Le libre arbitre peut-il ne pas exister ?

La négation du libre arbitre est nécessairement la négation de la liberté et de la dignité humaine.

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Le libre arbitre peut-il ne pas exister ?

Publié le 3 novembre 2020
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Par Jean-Philippe Delsol.

Le 17 octobre dernier, Contrepoints a publié un article surprenant du site Le Minarchiste évoquant un ouvrage de Sam Harris soutenant que le libre arbitre n’existe pas. Bien entendu, ma surprise ne fut pas que certains puissent contester le libre arbitre. Depuis que les hommes pensent, ils s’interrogent sur cette question.

Beaucoup d’entre eux se sont abandonnés au destin, au sort ou à la prédestination, notamment dans l’Antiquité. La question du libre arbitre a été un enjeu permanent des religions chrétiennes et sa contestation a été au cœur de la Réforme.

Puis la philosophie s’est longtemps reposée sur le mécanicisme de Descartes pour affirmer que tout est le fruit de causes nécessaires depuis, éventuellement, la création du monde par un grand horloger.

La négation du libre arbitre est la négation de la dignité humaine

Mais ma surprise fut que Contrepoints laisse s’exprimer cette thèse, même seulement au travers d’un compte rendu d’ouvrage, sans en présenter en même temps, et pour le moins, la critique. Car la négation du libre arbitre est nécessairement la négation de la liberté et de la dignité humaine.

À l’inverse de ce que défend Sam Harris, il est raisonnable de penser que notre conscience n’est pas que le nœud d’un réseau électrique. Non, nous ne sommes pas des homoncules déterminés par le cerveau. Certes, les sciences s’interrogent à juste titre et en particulier les neurosciences. Mais de nombreux neuroscientifiques vraiment reconnus admettent le libre arbitre et y restent attachés.

Certes, certains chercheurs sérieux ont apporté des arguments en faveur de l’inexistence du libre arbitre. En 1983, le neurologue américain Benjamin Libet a montré que le cerveau débute l’exécution de nos actions (par exemple appuyer sur un bouton), avant même que nous ayons conscience de vouloir les réaliser. Nous croirions donc vouloir ce que le cerveau fait automatiquement avant que notre pseudo volonté s’en occupe !

En 2007, John-Dylan Haynes, de Berlin, observa que les zones du cerveau concernées par une décision entraient en activité plus de 7 secondes avant toute prise de conscience. Elles prépareraient donc la décision de la conscience très en amont.

En 2011, Itzhak Fried, directeur du département de chirurgie de l’épilepsie à l’université de médecine de Los Angeles, fit des expériences semblables sur ses patients qui devaient appuyer sur des touches de clavier. En implantant des électrodes dans leur cerveau permettant de s’approcher de leurs neurones, il détecta une activité d’environ 1,5 seconde avant que le sujet ne prenne la décision consciente d’appuyer sur une touche.

« Je suis mon cerveau ! »

De ces analyses, certains en viennent aisément à affirmer que tout est dans le cerveau. « Je suis mon cerveau ! » déclarait le psychologue cognitiviste et neuroscientifique Stanislas Dehaene lors d’une présentation de son ouvrage Le code de la conscience qui est d’abord un credo matérialiste ouvrant la voie à la création d’une véritable intelligence artificielle.

Pourtant, comme l’expose François Loth, docteur en philosophie, chercheur associé au CAPHI, Centre Atlantique de Philosophie :

« Tous les résultats de ces expériences montrent que les décisions se construisent en amont dans le cerveau mais jusqu’à présent aucun modèle n’a pu écarter une certaine forme d’indétermination. C’est que des changements infinitésimaux des conditions initiales à l’intérieur d’un système déterministe peuvent faire diverger radicalement son comportement.

C’est ainsi qu’à l’intérieur du déterminisme méthodologique, les neurosciences ne peuvent décider si ce trait d’imprévisibilité est dû à un déterminisme complexe ou à un processus indéterministe fondamental qui rendrait impossible toute prédiction ».

La science observe que des corrélats neuronaux font le travail causal entraînant la prise de décision, mais ces corrélats pourraient avoir été eux-mêmes causés, directement ou indirectement, par une décision humaine provenant d’une intention fondée sur une délibération ou une émotion. Ce qui laisserait place au libre arbitre.

