Quand les arbres sauvent nos récoltes… ou pas

L’agriculture bio avec des arbres mettra à mal les récoltes. Un danger pour une agriculture efficace.

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Quand les arbres sauvent nos récoltes… ou pas

Publié le 10 février 2022
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Dans cette vidéo champêtre, Jamy Gourmaud nous emmène dans un monde formidable de la nouvelle agriculture.

 

Les jeunes agriculteurs Bio ont repris la ferme familiale et ont planté 10 km de haies pour pratiquer l’agroforesterie, promesse de biodiversité et de progrès.

Dans les années 1960, 10 000 km de haies ont été arrachées en France pour adapter le parcellaire et favoriser la mécanisation. À une époque où la politique était d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, cet ajout d’environ 10 000 ha aux surfaces cultivables, accompagné de la fin de la concurrence végétative de ces arbres avait boosté la production agricole, avec le concours des pouvoirs publics qui subventionnaient et imposaient le remembrement.

Une promesse de bienfaits de la part des arbres sur les récoltes !

Les temps changent et l’opinion de même. On nous vante maintenant le super pouvoir des arbres pour aider le blé à pousser. L’État subventionne les agriculteurs pour replanter des arbres, et cette association avec les cultures les protégerait des caprices de la météo. Par son feuillage, l’arbre protégerait du vent sur une distance égale à 10 fois sa hauteur. L’évapotranspiration des arbres rafraîchit l’air ambiant.

Les racines des arbres iraient puiser l’eau en profondeur pour la mettre à la disposition des cultures adjacentes et fonctionneraient comme un système d’irrigation qui permettrait de distribuer l’eau dans tout le champ, comme indiqué dans cette capture d’écran :

arbres récoltes

Source

Les arbres enrichissent le sol par la présence de bactéries sur leurs racines et par la décomposition de leur feuillage. Cet enrichissement en différents micro-organismes favoriserait la décomposition des éléments fertilisants et serait favorable à une meilleure résistance des parcelles reconverties pour affronter le réchauffement climatique.

Une réalité bien différente…

Cette présentation médiatique orientée et bien huilée ne trompera pas les agriculteurs qui ont constaté depuis longtemps que la présence d’arbres dans leurs champs révèle une concurrence sévère entre les arbres et les cultures. Si la nouvelle agroforesterie semble attractive, il faut envisager le futur. Tant que les arbres sont au stade de la photo, et sont plantés dans un sol fertile et profond, dans des alignements distants d’au moins 24 à 36 mètres pour permettre le passage des outils de protection des récoltes, la concurrence est supportable. Il faut noter que le parcellaire doit être assez vaste pour permettre la manœuvre des matériels de culture.

Mais si l’arbre protège du vent sur une distance égale à 10 fois sa hauteur, il concurrence les récoltes sur une largeur égale à sa hauteur aussi bien en eau, qu’en nutriments et en lumière. Rien de mieux que des photos pour illustrer :

Ici une rangée de noyers en bordure d’un champ de maïs. Il faut atteindre le douzième rang pour se dégager de la concurrence des arbres, soit près de 10 mètres, les premiers rangs n’ayant pas poussé et ayant séché sur pied. Nous sommes ici sur une terre de champagne, normalement fertile permettant des rendements de 80 Qx/ha en culture non irriguée.

Autre situation de concurrence :

 

Ici une bordure de bois de chênes dont la vigne n’a pas supporté la concurrence : le premier rang de vigne normal se situe à 20 mètres de la bordure. On peut comparer les photos des situations : dans la première, promue par les écologistes on constate une non-concurrence des arbres avec la culture, mais ces arbres sont très jeunes et leur croissance entraînera les conséquences constatées sur les photos du bas.

Restons objectifs sur les arbres et les récoltes

Il est des circonstances où la présence de haies est indispensable pour protéger les zones où les vents violents (mistral, tramontane) ou les brises de mer salées créent des dégâts conséquents. Les bordures de cours d’eau sont stabilisées par les racines de la ripisylve et les talus dans les coteaux sont des endroits où les haies sont naturellement implantées et stabilisent le terrain contre les éboulements.

Mais prétendre comme dans la vidéo que les racines d’arbres distribuent de l’eau dans les champs alentour comme le fait un système d’irrigation est faux, induit en erreur l’opinion et irrite les agriculteurs.

Les arbres sont d’excellents capteurs de CO2, mais les cultures leur sont supérieures. Un hectare de maïs non irrigué capte annuellement près de 17 tonnes de CO2 de plus qu’un hectare de forêt pour les transformer en oxygène et en hydrates de carbone, bases de notre alimentation.

Au regard de la concurrence des arbres d’une haie, on peut considérer qu’une haie de 100 mètres au milieu d’un champ de un hectare diminue sa production de 10 % (5 mètres de chaque côté = 10 mètres x 100 = 10 ares). Dans un contexte de croissance de la population, de la diminution des rendements induite par la culture Bio, une généralisation de l’agroforesterie aurait un impact conséquent sur la production alimentaire. Baisse de la production étant synonyme de hausse des prix, il est évident que les consommateurs ne sortiraient pas gagnants de cette évolution des pratiques agricoles.

