Le click and collect, cache-misère pour restaurateurs en danger

Pour sauver leur activité, certains restaurateurs tentent de se convertir, bon gré mal gré, au click and collect. Mais les contraintes sanitaires ne les aident pas.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Restaurantes by AYUNTAMIENTO DE ARA...(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le click and collect, cache-misère pour restaurateurs en danger

Publié le 4 décembre 2020
- A +

Par Diana Wimy.
Un article de l’Iref-Europe

Pour les restaurateurs ce sera peut-être le coup de grâce. Pour le moment, à moins d’un ènième revirement de nos autorités, ils sont condamnés à laisser leur rideau baissé jusqu’au 15 janvier minimum.

Après les Gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites, le confinement, le protocole sanitaire de déconfinement, les « mesures sanitaires prises en zones d’alerte maximale », le couvre-feu et le (re)confinement, les catastrophes en chaîne ont de quoi pousser au désespoir le restaurateur ou le cafetier le plus solide !

Une activité en chute de 69 % !

Déjà, en novembre, l’activité économique de la branche de l’hébergement-restauration devrait avoir baissé d’environ 69 % par rapport au niveau d’avant-crise, selon l’Insee. Pour le seul mois d’avril, le plongeon est estimé à 83 % : abyssal !

Le secteur paie clairement l’addition la plus salée des mesures sanitaires. Le dernier point (octobre) de conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) indique que « le recul de la consommation […] proviendrait principalement de moindres dépenses d’hébergement et restauration ».

Deux établissements sur trois menacés de fermeture

Conséquence, selon l’enquête menée auprès de 6600 hôtels, cafés, restaurants et discothèques par leurs syndicats professionnels (GNC, Groupement national des chaînes hôtelières, GNI, Groupement national des indépendants hôtellerie & restauration, Umih, Union des métiers de l’industrie de l’hôtellerie et Snrtc, Syndicat national de la restauration thématique et commerciale), la crise du coronavirus pourrait entraîner la fermeture de deux établissements sur trois.

Les Français solidaires

Pas encore complètement découragés par les mesures de distanciation sociale, les Français étaient encore près de la moitié (45 %) à avoir eu « besoin de se faire plaisir » en allant au restaurant cet été… « car les derniers mois ont été très difficiles ». C’est ce qu’indique la quatrième revue stratégique « Food service & Covid-19 » publiée le 7 octobre.

À 58 %, les Français trouvaient déjà les réglementations imposées aux restaurants et bars « totalement injustifiées ». C’était avant le reconfinement.

Enfin, ils sont presque unanimes (90 %) à s’insurger contre « les conséquences […] désastreuses » pour le secteur, de la fermeture longue durée qui lui est infligée. La tragédie que vivent les restaurateurs ne leur est pas indifférente, loin de là ! Et pas seulement parce qu’ils sont eux-mêmes privés du plaisir de se retrouver au restaurant.

Quel risque de contagion au restaurant ?

L’étude que les CDC d’Atlanta (Centers for Diseases Control, Centres de contrôle et de prévention des maladies) ont publiée le 11 septembre dernier sur les lieux de contamination est moins encourageante.

Les résultats que l’organisme livre dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire sont en effet sans appel : « Les adultes dont les résultats du test SARS-CoV-2 étaient positifs étaient environ deux fois plus susceptibles d’avoir déclaré avoir mangé au restaurant que ceux dont les résultats du test SARS-CoV-2 étaient négatifs ».

Il est vrai que les contextes conviviaux et festifs rendent délicat le respect des gestes barrières. Il est évident que personne ne boit ni ne mange avec un masque…

Sauve qui peut avec le click and collect

Pour sauver leur activité, certains restaurateurs tentent de se convertir, bon gré mal gré, au click and collect (la commande en ligne avec retrait sur place). 33,2 % d’entre eux ont ainsi prévu d’organiser un système de vente à emporter, selon une enquête de l’Umih auprès de 2000 restaurateurs, publiée le 3 novembre.

