Hong Kong : la loi sur la sécurité nationale fait ses premières victimes

Hong Kong : les premières victimes de la répression au nom de la sécurité nationale ont été arrêtées aujourd’hui par le pouvoir pro-chinois.

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Hong Kong : la loi sur la sécurité nationale fait ses premières victimes

Publié le 1 juillet 2020
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Par Frédéric Mas.

Un homme qui portait un drapeau pro-indépendantiste a été arrêté aujourd’hui en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale adoptée par le gouvernement pro-chinois de Hong Kong. Depuis hier, les slogans, les protestations et les demandes d’autonomie des militants démocrates et libéraux tombent sous le coup de la loi et « menacent », aux yeux des autorités, la « sécurité de l’État ».

Le parlement chinois a voté hier la loi sur la sécurité nationale, loi qui devrait être incorporée à la Loi fondamentale de Hong Kong après promulgation par le président Xi Jinping.

Normalisation de Hong Kong

La loi de sécurité nationale, au nom de la « lutte contre le terrorisme » et le « séparatisme », est un instrument de répression impitoyable dans les mains du gouvernement de Pékin pour « normaliser » Hong Kong et l’expurger de ses libertés en réduisant au silence le mouvement démocratique. Elle met fin au système né en 1997 après la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni qui visait à maintenir « deux systèmes pour un seul pays », c’est-à-dire respectant le statut démocratique et libéral de l’ex-colonie britannique.

Seulement, deux choses ont été sous-estimées au moment de la rétrocession.

  • Premièrement, l’ouverture de la Chine à l’international en 2001 n’a pas changé la nature profondément autoritaire, voire totalitaire de son gouvernement. George Bush puis Bill Clinton ont ferraillé pour faire adhérer la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, ce qu’elle fera en 2001 pour ouvrir le pays au libre-échange international et rééquilibrer sa balance commerciale avec le géant asiatique.
    Sans doute certains à Washington imaginaient que la libéralisation, même marginale, du régime, allait le pousser à se démocratiser. C’est le contraire qui est arrivé, et la désignation de Xi Jinping incarne à merveille cette glaciation. L’innovation technologique est désormais au service de la surveillance, et l’enrichissement relatif de l’économie est mis au service de l’impérialisme de Pékin sur toute la surface du globe.
  • Deuxièmement, les Occidentaux ont sous-estimé le traumatisme de la chute de l’URSS et des révoltes de la place Tienanmen. L’oligarchie communiste qui dirige le pays craint par-dessus tout de finir comme les gérontes du régime soviétique, et font tout depuis pour en éviter le destin. Tout ce qui peut sembler aller dans le sens d’une réforme démocratique est donc combattu et condamné comme séditieux.
    La crainte de Pékin est tout à fait justifiée : la réussite de Hong Kong -comme de Taïwan- témoigne de manière éclatante de la supériorité du modèle libéral sur celui communiste, et pourrait de ce fait susciter des élans de liberté sur le sol chinois. Ce n’est pas pour rien si le pouvoir de Pékin filtre toutes les informations provenant de Hong Kong comme de Taïwan.

L’Europe timorée

Face à la répression chinoise, l’Europe n’a pas réagi, et a tenté d’éviter la confrontation, là où les États-Unis ont protesté énergiquement. La semaine dernière, Washington avait annoncé restreindre l’accès aux visas de certains ressortissants chinois accusés d’avoir encouragé la fin de l’autonomie de Hong Kong. Pékin avait répliqué en faisant de même à l’endroit des ressortissants américains accusés d’ingérence dans des affaires intérieures.

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  • Le pouvoir pro chinois.. Hong-Kong n’est pas chinois ?

  • Ma foi, j’hésite entre cela et les tchétchènes vs banlieues émotives ou les érythréens vs éthiopiens. Logiquement, on devrait trouver entre les 2 mais là, je ne vois pas d’exemple en cours.

  • « Cette loi est une arme. Une arme n’est rien par elle-même ; elle ne vit que par la main qui s’en saisit. » – Victor Hugo, discours à l’Assemblée Nationale, concernant une loi sur l’école.
    Le P.C.C a son arme.

  • les hong-kongais n’ont plus qu’une solution : l’exil et vite hélas.

    le communisme reste le communisme.

    • La Chine communiste ! Encore un cliché qui date de Mao.
      La Chine a tourné le dos au communisme en 1992 avec la célèbre formule de Deng « Que le Chat soit noir ou blanc n’a que peu d’importance tant qu` il attrape des souris »
      La Chine est un paradoxe, une dictature nationaliste et une économie libérale, brutale et sauvage.
      Après les postures pour un clown qui veut l’indépendance de Hong Kong. De mémoire je ne crois que nous ayons accepte l’indépendance de la Corse ou de la Bretagne !

      • Une économie libérale?
        Alors question droit de propriété, de protectionnisme, de liberté économique (112e en 2018), la Chine fait pale figure.
        Et je ne parle même pas des libertés individuelles et de la surveillance de masse digne des meilleurs épisodes de Black Mirror.

        • Dans Dictature Nationaliste, quel part vous ne comprenez pas ?

          • Une économie où les entreprises comme Huawei sont une émanation de l’Etat, où toutes les banques sont sons contrôle étatique, où le foncier privé n’existe quasiment pas, où le commerce international est hyper règlementé, où les milliardaires se font rançonner puis tout simplement exproprier sans indemnités, on n’est pas dans une économie libérale.
            La Chine, une économie libérale encore un cliché qui date de Deng . Deng est mort il y a plus de 20 ans. Pierko, vous êtes certain de savoir ce qui se passe en Chine de nos jours?
            Par ailleurs s’il y avait un référendum concernant l’indépendance de la Bretagne je ne suis pas du tout certain qu’il serait ratifié. Même la Corse ne voterait pas son indépendance réelle. Sans la France c’est la misère là bas et ils le savent. En revanche avec la Nouvelle Calédonie on fait quoi? Oh? Et ben quoi? Ca compte pas?

      • Qui, ‘nous’ ?

        Hoppla, Elsass frei !

  • Il aura donc suffi d’une loi, voté au mépris des textes en vigueur (ce n’est pas à Pékin de voter les lois de Hong Kong, mais le parlement de Hong Kong… enfin c’était).

    Hong Kong, ville magnifique, multi culturelle, désormais « normalisée »…
    Où s’arretera cette folie ?

  • Les Hong Kongais ont une part de responsabilité dans cette affaire : l’article 23 de la Basic Law stipule:

    « The Hong Kong Special Administrative Region shall enact laws on its own to prohibit any act of treason, secession, sedition, subversion against the Central People’s Government, or theft of state secrets, to prohibit foreign political organizations or bodies from conducting political activities in the Region, and to prohibit political organizations or bodies of the Region from establishing ties with foreign political organizations or bodies. »

    Quand le gouvernement de HK a voulu passer cette loi en 2003 (National Security Bill), 1/2 millions de personnes ont manifesté. Il fallait être bien naïf pour ne pas imaginer que cela servirait de prétexte à Pékin un jour ; il aurait peut-être mieux valu une loi selon leurs termes qu’une loi imposée par Pékin.

    Les Hong Kongais ne font pas vraiment de politique et réagissent assez mal à ce qui leur est imposé.

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