On nous répète que les haies sont des réservoirs de biodiversité, en oubliant que parmi celle-ci se trouvent de nombreux prédateurs des récoltes. Ce que les écologistes ne savent pas, ou ne veulent pas voir, c’est que les attaques de prédateurs dans les champs commencent par le pourtour, et en priorité lorsque les champs sont adjacents à des haies ou à l’orée de parcelles boisées.

L’agroforesterie a pour objectif de cumuler la production classique d’une culture et celle de la production des arbres (bois, noix, châtaignes, etc.). L’agroforesterie a perduré dans certaines régions comme le bocage normand où les pommiers ne gênent pas les vaches pour pâturer, les uns profitant des déjections qui fertilisent et les autres bénéficiant de l’ombre et des fruits tombés à terre. Cependant, pour la majorité des autres cultures, les arbres entravent les manœuvres de la mécanisation et font drastiquement chuter les rendements.

De plus, l’entretien des haies nécessite des interventions d’élagage coûteuses en temps et en main-d’œuvre, d’autant que les règles environnementales interdisent les épareuses à fléaux et obligent les agriculteurs à ramasser manuellement les branches après le passage des lamiers de rognage.

La nature ayant horreur du vide, les espaces non cultivés dans la ligne d’arbres sont vite colonisés par diverses plantes pas forcément sympathiques (ronces, garances, chardons, etc.) qui ont une tendance naturelle à se multiplier et à coloniser l’espace, entrant également en concurrence avec les récoltes et créant des difficultés pour les contrôler d’autant plus compliquées que l’opinion veut interdire les herbicides.

Conclusion

Ainsi, l’agroforesterie peut trouver sa place dans des situations spécifiques bien particulières, mais ne peut en aucun cas être généralisée à tout le territoire comme voudraient le faire croire les interventions très médiatisées de certains groupes d’opinion.

Aucune pratique n’a que des avantages, et vouloir ignorer ou occulter les inconvénients ne peut perdurer sans que la réalité ne se manifeste. Ainsi, la promotion de la Bio, présentée comme la panacée pour la santé et l’environnement a elle aussi ses revers, comme en témoigne la récente volte-face du gouvernement du Sri Lanka qui a du revenir sur sa décision du tout bio devant la pénurie engendrée par l’interdiction d’emploi des engrais chimiques et de l’obligation généralisée de la Bio.

Laissons les décisions à ceux qui savent et nous serons assurés de manger demain !

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  • Bah ! Comme désormais il est interdit de pesticider les récoltes à moins de X mètres de l’habitat, autant y planter des arbres.

  • « Laissons les décisions à ceux qui savent »
    Heu..non, désolé, ceci est la situation actuelle que vous regrettez. Ils savent, ils décident.
    Les décisions concernant le type ou la méthode de culture dans un champs doit être prise par le gars qui est propriétaire du champs. Mais je crois que c’est ce que vous vouliez dire.

    Ceci dit, article très intéressant et très instructif.

  • Merci de me confirmer qu’il vaut mieux une terre cultivée que des arbres pour bouffer du co2

  • Vous oubliez le plus important : si la réalité ne se conforme pas à la théorie, c’est que la réalité se trompe. Dans ce cas, il suffit de faire une loi et les choses rentreront dans l’ordre.
    C’est facile d’être écolo !

  • En bonne partie d’accord avec cet article, à part quelques détails.
    Dans ma Bretagne natale, les haies autour des champs avaient diverses fonctions : en plus de délimiter les propriétés, elles fournissaient du bois de chauffage en hiver, des fruits, un abri pour les animaux (soleil en été, intempéries). Beaucoup ont été rasées lors du remembrement mais certaines sont restées debout et des replantations ont eu lieu, mais en général beaucoup plus espacées qu’avant : là où dans mon enfance on pouvait avoir des champs de 50 ares, parfois moins, on a aujourd’hui des champs de 4-5 ha minimum, ce qui est tout à fait gérable pour les engins agricoles.
    Ce qui me permet de rebondir sur le rôle des arbres par rapport au rendement des cultures : oui bien sûr, le rendement des cultures est très diminué à proximité immédiate des arbres, mais s’il est vrai que la culture est protégée des effets du vent sur 20 fois la hauteur des arbres, cela signifie que le rendement des cultures est amélioré (moins d’évapotranspiration) sur 200 mètres, ce qui en principe compense largement la perte.
    Cela dit je suis d’accord avec l’auteur : dire que l’arbre irrigue la culture me paraît fantaisiste. Quant aux micro-organismes si chers aux écolos, c’est bien gentil mais cela se traduit-il par une augmentation du rendement ? parce qu’au final, c’est bien cela le but, non ?
    Le fait est qu’il faudrait des essais comparatifs sérieux, avec parcelles témoins, pour pouvoir répondre à pas mal de ces questions, et à la question ultime : quid du rendement des cultures ?
    Car oui, le bio nous est dépeint sous un jour formidable, mais s’il ne peut pas nourrir la population, quel intérêt ? Or toutes les données que nous avons aujourd’hui, en situation réelle (et non dans les modèles théoriques chers aux écolos), montrent que le rendement des cultures en bio est divisé environ par deux par rapport au rendement des cultures classiques. Et à une époque où la France devient déficitaire au point de vue agricole et alimentaire, est-il raisonnable de pousser au tout bio comme le font de plus en plus de décideurs ? J’ai quant à moi la désagréable impression que l’agriculture et la population française subissent une expérimentation géante semblable aux expérimentations sociales du passé, notamment l’expérimentation marxiste – laquelle a coûté la bagatelle de millions de morts en URSS, en Chine…
    Toute personne de bon sens et informée sait que le tout bio ne peut pas marcher : c’est une idéologie, pour ne pas dire une religion avec ses croyants, comme l’écologie politique. Il nous faut revenir au pragmatisme, aux faits.

