Par Lawrence W. Reed.
Un article de Foudation for Economic Education
Ce mois marque le centième anniversaire de l’un des plus importants engagements militaires du XXe siècle. Il sera célébré en Pologne, le pays qui a remporté la victoire de manière décisive. Le pays qui a perdu, le goulag cauchemardesque de Vladimir Lénine connu sous le nom d’Union soviétique, a heureusement disparu. Les individus libres du monde entier devraient être reconnaissants aux Polonais pour cette victoire.
L’inévitable conflit polono-russe
Entre 1795 à 1918, la Pologne, dépecée au profit de l’Autriche, de la Prusse et de la Russie, avait disparu de la carte. Lors de sa renaissance comme nation indépendante (résultat de la Première Guerre mondiale), la Pologne reconstituée s’est trouvée confrontée à un défi existentiel venant de Moscou. Les bolcheviks de Lénine ayant consolidé leur pouvoir en Russie, leurs appétits territoriaux inquiétaient les Polonais et leur nouveau chef d’État, Józef PiÅ‚sudski. L’inévitable guerre polono-russe éclatait en février 1919.
Faire la guerre à la Pologne était plus qu’un conflit local pour les Soviétiques. À leurs yeux, les Polonais étaient un obstacle pour la réalisation d’un objectif plus ambitieux : l’expansion du communisme en Europe occidentale. L’Allemagne, en proie au chaos économique et politique de l’après-guerre, semblait mûre pour une révolution marxiste si les troupes de la Russie des soviets pouvaient intervenir et apporter leur aide, mais il fallait d’abord se débarrasser de la Pologne.
À l’Ouest ! Sur le cadavre de la Pologne
Surnommé « le Napoléon rouge », le commandant en chef soviétique Mikhail Toukhatchevski lança son ordre du jour : « À l’Ouest ! Sur le cadavre de la Pologne se trouve la route de la révolution mondiale. Marchons sur Vilnius, Minsk, Varsovie et jusqu’à Berlin sur le cadavre de la Pologne ! »
Le théoricien bolchevique et confident de Lénine, Nikolaï Boukharine, déclarait publiquement que la campagne amènerait les forces communistes « directement à Londres et à Paris ». Dans une lettre à Joseph Staline, Lénine lui-même suggérait que l’Armée rouge attaque la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Hongrie dans le but de provoquer une révolution communiste en Italie, ce à quoi Staline répondit positivement.
Rappelons au passage que Toukhatchevski et Boukharine seront tous deux exécutés lors des purges de Staline en 1938. Mais en 1920, ils étaient au pouvoir aux côtés de Lénine. À la mort de ce dernier en 1924, Staline devait lui succéder.
Les victoires soviétiques de l’été 1920 semblaient insurmontables, alors que l’Armée rouge se rapprochait de la capitale polonaise. Du 12 au 25 août, la bataille de Varsovie fit rage. Les observateurs étrangers s’attendaient à l’effondrement imminent de la Pologne.
Le miracle de la Vistule
Mais le génie tactique de PiÅ‚sudski et de son chef d’état-major Tadeusz Rozwadowski, ainsi que le courage légendaire des combattants polonais devaient se combiner pour produire ce que les Polonais appellent « le miracle de la Vistule ». Michael Peck écrit dans The National Interest :
« Alors que tout semblait perdu, le maréchal PiÅ‚sudski a déclenché son coup de maître, un coup digne de Robert E. Lee ou de Rommel. Alors que les armées de Russie centrale étaient fixées sur Varsovie, la force de frappe polonaise glissait sur le côté sud de la ville, puis tournait vers le nord en un crochet du gauche frappant le flanc russe exposé. Surprises, démoralisées et dépassées, les forces russes se désintégraient, certaines se repliant en Russie et d’autres fuyant vers le territoire allemand pour être internées. La contre-offensive de PiÅ‚sudski fut aidée par le déchiffrage des codes russes, une spécialité polonaise qu’ils utilisèrent plus tard pour déchiffrer la machine Enigma des nazis. »
Pendant les deux mois suivants, de nouveaux succès polonais produisait « une énorme défaite » des forces bolchéviques comme le déplorait Lénine, menant à un traité de paix à la mi-octobre. Contre toute attente, la Pologne avait arrêté net l’expansionnisme révolutionnaire de la future Union soviétique. Il n’y aurait pas d’Europe occidentale bolchevique.