Déjà en 1992, Gérald M. Edelman, prix Nobel de médecine, concluait sans ambiguïté que « Le cerveau n’est pas un ordinateur et le monde n’est pas un morceau de bande magnétique », car chaque cerveau est unique, les connexions entre les quelques 100 milliards de neurones ne sont pas programmées d’avance et conservent quelques chose d’aléatoire.

Hors de portée de la science

C’est ce qui produit l’immense diversité des Hommes, le caractère unique de chacun d’eux. Ce qui fait aussi qu’« à partir d’un certain point, du moins en ce qui concerne ses créations individuelles, l’esprit se trouve hors de portée de la science ».

Il situe ainsi les mécanismes mentaux au-delà des principes newtoniens de causalité et justifie que les êtres humains ont un certain degré de libre arbitre, ils ont une intentionnalité, une liberté d’imagination, une créativité imprévisible, des espérances et ils sont capables d’influer sur la causalité des évènements du monde.

Le présent ne porte pas en lui la semence d’un futur fixement programmé… Les théories physiques modernes et les découvertes des neurosciences excluent non seulement les modèles mécanistes du monde, mais aussi les modèles mécanistes du cerveau.

Bien sûr la science suppose un certain déterminisme en ce sens qu’il ne saurait y avoir de sciences sans reposer sur le principe de causalité, sur les relations nécessaires d’un phénomène avec ses antécédents, sur l’idée qu’existent des lois naturelles conformément auxquelles une action sera l’effet de l’autre et celle-là la conséquence de celle-ci, ce qui permet de dégager des lois permettant de prévoir un certain nombre d’évènements.

Mais cela n’exclut pas que d’autres évènements restent aléatoires et peuvent, pour certains d’entre eux du moins, dépendre de notre volonté, de notre conscience. Le physicien Nicolas Gisin, directeur du laboratoire de physique appliquée de l’Université de Genève, considère qu’en l’état de la science, la physique quantique tend à démontrer l’existence du vrai hasard au sens d’évènements intrinsèquement imprévisibles, non déterminés par une ou plusieurs chaînes causales.

La découverte de la physique quantique renverse les croyances acquises en faisant apparaître des résultats pouvant avoir des causes, mais seulement comme susceptibles de déterminer la probabilité de plusieurs résultats possibles.

Ainsi, Nicolas Gisin conclut :

Pour moi, la situation est très claire : non seulement le libre arbitre existe, mais il vient logiquement avant la science, la philosophie et notre capacité à raisonner. Sans libre arbitre, pas de raisonnement. En conséquence, il est tout simplement impossible pour la science et la philosophie de nier le libre arbitre.

Dans son ouvrage Le libre arbitre et la science du cerveau Michael S. Gazzaniga, professeur de psychologie à l’Université de Californie à Santa Barbara et pionnier dans l’étude des conséquences de la séparation des deux hémisphères du cerveau chez l’homme observe : « Quand plusieurs cerveaux interagissent, des choses nouvelles et imprédictibles commencent à émerger, établissant un nouvel ensemble de règles. Deux propriétés acquises dans cet ensemble qui n’étaient pas présentes auparavant sont la responsabilité et la liberté », deux propriétés qui ne se trouvent pas dans le cerveau.

Le cerveau est un système complexe

Au surplus, il apparaît que le cerveau est un système complexe qui se gère sans qu’un principe externe et organisateur soit nécessaire, comme le marché en quelque sorte lorsqu’il est libre. Ce qui ne veut pas dire que le système ne peut pas être au service d’une volonté, mais plutôt qu’il l’accompagne, l’assiste, l’aide dans l’exécution.

Le fait que le cerveau se manifeste avant même que l’Homme prenne consciemment la décision d’agir ne signifie pas forcément que la conscience est dictée par la réaction physico-chimique des fonctions du cerveau. « La conscience est sa propre abstraction dans sa propre échelle de temps… Ce n’est pas là où est l’action, pas plus que là où est un transistor, que de déroule un programme ».

Le pilotage automatique ne veut pas dire que l’avion peut naviguer tout seul, du moins en l’état, et même à terme il ne signifiera pas qu’il peut se passer des Hommes pour le concevoir, le construire, le mettre à disposition… L’Homme reste et restera celui qui décide de l’utiliser ou non, de le débrancher ou non. Il restera un moyen au service des Hommes.

