Présidentielle américaine : 1,58 million d’électeurs ont voté libertarien

Cette année, la candidate du parti libertarien a été plus populaire que le candidat du Green Party Howie Hawkins ou encore que l’excentrique Kanye West, qui s’était présenté en tant que candidat du Birthday Party.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Jo Jorgensen by Gage Skidmore(CC BY-SA 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Présidentielle américaine : 1,58 million d’électeurs ont voté libertarien

Publié le 5 novembre 2020
- A +

Par Frédéric Mas.

La candidate libertarienne Jo Jorgensen s’en tire plutôt bien face aux deux mastodontes politiques républicain et démocrate toujours occupés à compter leurs voix pour l’élection présidentielle américaine.

Avec 1,58 million d’électeurs, soit 1,14 % de l’électorat total, elle se place en second sur le podium des scores des candidats du Parti libertarien aux différentes élections nationales du pays.

Jo Jorgensen est enseignante en psychologie à Clemson et a été la candidate du parti comme vice-présidente en tandem avec Harry Browne en 1996. Elle avait été désignée le 24 mai dernier pour représenter le seul parti qui défend les libertés individuelles, le libre-échange, une réduction drastique de la place de l’État dans tous les domaines et un politique étrangère pacifiste.

Le premier des tiers partis

En 2016, Gary Johnson avait fait 3,28 %. Comme le remarque Matt Welch dans Reason, le parti libertarien américain a de bonnes raisons de se réjouir d’un candidat qui a battu tous les autres partis en compétition pour apparaître sur le tableau final.

En effet, si l’élection présidentielle est traditionnellement dominée par les partis républicain et démocrate qui finissent par s’affronter pour le poste de président, elle offre aussi la possibilité à une multitude d’autres plateformes politiques de se faire connaître.

La forme du scrutin, uninominal à un tour qui se fait au niveau de chaque État, pousse une multitude de petits candidats à se présenter sans pour autant concurrencer sérieusement les deux partis dominants. Cette année, la candidate du parti libertarien a été plus populaire que le candidat du Green Party Howie Hawkins ou encore que l’excentrique Kanye West, qui s’était présenté en tant que candidat du Birthday Party.

Avec l’enlisement de Donald Trump et la victoire de Joe Biden qui se profile, des voix s’élèvent de plus en plus pour accuser la candidate libertarienne d’avoir empêché la réélection du candidat président. Selon Ryan Cassin, directeur général de Beast Digital, interrogé par Fox News :

« Lors de cette élection, les électeurs libertariens auraient pu faire basculer le Collège électoral d’au moins 22 voix en soutenant Trump dans les États du Wisconsin, du Michigan et du Nevada, qui sont le champ de bataille. En jetant leurs votes, ils sont probablement devenus les saboteurs de l’effort de réélection de Trump »

Le Parti libertarien n’est pas une annexe du Parti républicain

L’accusation n’est pas nouvelle et réapparaît à chaque défaite du candidat de droite à une élection. Seulement, le Parti libertarien n’est-il qu’une réserve de voix pour le Parti républicain, ou une de ses variantes plus ou moins attachées aux libertés publiques ? Certainement pas.

La candidate libertarienne a été la seule à faire campagne sur le thème de la liberté, une plateforme qui en temps normal devrait être commune à la droite et à la gauche.

De manière assez symptomatique, les républicains comme les démocrates n’ont à aucun moment de leur campagne proposé de réduire l’interventionnisme étatique ou de promouvoir le libre-échange.

Comme l’expliquait Philippe Lacoude -qui vit et vote aux États-Unis- dans les colonnes de Contrepoints :

« L’argument habituel est que voter libéral, c’est favoriser le candidat X ou le candidat Y. J’entends ces sottises depuis plus de 20 ans mais, en pratique, aucun candidat libéral n’a jamais fait basculer une élection présidentielle américaine ou « gubernatoriale » (de gouverneur) aux États-Unis.

S’il existe quelques cas où ajouter toutes les voix libérales à l’un ou l’autre des candidats démocrates ou républicains au poste de gouverneur aurait changé le résultat (cf. ici), les sondages de sortie des urnes montrent en général que les voix libérales se divisent en trois parts à peu près égales : ceux qui auraient voté démocrate en l’absence d’un candidat libéral, ceux qui auraient voté républicain et ceux qui seraient allés à la pêche ou au stand de tir.

Pas de quoi faire basculer une élection ! »

Voir les commentaires (11)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Elle me plaisait bien la Jo.