La bravoure des Polonais contre le communisme
Comme beaucoup de nos lecteurs le savent, la Pologne est un pays qui occupe une place particulière à mes yeux, non seulement en raison de son exploit de 1920, mais aussi en raison du rôle essentiel qu’elle a joué soixante ans plus tard pour mettre fin au triste empire soviétique.
J’ai pu apprécier la bravoure des Polonais contre le communisme lorsque j’ai passé un certain temps dans la clandestinité polonaise en 1986, et que j’ai par la suite collecté l’argent nécessaire à une édition polonaise de La liberté du choix de Milton Friedman, qui a été diffusé à des milliers d’exemplaires sous le nez du gouvernement communiste. Dans la liste de lectures complémentaires ci-dessous, je mets en ligne des liens vers certains de mes propres articles sur la Pologne et les Polonais célèbres.
En octobre prochain, je compte me rendre en Pologne pour la septième fois afin d’animer une conférence à Gogolin parrainée par la Freedom & Entrepreneurship Foundation. Parmi les événements de la conférence, il y aura la projection d’un nouveau film incroyable produit en Pologne sur la vie de l’économiste autrichien Ludwig von Mises.
Merci brave Pologne
J’ai l’intention de lever mon verre et de porter un toast au centenaire du « Miracle sur la Vistule », ainsi qu’aux nombreuses contributions de ce remarquable pays à la cause de la liberté humaine. Vous pouvez en savoir plus sur la conférence ici.
Merci, brave Pologne, pour ce que vous avez fait en 1920 et pour ce que tant de vos citoyens ont fait et continuent de faire pour la liberté depuis un siècle !
Pour des informations complémentaires :
- When Lenin Invaded Poland by Christopher Sylvester in The Telegraph
- A Revolution to Always Remember but Never Celebrate by Lawrence W. Reed
- The Epic Life of Lenin’s Personal Enemy and One of Tolstoy’s Favorite Authors by Mikolaj Pisarski
- How Poland Saved the World from Russia by Michael Peck
- Adam Heydel, a Mises Student from Poland by Marcin Chmielowski
- Blinking Lights for Freedom by Lawrence W. Reed
- Witold Pilecki: Bravery Beyond Measure by Lawrence W. Reed
- The Polish Underground by Lawrence W. Reed
- Jerzy Popieluszko: Witness to Truth and Freedom by Lawrence W. Reed
- Marie Curie: Trailblazing Scientist by Lawrence W. Reed
- Stanislaw Lem: Science Fiction and Communist Reality by Lawrence W. Reed
Une traduction de The Battle of Warsaw: Celebrating the Centennial of a Polish Victory pour Contrepoints par G.M. Thermeau
Merci pour ce rappel d’une guerre d’invasion communiste dont bien peu parlent
Et pour cause !
Merci ! Je déplorais moi aussi l’ignorance de cette campagne (et, déformation professionnelle, de la géographie locale, bien utilisée).
De Gaulle était à alors à Varsovie. Connait-on les rapports qu’il a envoyés à Paris ? A-t-il participé intellectuellement à tout cela ?
extrait des mémoires du général De Gaulle “l’Appel” ( livre de poche historique P 54 : “Weygand était , en effet, par nature, un brillant second . Il avait, à ce titre , admirablement servi Foch . Il avait, en 1920, fait adopter par Pilsudski un plan qui sauva la Pologne.
Sans rien enlever aux exploits des polonais dans cette guerre n’oublions pas que cette victoire a été possible grâce à la coalition avec la République ukrainienne. Les polonais rendent hommage à l’armée de l’UNR ce qui laisse penser que le rôle des ukrainiens était important.
Ne croyez-vous pas qu’il aurait juste d’ajouter que le gouvernement polonais avait demandé l’aide de troupes françaises et que le gouvernement français avait envoyé le général Weygand ? Et que c’est le général Weygand qui avait élaboré la stratégie à adopter pour battre l’armée russe ? Je vous invite à lire le livre “Weygand, mon père” de Jacques Weygand pour en savoir plus sur cette bataille.