargarisent de leur volonté d’un état minimal et de leur grand principe soi disant universel du droit de propriété. Mais ce que fait Poutine n’est il pas une violation indiscutable du droit de propriété justement ?

      -3
      • Si c’est à moi que ce discours s’adresse, je vous informe que notre monde n’est pas celui des Bisounours et qu’on peut avoir des sentiments sans pour autant croire qu’ils suffiraient à se garantir des méchants.

        • Oui je m’adressais à vous, dont j’apprécie les interventions par ailleurs. Mon propos est peut être trop véhément sous le coup de l’émotion je vous l’accorde.
          Mais de grâce, nous aurons tout le temps pour les analyses froides et sans compassion après le pic guerrier, mais en ce moment je vois un peuple qui se bat pour des valeurs que je pense nous partageons. Un semblant de solidarité et de soutien me semble le minimum vital pour que le modèle occidental que nous défendons ait encore un sens après cette horrible invasion.
          A quoi bon parler de libéralisme, d’économie si l’on est même pas capables de se battre pour nos valeurs quand elles sont bafouées.

          -1
          • Je l’ai déjà dit, se battre pour ses valeurs est une défaite. Faire triompher nos valeurs ne peut se faire que par l’exemple et l’échange. Quand on en arrive à l’indignation et au combat, ça veut dire qu’on a perdu. Le « modèle » occidental n’a rien d’un modèle qui vaille de prendre les armes. Il y avait d’autres manières, de défendre la liberté, le libre-échange ou le libre-arbitre, dans une neutralité qui aurait coupé l’herbe sous le pied de Poutine. Dans le combat d’aujourd’hui, ce ne sont pas nos valeurs que l’occident défend, mais essentiellement nos politiciens corrompus et déloyaux. Les victimes ukrainiennes sont leurs id…. ut….

            -2
          • Le temps des analyses froide doit se faire bien avant l’action. Personne n’a pleuré les 14’000 victimes et le millions de réfugié de la guerre que Kiev a mené contre le Donbass depuis 2014 et le pays est morcelé. Ce n’est pas « un » peuple, mais plusieurs mal agglomérés dans l’urgence de la chute de l’URSS et de la dénucléarisation de ce territoire.

            -2
            • cette guerre civile avec des exactions et des atrocités des deux côtés est-elle le seul fait du gouvernement Ukrainien? Bien avant les événements de Maidan, une nuée de groupuscules nationalistes pro-Russes, encouragés, épaulés, financés par Moscou ont investi le Donbass, multiplié les incidents et tout fait pour que la situation dégénère et ces groupes là avaient un crédo: l’Ukraine en tant qu’état indépendant ne doit pas exister.

  • C’est une guerre a minima, sinon cela ferait longtemps que l’Ukraine serait tombée mais putine a prévenu qu’il ne voulait pas l’envahir… C’est grand l’Ukraine, sage decision.

  • Les poutinophiles sont de sortie ici aussi par leurs commentaires. La guerre est finie, Poutine ne gagnera pas l’Ukraine comme une alliée à l’instar de la Biélorussie. La seule chose qu’il peut faire et qu’il fera sans doute est de raser le pays à coups d’artillerie, de frappes de plus en plus imprécises, de réfugiés par millions. Les russophones voire les russophiles seront traités comme les autres, c’est à dire mal, tout ça pour arborer le drapeau russe à Odessa. Tout au plus, les événements feront que subsistera une mini-Ukraine ravagée, plus paysanne qu’industrielle ou technologique, que l’Europe prendra sous son aile. Pour peu que l’Ukraine russe s’enlise et que l’Ukraine ukrainienne suive le chemin de la Pologne dans la modernisation, dans quelques années, un nouveau rideau de fer empêchera ceux de l’Est de fuir à l’Ouest. On parlera des gens de Kiev ouest comme on parlait des berlinois de l’ouest. Il n’y a rien à attendre de la Russie, désolé pour ses admirateurs, tsarisme, sovietisme, poutinisme, ils n’en sortiront jamais, on a les dirigeants qu’on mérite.

    -4
  • Quelqu’ un peut il estimer les bénéfices des marchants d’ armes après le conflit ? Vous avez 5 minutes pour répondre. Petit indice, l’ Allemagne va dépenser 100 milliards.

  • a priori Poutine a été trop optimiste et la conquête de l’Ukraine est mal barrée !
    la Russie n’a pas assez de troupes pour occuper longuement le terrain , de plus le coût va être énorme
    l’armée russe n’est pas aussi invincible qu’on pouvait le croire !
    ensuite quid des réactions en Interne, peuple , armée , oligarches etc
    a suivre

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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