Michael Gazzaniga raisonne avec bon sens pour soutenir que l’Homme est manifestement autre chose qu’une machine ou même un animal. Nous sommes des gens, pas des cerveaux, dit-il. « De la personne qui a pensé pour la première fois à faire pousser sa propre nourriture ou que le vieux jus de raisin était intéressant jusqu’à Léonard de Vinci qui a dessiné la première machine, en passant par celle qui a mordu en premier dans ce fromage moisi en pensant que cela apportait un plus, et par les nombreux scientifiques, ingénieurs, programmateurs, agriculteurs, transporteurs, distributeurs et cuisiniers qui sont aussi intervenus dans cette chaîne. Une telle créativité ou coopération entre individus non apparentés n’existe nulle part ailleurs dans le règne animal… Les hommes se sont répondus à travers le monde et vivent dans des environnements variés. Pendant ce temps les chimpanzés sont en danger. Vous devez vous demander pourquoi les Hommes ont connu un tel succès alors que nos plus proches parents vivants survivent avec peine. Nous pouvons résoudre des problèmes qu’aucun animal ne peut aborder. La seule réponse possible est que nous possédons quelque chose qu’ils n’ont pas ». C’est le libre arbitre.

Il conclut sans ambiguïté que « Nous sommes personnellement responsables de nos actes et devons en être tenus pour redevables, même si l’univers dans lequel nous vivons est déterminé ». Il ne nie pas bien entendu toute l’importance du cerveau qu’il a ausculté sous toutes les coutures, mais il considère « qu’au bout du compte la responsabilité est un contrat entre deux personnes plutôt qu’une propriété du cerveau et que le déterminisme ne signifie rien dans ce contexte ». C’est aussi ce qui fait que le criminel reste responsable de ses actes.

Nos connaissances sont encore limitées, très limitées, et il ne faut donc jurer de rien définitivement. Mais en l’état des sciences, il parait erroné de soutenir que le libre arbitre n’existe pas. Sans lui, ne serions nous pas réduits à être des animaux supérieurs ? Pour ma part, j’ai le sentiment et la conviction que nous sommes plus que cela.

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  • Merci.
    Parfois on se demande si la rédaction de Contrepoints lit les articles avant de les publier.

  • Sur le sujet de la conscience et de la physique quantique, je me permets de recommender la lecture de « Les ombres de l’esprit », de R. Penrose.

  • Sincèrement le oui ou non dans la définition actuelle me pose un problème ne serait-ce qu’en m’observant. Je pencherai vers un ni oui ni non normand ou un truc du style c’est pas clair.
    Peut être que le libre arbitre n’est qu’une question de définition.

  • « il détecta une activité d’environ 1,5 seconde avant que le sujet ne prenne la décision consciente »

    Observer l’activité du cerveau ne signifie pas qu’on sait l’objet de cette activité. En l’absence de compréhension, surinterpréter l’activité du cerveau pour en déduire l’absence de libre-arbitre relève de la fumisterie de la part de scientifiques en mal de sensationnalisme et de subventions.

    • Absence de libre arbitre –> ne pense pas comme moi = fumisterie => subventions
      Très beau raisonnement automatique !
      Je ne vois rien d’anormal dans le processus scientifique. En revanche vos propos sont inquiétants.

      • Allons donc, il ne faudrait pas faire comme si le sujet du libre-arbitre n’avait pas des implications débordant amplement la démarche scientifique. En dérivant un peu trop rapidement de l’observation rationnelle à la supputation parfois loufoque, certains scientifiques sortent de leur domaine de compétence. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme du scientifique imprudent.

        • Et alors c’est interdit par votre police de la conscience scientifique. Je vois de quelle côté vous étiez du temps de Gallilée. Non c’est une provocation idiote je ne le pense pas mais n’allez pas trop loin pour défendre vos convictions. Ou alors vous perdez en crédibilité, en tout cas la mienne.

