Légalisation, impôts, Uber : le peuple américain choisit la liberté

Plusieurs mesures votées – ou non – ont signalé que le peuple accepte de se prendre en main, sur la légalisation des drogues, les impôts, et Uber.

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Légalisation, impôts, Uber : le peuple américain choisit la liberté

Publié le 14 novembre 2020
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Par Pierre-Guy Veer.

Pendant que Donald Trump tente par tous les moyens de s’accrocher au pouvoir en alléguant une fraude massive (au 12 novembre), les habitants de plusieurs États peuvent maintenant profiter de leurs « nouvelles » libertés.

En effet, à presque chaque élection fédérale ou étatique, des mesures référendaires sont incluses pour – généralement – restreindre l’action du gouvernement, ou à tout le moins la gêner grandement.

Par exemple, le Texas a constitutionnalisé son absence d’impôt sur le revenu en 2018. Pour retirer cette mesure, il faudra un nouveau référendum ainsi que l’approbation des deux-tiers des deux chambres législatives de l’État.

Cette année, malgré une ambiance généralement morose, plusieurs mesures votées – ou non – ont signalé que « la voix du peuple » accepte de se prendre en main.

Légalisation des drogues

Tout d’abord, depuis que le Colorado a pavé la voie pour la légalisation récréative de la marijuana en 2012, plusieurs autres États lui ont emboîté le pas. Pour cette élection, le Dakota du Sud, le New Jersey, le Montana et l’Arizona ont tous imité leurs pairs Coloradiens.

Même des États réputés très conservateurs comme le Mississippi ont voté pour la légalisation médicale du pot.

Désormais, seuls deux États interdisent complètement l’utilisation de la marijuana, et 15 la permettent de façon récréative ; les autres ont plusieurs niveaux de permission médicale.

Mais la mesure la plus audacieuse vient de l’Oregon. Non seulement les champignons psychédéliques ont été légalisés, mais toutes les drogues sont désormais décriminalisées pour usage personnel.

Si cette mesure est inspirée de ce que le Portugal fait depuis près de 20 ans, alors on traitera enfin les problèmes de drogues pour ce qu’ils sont : un problème de santé et non un crime. On cessera également de gaspiller des ressources policières pour combattre des plantes.

Ironiquement toutefois, le même État (ainsi que le Colorado) a fortement augmenté ses taxes sur les cigarettes et produits semblables, ce qui augmentera le marché noir…

Aussi, malgré une légalisation étatique, les citoyens des États verts doivent demeurer prudents puisque le gouvernement fédéral tient encore le gros bout du bâton. Il peut encore arrêter des citoyens et appliquer ses lois, faisant fi du fédéralisme. À ce sujet, Joe Biden est responsable des sentences minimum pour ne serait-ce que possession simple de marijuana.

Une Californie mauve ?

Du côté de la Californie, deux questions référendaires ont obtenu des résultats très surprenants pour cet État « bleu foncé » (qui vote surtout démocrate, élection après élection).

Premièrement, a été rejeté un amendement qui aurait annulé une mesure de 1996 empêchant la discrimination dite positive – qui priorise les minorités dans l’emploi et autres mesures. Le Non l’a emporté avec une marge de près de 13 %.

Deuxièmement, a été rejetée une mesure économique qui a fortement affecté les pigistes et autres contractuels. La proposition 22 confirme que les employés de compagnies comme Uber et Lyft sont effectivement des contractuels et non des employés.

Cela va de soi. Malgré des conditions de travail parfois douteuses, conduire pour ces compagnies n’est généralement pas un emploi à temps plein. Ayant moi-même conduit pour elles, je savais que cette mesure californienne aurait été dévastatrice. Ironiquement, plusieurs supporters de la mesure rejetée avait vu la réalité les rattraper rapidement…

Malheureusement, si Joe Biden devient effectivement le président, il pourrait pousser cette mesure au niveau national. Demeurons vigilants.

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  • Le peuple américain serait-il schizophrène?

    • Je ne sais plus quel commentateur ici a très justement dit que considérer le peuple américain comme unique était une erreur (et que cela expliquait le système des grands électeurs et le fait que chaque état avait 2 sénateurs, quelque soit sa population).
      En effet, entre le fermier du Midwest, le retraité floridien, le travailleur de Chicago, le bobo de SF, le trappeur d’Alaska ou le chasseur de crocodile du bayou louisanais, ya de l’espace pour des idées différentes.

    • Il y a 50 Etats aux States. Chacun a ses propres règles, y compris sur des choses qui nous paraissent à nous réglées depuis longtemps, comme l’obligation du casque à moto ou la peine de mort. Malgré la fédération, ces Etats sont bien plus divers que les pays européens dans l’approche législative.
      Cette situation est bénéfique à au moins 2 titres. D’abord sur la liberté accordée aux populations. Ensuite, et ce n’est pas anecdotique, sur les statistiques qu’on peut en tirer : les States sont ainsi un laboratoire incessant de test des mesures politiques ou économiques mises en oeuvre. C’est une sacrée force pour dégager in fine et de manière pragmatique les solutions qui marchent le mieux. Outil idéal pour tous les statisticiens et analystes politico-économiques américains.

      • Idéal aussi pour les statisticiens du monde entier.

        Les USA proposent quelques séries chronologiques mises à jour régulièrement depuis 1870. 150 ans de recul, c’est une richesse exceptionnelle.

      • Vive la concurrence politique ; aucune chance de voir ça dans nos contrée soviétoïdes.

  • Il y a encore peu de temps a Scence-Po on citait en exemple le système démocratique américain. Alors est ce que le passage à la Maison-Blanche d’un « Exité » va le remettre en cause.? Je ne le crois pas.

  • On pourrait rêver d’un tel syteme en Europe, des votations individualisées aux pays et une limitation du poids de bruxelles sur autre chose que la hauteur des marchés d’escaliers ou la taille de la sardine en boîte.

    • Nous avons fait l’inverse pour la consitution de l’Europe : on est parti d’états avec des règles et on a créé une couche avec ses règles, sans regarder comment chaque état fonctionnait…

  • Juste une question:
    les habitants du Texas payent ils tout de même l’impôt sur les revenus au niveau fédéral ?

    • tous ceci est bel et bien, mais à moins d’un miracle en janvier, les américains qui ont voté pour la liberté vont quand-même ramasser AOC et son cortège d’expropriations et d’asservissements.

      Même l’imbécile de BoJo en Angleterre s’est réjouit de pouvoir lutter maintenant « contre » le changement climatique -lire taxer et réguler- avec l’Amérique.

      Ce n’est pas faire du Trump bashing, loin de moi, que de regretter qu’il ait fait tant de gaffes, certes dans un contexte difficile, au point d’en arriver à mettre en selle cette mafia verte. Quelle pitié.

  • Les commentaires sont fermés.

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