  • Merci pour cet article précis, qui montre que l’écologie colporte aussi de fausses idées dans d’autres domaines que l’énergie . Il y a longtemps, j’avais cru comprendre que les arbres au bord des routes avait été plantés pour assécher les chemins. (et aussi délimiter les tracés). En effet un platane absorbe plus de 100 litres par jour dans le sol. Maintenant, ces arbres sont coupés au nom de la sécurité routière…. On comprend aisément que tous les retours en arrière « préconisés » (imposés) relèvent d’un refus du bien être, comme si l’humain devait être déconnecté de la nature, alors qu’il en fait partie. Juste pour rire, nous sommes 7 milliards sur terre, chaque habitant rejette 1 litre d’urine par jour… si je compte bien ça fait 7 millions de mètres cube d’urine rejetée …… par jour.

  • Super article, car intéressant pour le néophyte, enclin à imaginer tout et n’importe quoi et prêt à fantasmer sur un joyeux méli-mélo d’arbres fruitiers et de pieds de vigne (sachant que les vergers des Pyrénées-Orientales, où j’habite, ressemblent un peu à ça, vus d’assez loin, à la sauvette, en bagnole…).
    On est donc pas près de déguster les vraies pêches de vigne. Encore une illusion qui faut le camp.
    Article exceptionnel.

  • Tbon article. Une remarque : « consommateurs ne sortiraient pas gagnants de cette évolution des pratiques agricoles. » : pas forcément, les consommateurs achèteront à bas prix chez d autres , dans des pays où on se fiche de ces âneries. Par contre ça va tuer nos agriculteurs, but réel de nos écolos gauchistes.

  • Excellent article.
    En plus les arbres sont neutre en CO2, ce qu’ils absorbent durant leur vie est entièrement relâché par le tronc pourrissant à leur mort. Une forêt pérenne est ainsi neutre. Il faudrait couper et stocker le bois, mais comme le RCA carbocentré est une escroquerie scientifique, pas besoin de le dire aux écolos et les arbres c’est joli.

  • Je fais quelques constatations chez moi dans la Drôme dans la vallée : après de fortes pluies on voit l’eau stagner dans les champs pendant des semaines en automne, labourės profondément, avec des engins énormes. Pas une haie souvent sur des centaines de metres. Très peu de vers de terre, un sol qui palit au soleil. Qui ne s’effrite pas mais fait des blocs compacts. Après les récoltes, et les labours de fin d »été, de la poussière dès que le vent se leve…..Ceci se nomme la destruction du sol vivant notre ressource irremplaçable . A la moindre pluie violente il part dans les ruisseaux les fossés et colore en marron les rivières, ce qui ne se voit pas dans les regions de prairies
    Renseignez vous sur l’agriculture sans travail du sol, qui n’a rien à voir avec les escrologistes, en France, mais aussi en Afrique, en Argentine Bresil…? Elle s’appuie sur des travaux scientifiques, elle se propage lentement par de nombreux colloques ….je n’apprécie pas l’ecologie punitive mais notre modèle agricole arrive à sa limite.
    Voilà un sujet grave qui nous touche tous et qu’on ne peut pas régler par quelque sarcasmes.
    Alors les idées préconçues sur les haies ,l

    • Depuis l’âge du bronze et encore plus la révolution industrielle, les sols devraient être totalement stériles à force de labours et ils n’ont pas attendu l’ère moderne pour être plus ou moins glaiseux par endroit. Ce qu’on constate c’est que la « nature » est en fait bien plus résiliente que ce que ne disent les écolos.
      Toutes les méthodes de « nouvelles cultures » comme la permaculture ou sans travail ont des rendements moindres voir catastrophique appliqués à grande échelle, donc il faudra augmenter les surfaces de culture, donc arracher des forêts.
      Quant à la nouvelle « science », c’est une honte absolue. À force d’idéologie et d’entre-soi, beaucoup ne sont pas loin de l’incantation magique. Il faut aller chercher les chiffres pour voir qu’ils ne confirment pas vraiment les conclusions dithyrambiques et ça, c’est quand l’expérimentation est valide.
      .
      Les rouges qui imposent leur « méthode » d’agriculture aux paysans ce n’est pas nouveau et c’est 100% de catastrophes, il suffit de voir leurs « magnifiques » résultats avec l’énergie ou quoi que ce soit d’ailleurs.

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