  • Un article philosophique intéressant. Cependant l’auteur sous entend que nier le libre arbitre de l’homme (d’un point de vue physique fondamental) entrainerait les pires horreurs.
    C’est je pense une erreur. Si le libre arbitre n’existe pas mais dépend d’états physiques des neurones et qu’il est chaotique, on peut dire que l’action humaine (du moins ses infimes détails) dépend du hasard. Soit, c’est une attaque à notre amour propre, mais la science a depuis longtemps remis l’espèce humaine à sa place.
    Le problème n’est pas que la source du libre arbitre vienne du hasard ou de la réduction d’un paquet d’onde quantique ou d’une âme éternelle, mais qu’il se peut qu’il y ait des hommes qui considèrent les autres comme n’ayant pas de libre arbitre (alors qu’eux en auraient…).
    Il me semble qu’en remontant à l’évolution de l’homme, ceux se sentant uniques, animés d’une volonté ont été sélectionnés par l’évolution et que nous sommes génétiquement programmés pour penser que l’on dispose d’un libre arbitre. Qu’on l’ait ou non vraiment importe peu, tant qu’on le pense et qu’on suppose que c’est le cas pour les autres hommes, cela nous pousse à les traiter « humainement ».

  • Ne serait-ce pas qu’un demi-libre-arbitre plutôt ?

  • « Mais en l’état des sciences, il parait erroné de soutenir que le libre arbitre n’existe pas. Sans lui, ne serions nous pas réduits à être des animaux supérieurs ? »

    Merci pour cet excellent article qui pose la questions fondamentale quant à la responsabilité de nos actes.
    On pourrait se poser la question si dans notre monde d’interaction et d’hyper connexion correspondant à une véritable saturation d’informations et de sollicitations dans les connexions numériques , l’individualité existe en relation avec un libre arbitre et un indéterminisme fondamental , le libre arbitre disons courant susceptible d’agir bien sûr dans le cadre des limites de la pensée et du facteur temps qui crée obligatoirement un conditionnement : le libre arbitre basique donc dans ces conditions resterait à un niveau local et sans conséquences pour la société , comme d’aller passer ses vacances à tels ou tels endroits etc.les goûts et les couleurs étant tous représentés dans la nature et ne faisant pas l’objet de discussions.
    Au delà des questions de formatage ou non des esprits, ( les médias et les réseaux sociaux induisant d’ordinaire une bonne image de l’hyper connexion , car c’est leur gagne – pain ) , il faudrait revenir au concept d’individualité , si on cherche à poser sérieusement la question de l’indéterminisme individuel, et on pourrait même aller plus loin si le cerveau lui même appartient réellement à l’individu ?

  • Si le libre arbitre n’existe pas, c’est que tout est prédéterminé. Donc, si on ne croit pas au libre arbitre, tout débat d’idées devient vain, car de toutes façons, adviendra ce qui doit advenir. Débattre du libre arbitre c’est l’admettre.

    • La non existence du libre arbitre n’implique pas que tout soit déterminé. Le processus est déterministe pas le résultat. Un individu à 10 min d’intervalle pourra faire un choix différent parce qu’entre temps une émotion aura changé. Il y a donc une variété immense de résultats possibles pour un individu et des possibilités infinies avec plusieurs individus.
      En outre ce processus déterministe n’est pas exempt d’erreur donc d’un facteur aléatoire.

      Certes cette hypothèse a des implications sociales importantes mais rien ne nous dit que notre façon de faire aujourd’hui est éternelle si le postulat sur lequel elle se repose est infondée.

      Moi je ne sais pas j’ai un doute. Je suis toujours frappé par les réponses stéréotypées et/ou hésitantes lorsqu’on demande pourquoi on a fait ce choix plutôt qu’un autre. Cela ressemble curieusement à des justifications à posteriori.

      • @indivisible
        +1
        Votre commentaire montre une objectivité parfaite !
        Nos « postulats » qui nous rassurent tant sont loin d’être coulés dans le marbre!

      • @indivisible
        Dire qu’un processus est déterministe mais pas le résultat est une contradiction dans les termes. Un processus déterministe entraîne un résultat déterminé, si non, il n’est pas déterministe. Si ce que vous voulez dire est que certains processus sont déterministes et d’autres hasardeux (leur résultat étant aléatoire), alors débattre n’a pas plus de sens puisque le résultat du débat sera soit déterminé soit aléatoire et que nous ne maitrisons ni l’un ni l’autre.
        Quant au choix, il se fait à priori, la preuve concrète du choix étant l’action. Qu’il puisse s’avérer difficile de le justifier à postériori ne fait que confirmer, si besoin était, la faiblesse de l’étendue de notre intelligence, mais il se trouve bien que ce choix, nous l’avons fait et que concrètement, on ne peut vivre sans choisir.