Mais les contraintes sanitaires ne les y aident guère. Elles sont strictes : le client doit emporter les produits qu’il a achetés et non les consommer sur l’espace public attenant à l’établissement, ce qui pourrait être considéré comme de la consommation sur place et risquer de générer un attroupement de plus de six personnes.

La multiplication et le renforcement des contraintes sanitaires modifient les comportements, créent des habitudes, et la vente à distance semble assez bien partie pour s’inscrire dans la durée.

Selon l’enquête que la start-up 10-Vins a menée au printemps dernier auprès de 300 restaurateurs, 30 % d’entre eux ont mis ce canal de vente en place pendant le premier confinement, et 60 % de ceux-là l’ont ensuite conservé. Déjà au deuxième trimestre, les chiffres de la Fevad (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) montraient que « ce sont les achats en ligne auprès des enseignes magasins qui ont le plus accéléré […] avec une progression de +83 %. »

De quoi pousser encore un peu plus les restaurateurs à accélérer leur transformation digitale.

Click and collect, places de marché,  autres rustines

En première ligne face à la crise du Covid-19, quelque 500 restaurateurs et hôteliers d’Île-de-France ont bénéficié du chèque numérique de 1500 euros que la Région distribue aux commerçants pour soutenir cet effort de changement (la moitié des aides octroyées sont allées à ce secteur sinistré !).

Ces chèques permettent de financer sites, publicité digitale ou abonnements à des market places. Places de marché virtuelles qui, selon le dernier bilan de l’e-commerce en France (Fevad, Oxatis, Kedge) publié le 5 février dernier, ont le vent en poupe. 27 % des marchands ayant un magasin utilisent ce type de plates-formes aujourd’hui activement promues par Bercy, les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) et nombre de régions.

Les starts-up, aussi, rivalisent d’imagination et d’innovation pour faciliter ces modes de distribution pratiques, certes, mais aussi beaucoup moins conviviaux…. MyBeezBox, par exemple, décline le click and collect sous forme de solutions de vente à emporter, de drive (livraison aux automobilistes) ou de livraison.

Zenchefa de son côté a équipé plus de 4000 restaurants avec son logiciel permettant de gérer site web, avis et fichier clients ou encore menus digitaux (quand la réouverture aura lieu).

D’autres jeunes pousses (Mon petit e-commerce, Petits Commerces, Petit Drive…) accompagnent les commerces de proximité dans leur digitalisation à marche forcée.

Par la force des choses, la place du marché et bientôt le repas de Noël se digitalisent. Étrange période de fêtes.

Sources :
https://www.lepoint.fr/gastronomie/ …
<html>https://www.insee.fr/fr/statistiques/4964594?sommaire=4473296</html>
https://www.lecuisinier.fr/au-quoti …
https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69 …
https://www.lesechos.fr/tech-medias …
https://www.fevad.com/bilan-du-e-co …
https://www.maddyness.com/2020/11/0 …
https://www.fevad.com/bilan-du-e-co …

Sur le web

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • Et ça marche ?
    Le rayon traiteur est dans toute grande surface ainsi que chez le boucher le charcutier le boulanger… Le chinois fait ça depuis toujours… Comprends pas ce truc et son utilité pour sauver des restos.

    • Un resto qui ne le faisait pas et a décidé de continuer à ne pas le faire est complètement fermé aujourd’hui.
      Un resto qui le fait a au-moins la possibilité de continuer à faire travailler les cuisines, même si c’est en activité réduite. Ce qui rendra aussi la reprise plus facile.
      Entre le rayon traiteur d’une grande surface et un bon resto local, si vous ne voyez pas de différence en termes de qualité soit le resto local n’est pas si bon, soit vous avez raison de rester au rayon de la grande surface !
      Quant aux traiteurs chinois, les chinois sont extrêmement pragmatiques, la vente à emporter est dans leur culture depuis toujours. En Chine vous pouvez toujours demander à emporter, quel que soit le niveau du resto. En région parisienne la plupart des restos fréquentés par les chinois se sont mis avec le confinement à la livraison à domicile – dès avril pour certains -, en passant par WeChat pour contacter leur clientèle potentielle.

