Concentration des médias : le capitalisme est la solution

Plutôt qu’attaquer les patrons des médias, les sénateurs ferait mieux de s’occuper de l’audiovisuel public.

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Concentration des médias : le capitalisme est la solution

Publié le 12 janvier 2022
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Tous ces médias entre les mains de groupes privés, tous ces capitalistes qui achètent des journaux, des radios, des chaînes de télé, et s’allient entre eux pour chercher des synergies et de la rentabilité, préoccupent quelques sénateurs de gauche.

Des sénateurs contre les patrons des médias

Une commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias a été créée fin 2021, et ce serait bien, pensent ses membres, de boucler ladite enquête avant le premier tour de l’élection présidentielle afin d’inciter les candidats à se saisir de ce brûlant sujet qui met en cause, ils n’en doutent pas, la liberté et l’indépendance de la presse.

Patrick Kanner, président du groupe socialiste, écologiste et républicain de la haute assemblée, estime que « le phénomène de concentration s’accentue et s’invite dans le débat public ». Oui, les concentrations existent, TF1 avec M6, Vivendi et Lagardère, entre autres, et oui, Xavier Niel, Bernard Arnaud, ou Patrick Drahi ont fait leur marché dans la presse écrite et audiovisuelle depuis déjà quelque temps. Que ce sujet s’invite dans le débat public, par contre, n’est pas encore démontré.

Les investisseurs capitalistes à la rescousse des médias français

Ce qui est certain, c’est que sans ces vilains investisseurs capitalistes, de nombreux titres de la presse écrite et de nombreux médias audiovisuels n’existeraient tout simplement plus. Bousculés par l’émergence de l’Internet, au bord du gouffre malgré de généreuses subventions étatiques, des médias sont morts, mais beaucoup d’autres ont été sauvés par ces investisseurs qui, naturellement, cherchent depuis à rentabiliser et consolider leurs entreprises à travers des alliances, des économies d’échelle, des fusions et des acquisitions, le b.a ba du marché.

Tout n’est pas rose, bien sûr. Les rédactions sont à la diète, les reportages à l’étranger sont rares, les photographes plus onéreux que les banques d’images, et le débat politique télévisé sur la petite phrase du jour ne coûte pas cher. Ainsi, nous en savons moins sur le monde, et nous en savons un peu trop sur Zemmour, par exemple. Et c’est un drame pour la société française. Aujourd’hui, à quelques exceptions près, la presse est devenue low cost. En conséquence, nous sommes aujourd’hui plus ignorants qu’hier.

Démanteler ces concentrations capitalistes dans les médias n’est pas la solution. Cela représenterait un nouveau danger mortel pour ceux qui survivent encore.

Le problème de l’audiovisuel public

Si la gauche du Sénat veut se rendre utile, elle ferait mieux de se pencher sur l’audiovisuel public pour deux raisons.

La première est qu’un État démocratique ne devrait pas détenir des chaînes de télévision et des radios en tous genres. Elles aggravent sans raison impérieuse la pression fiscale des citoyens, même ceux, nombreux, qui ne regardent que des chaînes et n’écoutent que des radios privées.

Le deuxième raison est que privatiser l’audiovisuel public avec sagesse, c’est-à-dire radio par radio, chaîne par chaîne, ouvrirait en France un nouveau paysage médiatique beaucoup plus dynamique,  concurrentiel et stimulant pour les investisseurs et les publicitaires. Ce secteur libéré de la tutelle de l’État nous offrirait le meilleur comme le pire, mais accélérerait la rentabilité des entreprises ayant acquis ces médias. Et celle-ci améliorerait par voie de conséquence la situation de l’ensemble de la presse, y compris la presse écrite, en raison justement des concentrations et des alliances que dénonce, avec trop de légèreté, la gauche sénatoriale.

 

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  • Hmm. Des milliardaires qui « sauvent » les médias de la ruine? Ça me paraît un peu étrange, comme point de départ. D’abord parce qu’ils ne les sauvent pas puisque l’état apporte encore cette année 430 millions d’euros de subvention. Ensuite parce que plusieurs milliardaires qui ont tous la même idée de placement aussi peu rentable, c’est un peu louche, non? Qu’est-ce qui les motive? Pas le pluralisme des médias. Donc quoi? Cet article est vraiment superficiel.

    • Je vous rejoins totalement sur votre commentaire.
      Je serai toujours étonné de cette contradiction indolore mais permanente entre les effets « attendus » du néolibéralisme (pluralité des contenus, information débridée et de qualité, …) et les effets « observés » (BFM, CNews, traitement de l’information superficiel et basé sur la corrélation émotivité/addiction/audience/violence).

      Jusqu’à preuve du contraire, la meilleure chaine d’Information reste à ce jour ARTE, qui est financé…par le service public

      -1
      • qu’entendez vous par meilleure chaine d’information?

        on ne peut pas avoir TOUTES les infos..le journaliste choisit et en outre il analyse..

        l’informatione est politique.
        ce qui importe avant tout est la liberté, qui PERMET le pluralisme des vues.

        • J’entend par meilleure chaine d’information le fait qu’ARTE dans son journal fonctionne différemment des autres, avec par exemple un traitement généraliste de l’information avec un retour périodique sur les évènements (à la différence d’autres chaines qui font une semaine non stop d’analyse émotionnelle à chaud d’un sujet brulant, redondante, le buzz, puis l’oublient complètement. Ex. Syrie, Kazakhstan, …).
          Je ne suis pas en train de dire qu’ARTE est LA chaine d’information absolue, je suis conscient de son orientation anti-néolibéralisme, sociale et humaniste. Mais sur la « forme », le traitement de l’information me parait plus pertinent que pour les autres chaines. Il me parait nécessaire que d’autre chaines traitent l’information de la même manière sur le fond, tout en ayant une sensibilité différente.

  • Il faut faire attention : les Niels, Arnaud, Lagardere … qui investissent dans les medias ne le font pas pour des raisons financieres ou industrielles mais pour gagner de l influence. Autrement dit leur but n est pas de gagner de l argent avec le figaro ou le monde voire TF1 mais de se servir de TF1, le monde … pour leurs interets.
    Par ex Francis Bouygues etait fasciné par l attrait de TF1 sur la classe politique. Inutile de dire qu il etait facile de faire pression sur un elu pour que la filiale BTP ait un marché en echange d un passage TV au journal de 13 h. Idem pour Dassault et le figaro : vous n y verrez jamais un article hostile au rafale par ex

    En ce qui concerne l audiovisuel public, il faudrait surtout le recentrer. Pourquoi doit on avoir 2 chaine de TV (qui font des programmes mediocres en plus) mais une presence sur internet minuscule ?
    Un audio visuel public se justifie s il a des objectifs educatif et une neutralité politique (bon c est difficile a atteindre mais on part de loin)

  • Les commentaires sont fermés.

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