        • Oui gènes, environnement et stochastique qui influencent les activités inconscientes qui influencent le comportement. La conscience est spectatrice mais sert d’interface cognitive avec les autres individus pour donner un sens à ses actes. On se justifie, on s’excuse, on promet, on ment etc car la vie en société l’exige.
          La plupart du temps pour ne pas dire tout le temps, les débats sont une succession de monologues. Aucun des intervenants ne change d’avis. Le changement d’avis peut intervenir plus tard mais toujours pas en raison du libre arbitre mais d’une modification dans la « trinité GES ».

          Le monde humain tel qu’il est pourrait bien s’expliquer sans le libre arbitre simplement par la subjectivité de chaque individu, un réseau social et la diversité de l’environnement. La nature n’a pas eu besoin de libre arbitre pour créer.

          C’est une hypothèse.

        • On ne peut pas vivre sans choisir c’est vrai. En revanche le choix est-il libre ou non ? Le libre arbitre dans sa définition implique que le choix est toujours et totalement libre. S’il ne l’était pas, ne serait-ce qu’à 10%, l’idée même du libre arbitre s’écroule. C’est à dire qu’il faut être maître de tout le processus de décision, des intentions aux actes. Or les indices qui contredisent cette idée abondent : biais cognitifs, faire le contraire de qu’on dit, la responsabilité ne marche pas tout le temps.. et maintenant les expériences en neurosciences.

          Pour autant nos choix sont ils déterminés ? J’ai envie d’écrire oui parfois. Je pense que notre conscience intervient dans nos choix mais pas systématiquement ou totalement. Certains scientifiques par exemple parlent de droit de veto. Il reste encore beaucoup à découvrir sur le sujet.

          • @indivisible
            Merci pour vos commentaires qui éclairent ce débat.
            Je ne crois pas que le libre arbitre implique que le choix soit toujours et totalement libre. Libre par rapport à quoi ? Le fait est que nous avons la capacité de choisir. Vous avez choisi de me répondre cet après-midi, vous avez choisi le contenu, je fais de même ce soir. Vous comme moi aurions pu en décider autrement. Que ce choix puisse être influencé par de multiples paramètres n’est nié par personne. C’est l’évidence. Mais si ne sont pas nous qui avons décidé d’agir, si nos échanges ne sont que le fruit du déterminisme ou du hasard, à quoi bon ? Que vaut votre point de vue ? Que vaut le mien ? Le rejet du libre arbitre entraîne le nihilisme.
            Il nous faut admettre que nous ne pouvons tout expliquer. Même si la science a fait d’immenses progrès dans la connaissance des relations de cause à effet entre des phénomènes, l’infiniment petit comme l’infiniment grand, l’infiniment loin dans le passé comme dans l’avenir nous demeurent à jamais inaccessibles. Pire, la science, si elle permet de remonter l’échelle des causalités, ne répondra jamais à la question fondamentale « pourquoi ? », car cette échelle des causalités est elle-même infinie.
            Contentons nous donc de vivre en connaissance des lois connues du monde dans lequel nous vivons, dont celle de notre capacité à choisir, peu importe les explications. Ce qui ne nous empêche pas de continuer à chercher et découvrir.

  • Je ne vois pas pourquoi la rédaction de Contrepoint voudrait se priver de la perspective de Sam Harris, un penseur acclamé mondialement. Est-ce que certains lecteurs souffrent tant du biais de confirmation qu’ils ne veulent même pas être exposés à un point de vue différent, qui les rend inconfortables parce qu’il ne cadre pas dans leur vision du monde?
    Le fait qu’il y ait des « événements » aléatoires ne change rien au libre-arbitre. Bien sûr qu’il y a de l’aléatoire dans le monde chaotique et à l’intérieur de notre cerveau, ne serait-ce qu’au niveau quantique. Cependant, un élément aléatoire est un élément sur lequel vous n’exercez pas de libre-arbitre. C’est un élément pour lequel vous ne pouvez pas être tenu responsable.
    Conséquemment, l’absence de libre-arbitre ne signifie pas que tout est déterminé d’avance et que ce qui doit arriver va arriver sans qu’on ne puisse rien y faire. Ce que Sam Harris affirme est que si notre cerveau est soumis à une situation quelconque, sa réaction sera, toute chose égale par ailleurs, toujours la même donc déterminée d’avance.
    Prétendre que sans libre-arbitre nous ne sommes que des animaux n’est pas un argument contre le libre-arbitre. Ce qui nous différencie des animaux selon moi est surtout notre capacité cérébrale, que nous avons développée grâce à l’évolution. Notre capacité à raisonner est dissociable du libre-arbitre.
    Le fait qu’un prix Nobel de médecine ait déclaré que « tous les cerveaux sont différents » ne prouve pas le libre-arbitre non plus. Je ne vois pas le lien.
    L’existence ou non du libre-arbitre est une question de neuroscience pour laquelle les opinions divergent et pour laquelle nous n’obtiendrons peut-être jamais de vérité hors de tout doute.
    Je ne prétends pas détenir la vérité sur l’aspect neuroscientifique de la question. Et je n’ai pas fait la critique de cet aspect dans mon article car je ne suis pas qualifié pour le faire, parce que le livre n’en parle pas vraiment comme tel et parce que l’article aurait été trop long. J’ai plutôt concentré mon analyse du livre sur les implications de l’absence de libre-arbitre (sur quoi le livre porte vraiment).
    La raison pour laquelle j’avais écris l’article était de penser aux implications pour l’organisation de la société, ce qui est une question tout de même intéressante et qui ne mérite pas d’être censurée par Contrepoint.

    • @Minarchiste
      Jean-Philippe Delsol n’a pas exprimé le regret que Contrepoints ait publié votre compte-rendu de lecture, mais celui qu’il l’ai publié sans l’assortir d’une critique, car, selon lui, le rejet du libre arbitre entraînerait nécessairement la négation de la liberté et de la dignité humaine.
      Il y a une sacrée différence entre refuser l’expression d’une idée et admettre son expression à condition qu’elle puisse être critiquée.
      Là où Jean-Philippe Delsol se trompe, c’est que justement, la possibilité de critiquer un article existe et qu’elle est même l’une des raisons du succès de Contrepoints, cette critique pouvant se faire soit par des commentaires, soit par une réponse sous forme d’article, comme c’est le cas ici.
      Enfin, sur le fond, qu’on adhère à l’idée du libre arbitre ou non n’a strictement aucune conséquence sur l’admission ou le rejet de la liberté et de la dignité humaine. Si on admet de libre arbitre, tout être humain en dispose, si on le rejette, aucun être humain ne peut y prétendre. Dans les 2 cas, rien ne justifie que certains puissent imposer leur volonté aux autres par la force. Et ceux qui rejettent le libre arbitre le peuvent encore moins puisqu’ils admettent qu’ils n’ont même pas de volonté qui leur soit propre.

  • Le libre arbitre est une notion chrétienne.
    N’est-il donc pas pour cette raison condamné d’avance?

  • Je vais intervenir sur cette phrase « Nous sommes des gens, pas des cerveaux ».
    En tant que telle cette phrase est absurde puisque les cerveaux sont des parties des « gens », évidemment que la partie n’est pas le tout…

    Cet article tourne autour du fait que nous ne sommes pas que des « cerveaux-machine » qui seraient totalement déterminés comme un programme informatique à base de If-then-else, mais qui pense réellement cela ?

    Posons comme hypothèse qu’il existe quelque chose nommé libre arbitre.
    La question se pose de savoir si c’est une émergence issue de la complexité du cerveau. Un cerveau ancré dans son corps bien sûr et c’est l’hypothèse moniste matérialiste. Auquel cas le libre arbitre n’est d’ailleurs pas nécessairement l’apanage de l’humain uniquement car certains animaux font montre de niveau de conscience, dans cette hypothèse le libre arbitre ne serait pas tout ou rien mais un continuum entre nous les animaux, nous et Dieu pour ceux qui sont croyant.

    Ou le libre arbitre serait issu d’autre chose que le cerveau ou autre chose en alliance avec le cerveau; appelons cela une âme, et c’est une hypothèse dualiste. En sachant que rien n’étaye réellement cette hypothèse.

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https://www.youtube.com/watch?v=dN_jdgFHIvg

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