Par François Jolain.
Article disponible en podcast ici.
Facebook se lance dans les métavers, un projet flou qui s’annonce plus marketing qu’utile. Quand on retire les annonces grandiloquentes, le projet laisse deux grandes interrogations.
Facebook n’a jamais réussi à quitter les réseaux sociaux
Marc Zuckerberg excelle dans les réseaux sociaux. Bien évidemment avec Facebook, premier réseau au monde avec 2,8 milliards d’utilisateurs. Il a réitéré l’exploit en misant sur Instagram pour en faire le deuxième au monde avec 1,3 milliard d’utilisateurs, le tout en envoyant ses adversaires au tapis tel SnapChat, Google+, Tumblr ou ClubHouse. Un nouveau combat s’ouvre maintenant avec TikTok.
Il a aussi eu le flair de séparer la messagerie de Facebook pour en faire un service à part qui deviendra la deuxième messagerie au monde avec 1,3 milliard d’utilisateurs. Il a récidivé en misant sur Whatsapp pour en faire la première messagerie au monde avec 1,5 milliard d’utilisateurs.
Marc Zuckerberg règne en maître sur le royaume des réseaux sociaux. Sa réussite n’est plus à démontrer. Pour tout le reste, c’est une autre histoire. Toutes les tentatives de s’étendre à un autre domaine ont été un échec.
On peut commencer avec Facebook Home, une surcouche d’Android 100 % Facebook, présentée en 2013 et aussitôt retirée.
Ensuite en 2014, Facebook a misé sur la réalité virtuelle (VR) en rachetant Occulus Rift, ce qui n’a débouché sur aucune synergie ni avancée dans le domaine. Au contraire, Facebook a gravement agacé des joueurs qui devaient se créer un compte Facebook pour continuer à utiliser leur produit.
Ensuite, Facebook a ensuite misé sur l’IA en 2015 en installant un centre à Paris avec à sa tête Yann Le Cun, une pointure dans le domaine. Contrairement à Google avec ses exploits comme AlphaGo ou des produits comme Google Home, ou Apple avec ses Neuronal Engines, Facebook ne tire toujours aucune avance concurrentielle de ses investissements en IA.
Facebook lança en 2019 un écran connecté avec caméra, Facebook Portal. Sa part de marché est très loin derrière les objets équivalents chez Amazon ou Xiaomi.
La dernière tentative a été le plus gros échec avec sa cryptomonnaie libra en 2019. Un projet mort-né qui a le mérite d’énerver les États devant la fin prochaine de leur monopole monétaire.
Facebook n’a pas attendu libra pour se mettre à dos les législateurs. Il enchaîne les scandales : Cambridge Analytica, faille de sécurité, révélations d’employées, panne géante, etc.
Voici donc le contexte dans lequel Facebook essaye d’imposer son métavers. Reste encore à regarder l’idée de près.
Les métavers sont aussi vieux qu’internet
Un métavers est selon Wikipédia un monde virtuel fictif. Dans ce cas, n’importe quel jeu multijoueurs avec une forte communauté devient un métavers et il en existe déjà plusieurs :
- 1994 World of Warcraft, avec un pic de 12 millions de joueurs.
- 2004 Dofus avec 10 millions de joueurs.
- 2011 Minecraft.
- 2017 Fortnite.
On peut aussi citer Second Life créé en 1999, qui visait clairement la création d’une cybersociété.
Le métavers de Facebook semble donc une idée réchauffée, que l’entreprise tente de présenter comme originale.
Cela ressemble à un coup de poker pour faire diversion sur ses déboires. Facebook espère vaincre sa malédiction, en visant suffisamment proche de son marché des réseaux sociaux, tout en pouvant y rattacher ses loupés en VR, IA ou blockchain au fur et à mesure.
Reste à se demander ce qui plaît le plus à Mark Zuckerberg : accélérer notre société vers la Matrice pour en devenir le maître, ou se replier dans un monde imaginaire dans lequel il n’aura plus à répondre de ses actes ?
Ce qui plaît le plus à Mark Zuckerberg ? Vendre votre data au plus offrant, pardi !
Je n’ ai jamais compris l’ intérêt porté à Facebook et pour cause, je ne l’ ai jamais trouvé convivial. C’ est froid, bordélique, et son PDG a une tronche de premier de la classe tête à claque.
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