      • Sans doute mais pour moi un resto, c’est se faire servir, ça ne me viendrait pas a l’idée de commander un menu à emporter.. Un pizza suffit, un kebbab, des chinoiseries.. Peut être aussi le couscous la paella la choucroute.. Mais le reste… Entrée désert et plat principal non… Et puis il y a le vin, la ou le resto fait son beurre….. Mais tout ça ne suffit pas sans touristes sans travailleurs pour permettre de survivre

  • Petit commentaire de forme : merci pour la liste des liens donnés en référence à la fin de l’article, c’est encore plutôt rare (pas forcément choquant par ailleurs pour un site d’opinion).

  • Bizarre ce virus qui se repand dans kes restaurants, mais pas dans le métro. Et sui aime sortir le soir après 21 heures.
    Les Français qui ne se rendent pas compte des incohérences et des absurdités, de la démesure de l’état
    d’urgence en regard des dégâts réels de l’épidémie, ont eux-mêmes perdu la raison parce q’ils sont tétanisés par la peur due à l’intoxication médiatique. Et uniquement cela.
    Il ne faut pas s’étonner qu’un tel peuple ait à subir de tels dirigeants: arrogants au pount de paraître fous, et lâches devant ceux qui n’ont d’autre objectif que de mettre notre pays à terre.

  • « Les résultats que l’organisme livre dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire sont en effet sans appel : « Les adultes dont les résultats du test SARS-CoV-2 étaient positifs étaient environ deux fois plus susceptibles d’avoir déclaré avoir mangé au restaurant »

    Rien n’indique qu’ils ont été contaminé au restaurant, ce sont probablement des gens plus actifs et sociaux que les autres et l’immense majorité n’auront aucun symptômes.
    Arrêter un virus est illusoire, en Mai quand les autorités étaient juste incompétentes et pas encore totalement délirantes il s’agissait de « ralentir » la propagation d’un virus dont on ne savait pas encore précisément les taux de contamination et de létalité.
    Il y avait au moins une vague logique…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
3
Sauvegarder cet article

Un article de Ryan McMaken

Selon l'indice Case-Shiller, les prix des logements ont augmenté de 44 % depuis février 2020. Il ne s'agit bien sûr que d'une moyenne, et certains marchés ont connu des augmentations de prix bien plus importantes. Toutefois, même sur les marchés immobiliers de l'Amérique moyenne, où les prix sont censés être plus raisonnables que sur les côtes, les prix ont grimpé en flèche.

À Cleveland, par exemple, l'indice a augmenté de 40 % depuis le début de 2020. Au cours de la même période, l'indice a augmenté ... Poursuivre la lecture

L’immigration génère des titres dans l’actualité en raison du passage d'une loi sur le sujet. Après débats, les deux tiers du Parlement ont voté pour la loi sur l’immigration… des mesures visant à resserrer les conditions d’entrée dans le pays.

L’arrivée de migrants occupe les gouvernements et les médias.

Geert Wilders, qui promet le blocage de l’immigration, prend le pouvoir aux Pays-Bas. Au Royaume-Uni, le Premier ministre, Rishi Sunak, a promis une campagne pour réduire le nombre d’immigrants de 300 000 par an. Et en Italie, ... Poursuivre la lecture

Par Romain Delisle.

Durant la crise sanitaire, la pénurie de masques de protection, dont les stocks avaient été détruits sur ordre de Marisol Touraine, ministre de la Santé sous le mandat de François Hollande, avait mis en lumière le risque accru de pénurie de produits de santé en cas de crise majeure. En réalité, la pandémie n’a fait que révéler au grand jour les déséquilibres structurels d’une économie surrégulée du médicament : selon l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), le nombre de ruptures ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles