Les plans d’épargne retraite se font toujours attendre

Les épargnants ont le choix entre de nombreux PER assurantiels, alors que les PER compte-titres se font toujours attendre. On fait le point sur la situation.

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Les plans d’épargne retraite se font toujours attendre

Publié le 28 janvier 2022
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Lancé fin 2018 dans le cadre de la loi PACTE, le plan d’épargne retraite (PER) a récemment fêté ses 3 ans d’existence. Il fait désormais partie des placements incontournables aux côtés de l’assurance vie et du plan d’épargne en actions (PEA). La souscription d’un PER individuel est ouverte à tous.

Ce dispositif propose un cadre fiscal particulièrement avantageux, conçu pour permettre aux actifs de se constituer un complément de revenus pour leur retraite. C’est un moyen de compléter la retraite par répartition, avec un produit de retraite par capitalisation.

Les épargnants ont le choix entre deux types de PER individuel : un PER assurantiel et un PER compte-titres. En pratique, le marché est largement dominé par le PER au format assurantiel. Bien que ce dernier réponde pleinement aux attentes de l’essentiel des épargnants, le PER compte-titres (aussi appelé PER bancaire) présente sur le papier des avantages spécifiques intéressants, notamment pour la frange des investisseurs les plus chevronnés.

Plus de 3 ans après le lancement de ce dispositif, les épargnants ont le choix entre de nombreux PER assurantiels, alors que les PER compte-titres se font toujours attendre. On fait le point sur la situation.

PER assurantiel et PER compte-titres : quelles différences ?

En termes d’avantage fiscal, les versements réalisés sur un plan d’épargne retraite sont déductibles du revenu imposable. Ainsi, le PER se révèle un outil efficace pour diminuer son impôt sur le revenu.

Cet avantage fiscal n’est pas sans contrepartie. En effet, le capital versé sur le PER est bloqué jusqu’à la retraite. L’objectif de ce dispositif est donc clair : inciter les épargnants à se constituer une retraite par capitalisation. Le législateur a toutefois prévu plusieurs cas de sortie anticipée (achat de la résidence principale, fin de droit au chômage, invalidité, décès du conjoint, etc.).

Ces avantages fiscaux et ces contraintes en termes de disponibilités du capital sont communs au PER assurantiel et au PER compte-titres. Les différences entre ces 2 types de PER sont à chercher du côté du fonctionnement du contrat, et notamment des supports d’investissement que vous pouvez y loger.

Le PER assurantiel est géré par un assureur. En termes d’allocation, son mode de fonctionnement rappelle celui de l’assurance vie. Ainsi, l’épargnant peut placer son capital en fonds euro et/ou en unités de compte. Le fonds euro est un support très populaire en raison de la garantie qu’il offre sur le capital investi. Et les unités de compte permettent de dynamiser la performance de l’épargne sur le long terme. L’offre d’unités de compte fait la part belle aux fonds d’investissement en actions, mais on trouve également des supports immobiliers tels que des SCPI, un placement populaire en raison de la bonne stabilité des revenus qu’il génère d’une année sur l’autre.

Du côté du PER compte-titres, son nom ne trompe pas puisque son fonctionnement s’apparente réellement à celui d’un compte-titres ordinaire, c’est-à-dire le compte par défaut pour investir sur des valeurs mobilières (actions, OPCVM, obligations, etc.) Un PER compte-titres en gestion libre offre donc une grande liberté en matière d’allocation puisque l’épargnant peut en principe investir en direct dans des actions, en passant des ordres en temps réel sur les grandes places boursières.

Le PER compte-titres est donc l’outil idéal pour les investisseurs souhaitant se construire un portefeuille d’actions. À l’inverse, avec un PER assurantiel, l’investissement en actions se fera presque systématiquement via des fonds d’investissement puisque très peu de contrats permettent de loger des titres vifs (actions). Aussi, le PER assurantiel ne permet pas de passer des ordres d’achat en direct sur les marchés puisque tout passe par l’assureur.

Il existe des dizaines de PER assurantiels sur le marché. Tandis que l’on ne compte que deux PER compte-titres. L’un d’eux est proposé par la Fintech Yomoni et n’est disponible qu’en gestion pilotée. L’autre PER compte-titres du marché est commercialisé par le Crédit Agricole, c’est le seul PER compte-titres accessible en gestion libre.

Comment expliquer la faiblesse de l’offre de PER compte-titres ?

La faiblesse de l’offre de PER compte-titres trouve sa principale raison dans le fait que ce type de contrat est beaucoup moins rentable qu’un PER assurantiel pour l’établissement qui le commercialise. En effet, le PER assurantiel comporte différentes couches de frais.

Il y a tout d’abord les frais de gestion en unités de compte. Ces frais sont d’environ 0,60 % pour les meilleurs PER assurantiels du marché.

À cela s’ajoutent les frais collectés par les fonds d’investissement gérant les encours. Ces frais varient de 0,30 % à 2 % par an selon qu’il s’agisse de fonds indiciels cotés (leurs frais sont inférieurs à 0,50 %) ou de fonds de gestion active (dont les frais avoisinent les 2 %).

Une partie des frais collectés par les fonds de gestion active sont généralement reversés aux assureurs, qui les reversent à leur tour aux sociétés qui commercialisent le PER, c’est-à-dire le courtier ou le cabinet en gestion de patrimoine qui distribuent le contrat. Dès lors, on comprend mieux pourquoi beaucoup de conseillers privilégient les fonds de gestion active pour leurs clients…

Enfin, les clients optant pour une gestion déléguée se voient également prélever une troisième couche de frais à ce titre. Au global, l’ensemble des frais annuels sus-cités représente entre 1,5 % et 3,5 % de l’encours. Et ce sans compter les frais sur versement prélevés sur de trop nombreux contrats !

Du côté du PER compte-titres, la structure des frais est en principe beaucoup plus avantageuse pour l’épargnant. En effet, il s’affranchit des frais de gestion en unités de compte. Et s’il prend l’initiative d’investir en bourse en direct dans des actions cotées, il s’affranchit également des frais de gestion des fonds et des frais de gestion déléguée. L’économie réalisée est importante, le PER compte-titres est donc beaucoup moins rentable pour la société qui le commercialise.

Les courtiers en bourse en ligne proposent des comptes-titres ordinaires (CTO) avec des frais de transaction réduits (inférieurs à 0,50 % par ordre) et sans droits de garde (frais annuels calculés sur l’encours et/ou pour chaque ligne détenue). Ce modèle économique fonctionne car une partie des investisseurs en actions sont très actifs et multiplient les ordres d’achat et de vente, occasionnant des frais à chaque opération. Or, le PER est un dispositif d’épargne pour le long terme, les épargnants ont beaucoup moins vocation à multiplier les passages d’ordres sur leur compte.

On s’étonne donc à moitié qu’il n’existe à ce jour qu’un seul PER compte-titres accessible en gestion libre. L’initiative en revient au Crédit Agricole. Malheureusement, ce contrat supporte des droits de garde et des frais de transaction très peu compétitifs. Ce PER compte-titres peine donc à séduire les investisseurs. Dommage, alors que sur le papier, le PER compte-titres pourrait être très intéressant face au PER assurantiel.

 

 

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  • En gros, l’avantage fiscal du PER est récupéré au fil du temps par le gestionnaire. Autant investir dans un compte-titres ordinaire (de préférence après le krach).

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