    • « JOJO2020 » est intéressante en effet mais n’a pas la notoriété ni les moyens financiers nécessaires pour prendre sa place dans le débat.
      Et dans la mesure où les chances des deux gros concandidats sont très proches, les électeurs qui ont une préférence veulent « voter utile » en laissant de côté leur favori.
      Si on veut connaître son poids dans l’opinion, il faut faire un sondage, pas une élection.

  • Je ne vois pas pourquoi les électeurs « libertariens » devraient se préoccuper de leur impact sur les résultats de deux candidats mentalement déficients.

  • Mais 1,14% c’est quand même presque 3 fois moins que les 3,28% de 2016 !

    Pas de quoi se réjouir …
    🙁 🙁

    • Il faut relativiser en nombre de voix quand même : la participation ayant été beaucoup plus importante cette année, ça limite les dégâts. Et vu les enjeux de cette année, possible que beaucoup de libertariens aient préféré porter leur voix sur un camp pour faire pencher la balance réellement.
      Le système électoral américain (ou plutôt les systèmes car chaque Etat suit ses propres règles) est quand même discutable à plusieurs niveaux… Ainsi, si dans un état la participation est très très faible, le poids des grands électeurs reste inchangé pour le niveau fédéral. (en 2106, la Californie, l’Utah et l’Arizona ont eu des taux de moins de 50%), dans 2 états, les grands électeurs sont répartis selon les votes.

      • Normal que le nombre de grands électeurs ne dépendent pas du nombre d’électeurs le jour J, vu que c’est un système fédéral. Système mis en place pour protéger les petits états des gros.

  • Joli score quand meme !
    Est-ce qu’on sait si le parti libertarien a gagné des sièges quelque part, dans une assemblée d’un état ou autre ? (je ne vois aucun siège autre que dem ou gop à la chambre des représentants)

  • Gary Johnson, ex-Gouverneur du Nouveau Mexique, républicain « minarchiste » convaincu était connu pour s’opposer à presque tous les projets de loi et avoir su diminuer les impôts tout en remplaçant le lourd déficit par un bel excédent.
    Il s’est présenté deux fois pour le parti libertarien.
    Je pense que son succès (3.27% des voix) est dû à la fois à son expérience réussie du libéralisme et au rejet du candidat-pitre Trump par un grand nombre de républicains qui ne voulaient pas non plus voter démocrate.

  • Pour prendre (et rendre) le pouvoir, les libéraux devraient se présenter à des exécutifs locaux (mairies, conseils généraux, régions), réduire dépenses et impôts en se retirant des prérogatives non régaliennes, combattre l’ingérence étatique et administrative, arrêter les subventions, défendre les droits naturels (liberté, propriété et sûreté) et favoriser l’initiative privée. Ce faisant, ils donneraient une vitrine aux idées libérales en les promouvant par des résultats concrets.

    • Tout a fait d’accord! Pour avoir milité activement dans plusieurs partis libéraux, j’ai constaté que (la majorité) des libéraux sont de beaux esprits « de salon » et manquent de courage « physique » pour aller au « contact » et je ne parle pas de collage tractage .. où il n’y a presque plus personne!!!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Peste et famine vont sévir, le délire ultralibéral anéantir les acquis sociaux, et les sauterelles ravager les cultures. C’est, à peine caricaturé, la réaction de la plus grande partie de la presse française (notamment Ouest France, FranceTVinfo, France24, LaTribune, Alternatives économiques...) à l’arrivée au pouvoir, le 10 décembre, en Argentine de Javier Milei, élu sur un programme libertarien, c’est-à-dire de réduction drastique du rôle de l’État sur les plans économique et sociétal.

Le récit dominant en France serait que l’économi... Poursuivre la lecture

Un article de Benjamin Gomar

Ce dimanche 10 décembre 2023 à 11 heures (heure locale) Javier Milei a été officiellement investi président de la République d’Argentine. Le pays est en ébullition. Mais faisons un petit retour en arrière.

Lors de la soirée du 19 novembre dans la capitale argentine Buenos Aires, Sergio Massa, second candidat en lice pour l’élection présidentielle, annonce de façon anticipée sa démission du gouvernement et laisse entendre sa défaite : « ... les résultats ne sont pas ceux que l’on attendait… » dit-il lors... Poursuivre la lecture

Un article de Anthony P. Mueller. 

La politique sous toutes ses formes, en particulier celle des partis politiques, est l'ennemi juré de la liberté, de la prospérité et de la paix. Pourtant, où que l'on regarde, le renforcement du gouvernement est invoqué comme la solution.

Rares sont les voix qui affirment qu'une autre voie est possible. Peu d'entre elles s'expriment en faveur de l'anarchocapitalisme et d'un ordre social libertarien.

Il est assez courant aujourd'hui d'annoncer avec assurance le verdict selon lequel l'anarch... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles