La peinture est toujours vivante en France malgré l’État

Benjamin Olivennes a pris la plume pour exprimer sa passion pour la peinture, sa révolte contre la bêtise du dogme qui la condamne, hélas défendu par l’État en France.

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La peinture est toujours vivante en France malgré l’État

Publié le 19 février 2021
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L’Autre Art contemporain, vrais artistes et fausses valeurs est un petit livre clair et direct de Benjamin Olivennes. Il vient de paraître et affirme ce que peu de Français savent : il existe toujours une grande peinture française, aujourd’hui.

Son livre apporte un point de vue particulier, devenu rare : celui de l’amateur cultivé, de celui qui aime et a besoin de cet art pour le bonheur de sentir mais aussi de comprendre le monde, la vie. Trente ans, philosophe, normalien, enseignant  à l’Université de Columbia à New York, il se présente davantage en « honnête homme », amateur, amoureux, contemplateur, qu’en philosophe, théoricien ou expert. Il a pris la plume pour exprimer sa passion pour la peinture, sa révolte contre la bêtise du dogme qui la condamne, hélas défendu par l’État en France.

Sans jargon, il démonte les déclarations officielles qui dénigrent la peinture, il dénonce la désignation « d’infâmes » faite à ceux qui sont en quête d’une beauté dans l’art… cette notion « archaïque » étant considérée comme « non pertinente » et qui plus est gravement  peccamineuse.

Il rappelle la réelle histoire de l’art du XXe siècle qui ne correspond pas au récit officiel qui est soumis au dogme du sens inéluctable et fatal de l’Histoire. Ce qui lui permet de condamner la peinture, la gravure, la sculpture, lorsqu’elles ne sont pas conceptuelles, parce que « non-contemporaines ».

Récit d’une expérience sensible

Mais le point le plus important de ce livre est que Benjamin Olivennes désigne concrètement des œuvres, des artistes de ce dernier demi-siècle. Il les décrit et les défend. Il ne considère pas la cote mais la valeur  intrinsèque, autre notion non reconnue par la doxa officielle.

Il évoque à la fois l’œuvre peint de toute une vie d’artiste, mais aussi chaque œuvre qu’il voit, intemporelle, rayonnante de présence, de beauté. C’est le récit d’une expérience sensible.

Il cite tout particulièrement neuf artistes. Cinq ne sont plus de ce monde et quatre sont bien vivants.

Son courage va jusqu’à reprendre, plus de vingt ans après, les mots de Jean Clair : il existe une peinture française faite d’équilibre, d’harmonie, aux sujets sans emphase, aux couleurs intenses mais accordées, lumineuses. Peinture qui a une suite aujourd’hui.

Jean Clair avait dit cela lors d’un débat houleux aux Beaux Arts en 19971, qui tourna au procès intellectuel.

Son propos scandalisa les organisateurs très « officiels ». Il fut jugé ignominieux par la tribune ce qui provoqua dans la salle sifflements et quolibets, adressés aux juges… la salle ne comprenait pas uniquement des artistes conformes. Ainsi, ce débat devenant dangereux pour l’ordre établi de l’art, il ne réapparut pas dans la presse jusqu’à ce jour.

La bibliographie de Laurent Danchin : 40 ans de dissidence  invisible

Cependant on peut juger l’ampleur et la profondeur de ce débat en consultant sur Internet une bibliographie réunie par Laurent Danchin2. Elle rassemble quarante ans d’articles, de livres, d’écrits parus durant la longue ostracisation institutionnelle de la peinture.

On y découvre de nombreuses publications qui révèlent de mille manières l’histoire de ce fanatisme idéologique d’État ainsi que la réalité si diverse de la scène française. Ses auteurs, connus ou moins connus, appartenant à des disciplines, sensibilités et opinions différentes, ont comme point commun de ne pas reconnaître la réalité dans la doxa officielle.

Ces témoins dissidents de la réalité de l’art en France, faite de multiples courants, non sans exceptionnels talents, n’existent tout simplement pas sur la scène visible de l’art. Pour qu’une telle occultation soit vraisemblable, trois noms ont fait exception : Jean Clair, Marc Fumaroli et J.P.Domecq, relayés certes, mais présentés avec condescendance, comme mélancoliques, réactionnaires et nostalgiques.

Trois arbres pour cacher la grande forêt des « pensent pas pareil ». Ce corpus documentaire incontournable, long et patient travail de Laurent Danchin, confirme et apporte des preuves très précises aux propos tenus par Benjamin Olivennes.

Mais l’évènement aujourd’hui, c’est la parution  de L’autre art contemporain. Étonnamment visible ! Mieux encore, pas condamné !

Dans ses propos, beaucoup reconnaîtront la réalité d’un Art caché.

  1. Après la publication dans Libération, en mars 1996, de la chronique L’art contemporain est-il nul ? de Jean Baudrillard, a eu lieu dans la presse un débat public, houleux, exceptionnel, qui a duré quelques mois. Devenant incontrôlable, pour y mettre fin, un colloque fut organisé par Le Monde et le ministère de la Culture en avril 1997. Il a tourné en procès de Moscou : les accusés étaient entre autres J. P. Domecq et J. Clair. Ils furent condamnés publiquement comme tenant des propos ignominieux, et cela devant la presse internationale accourue pour l’occasion. Le lendemain il n’y eut que très peu de commentaires dans la presse française.
  2. Bibliographie de l’art contemporain de Laurent Danchin, documentation qui n’a pas été encore mise à jour pour les années ayant suivi sa mort en 2017.
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